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eft prouvée par l’obfervation du D. Mackenfie
dont nous avons fait mention plus haut. Mais
comme fouvent quand on cft appellé de prime-
abord & qu’on ignore la nature du mal qu’on
a à traiter, on ne peut guères fe tourner vers
une méthode de curative réfléchie ; ce qu’il convient
de faire en pareil cas efl de fuivre de loin
la Nature fans vouloir trop la dévancer. Comme
il faut que l’inflammation fe continue pour que
la féqueflration s’opère, quand une fois on la
préfume commencée, il faut éviter les moyens
qui pourroient trop la déprimer. Les meilleurs
topiques, en pareil cas, feraient une peau decigne
qu’on »endroit fur la partie, jufqu’à ce que la
fupuration fe manifofiàt à quelqu’endroir ; on
ouvriroit alors fur l’abcès, & li, après l’iffue du
pus l’on découvroit la pointe de l ’o s ,q u ’en la
faififlant , on ta trouvât bien vacillante ,■ il fan-
droit l’extraire avccune forte pince $ mais, pour
peu qu’on trouvât de la réfiflance, on remettroit
l ’extraélion à un autre tems. Si l’ouvertures’étoit
faite fpomanément, bien avant qu’on eût été appellé,
& qu’avec le ftilet on ait découvert une
très-grande dénudation d’o s , il faudrait prolonger
les ouvertures avec le biftouri, pour procéder
à l’extraclioD. Mais fi le féqueftre fe trou-
voit recouvert par le nouvel' os, que le fiilet
fît juger qu’il efl peu volumineux ; ne ferait il
pas plus prudent de l’abandonner dans la certitude
où l ’on feroit qu’il pourrait fe di(foudre &
fortir par parcelle avec la matière du pus ; les
expériences faites fur les animaux vivans & les
obfervations qu’ont fourni les faits pathologiques
relativement à cette circonftance pourroient
avec raifon déterminer à fuivre ce dernier parti.
Alors il faudrait fe contenter de tenir les orifices
fifiuleux ouverts au moyen de l’éponge préparée
, ou d’un morceau de gentiane convenablement
taillée ; à chaque panfement ou prefleroit
la partie pour faire fortir le pus ; & quand la
fource en ferait tarie 3 on chercheroit à cicatrifer
l ’ouverture. Mais cette méthode efl longue, &
fouvent la Suppuration amenant un petite fièvre,
on a tout à craindre delà réforption du pus. Le
meilleur parti alors efl d’ouvrir le nouvel os dans
une étendue fuffifante avec la gouge & le marteau
ou le trépan afin de parvenir au corps
étranger , ainfi que l’ont fait Scultet & David en
pareil cas. Alors on l’extrairait avec tout le ménagement
poflible, & l’on conduirait enfuire les
incitions à parfaite cicatrifation. Quelquefois l'in—
cifion des tégumens manifefle â l’intérieur un
défordre auquel on ne s’attendoit point -, l’os de
nouvelle formation efl ulcéré en différons endroits
de fa furface, on y découvre plufieurs
point fifluleùx d’où s’élèvent des chairs granu-
ieufes & d’ou fuinte une fanie ichoreufe ; les
chairs d’alentour font dans un état d’engorgement
confidérable ; il y a des indices certains de caries
Ql le mal parole ne laiffer des remèdes que dans
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une prompte amputation du membre ; il fait
alors s’y déterminer & le plus promptemens
poflible. Nous renvoyoes pour de plus grands
détails à Thèfe De ojium Necrofi, que nous
avons citée pins haut. ( M. P e t i t -R adez ).
NEPHELION , ns?samv_ vNubecula. Petite tache
blanche produite par la cicatrice d’un ulcère
fitué fur l’oeil. Cette cicatrice incommode la vue ,
lorfqu’elle fe trouve fur la cornée tranfparente ,
vis-à-vis la prunelle. Les Anciens l ’appelloient !
Nuhecuîa. On donne encore le nom de Nephc-
lion à ces efpèces de petits nuages qui nagent
au milieu de l’urine, &, aux petites taches blanches
qui viennent fur la furface des ongles, &
qui reffemblent à de petits nuages. Ane. Encyc.
