
tum ; que, dans neuf antres, les fétus s’échappèrent
par un abcès qui le forma aux tégumens du bas-
venrre, & que la plupart des femmes en réchappèrent
, & que plufieurs d'elles devinrent en-
fuite g rodes.
Cependant on ne peut & même on ne doit
pas toujours s'attendre à un pareil fuccès ; il
faut donc fe déterminer à agir, d’autant plus
que les accidens preffent. De la Motte, dans
un cas de ce genre, n’héfita pas à aller chercher
les pieds de l'enfant à travers la déchirure de
la Matrice jufqu’au milieu du bas-ventre où ils
étoient ; d'autres difent avoir ramené par cette
voie celui qui s'étoit échappé complètement de
la Matrice ; chofe difficile à croire pour ceux
qui lavent combien la rupture diminue, quand
I enfant s'efi échappé de ce vifcère , & qu’on ne
pourrait guères admettre que dans le cas de
rupture du vagin, qu’on confond fouvent avec
les premiers. Le procédé de la Motte n’efi certainement
pas celui qu’il faut mettre en pratique;
lur tout fi la tê;e fe préfente au paffage, & que
tout indique qne le détroit çfi convenablement
difpofé pour la laifler pafler; il faut, en pareil
cas, avoir recours au forceps, quelque Toit la
partie qui ait pénétré dans le bas-ventre ; que
II on ne peut l’en extraire au moyen de cet inf-
trument ou du crochet, il faut en venir â la
gafirotomie, la feule relfourqe qui refis dans cette
çirconflânce, comme dans celle où l’enfant ’efi
entièrement paffé dans l’abdomen. On pratique
çette opération, comme nous l’avons dit en fon
lieu & immédiatement fur l’endroit le plus
faillanr du bas-ventre, avec les précautions que
nous avons indiquées à l’article Césarienne
(O pération ).
Après avoir extrait l'enfant, fon a~rière-faix,
& épongé le fan g & l’eau qui peuvent être épanchés
dans le ventre, on s'aflure du lieu, clé la
rupture, & fi les accidens font de nature à faire
foupçonner un pincement d’intefiins, on cherche
fi une portion ne s’y feroit point engagée, pour
la débander*, fi elle y étoit étranglée, il ne
fcudroip point héfiter d’aggrandir la plaie: avec
un bifiouri , ainfi qu’on le pratique dans l’opération
de la hernie. Si l'on avoit retiré l'enfant
par les yoies ordinaires, & qu’une nouvelle in-
iroducHon de la main indiquât la préfence de
l ’intefiin entre les lèvres de la déchirure, il faudrait
en même-rems qu’on tentât la délivrance,
ou après, cherchera réduire la portion comprifç
ainfi que l’ont confeillé quelques Auteurs, que
j ’a.pratiquénotamment Rungius. Mais, en fuppo-
fant que çette réduction fût impoffible , il ne
refie plus qu’à ouvrir le yentre, comme l’a confeillé
Figrai dans le cas de hernie inguinale
étranglée, & comme d’autres l’ont pratiqué,dans
celui de vol vu lus ; car quel feroit l’homme allez
ofé pour tenter un débridement en portant un
bifiouri dan-s l’intérieur de la Matrice, comme
! un Chirurgien de campagne dit l’avoir fait ?
De^ tout ce que nous venons de dire nous
tirerons les corollaires fuivans, que nous extrairons
du D. Douglas : i.* qu’une Rupture de Mat ice}
même celle où l'enfant a pafl’é dans la cavité du
bas-ventre, ne doit point être confidérée comme
étant absolument fans reflource •, i.° qu’on ne
peut raifonnablement rien attendre des facultés
que la conftitimon pourrait déployer à l’égard
du fétus en pareil cas; $.° que le danger de
l'accident n’efi pas feulement en raifon du mal
fait à la matrice, mais encore en raifon de celui
qui peut furvenir aux vifcercs de la part de
l’enfant qui les tient dans une continuelle irritation
; 4.0 que la gravité fera également relative
au tems que l’enfant fera refié dans le ventre,
& à la fufceptibilité d'érérhifme qui prévaut dans
la coaftitution ; 5.0 enfin que la délivrance efi
la feule efpérance que peuvent avoir les femmes,
& qu’il faut la tenter du moment que les cir-
confiances le permettent, foit par iés voies ordinaires
, foit par4l*opération. Ce dernier corollaire,
ainfi que le fécond, font loin de fe rapporter à
l’aflertion du D. Gartshore qui dit qu’en pareil
cas il en efi plus réchappé de celles qui
n'avoient pas été délivrées , que de celles qui
l’ont été. Voyt\ le Mémoire que nous avons cité
plus haut.
