
que femblable à celle de Raw. Les grailles étoient
enfui te coupées profondément ; puis portant le
doigt indicateur de la main gauche dans la playe
près fon angle fupérieur,il cherchoit la cannelure
de la fonde , il y introduifoït l’ongle de
ce doigt à travers l'épaifleur des parois de l’urètre,
& faifoit glitfer la pointe de fon inftrument dans
ce canal à la faveur de cet ongle. Quand il y étoit
parvenu,il recommandoit à l’aide chargé de la fonde
de la relever pour en appuyer la concavité fous
celles de la voûte des os pubis & l’écarter autant
qu’il étoit poffible, de' Whreftjn reélum. Il ne
s’agiffoit plus que d’incifer la partie membraneufe
de l’urètre & le col de la velfie, ce qu’il faifoit
en conduifant de la main droite la pointe de fon
couteau le long de la cannelure de la fonde,
pendant qu’avec le doigt 'indicateur gauche,
il pefoit fur le dos de cet infiniment' pour en
faciliter la marche. Enfin, arrivé à la pointe,
il achevoit l ’inciiion, en retirant fon couteau
en-dehors & en bas, le tranchant tourné vers
la tubérofité de l’ifchium.
Le doigt indicateur gauche refié dans la playe
fervoit à conduire le bec du gorgeret dans la
cannelure du cathéter. Chefelden prenoit alors
le manche de cet inftrument avec la main gauche,
& , le ramenant à lui par une efpèce de bafcule,
il faifoit gliffer le gorgeret jufque dans la veffie.
Il -dégageoit & ôtoit le cathéter, prenait le manche
du gorgeret de la main gauche, poFtoir le
long de fa cannelure le doigt indicateur de la
main droite dont la paume étoit tournée en haut;
dilatoir ainfi la plaie intérieure & la difpofoit à
permettre l’iniroduCtion des tenettes qu’il por-
toit dans la veffie, en leur faifant faire un angle
allez ouvert avec le gorgeret, dont le manche
étoit tenu fort bas, & procédoit enfin à la recherche
& à l’extraclion de la pierre.
Cette manière d’opérer eft celle qui confiîtue
l’Appareil - Latéral par excellence. Elle procura à
Chefelden des fuçcès brillans & une très-grande
réputation q u i, s’étant étendus jufqu’en France ,
excitèrent les Praticiens à répéter les eflais pour
retrouver auffi la minière de Raw. Garengeot &
Perchet s’en occupèrent avec ardeur, Morand
crut qu’il étoit plus fimplq d’aller voir opérer
Chefelden qu’on difoit fuivre le même procédé.
L ’Académie Royale des Sciences dont il étoit
Membre, obtint du Miniftère, en 172.9, qu’il feroit
le voyage de Londres, & il partir. Pendant fon
fé jju r en Angleterre, Garengeot & Perchet rail—
loient un malade qu’ils «voient faix fortir delà
Charité pour l’opérer à leur manière, & quand
Morand revint, il fe trouva que le procédé*qu’il
avoir été apprendre, étoit celui qu’ils avoient
fuivi. Mais continuons par la conduire qu’on doit
tenir dans l'extraction de la pierre, relativement
aux différentes circonflances: & confidérons la
manière dont il convient de panfer la plaie, qui
fuccède à l ’opération.
T a 1
Les tenettes introduites à l ’aide du gorgeret'
le Chirurgien fait faire à ces deux inftrumens un
demi-tour à gauche au moyen duquel le gorgeret
devient fupérieur aux tenettes, & peut être ôté
avec plus de facilité. Enfuite prenant les deux
branches des tenettes, & les difpofant une en haut
& l’autre eu bas, il les écarte avec lenteur, pour
opérer une dilatation qui favorife la fortie de
la pierre. 11 faut d’abord reconnoître la polition
de ce corps étranger qui, pour l’ordinaire, occupe
le bas-fond de la veffie, ou fa partie poftérieure.
C ’ eft-là qu’il convient de la chercher avec l’extrémité
des tenettes, dont on a rapproché les branches;
lorfque le Chirurgien l’a trouvé, il les écarte
de nouveau; & , leur faifant faire un demi-tour
il fait en forte de placer l’ un des mors ou cuillers
de l’ inftrument, au-deffus de la pierre, & l’autre
au-défions, puis il les rapproche l ’un de l’autre,
& faifit la pierre, Si l’écartement de la tenette
eft médiocre, il procède àTex traction, en prenant
cet inftrument avec la main droite dont il
place un ou deux doigts entre fes branches, pour
empêcher qu’elles ne s’ approchent trop, & qu’elles
ne hrifent la pierre. Difpofant enfuite la tenette,
de manière qu’un de fes mors foit en haut &
l’antre en bas ; il la tire en appuyant fur le reCtum,
& en faifant faire de légers mouvemens de bafcule
& en haut & en bas, pour dégager les mors
l ’un après l’autre.
