
fubmaxillaires font enflées & donloureufes, fi
l ’Intérieur des joues eft gonflé & enflammé, on
fufpendra l’ufage du mercure, on faignera le
malade, on lui donnera des boiffons délayantes
& rafraîchiffantes & on le purgera avec du fe l, de
la manne ou quelqu’autre doux laxatif. Les fymp-
tômes venant à diminuer par ces moyens, & la
Salive coulant avec plus de facilité, on pourra,
fi cela paroît néceffaire, recommencer l’application
du mercure, fans courir de rifque. Mais,
fi l’inflammation a déjà été au point de former
d’épaiffes croûtes ou efcarres dans l’intérieur de
la bouche, la Salivation ne peut plus fe faire
librement •, de nouvelles dofes de mercure augmentent
l'irritation des parties, donnent lieu à
la formation de nouvelles croûtes & viennent
enfin à exciter un flux de Salive dont on ne
peut prefque plus être maître , & cela à l’épo-
que où l’on defireroit de voir cette évacuation
tendre à fon déclin.
Le malade, dès la première friélion, doit fe
tenir dans une chambre d'une bonne température
• il ne boira point de v in , il évitera toute
efpèce de nourriture animale & ne prendra que
peu ou point d’alimens folidesj une diarrhée
fâcheufe ou même une dyfTenterie peuvent fur-
venir s’il fe gouverne autrement. Il prendra pour
toute nourriture des bouillons, des panades,
des foupes -farineufes & d’autres alimens de cette
nature} il boira abondamment de l’eau d’o rge,
ou de quelqu’autre liqueur pareille un peu
chaude.
Le fécond période de la Salivation commence
au moment où cétte évacuation s’établit d’une
manière compUtte & régulière. On appelle Salive
régulière, celle où l’on voit couler de la
bouche conftamment, ou avec de très-courts
intervalles, de trois à cinq ou fix livres d’une Salivation
épaiffe & \ ifqueufe dans les vingt-quatre
heures. Suivant Aftruc, fi la quantité de cette
évacua tion*ne va pas à trois livres par jo u r ,
la maladlè-,|tè.fera pas fuhjnguée, à moins qu’on
ne pmfôn|ê£beaucoup le traitement \ & fi elle
s’élè' e ’au^é là de fix livres,lie malade ne pourra
la foutenir allez long-tems pour affurer fa gué-
rifon.
Tant que la Salivation demeure dans les limites
dont nous venons de parler, il ne faut nî
l ’exciter davantage, ni la reftreindre, mais la
foutenir au même point pendant quinze, vingt
ou vingr-cinq jours félon qu’elle eft plus ou
moins abondante} car c’eft dans fa quantité qu’Aftruc
& bien d’autres Auteurs mettent lu plus
■ grande confiance.
Si la Salivation eft aii-deftous de la mefure
indiquée , la guérifon ne faifant en même-
tetris aucun progrès , on examinera l’état de
la bouche ; car fi elle eft très — enflammée
& s’il y a des croûtes formées par le mucus
épaiffi autour des orifices des conduits
Salivaires, c’eft envain qu’on voudroit poufr
fer la Salivation. Il faut alors faigner le
malade, le purger avec de la manne ou des
Tels, & lui donner quelques dofes de nitre. L’in*
flammation étant appaifée par Ces moyens, on
recommencera les friélions & on les continuera
fuivant le befoin.
D’un autre côté, fi la Salivation va au-delà
des limites convenables, il faut l’arrêt»r & la
réduire dans de juftes bornes. On fe hâte , en
pareil cas , d'ôter les bas, les caleçons, &c. chargés
de mercure : on touche les ulcères de la
bouche avec un peu de miel, mêlé d’efprit de
vitriol y on procure une dérivation de-> humeurs
au moyen des remèdes purgatifs & diurétiques,
répétés autant qu’on le jugera néceffaire , & l’on
prefcrit au malade , une décoélion de gomme
arabique pour fa boiffon.
Le régime, pendant ce fécond période, doit
être à - peu - près le même que pendant le premier.
On aura lé plus grand foin de tenir les dents
propres, en lesnétoyant tous les jours avec une
broffe bien douce, de peur que le dépôt, qui
ne manqueroit pas de s’y former fans cette précaution,
ne ronge & ne détruife les gencives,
ce qui pourroit oceafionner la cbûte des dents.
