
Playes (impies par incifion, principalement en
ceci, c’ eft q ue , quoique moins menaçantes en
apparence au premier coup-d’oe ii, elles font bien
plus dangereufes. A in fi, dans les dernières, la
rétraction des parties, & la ptrte du fang font
généralement beaucoup plus conlidérables que
dans une Playe par déchirement de la même étendue;
la guérifon cependant en efl bien plus facile.
Il eft même à propos de faire remarquer
que c’eft un effet prefque confiant des déchire-
tnens & des contufions, lors même que ces Playes
ont ouvert des raiffeaur confidérables, d'empêcher
l’épanchement du fang qui, naturellement,
devoir aroir lieu; effet qui trompe quelquefois
les Chirurgiens peu attentifs, & peut les engager
à porter un faux pronoftic. Mais les Praticiens
expérimentés ne s’y trompent pas, ils con-
roilfent tout le danger des Playes de cette nature ;
& ils favent que bien loin que l’hémorrhagie foit
proportionnée à leur importance, elle efl au contraire
d’autant moins abondante que la caufe qui
les a produites a déployé plus de violence. On
a vu des membres arrachés & féparés du corps ,
fans qu’il s’enfuivît prefqu’aucune perte de fang.
Voyei Lacération.
La douleur pareillement eft ic i , pour l’ordinaire,
en raifon inverfe de la caufe qui a fait
la bleflure. Elle eft généralement affez violente
dans les cas de contufions peu confidérables ; elle
l ’eft très-peu au contraire dans les grandes con-
fufions, où l’organifation des nerfs affeélés a été
prefque entièrement détruite.
L ’effet immédiat des Playes par déchirement
& par contufion eft une rétraélfon & un gonflement
plus ou moins confidérable de leurs bords ;
ce gonflement paroît être la conféquence d’un
épanchement de férofité dans le tiffu cellulaire.
Lorfque les parties, contufes n’ont pas été extrêmement
maltraitées, la fuppuration fuccède à
l ’épanchement de férofité ; les parties qui ont le
plus fôufferr fe féparent de celles qu’ elles recouvrent,
fous la forme d'efcarres, & la guérifon
s'achève comme dans les cas de Playes (impies.
Mais lorfque les parties ont beaucoup fonffert
dans leur organifation, & fur-tout lorfque des
artères d’une certaine grandeur ont perdu leur
aétivité, au point que le fang n'y circule plits,
il y a tout lieu de craindre qu’elles ne viennent
à fe gangrener. Si la conflitution eft faine &
fi l’étendue de la Playe n’eft pas très-grande, le
malade peut fe guérir malgré cêt accident ; ( Voyez
G a n g r e n é ) mais, dans d’autres circonltancos
cette terminaifon delà Piaye menace toujours du
plus grand danger, car alors le mal ne fe limite
pas néceflairetnent aux parties très - contufes ;
mais il arrive fouvent qu’il s’étend de proche en
proche à celles qui n'a', oient point été affeélées
par la bleifure.
La gangrène, occafionnie direélement par la
Jéforganilàtkm des parties, n’eft pas laplus â redouter;
la plus fàcheufe eft celle que détermine
trop fouvent la violente inflammation des parties
qui ont foufFert fans perdre^ beaucoup de leur
irritabilité : c’eft aufli celle qui demande le plus
l’attention du Praticien , lequel ne doit rien négliger
pour prévenir l'inflammation avant qu’elle
foit portée à cet excès qui peut la rendre funefte.
C eft pourquoi il ne craindra pas de laiiïer couler
un peu de fang > fi la Playe en fournit dans les
premiers momens; enfuite, il fera lepanfement
fuivant les règles que nous avons pofées ci-def-
fus , & fe contentera de rapprocher les parties
divifées fans faite de future pour les réunir. Si
le jmlaàefe plaint de douleurs, il faudra lui tirer
du fang, plus ou moins, fuivant h violence de
ce fymptôme & celle des autres fymptômes fé*
briles, & fuivant l’état de fes forces-, il faudra,
fur-tout, faire des faignées locales par le moyen
de fang-fues autour des bords de la Playe ; elles
réufliront fouvent mieux que les faignées générales,
à modérer l'inflammation & à appaifer la
douleur.