Quelquefois la pierre, après s’être fait fentir
dans un lieu de la veffie, fuit & ne fe trouve
plus que par moment, ou bien après avoir été
faifie avec tes tenettes,' elle s’eri échappe, & ne
fort point avec elle ; ce qui eft une preuve de
fa petiteffe. Il faut dans ce cas employer une
tenette moins forte , ou une de celles en forme
de bec de canne ; on l’ introduit à la faveur du
doigt indicateur delà main gauche, qu’on a pouffé
précédemment dans la playe, ou au moyen du
bouton qu’on a déjà fait entrer dans la veflie,
& fur la vive-T-arrêre duquel on la fait gliffer.En
d’autres circonftances, la pierre, quoique facile à
trouver, ne peut être faifie, parce quelle eft profondément
engagée dans le bas-fond de la veflie;*
ce cas exige qu’on ait recours aux tenettes courbées.
Mais lorfqu’on a chargé la pierre, il ne faut pas
la tirer comme il vient d’être dit; on lent aifé-
■ ment que, fi on difpofoit les mors de cet inftru«
ment en haut & en bas, il ri’y auroit qu’une
violence exqeffive fur le col de la veffie & fut
le trajet de la plaie, qui pût la faire fortir dans
cette pofirion. Il faut les placer l’une à droire &
l’autre à gauche; la convexité de leur courbure
,en bas, & leur - concavité en haut, Enfuite on tire
les renettes de bas en haut, afin qu’elles puiffent
décrire en ferrant, une courbe qui réponde à celle
que prétenrem les os pubis. S i, lorfqu’on tient
la pierre entre les mors de la tenette, les branches
de cet inftrument fe trouvent fort écartées
l’une de l’autre, il eft à craindre que le yôlumo
T A I
la pierre ne foit excelfif. Cette difpofition
peut cependant venir de ce qu’elle a été faifie
dans un feus défavorable, ou de ce qu’elle fe
rrouve trop près de la jonction des mors. Dans
l’un & l’autre cas, il faut ouvrir les tenettes,
pour biffer échapper la pierre & la faifir de
nouveau, ou la repouffer avec l'extrémité du
bouton pour en changer la pofition.
Il y a des pierres que la veflie embraffe exactement
de tout côté, & qui font enfermées dans des
efpèces de loges quelles fe font pratiquées, ou
au-dedans de la proftate, où elles ont pris leurs
accrciflèmens. Ces fortes de pierres font fort difficiles
à dégager ; quelquefois on y parvient avec
le doigt ^introduit profondément dans la playe ;
quelquefois ap;ès avoir fait giiffer la tenette juf-
qu’au lieu qu elles occupent , il faut commencer
par écarter les mors de cet inftrumew en divers
fens, afin décarter les parois de la veffie, ou
de l| poche qui contient la pierre, avant de
chercher à la faifir. Le Frère Côme a imaginé
pour ces c a s , des renettes cempotées de deux
branches, féparées l’une de l’autre, & qui ne fe
rapprochent que quand on les a placées fépa-
rément fur les côtés de la pierre, à la manière
des branches du forceps , dont on fe fert dans
les accouehemens laborieux. Si la pierre étoit d’un
volume exceffif, & qu’il ne fut pas poffible de
l’extraire, fans s’expofer à un grand délabrement,
on pourra avoir recours à l’opération du haut-appareil
, dont te danger ne feroit guère plus grand
qu’il n’a coutume d'être, pourvu qu’on n’eût pas
pouffé trop loin tes tentatives, pour l’extraire par-
deffous 1e pubis , & qu’on n’eue pas donné lieu à
desaccidens graves, par la dilatation du coi de la
veflie. Avant qu’on fût plus infiruit fur cette opération
, on confeilioii de brifer la pierre dans la
veffie, avec des tenettes fortes & garnies de
pointes, plus faillantes que les autres; & dans le
cas où il feroit impoflïble d’y réuffir, de placer
une canule à demeure, par où tes urines puffent
s’écouler, pendant le peu de tems que le malade
pourroit furvivre à une pareille circonflance.