Du Sckirre de la Matrice» .
La matrice, comme tous les autres vifcéres,
éft fujette à devenir fehirreufe en totalité ou en
partie, foit à la fuite de ‘quelqu’affeélion inflammatoire
ou autrement -, c’efi ce qu'obferve Ætius ;
lorfqu’il dit : utérus interdhm quidem nullo prius
indicantéJigno repente induratur. On trouve, dans
les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences ,,
année 1748, l’obfervation d'une femme de Luçon
de trente-cinq à trente-fix ans, qui portoit depuis
treize une tumeur qùioccnpoit la totalité du bas-
ventre, dont le volume étoit tel qu’on y mefuroit
huit pieds de tour. Cette tumeur avoit une forme
aflfez femblable à celle d’une poire applattie; elle
cachoit itôns les vifcéres; cette forme, les liga-
mens qui la foutenoiénr & le vagin auquel elle
aboutilfoit, la firent aifément reconnoîrre pour
la Matrice devenue fehirreufe. Elle pefoit qua-
rante-fept livres; fa caviré intérieure étoit effacée.
On attribue cette maladie, dans l’obfervation,
à une fuppreffion des règles arrivée fubiterhenr.
Le Schirre total de la Matrice efi une afieélion
très-rare ; il n'en efi point ainfi de celui qui
occupe le col , & notamment l'orifice ; la conception
peut avoir lieu avec celui-ci ,<& même
fon produit être porté au plus haut point de
développement, ce qui ne peut arriver dans
le premier cas. Le Schirre alors occafionne toujours
des accidens, foit par les obfiacles qu’il
oppofe à l’accouchement, foit par la déchirure
eu crévaffe qu’il peut éprourer & qui peuvent
donner lieu au cancer. Paul a fpécialenjent parlé :
de celui-ci qu'il A lign e fous le nom de
il en donne les lignes, & il .dit qu il eft touioor
accompagné d’un peu de dcm.eur, & que le doig
te diflingue aifémem. Le Schirre du col de la
Marri ce efi a fiez fréquent chez les femmes qm
ont beaucoup joui , il paraît ordinairement vers
la quarante-cinquième année , lorfqu elles viennent
fur le retour, & chez celles qui ont fait
un mauvais ufage des pefiaires pour fou tenir de
prétendues défi entes de Matrice , qui ne font
fouvent que des engorgemens de cet organe. En
général, quoique le Schirre du col de la Matrice
foit par lui-même une maladie allez difficile à
guérir, on peut cependant en efpérer davantage
que du Schirre du corps même de la Matrice,
fur-tout quand-fhabitude du corps efi en affez
bon. état, & qu’il ne fe fait aucun écoulement par
la vulve Ætius a dit à ce fujer r quoecumquefchirg
romata circa os & eollum vulvoe conJUterint | facile
curantur,• quee verè circa funduni , dijficulcer. Nous
ajouterons qu'on ne guérit jamais ces derniers ;
qu’on les confond fouvent avec d autres maladies,
& qu’ils fe terminent le plus fouvent par une hy-
dropifie qui met fin aux jours de la malade,
i On a beaucoup vanté de remèdes pour le
Schire de là Matrice:les Anciens, perfuadésqu’ils
venoient d’une humeur froide & lente qui fe fixoit
fur ce vifcère, recouroient aux plus forts purgatifs
qu’ils réitéraient fouvent, à l'épythime, l’fajera
picra, la confection hamech , &c. Ils portoient
Jjes difctiflifs, foit en vapeur, foit fous forme sèche,
.furie col, & fans un pliis grand fuccès. Le Schirre
une fois bien confirmé, efi auffi incurable ici que
par-tout ailleurs ; cependant quand il efi accompagné
de quelque fentiment, que l'âge & la conf-
titution font en faveur d’un traitement, on peut
le tenter , mais en fuivant une autre marche que
celle des Anciens. Il faut ici éviter tout ce qui
pourrait attirer de l’irritation, défendre abfolu-
lumcnt toute coïtion , toute marche forcée, encore
plus la danfe & tout ce qui peut augmenter
la ftâfe vers le c o l, où les humeurs ont déjà tant
de difpofition à s’arrêter. Il faut faigner de tems
en tems , fur-tout fi l’écoulement des règles eft.