Le malade fe lavera la bouche avec de l’eau d’org
e , avant que de boire, pour ne point avaler
de cette falive âcre & vifqueufe qui rapide toute
la bouche , & qui cauferoit des maux de coeur,
des coliques, &c. fi elle paffo.it dans l’efiomac;
il aura foin , par la même raifon , foit qu’il fe
tienne affis ou couché, d’avoir toujours la tête
légèrement penchée en avant, même pendant fon
fommeil , & de fe tenir alternativement fur les
deux côtés, pour que la Salive qui coule conftamment
en-dthors, ne fatigue pas trop long-tems
de fuite les mêmes parties, 11 préviendra la confii-
pation, s’il y étoit difpofé, en prenant de tems-
en-rems des lavemçns.
La Salivation s’étant foutenne pendant quinze,'
vingt ou vingt-cinq jours , & les fymptômes de ia
m Jadie ayant enfin difparu, l’on fetrouve au dernier
période du traitement. A cette époque, il
ne refte qu’à mettre fin à l'écoulement de la Salive
, à guérir la bouche, & à réparer les force»
du malade par une nourriture convenable.
Pour arrêter la Salivation , i l faudra, non-feu*
lement ceffer d’adminiftrer de nouvelles fripions,
mais encore ôter de deffus le corps du malade,
la chemife de flanelle , les bas & les caleçons imprégnés
de mercure $ on nétoyera fa peau avec
du favon j on introduira graduellement l’air ex-
térieut dans fa chambre , on lui donnera une purgation
que l ’on répétera de tems-en-fems , jufqu’à
ce que la Salive ait ceffé tour-à-fait de couler.
Les ulcères qui fe formenr fréquemment dans
la bouche pendant la Salivation, font générale-
ment dûs à ce qu’on a négligé de combattre l’in*
flatriçnation occafionnéepar le mercure, par les
moyens Indiqués ci-deffus, ce qu’on peut toujours
faire ïfm danger de nuire au traitement, lorfqu’on
emploie çes moyens avec la prudence néceffaire
toutes ces précautions, cependant, ne font pas
toujours foffifantes. Quoiqu’il en fo it, lorfqu’il
s’eft formé des croûtes ou des efcarres fur les
joues, la langue , &c. elles font fouvent remplacées,
après leur chûte, par des ulcères fujets à
s’étendre. & difficiles à guérir. Ce qu’il y a de
mieux à faire, ell de toucher , de tems à autre,
ces ulcères avec du miel acidulé au moyen de
l’efprit de vitriol $ de laver fouvent la bouche
avec une infufion de fauge, ou une décoélion
d’orge, mêlée de mielrôfat, auxquelles on ajoute
quelquefois un peu devin rouge *, on recommande
même, dans certains cas, d’employer le vin rouge
feu!, comme le meilleur de tous les topiques.
Lorfque, par ces moyens, on aura arrêté le progrès
des ulcères, on n’emploiera plus que des
gargarifmesmucilagineux & adouciffans. Pendant
tout le tems qu’il y aura quelgu’ulcération dans
la bouche, ou feulement une tendance à l’ ulcération,
le malade aura foin de remuer fréquemment
la langue de côté & d’autre , de peur quelle-
ne contrarie des adhérences avec les parties voi-
fines j ii ouvrira aulfi la bouche de tems-en-tems,
autant qu’il lui fera poffible , pour conferver la
liberté du mouvement des mâchoires.
L’on réparera les forces du malade par de
bonnes' nourritures, adaptées d’abord à l’état de
fa bouche, & mefurées avec circonfpeétion, &
peur que l’abus dans la quantité, ainfi que daùs
la qualité des alimens, ne ramène la Salivation
& de nouveaux accidens, comme on le voit
arriver quelquefois. L ’air d e là campagne, l’ufage
du lait d âneffe ou de chèvre, l’exercice achèveront
de le rétablir.
