■ fuffilamment inftiuit, il voyagea en Angleterre
& en Efpagne où il féjourna quelque tems. Il revint
enfuite en Hollande, mais ce ne fut pas
pour y refier long - tems ; il repaffa en A n gleterre
avec L’efcadre du Prince d Orange,
en qualité de Chirurgien de vatffeau. Le jeune
Raw que l’envie de s’inftruire rendott avare ,
épargna fur fes appoimemens quelques fommes
qu’ildeftina à fes études. Il vint à Leyde & 1* 1-
qu'il fe préfentaà l’Univerfité, il étoit déjà allez
infiruit dans les Humanités, pour futvre, avec
f ru it , les leçons de Médecine. Il. vint enfuite à
Paris où il fe perfeélionna dans 1 Anatomie & 1a
Chirurgie, il retourna à L e yd e , en 1694, où
il prit les grades, & reçut le bonnet fous la pré-
fidence du célèbre Drelmcourt. Amherdam, lut
parut être la ville où il put le mieux meure fes
talens en évidence-, il s y rendit donc & s y
fit connoître d’abord par quelque d inonftrauons
particulières d’Anatomie; Sr bien-tôt après, par
fes fuccès dans quelques opérations de Chirurgie.
Les Maoifirais lui permirent dès-lors de diffequer
dans leur Amphithéâtre, & ce fut à cette époque,
que fa réputation prit de la confifiance. Toutes
les opérations majeures lui étoient abandonnées
comme ayant, entre fes mains, un fuccès affûté.
Raw pratiquoit la taille félon la méthode de
Jean de Romanis. Ce fut alors que le frere
Jacques, qui avoit trouvé fi peu de partifans
en France, voyageoit en Hollande, portant de ville
en ville fa méthode & fes fuccès. Raw le vit opérer,
& plus prudent qu’aucun autre, il ne porta aucun
jugement, il réfléchit, il étudia ce que cette
nouvelle méthode pourrait devenir entre es mains
d’un homme judicieux. L obliquité de 1 mcifion
lu i parut infiniment préférable à la perpendiculaire
qu’il pratiquoit communément ; il alongea
3e bec de fon cathéter, fit quelques ch2ngem<ns
au iithotome , & ainfi il fe fit une méthode qui
lui réoflit fi bien qu’il tailla près de huit cens
calculer!* , avec un fuccès qui attirait tous les
yeux de l’Europe. Tous les Médecins & les Ch -
rurgiens inflruits alloient en Hollande pour le
voir opérer. Rawétoit foupçonneux & fe méfion
beaucoup de fes Auditeurs; il ne voulut. donner ,
à quelque prix que ce f û t , le produit de fes veille
s , quoique d’une ame naturellement noble; auffi
vainement le follicita-t-on de punlierfa méthode;
& quand on le preffoit fur ce point , il fe con-
»entoit de dire, lifez Celfe ; & , en effet, ce dernier
cache, dans le peu qu'il dit beaucoup de choies
qui fe rapportent à la inéthode de Raw. Çe
Litbotomifte pe divulgua rien fur elle -, mais le
célèbre Albinus .qui lavoit Couvent vu opérer,
& qui avoit combiné tous fes mouvemens avec
la flruaure des parties qu’il devoit couper en
les;exécutant, a bien dédommagé le Public par
le ip o fé qu’il en a donné. Nous y reviendrons
à l’article T a il l e . Raw fut toujours regardé
par les Savais de fou iems, comme un grand
homme ; il fut nommé,en 1718, Reéleur de TUnb
verfité. Il jouiffoit alors de la plus grande ton-
fidération, farisfaclion bien jufte pour un homme
qui a beaucoup travaillé pour l'acquérir • lorfque,
par une chute s’étant bltffé au pied, il fut obligé
de garder le li t , il tomba dès lors dans unesffec*
tion hypochondriaque & mourut en 1719. Il fut
inhumé à Leyde, où Bernard Albinus prononça
fon oraifon funèbre. ( M. P et it e-Ravel, )
REFLUX DE MATIERES PURULENTES
Puris regrejfus. Genre de métaftafe propre aux
furfaces ulcérées qui font en pleine fuppuration.