( M. P e t i t - R adez . )
NEPHROTOMIE de n.^ oî & Nephrotomia
y Seclio rems. Opération dans laquelle
on incife fur la région lombaire, pour parvenir
jufquau rein, & en extraire une ou plufieurs
pierres qui s’y feroient formées. On a regardé
cette opération comme praticable dans deux cas
flifférens : favoir, lorfque les reins font dans leur
intégrité , & qu’aucun indice extérieur n annonce
qu’ils contiennent des pierres, & lorfqu’il y a
un abcès ou une ouverture fiftuleufe à ia^ région
lombaire. Les raifons fur lefquelles on s appuie
pour prouver la poffibilité de la Néphrotomie
dans le premier cas , font : i.° que cette opération
a été confeillée par Hippocrate; 2.0 qu’elle
a été pratiquée plufieurs fois ; $.° enfin que
l’analogie lui efl favorable. On va voir combien
peu ces raifons ont de force.
1.9 Hippocrate d it, cum autem intumuerit &
elevatus fuerit,fub id tempus juxta renem fecato
& extracto pure arenam per urinam cientia fanato ;
f i enifn JeBus fu e r it, fugoe fpes efl : fin minus
morbus hominis commuritur. Si la partie s’élève
& fe tuméfie, il faut alors faire une incifion
au voifinage du rein, pour faire fortir le pus ,
& chaffer enfuite le gravier par le moyen des
diurétiques, car cette incifion peut fa.uver la vie
au malade ; & il ne manquera pas de la perdre
fans ce fecours. On ne peut, ce femble, , conclure
de ce paflage qu’Hippocrate ait recommandé
la Néphrotomie, lorfque le rein efl dans un
état fain. Au contraire, il paraît ne l’avoir con-
I feillée que lorfque ce vifeère efl obfédé, &
que le pus fe porte au-dehors. Celle & Galien
l’ont fans doute entendu de cette manière, p.uif-
qu’ils ne parlent ni l’un ni l’autre de l’extrâélion
j des pierres renfermées dans le rein. LeurfiJence,
à cet égard, a été imité par les Auteurs Grecs
& Latins, qni les ont fuivis ; & c’efl chez les
Arabes que fe trouvent les premiers témoignages
hafardés en faveur de cette opération.
2 ° On cire peu d’exemples de la Néphrotomie
faite fu r ie rein dm s fon état d’intégrité ; &
encore ceux qu’on rappôrte, manquent-ils da
l ’authenticité néceffaiie. Le plus ancien n’eft pref*
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que connu que par tradition. Il efl rapporté dans
l ’Abrégé chronologique de l’Hifloire de France,
par Mézerai. Les Doèleurs de la Faculté de
Médecine de Pa ris , dit cet Hiftorien > ayant
fu qu’un Archer de Éagnolet, q u i, depuis long-
tems , étoit attaqué de la pierre , avoir éié
condamné à mort pour fes crimes , fupplièrent
le Roi & les Magifirat-s de vouloir bien permettre
qu’on lé remît entre leurs mains, pour éprouver
fur lui fi on ne pourroit pas lui ouvrir les reins
pour en tirer le calcul, (ans qu’il lui en coûtât
]a vie ; cette opération eut un fi bon fuccès que
cet homme vécut plufieurs années après en fort
bonne famé.
A la vérité, ce récit femble indiquer qu’on
fit l’incifion du rein à ce malheureux1, mais fi
l ’on confulte Ambroife Paré , qui raconte la
même bifloire, on verra qu’il n’en efl pas queflion.
Voici fes termes a Je ne puis encore oaffer
que je ne récite cette hiftoire prife aux Chroniques
. de Monflreiet , d’un franc Archer de
Meudon , près Paris, qui étoit prifonnier au
Châtelet pour plufieurs larcins,à raifon defquels
il fut condamné à mort. En même jour fut remontré
au Roi par les Médecins de la Ville ,
que plufieurs étoient fort travaillés & moleflés
de pierre, coliques pallions & maladies de
côté, dont étoit fort molefté ledit franc Archer,
&au(fi defdites maladies étoit fort molefté Mon-
feigneur du Bofcage ; & qu’il feroit fort requis
de voir les lieux , où iefdites maladies font
concrées dans le corps humain, laquelle chofe
ne pouvoit être mieux feue qu’en incifant le-
corps d’ un homme vivant, ce qui pourroit être
bien fait en la perfonné^l’icelui franc Archer;
& dedans ieelui perquis & regardé le lieu defdites-.
maladies, & après qu’il eut été v u , fut recoufu ,
& fes entrailles mifes dedans, & par l’ordonnance
du R o i , fut bien panfé tellement que,,
dedans quinze jours, il fut bien guéri,, & eut
la rémiflion, & lui fut donné avec ce argent.»