Lorfqu’on aura tiré une quantité de fang fuf-
fifante, on couvrira la Playe de charpie humée*
tée d'eau tiède, ou enduite de cérat, & l’on
mettra par-deffus un cataplafme émollient que
l'on renouvellera trois ou quatre fois par jour,
afin d’accélérer le plus qu’il’ fera poflible la formation
du pus, ce qui eft un objet de la plus
grande importance. C ar, lorfque les Playes de
la nature de celles dont nous parlons viennent
à fe couvrir d'un pus de bonne qualité, la.dou-
leur & la tenfion diminuent, les parties défor-
ganifées & gangrénées commencent à fe détacher;
elles tombent enfin, & la guérifon s'achève comme
dans les cas de Playes fimples. Quelquefois on
peut y après la chute de l’efearre, abréger le refte
la cu re , en rapprochant les bords de la çeau
pour diminuer d'autant l’étendue de la cicatrice,
de la même manière que nous l’avons indiqué ci-
deflus, en parlant des Playes avec perte de fubf-
tance.
S i, dès les premiers momens d’une Playe de la
nature de celle dont nous parlons, l’on fuit avec
foin le traitement que nous venons d’expofer, on
réuflira dans la plupart des cas à lui faire prendre
une tournure favorable, & à en procurer la
guérifon. Mais il arrive quelquefois que, foit
pour avoir négligé dans les premiers inflans Ifes
remèdes convenables, foit parce que la confti-
tution du malade n’en favorife pas l’effet, les
parties que l ’inflammation a d’abord affeélées deviennent
noires & tombent dans un état de mortification
complette, malgré les faignées générales
& locales, & malgré les autres fecours. Il faut
alors renoncera toute efpèée d'évacuation, qui
ne feroient qu’aggraver le mal, éviter tout ce qui
tend à affoiblir, & faire ufage de tous les moyens
propres à rétablir le ton du fyftême, & à lui
donner de la vigueur. On accordera pour ceî
effet au malade des alimens plus fubftantiels qu'on
n’avoit fait jufqu’alors > on lui donnera du bon
vin autant qu’il en pourrafupporterfacilement,
& on lui fera prendre du kinkina en fortes dofes,
comme d’un ou deux gros à-la-fois, fi l'efiomac
peut les garder; & on les répétera toutes les deux
heures, ou même toutes les heures. On donne
aufii avec fuccès l’efprit de vitriol en même-tems
que le kinkina. Dans les cas où la gangrène paroît
tenir à la foftfleffe & à l’irritabilité du fyftême,
l’on emploie quelquefois l’opium avec grand avantage
y & fans nuire à l'effet des autres remèdes
dont nous venons de parler. Voye\ G a n g r e n é .
En même-tems qu’on foutient ainfi l’état général
des forces & le ton des vaiffeaux, s’il y a
encore dans les environs de la Playe quelque
tendence marquée à l’inflammation, on le contentera
d'y tenir des cataplafmes pour favorifer
la fuppuration, qui doit fe manifefter avant que
les parties maladés fe féparent des parties faines.
Mais, comme cette fuppuration ne fauroit avoir
lieu fans quelque degré d’inflammation, fi l’on ne
voit aucune apparence de ce lle -c i, on tâchera
de l’exciter par quelques applications Annulante
«. On fe fert avec fuccès dans cette intention
de cataplafmes faits avec de la moutarde, ou
d’autres rubéfians, tels qu'une folution de fel
ammoniac dans du vinaigre & de l’eau. Mais
il faut lavoir s’arrêter à propos, de peur d'aller
plus loin qu’il ne conviendroit, & dès qu'on voit
un cercle rouge autour des parties gangrénées, on
doit fubfiituer aux topiques irrirans, ceyx qui font
propres à déterminer la formation du pus. On
pourra retrancher une portion des chairs morti
fiées qui ne font qu entretenir la puanteur de la
Playe ; mais, fans toucher aux parties vives, ce
qui ne feroit que du mal, ainfi que les feari-
' fications profondes que bien des Chirurgiens font
dans l’ufage de faire, & dont nous avons ailleurs
expofé le danger.
