
tie , la falive retenue par les lèvres obliquement
tirées, remplit la bouche & fort enfuite, les malades
ne pouvant l’avaler, à raifon des mouvemens
gênés de la langue. Le condyle déplacé, étant
en avant, hors de la cavité glénoïcie, l'apophyfe
coronoïde fera portée près de l’union du zigoma
à-l’os maxillaire, le condyle de l’autre appuyant
fur la racine de l’apophyfe zigomatique, & Ton
apophyfe coronoïde fe portant en dehors. En pareil
cas, le crotaphyte du ;côré luxé fera tendu
& applati,. pendant que le même mufcle & le
mafl'eter feront gonflés fur les apophylesqui s'avancent
de cette manière.
Ileft des caufesinternes qui occafionnent, particulièrement
chez les vieillards, la luxation dont
il s'agit dans cet article -, la paralyfie des crota-
phytes & des ptérigoïdiens emr’autres eft la plus
fréquente. La réduction, en pareil cas, eft très-
facile, mais l’accident ne tarde pas à revenir ;
j ’ai réduit plufieurs fois dans les hôpitaux ces
fortes de luxations, avec la plus grande facilité.
Morgagoi parle encore d’une exctoi fiance fur
l ’apophyfe condyloïde, qu’il a rencontrée quelquefois
chez les vieillards, & qui auroient pu produire
cet effet par la fuite. Mais, pour que le déplacement
total ou parfait ait lieu par une
violence extérieure, il faut que la Mâchoire foit
ouverte, autrement elle feroit plutôt fraélurée
que luxée-, car alors les condyles devroient né-
ceffairement fe porter en arrière, ce qui leur efl
impoRïble, à raifon de la réfiftance que leur offre
le rebord du conduit auditif.
Lesaccidens qùoccafionne la luxation de Ja Mâchoire
3 ne font pas d’abord confidérables ; c’eux
qui font d’une complexion irritable , en éprouvent
cependant d’afltz graves, la douleur eft coniïdé-
rable, la convulfion des joues furvient , d’autres
fois les malades y éprouvent un femiment de
ftupeur, les oreilles leur bruiffent fi l ’on tarde
de replacer l'o s , la fièvre & les mouvemens
convulfifs, le tétanos même furviennent, & la
mort ne tarde point à mettre fin à la vie. Cette
terminaifon fâcheufe eft annoncée par Hippocrate,
dans fes Coâques. L’on rapporte tous ces
accidens au tiraillement du nerf maxillaire inférieur
, qui eft un troifième rameau de la cinquième
pak<e.,ç., rameau qui parcourt le canal
offeux delà Mâchoire inférieure, & qui communique
avec la portion dure de la feptième paire.
Mais quelques fâcheux qu'ils foient, ils n’ont pas
Toujours lieu chez les vieillards für-tour. L ’on a
vu chez eux ces fortes de luxations impoflibles à
réduire, continuer le -refte de la v ie, fans que
les grandes fondions en enflent foufferr ; la déglu
tition, la prononciation même fe t établiffoienr,
de manière qu’ils ■ pouvoient enco/e fe faire
entendre.
Pour replacer la luxation parfaite, on fera
afièoir le malade fur un tabouret; on placera derrière
lui un A id e , pour lui tenir ia tête appuyée
fur fa poitrine; puis l’Opérateur , placé devant
lu i, portera fes deux pouces garnis de linges le
plus en avant dans la bouche fur les deux dernières
dents molaires de l’un & de l’autre côté.
Enfuite avec fes quatre autres doigts placés en
dehors, il faifira obliquement vers le menton
les bords de la Mâchoire, puis appuyant des
pouces, & tenant fermement du refte de la main,
il tirera les condyles en bas, & d’avant en
arrière, & quand il fendra les mufcles céder,
il relevera peu-à-peu la partie antérieure de la
Mâchoire vers la fupétieure. Par ce mouvement
les condyles fe dégageront du lieu qu’ils occupent
fous l'éminence tranfverfale du zigoma, les
condyles ainfi libres, il les pouffera en arrière.
Quelquefois il rJeft: pas befoin de faire ce dernier
mouvement, la contraction des mufcles,
entraînant fi promptement la Mâchoire en fa
place, que fi l’Opérateur ne comprimoit pas
fortement fur les dents molaires, ou ne retiioit
pas fes pouces entre les joues & les gencives,
ceux-ci feroient mordus.