rnoindre, & l'on ouvrira la vetneau brasde préférence
à toute autre endroit. Les bains généraux font
préférables aux locaux qui occafionnent un relâchement
partiel dont les effets font trop lents.
Les injediuns faites avec l'eau de fleur de fu-
reau & une infufion de nepeta, de pouillot &
d’armoife, par leur qualité légèrement réfolutive,
font les meilleures dont on puifle faire ufage. On
aidera leur efficacité par les eaux-minérales fondantes
& légèrement alkalines, & par les purgatifs
mercuriels. On vante beaucoup l’efficacité du
calomel donné à petites dofes & mêlé à quelques
abforbans. Il convient, dans cette afFeélion, de
veiller à ce que le ventre foit toujours libre ; les
lavemens émolliens pris chaque .jour font ceux
qui conviennent le plus. Il faut continuer ces
remèdes très-long-tems,car beaucoup de Schirres,
qu’on aurait pu diffiper dans leur commencement
, font réputés incurables pour n'avoir pas
mis dans le traitement la continuité qui efi rt*
quife pour réuffir.
I §
De la Hernie de Matrice.
La Hernie de Matrice ou l’Hÿflerocèle n’a
guères.' lieu que dans le cours de la grofiëfîe ;
elle fe fait , comme toutes les éventrations , à
travers l’écartement des mufcles droits ou aux
aines. Sennert cire un exemple de cette dernière.
Il dit que la femme d’un tonnelier, dans les premiers
mois de fa grofi’efle. aidant fon mari â
courber des, perches, une fe‘ débanda & alla la
frapper violemment à l'aine gauche. H foi vint
immédiatement après dans cet endroit une tumeur
qui augmenta tous les jours au point qu’on
ne put en faire la réduction. Le terme de l’accou-
chèment arrivé , ne pouvant retirer l’enfant par
les voies ordinaires, on en vint à l’opération cé-
farienne qu’on pratiqua fur la tumeur ; elle fut
avantageufe pour l’enfant, mais funefie pour la
mère. Mauriceaü dit auffi avoir vu chez une
femme grofie de fix mois une Hernie ventrale
fi confidérable, que la Matrice & l’enfant étoient
prefqu’entièremenr contenus dans cette tumeur
qui s'élevait prodigieufement par - defius le
ventre.
La Hernie de Matrice efi une de celles qui
demandent le plus à être retenues ; car fi on la
néglige,il fe forme aux environs des adhérences
qui nuifent fingulièrement aux contrariions de
cet organe lors de l’accouchement, & qui même
contraignent d'en venir à un procédé grave, l’opération
céfarienne. Quelquefois cependant ces adhérences
n’ont point lieu, & alors l’accouchement
peut Te faire comme en toute autre circonfiance ,
& tel étoit fans doute le cas cité par Ruifch. Il
d it, dans fes Adverfaires , qu’une femme, après
une fuppuration à l’aine, eut une hernie fi volti-
minéufe qu’elle lui venoit jufqu’aux genoux, &
que le tems des douleurs étant arrivé, la fage-
femme fit rentrer le fétus, & termina l'accouchement
par les voies ordinaires. La réduélion
faite dès le commencement, on fait porter mi
bandage convenable & fuffifamment ferré, & l'on
fait tenir aux malades un régime relatif aux cir-
confiances ; on leur fait garder le lit , & on leur
défend tout exercice quelconque, même le chaur.
On attend ainfi paifiblement le terme d’un plus
grand développement, où la Matrice trouve moins
| de facilité à s'échapper par l’ouverture. S i , à cette
époque , l’enfant ne peut fe faire voie par celles
qu’il doit fuivre, il faut néceffairement en venir
à l’opération qui efi alors la dernière reflource
pour la mère & fon enfanu