En fuivant avec foin le traitement que nous
venons d’indiquer, on viendra fréquemment à
bout de donner une terminaifon favorable à
des Playes gangrénées de la plus mauvaife apparence.
Mais il arrive fouvent aufli que, malgré
tous les efforts de l’a r t, la maladie continue à
faire des progrès, & fe termine enfin par la mort.
On a cru que lorfque le niai avoir fon fiège dans
quelqu’une des extrémités, il falloit amputer le
membre dans les parties faines, pour empêcher 1%gangrène de. s’étendre plus haut. Nous avons
examiné cette méthode à l’article A m p u t a t i o n ,
& nous avons fait voir que, bien loin d'être avan-
tageufe, elle n’étoit bonne, dans la plupart des
cas, qu’à accélérer les progrès de la maladie,.&
qu on ne devoit jamaisfonger à amputer un membre
ainfi affeélé, que lorfque la gangrène étoit
tout-à-fait arrêtée.
Nous avons pofé pour maxime que toutes les
lois que la gangrène commençoit à fe manifefler,
il falloit être extrêmement réfervé fur l'nfage de
toute efpèce d’évacuation. Nous croyons cependant
devoir ajouter, à ce que nous avons dit à
ce fu je t, que par-tout où l'on voit une inflammation
affez vive pour qu’on ait lieu de craindre
qu'elle n'amène la gangrène, & fur * tout
dans des cas de Playes contufes & déchirées, il
. faut, jufqu’à ce qu’on apperçoive les premiers
fymptômes de mortification, fuivre la méthode
antiphlogifiique dans toute fon étendue, particulièrement
dans l’ufage des faignées générales &
locales, fur lequel on infiflera fans héfirer,tant
que le degré d’inflammation paroîtra le rendre
néceffaire; on a fouvent fait bien du mal par trop
de timidité à cet égard.
Après nous être occupés de confédérations générales
fur les Playes & fur la manière de les
traiter , nous allons entrer dans quelques détails
fur les cas qui, par la nature ou par la lîtuatioiï
des parties affeélées, demandent un traitement
particulier.
Des Playes des Veines,
Nous avons parlé à l'article HÉMORRHAGiÉdes
difficultés qu’on rencontre fouvent, Iorfqu’il s’agit
d’arrêter la perte du fang fourni par des vaifléau*
artériels, dont la force contraélile ajoute beaucoup
à rimpulfton que ce fluide a reçue du coeur*
Le&bleffures des veines donnent bien moins d’embarras;
ces vaiffeaux n’ont que dans un très-foible
degré la faculté dé fe contrarier, & le coeur ne
paroît pas y avoir beaucoup d’influence fur la circulation.
Aufli , leurs Playes fe ferment-elles bien-
plus facilement que celles des artères, même
celles de leurs plus grofles braiîchesv
On arrête aifémerit le fang qui fort d’une veine
ouverte par une incifion longitudinale ou oblique,
en couvrant la Plaie de charpie fèche, ou
d’une compreffe de toile fouple & fine. Si ce
moyen ne fuffii pas, on fera tou jours fur de faire
ceffer l’hémorrhagie en appliquant fur l'ouver--
ture un morceau d'éponge fèche, ou d’agarie
qu'on affujettira par une légèrecompreflion.Mais,
lorfqu’une veine fe trouve coupée tranfverfale—
ment, foit dans fa totalité, foit feulement e»
partie, il peut arriver quelquefois qu’on ne puiffe
pas en comprimer l’orifice d’une manière affez
efficace, & en pareil cas, on confeille de le cau-
térifer, foit avec le cautère aftuel, foit par des
applications cauftiques. Ces moyens eependanr
font incertains dans leur effet, & peuvent d’ailleurs
incommoder beaucoup le malade. Il vaut
mieux alors recourir à la ligature du vaiflèau T
qui s'exécutera de la même manière que nous-
avons recommandée pour les artères. Il ne fàur
pas redouter la gêne de la circulation qui peut
réfulter de l'oblitération d’une veine, même de»
plus confidérables, à la furface du corps,, car
il y a une multitude de. branches collatérales