La différence de ce fécond récit fait voir combien
il efl difficile de juger de la maladie, du
franc Archer ; auffi les Auteurs font - ils- fort
partagés à ce fujet. Colot penfe que ce fut la
Néphrotomie qui lui fut faite; Mery,au contraire,
croit qu’il avoit une pierre dans la veffie , &
qu’il fut taillé par une méthode analogue à celle
du.grand appareil. Haller, en adoptant l’opinion
de Mery fur le fiège de la maladie, efl d’avis
qu’on pratique le haut appareil, puifqu’après
avoir tiré la pierre,, on replaça les inteflins ,
& qu’on fit une couture au ventre. Enfin Tolet
pente que le franc Archer étoit attaqué d’un
volvulus, & qu’on lui ouvrit le ventre pour
dégager les inteflins. A quoi il faut ajouter que
les Hiftoriens ne font pas d’accord fur plufieurs
circonftanccs effenrielîês de l’évènement dont il
s agit, les uns le plaçant fous le règne de
Charles V I I , &les autres fous celui de Louis X I ;
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ceux-ci font le malade habitant de Meudon, &
ceux-là de Bagnolet ; quelques-uns avancent
qu’ il vécut enluite long-tems en bonne famé,
& qudqu’autres cîifent qu’il ne furvécut pas longeons,
attendu le mauvais état de fes vifeères.
Le fécond exemple d’opération de la Néphrotomie
, auquel on puiffe s’arrêter, fe trouve
dans les Tranfaétions Philofophiques.pour l’année
169$, On y lit que M. Hobfon, Conful de
la Nation Angloife à Venife, ayant été long-
tems tourmenté de douleurs néphrétiques à l’occa-
fion de pierres dans un des deux reins , il fe
rendit à Padoue auprès de Dominique Mar-
chettis, Médecin très-expérimenté, qui lui dit
qu’il ne connoiffoit aucun autre moyen de le fou-
lager, que de lui faire une incifion, par laquelle
on pût retirer le corps étranger dont il étoit
incommodé. Rien n’indiquoit à l’extérieur la
préfence de ce corps, & M archet tis ne laiffa
pas ignorer au malade la difficulté & le danger
de l’opération ; mais celui-ci lui montra ram de
réfolution & d’envie de guéiir, que le Docteur
fe laiffa aller à l’entre prendre : les parties furent
incifées avec un biftouri droit. Le fang qui forrit
avec abondanceforça à remettre l’exrratlion de
la pierre au lendemain; effoélivement on en tira
deux ou trois, après quoi le malade fut panfé.
Les aceidens qui furvinrent furent peu confidé-
rables; & M. Hobfon fe trouva bien-tôt en état
de retourner à Venife, quoique fa plaie ne fût
pas totalement cicat-rifèe , & qu’il y reftât une
fiftule , par laquelle il fortoit du pus & des
urines.. Quelque tems après, il fe préfenta une
pierre qui fut tirée avec facilité. Enfin le malade
guérit d’une manière radicale. Il y avoit
dix ans que ce fait s’etoir paffé, lorfque M. Hobfon
& fon époufe le racontèrent au D. Bernard, qui
le communiqua depuis à la Société Royale. ;
La cicatrice, qui fe voyoit à la- région lombaire,
en attefloit la vérité; mais elle n’en indi-
quoit pas les circonfiances. Qui peut dire, en
effet, fl Marchettis ne fût pas déterminé à opérer
par la préfence d’un abcès fitué profondément,
& qui étoit ignoré de M. Hobfon & fon époufe ?•
Ce qui rend cette conjeéhire vraifemblabié , c’efl;
que perfonne n’a parlé de cette opération , quir
fans doute, aura été faîte devant des témoinsy
& que Pierre de Marchettis qui a furvëcu à fon
fils mort en 167^, n’en a point parlé dans fon
Sylloges Obfervationum Medico-chïrurgicarum va-
riarum imprimé depuis pour la troilième fois.
On trouve encore dans les Obfervateurs d’aurres>
exemples d’opération de la Néphrotomie pratiquée-
fur le rein fain ; mais les détails en font expoféss
d’une manière à ne mériter aucune •- onfiance.
3..0 L ’analogie n’eft pas favorable à cette opération.
On voit, à la vérité, des abcès conlidé*
rables fe former dans les reins & s’ouvrir an
dehors ,. & des plaies atteindre l’un- ou Kaurr-
de ces vifeères,, fans qu’il en. réluhe. des accidee