Voyc\ l’article Mé tastase. Le retour du pus dans
la mafle du fang furvient communément aux plaies
qui préfenrent une large furface comme après l’amputation
de la jambe, de la cuiffe ou l’opération
du cancer. On peut quelquefois Je prévoir
d’avance j mais Couvent il arrive inftantanémem,
après une peur, une joie ou toute pafïïon violente
qui agite fortement la machine. La reforp-
tion du pus eft toujours accompagnée d’un dérangement
général ou local de la puifiànce nc’-
veùfe qui complique beaucoup Pétât fâcheux qui
a lieu alors -, c’eft ce qu’on peut croire d’après IV-
faiffement & l’inertie où font les parties qui* auparavant
fournifloient duetnent & convenablement
la matière purulente. Leurs furfaces> au lieu d’être
rouges, vermeilles, granuleufes & fenlîbles, font
pâles, unies & comme atones j & , à mefure
que ces changemens furviennént, le pus prend
infenfïblement une vilaine apparence, il devient
féreux, aqueux & enfin le fupprime, ou ne fort
qu’en très-petite quantité, La fièvre , en pareil
c a s , s’allume toujours, fi elle n’avoit pas précéf
dé l’accident ; elle elt du genre des^ heèliques
elle a fes redoublemensle foir, & s’appaife le
matin & continue ainfi jufqu’à ce qu’il s’étar-
b lifte un devoiement ou que des Tueurs collir
quatives furvjennent, qui femblent en amener
la rémiffion.
Il faut, dans le cas de Reflux de matières
purulentes 3 non - feulement porter fes vues fur
l’ état de la playe, mais encore faire attention aux
difpofitions aéluellement existantes dans l’orga-
nifme, afin de faire coïncider le traitement extérieur
avec celui que demande ce dernier. La
Médeciné ici peut porter une grande lumière
dans les routes obfcures où le Chirurgien doit
diriger fes pas, pour fonder la Nature fur ce
qu’il y a à faire. Mais peu y ont recours , chacun
croit fe fuffire à foi-même & une fâcheufe ca-
taflrophe n’apprend que trop fouvent aux malades
& à ceux qui s’ intéreffent à eu x , combien ou
efi dans l’erreur. Quand on peut attribuer le
Reflux des matières purulentes au cjroupiflement
du pus, il faut chercher à donner iffue à celui-
ci en faifant des contre-ouvertures, des dilatations
ou des compreffions convenables à chaque
panfement en recourant aux injeétions amères
& toniques en panfant fréquemment ou rar»“
ment félon les etreonflances, en faifant des fomentations
avec les eaux thermales naturelles
ou hélices, ou les Jeffiyes légèrement alkaiines,
telles que les décodions de cendres de bois neuf
& de larment, d’abfymhe ou tama-rife. Si la trop
grande fenübilité des fujets y-entre pour quelque
chofe, on la déprime par les moyens moraux
connus & par les préparations opiacées les
plus efficaces & notamment le laudanum qu’on
donne à plus ou moins grande dofe. On diminue
la mafle du fang, félon que la^ nature des .
fymptômes exiflans le demande* & l’on fe comporte
du refte félon que les circonftances peuvent
le fuggérer. Voyc[, pour de plus grands
détails, les articles P l a ie s , U l c è r e s & Mé tastase.
{M. P e t i t -Ravel.)
REDUCTION, Av*y«y». ReduBio. Opération
par laquelle on remet ou replace en leur lieu
naturel les parties qui en fonr for ries, foit par
une violence fubite ou par toute autre caufe.
Les parties peuvent fortir ou à la fuite d’une
plaie, ou après un effort fubit qui rompt les
liens qui les retenoient , ou force les ouvertures
par où elles s’échappent. F o y q ,à ce fujet,
ce qui a été dit aux articles, Hernies , Luxations,
Fractures & Prolapsus. I l efi dans
tous ces cas, ainfi que dans leurs variétés, des atrem
lions particulières qu’il faut avoir, & qui font
relatives à la nature des parties forties, à l’état
actuel où elles fe trouvent, à la difpofition des
ouvertures qui leur, ont livré partage, & à l’e f-
pace de tems plus ou moins long quelles ont
refié dehors. C a r , quoique l’indication foit ici
facile à faifir,il efi fouvenf des.circonftances qui
s’oppofent à ce qu’on laremplifle, & dont le Prati -
cien efi feul juge compétenr. Il faut donc ici
toute la prudence qu’il efi poffiblé d’avoir pour
ne point aller trop vite, mais pour bien aller \
o r , il n’y a qu’une profonde connoiflance de
l’Art qui puifTe guider comme il convient
en pareil cas. Voyei, pour de plus grands détails
> les articles que nous avons cités plus
haut. (M. P e t i t - R a v e l . )
RÉGÉNÉRATION. Terme par lequel on dé-
figne le procédé de la Nature , pour la réparation
des fubftances féparées du corps dans les playes,
ou confumées par des ulcères.