Dans le cas où cette méthode né réuffiroit point,
on pourroit tenter celle de D. Vigo qu’on trouve
décrite dans le fixième livre de fa Chirurgie.
Elle confîfte à mettre de chaque côté au lieu des
doigts, deux coins d’un bois lifté, près des dents
molaires, lefquels feront tenus fermement par
un Aide pendant qu’on mettra une bande à deux
chefs fous-le menton, l’un au côté droit, & l'autre
au côté gauche de la tête ; on tirera fortement
ceu*x-ci, pendant qu’un Aide fera une contre-
extenfion avec fes deux genoux appuyés fur les
épaules du malade. Le Chirurgien prefiera la
Mâchoire en arrière>& en bas avec les deux pouces;
con quefio ingegno , dit l’Auteur , ko fempre rimejfa
ciafcuna majcella aj'uo luogo. Cette pratique eft
la même que celle qui efl preferité dans le huitième
chapitre du feizième Livre des (Euvres de
Paré. Je l’ai vu réùfîir, dit Bertrandi, entre les
mains d’un Rhabilleur dé campagne dans un cas
où l’autre méthode avoit manqué à un Chirurgien.
On trouve, dans le quatrièmevolume de la Pratique
moderne de la Chirurgie de Ravaton , une
méthode alfez ingénieufe pour réduire la luxation
parfaite de la Mâchoire, pratiquée parunfoldat
dans un cas où ils n’a voient pu réuflir. On prend
une mentonnièie de cuir, faite de deux morceaux
•coufus enfemble , & est nie de chamois ; Voyc\
la Planche relative à cet Article. Cette men -
tonnière reflemble a (Fez à la partie inférieure
d un mafque d’arlequin. Après avoir çmbrafié le
menton & même toute la Mâchoire d'un angle
à un autre, elle fe prolonge fur les tempes par
un angle arrondi, auquel font confus deux lacqs
qui fe nouent enfemble fur le fomniet de la tête
vers la future lambdoïde. On met em ’eux & ia
tête un morceau de carron quarré & plié, en manière
de demi-canal, lequel empêche la douleur
que pourroit faire aux tégumens les deux lacqs
I dans leur torfiou; enfuite on pafle entr’e « & le
carton un garot qu’on fait mquvo.t doucement
t par un Aide® pendant que le Chirurgien , placé au
I côté droit du malade , applique la main gauche
à fa nuque, & prenant le menton de la fo i r e
: il le poire en haut, & dirige la Mâchoire jufqu à
i ce que les condvles foienl rentrés dans leur cavité.
I; il efl plus difficile de réduire la Mâchoire dans
. la luxation incoiuplette, parce qu’il n eft pas facile
de porter les pouces jufques furies dernières dents
I • molaires à caufe de la réfiftance que préfentent
! les mufcles. Voici en quoi confîfte le procédé
| : qu’il faudra mettre en pratique. Le malade, placé
comme précédemment, le Chirurgien pounera
,! fin les dents du côté oppofé un morceau de bois,
; - p la t, fort & garni de toile, 8t quand il fera arrivé
contre la bafe de l’apophyfe coronoïde, il alon-
i ■ géra & abaiffera la Mâchoire inférieure par des
^ mouvemens convenables ^ en fe fervant de ce
' ■ morceau de bois comme d’une poulie. Quand la
Mâchoire s’eft un peu éloignée, fi elle ne revient
point en fa place par l’action des mufcles, on
v portera les pouces le plus en avant qu on pourra
fur les dernières dents molaires; &, faifantle plus
,1 grand effort fur le côté lu xé, on pouflera en bas
& en arrière la Mâchoire, en portant ce côté
| en arrière, de manière que le menton revienne
ï à fa place » & que les dents des detft Mâchoires
É fe correfpondent. L ’appareil, dans les deux cas,
confifte en une compreiïe qui réponde à la longueur
| & à la figure de la Mâchoire, on la pofe tranf-
■ versement d’un côté à l’autre, & on la maintient
avec la fronde. Ce bandage n’eft fouvent utile que
dans les luxations de caufe interne ; car, dans les
autres, l’aélion contractile en tient fuffifamment
des poils ou cils qui garniffem l ’une & l’autre
paupière. Cette maladie eft fouvent la fuite des
fièvres qui ont duré long-tems chez les jeunes-
gens épuifés;'elle eft encore regardée comme
un fymptôme de la vérole, portée au plus
haut point: on dit qu’elle accompagne toujours
l ’éléphanrhiafis. La Madarofe peut être confédérée
comme dépendante d’ un vice général, ou
comme dérivée d'un vice local qui détruit les
bulbes de chaque c i l , en les faifant tomber en
fuppuration ou autrement ; c'eft ce qui. arrive
quelquefois dans le felériafis ; le trachoma ou
toute autre inflammation & dartres des paupières.