Les Auteurs qui ont tracé la marche du traitement
‘que nous venons d’expofer , n’ont pas
ignoré que, malgré toutes les précautions pofli-
bles, la méthode de la Salivation pouvoit être
accompagnée d’accidens plus ou moins graves ; &
par conféquent, que ces accidens étoient d’autant
plus â redouter, que la conduite de la cure féroit
entre les mains de perfonnes moins éclairées &
moins circonfpeéles. Nous allons jetter un coup- t
d’oeil rapide fur les principaux, qu on a diftingués j
en trois claffes, foi vant le période de la Saliva- |
tion auquel ils appartiennent.
Dans le premier période, le malade fetrouve
quelquefois faifi, dès la première, mais plus fou- j
vent après la fécondé ou la troilièrne friélion , i
dune diarthée, qui, dans quelques c a s , eft ac- ;
compagnée de fièvre I de douleurs de colique , j
de chaleur dans les entrailles, de déjcelions mu- I
queul'es où fanguinolemesi, & d’un tenetmc prefo 1
que confiant. Dans tous les cas , la première chofê I
a faire, eft d’arrêter les friélions, & de débarrafier 5
peau, du mercure avec lequel elle peut être en j
comad. On recommande alors, fi les fymptômes 1
ne font pas violens, de purger doucement avec
un peu de ihubarbe ou de féné , de donner en-
fuite la décoélion blanche, & fi ces moyens ne
fuffifent p a s , de faire prendre au malade dix à
vingt gouttes de laudanum liquide. S’il y a de la
fièvre, beaucoup de chaleur & de douleur d’entrailles
, on aura recours à la faignée, à une boiffon
abondante d’eau de veau ou de poulet, de décoélion
d’orge ou de gomme arabique , &c. à
l’ufage de l’huile demandes, à la dofe d’une ou
deux cuillerées, trois ou quatre fois par jour ;
& , après qu’on aura calmé les fymprômes d’inflammation
, on adminifirera le laudanum comme
ci-deffus.
Quelquefois après la troifième ou la quatrième
friélion , le malade eft faifi d’une fièvre intermittente
ou continue j il éprouve en même-rems beaucoup
de chaleur dans la bouche, il refpire avec
difficulté, & il fe forme une éruption for la peau.
On attribue l’acceflion de la fièvre , lorfqu’elie eft
violente, à ce qu’on a commencé le traitement
fans avoir préalablement dilpofé le malade, par
les moyens propres à le rafraîchir, à purifier &
à adoucir le fang j à ce qu’on a adminifiré le
mercure avec trop de précipitation & fans examiner
l’érat de la bouche j enfin , à une erreur de
régime que le malade peut avoir commife.
Si la fièvre eft légère, on ne la regarde pas
comme un bien fâcheux fymptôme , & on la laiffe
aller fans ,autre remède qu’un régime févère, &
I1 un ufage abondant de boiffons délayantes.. Mais,
fi le pouls eft élevé à un certain point, on aura
recours à la faignée , & même on la répétera en
raifon de la vivacité des fymptômes fébriles , de
de l’inflammation de la bouche ; on donnera des
laxatifs ) & l’on empêchera toute nouvelle aélion
du mercure fur le corps. Si le malade paroît rrès-
affoibli par cet accident, on fufpendra , autant
qu'il fera poffible , le traitement mercuriel, &
on ne le recommencera qu’avec les plus grandes
précautions.
Ce qui peut arriver de plus dangereux à cette
première époque , c’eft un gonflement fubit d®
la tête , des amygdales , des glandes parotides
& maxillaires , & de la langue qui s’enfle quelquefois
, au point que la bouche ne peut plus la
contenir, A ce gonflement fe joint une fièvre plus
pu moins vive , & un degré confidérable d’affou-
piffementj la déglutition & même la reipiranon deviennent
extrêmement difficiles *, le malade ne
peut articuler aucune parole; enfin , il conrrun
danger imminent de mourir dans un état d’étranglement
ou.d’apoplexie. C’eft ordinairement après
la troifième ou la quatrième friélion , que Ton voit
paroître ces fymptômes alarmans , lorfqu’on lès a
adminifiré* avec trop peu de précaution & dune
manière trop rapprochée.
Dans un cas aulfi grave, on ne fauroit trop
fe hâter de modérer l’activité de la circulation,
& de procurer une forte dérivation du fang vers