La pierre ôtée, il faut examiner avec foin
s il n’y en auroit point d’autres. Lorfqu’elle
préfente une lurface inégale & raboteufe, 011 peut
préfumer qu’elle eft unique ; mais (i elle eft lifte &
polie, & qu’elle préfente quelques facettes appla-
fies, il eft vraîfemblable qu’il y en a d'autres avec
elle. Alors le Chirurgien porte le bouton dans la
veffie 5 cherche à reconnoître avec cet inftrument,
b pofition des pierns qu’il doit ôter , & il les
faifir l’une après l’autre. Cependant f i, comme il
arrive quelquefois, leur nombre étoit coniidérable,
ou que les forces du malade ne lui petmiffent
pas de fupporter une opération auffi longue &
auffi laborienfe, il faudroit renvoyer à un autre
tems l’extraélion des pierres reflantes. La même
conduite devroit être obfervée , fi on rencontroit
•tue pierre molle qui fe brifât en éclat entre tes
T A I 57V
mors de Vinfirument, & qui laiffàt dans la veffie
lin grand nombre defragmens, ou feulement des
graviers difficiles à faifir. On feroit encore forcé
d'y avoir recours, même avant d’avoir procédé à
la recherche d’une pierre qu'on croiroit unique
s’ il furveqoit une hémorrhagie qui parût menaçante.
C ’eft ce qu’on appelle faire l'opération en
deux tems. Dans ce dernier c a s , on uietrroit une
canule dans la playe. Dans les autres on pourroit
s’en difpenfer, pourvu qu’on ne ditiërâr pas
trop à procéder à l’extraètion des pierres ou graviers
que la veffie contiendroit encore, & que 1 on
eût l’attention tous les jours, ou tous les deux
jours, d’introduire le doigt indicateur de la main
droite , bien graiffé dans la playe, afin d’en prévenir
la trop prompte agglutination.
Cette manière d’opérer en deux tems remonte
à Frânco, le même qui a imaginé le Haut-Appare
il, & elle lui fait honneur. Elle a été j ’enou-
vellée dans ces derniers tems, par M. Maret,
habile Chirurgien à Dijon , qui a donné à ce fu-
jet un Mémoire, dans le prtmier volume de ceux
de l’Académie de cette Ville ; & par M. Louis,
qui en a lu un fur le même objer, dans une
des Séances publiques de l’Académie Royale de
Chirurgie. On ne peut difeonvenir qu’elle n’offre
de grands avantages ; mais l’expérience apprend
qu’il ne faut pas en abufer. Il m’eft arrivé de
perdre des malades à qui je n’avois pu ôter toutes
leurs pierres , parce que les accidens qui ont coutume
de fuccéder à l’opération , ayant duré jùf-
qu’à-leur mort, je n’ai pu faifir le moment d’en
faire l’extraéiion. J ’en ai vu d’autres, dont la playe
s’étoit fi fort rétrécie, pendant la durée de la fièvre
& de la tenfion inflammatoire du bas-ventre, qu’il
m’a pas été impoffible de retrouver le chemin
de la veffie, & que j’ai été obligé de laiffer fermer
leur playe, quoique je fuffe qui leur reftoit encore
des fragmens confidérables de pierres.
Pour l’ordinaire cependant, il eft facile d’ôter,
par une fécondé opération, les pierres qui ont
échappé à la première, & qu’on n’a pas jugé à
propos d’extraire, au moment où l’on venoit d’ouvrir
la veffie. Quelquefois même ces pierres ou
fragmens fortentfponranément, & fe trouvent fur
l’appareil. Le malade placé fur le bord de fon li t ,
les jambes & les cuiffes fléchies, on commence
par introduire dans la playe une fonde de poitrine,
avec laquelle on fait dans la veffie des injections
deau tiède , ou de décoction de guimauve ; après
quoi on procède à la recherche & à l’extraction des
' corps étrangers, avec des tenettes proportionnées
à leur grotteur ; ce que j’ai fait à plufieurs
malades , & quelquefois au même à plufieurs
reprifes , fans qu’ils aient donné des marques
de fenfibilité trop v iv e , ou qu’ils aient témoigné
trop de répugnance pour les tentatives qui ont
fuivi la première.
j Les pierres enkyftées demandent, pour être
extraites > des procédés différens de ceux dont