Dans ces derniers cas, il n’y a fouvent
qu’une portion des cils qui foient tombés, &
ordinairement l’affection eft accompagnée d’une
grande fenfibilité de i’oe i l , qui empêche qu’on
ne fupporte facilement la lumière.
Quand la Madarofe eft une fuite de l’épui-
fetnent, les analeptiques font les remèdes généraux
qu’on doit d’abord confeiller , on en dirigera
Pufage félon les principes de M faine
Médecine. Si l’on iou-pçonne une caufe vénérienne,
il faut la combattre par les remèdes connus,
moins pour réparer la Madarofe que pour éviter
les maux fâcheux, qui tacitement menacent les
jours du malade. La Madarofe locale demande
un traitement borné à la partie. Paul recommanr
doit les illinitions où entroit le plomb, Oleo ,
dit - i l , feufevo anferino infeBis digitis plumbum
conterc aique eoobline. Il parle d’un autre remède
qu'il préfère à celui - c i , quod glabricitati fu-
perciliorum medetur nonnih.il nigroris quoqut inducit.
C’eft la poudre de noix pontique , brûlée & mêlée
à la graiflè de bouc ou d’agneau. Acluelleraeut
on confeille la graiflè d'ours, de renard ou
d’oie ; mais fouvent bien inutilement, fur -
tout dans la Madarofe qui eft avec deflruc-
tion des bulbes. Dans le cas où il n'v a qu'en-
gorgement , comme dans le felériafis ou le
trachoma , il faut recourir aux dérivatifs & aux
adoucifîans locaux, tels que peuvent les fuggérer
les circonftanccs concomitantes. ( M. P e t i t -
R a d EL ).
MAG ATI ( Céfar ) , né à Scandia, en 1579.
Il mahifefia, dès fa plus tendre jeunefte, une pénétration
d'efprit qu’il eft rare d’obferverà cet
âge; ii étoit encore enfant, qu’il avoit fait ü
Philofophie & foutenu des thèfes à Bologne. A
dix-fept ans ,il fur reçu Do&eur en 1’Univerfité
de cette V i lle ; mais, n’ofant fe livrer à la pratique
avec cette aflùrance que l’habitude donne,
il fe mit à voyager pour l'acquérir. Il fut à Rome
où il fe livra fpéciakment à l’étude & à ia pratique
de la Chirurgie, & où il prit ces germes
qui nous dévoient valoir ce bel Ouvrage fur le
traitement des plaies dont nous ferons mention
par lafuire. i l retourna enfuite en fa patrie pour
y former un établiflement y mais à peine l’avoit-il
commencé, que le Marquis de Bentivoglio l’emmena
à Ferrare. La réputation , les fuccès de Ma-
gati & la recommandation de fon Protecteur,
lui firent obtenir une chaire de Médecine en cette
Ville. Ce fut alors que les Ecoliers s’emprefsèrent
,de toute part de venir l’entendre ; il leur diéta
le feu 1 Ouvrage qui fût refté fous fon nom ,
intitulé : De Tard Médications vulnerum, de
vultierihus tradandis Libri duo 3 in quibus nova
traditur methodus quâ felicijfîmè ac citius quam
alio quovis modo fanantur vaincra. Quoecwnquè
proettrea ad veram & perfeBam eorum curatïomm
atdnent, diligenter cxcutiuntur, permultaque expli-
cantur Galenï & Hippocratis loca eo fpe Bantia.
Venet. Magatine put profiter long-rems de fa réputation
fi bien méritée, ii tombadangereufement
malade; mais, en relevant de fa maladie, il réfolui
d’entrer dans l’çrdre des Capucins. Il n’y trouva
point Ja tranquillité qu il y cherchoit ; le Public
étoit continuellement à le demander, & les Supérieurs
de fon Ordre , qui virent combien un
homfùe de fa forte devoir être précieux à l’humanité,
lui donnèrent une obédience pour aller partout
où on le demandoit fous fon nouvel habit ;