Les playes, les fuppurations, donnent lieu à la
formation de cavités plus ou moins confidérables,
refusantes d’une folution de continuité dans les
folides. Cette (olurion de continuité dans des organes
dont les fonélions requièrent l’intégrité,
dérange néceffaii ement L’exercice de ces fondionsj
mais la Nature y pourvoit, en réunifiant les
parties féparées, par un procédé particulier, dont
1 inflammation de toute la furface interne de la
cavité eft la bafe.
Le but de cette inflammation paroîf être de
mettre les v ai fléaux fangnins en état- de former
une fnbfiance propre à nnir, enferhble les côtés
Chirurgie. Tome I J , Rre, Partie.
de la cavité, où à remp’ir l’efpace qui fubfifte
entr’eux. Cette fubflance doit être une matière
animale, douée du principe viral, oufufcepùblc
’de le devenir. Les vaifTeaux fanguins, dans leur
état ordinaire, ne font pas propres à la former 5
c’eft une faculté que leur communique l’inflammation.,
dans les cas où cela devient nécefiaire.
Nous ignorons quelle, efi la nature du changement
produit dans les vaifTeaux fanguins, qui les
rend propres à remplir cette nouvelle fonction.
On obferve feulemenit que leurs dimenfions augmentent
, en forte qu’un grand nombre de leurs
branches capillaires, auparavant invifibles, ceffent
de l’être dans l’état d’inflammation , parce que
leur diamètre devenant plus confidérable, elles
admettent facilement les globules rouges du fang
q u i, jufque-ià, ne pouvoient y pénétrer. La circulation
paroît auffi fe faire avec plus de rapidité
dans les vaifTeaux d’une- partie enflammée
qu’en d’autrés parties. Il efi à préfumer quecefoni
les orifices des artères qui fournifTent la fubflance
nouvellement formée *, mais tous ces faits ne nous
inftruifjent point de Tefpèce de modification qui
a lieu dans l’aétion de ces vaifTeaux.
On diftingue deux époques, ou , fi Ton veut,
deux variétés très - remarquables, dans l’inflammation
par laquelle la Nature ferme ou remplie
. les cavités. LesPhyfiologiftès modernes ont défi-
gné la première de ces variétés par le nom d’in-
’ flammaiion adhéfive, parce qu’elle donne lieu à
i la formation d’ une fubflance qui fert de lien entra
! les parties divifées *, ils nomment l ’autre fuppu-
; rarive, à caufe de la fuppuration qui en efi la
conféquence." ( Voye\ P u s ) . L ’une & l’autre ten-
* dent à oblitérer les cavités, mais par des moyens
I bien différens, dont nous allons traiter féparé-
ment.
J)e VOblitération des cavités par Vinflammation
adhéfive.
Lorfque cette efpèce d’ inflammation affecle
la cavité d’une playe, &c. les vaifTeaux faùguins
de la partie bleflee acquièrent un plus grand
diamètre, la circulation s’y fait avec beaucoup
{ plus de rapidité. & bien-rôt on voit,fur toute la
furface enflammée, une exfudation qui prend l’ap-
| parence d’ une membrane ou couenne jaunâtre ;
j elle efi formée probablement en entier , ou du
\ moins en très-grande partie de la lymphe coa-
| gulable du fang , avec laquelle elle a une très -
j grande analogie. Les furfaces oppofées d’une
playe , &c. recouvertes de cttre exfudation , fe
réunifl'er.t lorfqu’elles font en contaél, & en obli-
■ tèrent la cavité. Voyei Playe.
Ce gluten, ou matière adhéfive , qui d’abord
ne préfente aucune apparence d’organifaùon ne
forme pas, dans les premiers inftans, une réunion
bien folïde entre les parries qu’tllos a collées en-
j feinble. Mais bien-» tôt les vaifTeaux fanguins cora-
L l