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chant jufques dans la cannelure du cathéter ;
lorfque cet inftrument y eft parvenu , il retire
le biftouri, prend le manche du cathéter qu’il
avoir donné à tenir à un aide & le redreffe de
manière qu’il ne panche ni à droite ni à gauche.
Il le ramène enfuite à lui en pefant fur le rectum
, pour que le gorgeret pénètre par la partie
la plus large de l’angle des os pubis,. & fait gliffer
ce dernier inftrument jufqu'à l’extrémité du cathéter
& par conféquent jufque dans la. veflie dont
le col eft coupé latéralement, ainfi que la partie
membraneufe de_ l’urètre. Le Chirurgien dégage
alors & retire le cathéter & prenant le manche
du gorgeret avec la main gauche, il s’en
fert pour conduire les renettes dans la veflie. Enfin
il le retire dans la direétion fuivant laquelle il
*a Ciç introduit, de peur de blefler les parties à
travers ieîqu^Ues il eft engagé, & il termine l’opération
comme u eft d’ufage.
Les parties intéreuies dans ce procédé font
les mêmes que dans celui de le Car, & elles^le
font à-peu-près de la même manière, fi ce n’eft
que là partie membraneufe de l’urètre & le col de
la-veflie font coupées plus latéralement. On pour—
roit craindre que i’încifion des parties intéreflées
n’étant point parallèle à celle des parties^ extérieures
, il ne fe fît des infiltrations dans le iïftiï
cellulaire du voifinage ; mais l’introduélion &
la fortie des tenettes & de la pierre diftendent
& applatiffent ce tiffu comme il arrive dans le.
procédé de Moreau où les deux plaies-n en font
qu’une.
M. Bellpenfe que le gorgeret de Hawkins n’eft
pas a fiez large à celle de Tes extrémités qui doit
entamer l’ urètre Si le col de la veflie,& qu il 1 eft
trop à l’autre -, de forte que les parties dont la
coupe eft efleniielle, ne font pas divifées dans
une allez grande étendue, pendant que l'urètre
éprouve une d.iftenfion trop grande par la partie
la plus large de l’inftrument. Il eft vrai que fa
forme conique nuit beaucoup à fon intro-
duétion, & qu’il doit fouvent arriver que la
proftate ne fok pas incifée profondément. Le
conducteur, que M. Bell propofe , n’a pas, il eft
vrai cet inconvénient ; mais peut- êtreen a-t-il un
autre, c’eft-à-dire, de pouvoir être porté plus avant
qu’on ne voudroit fur-tout lorfqu’on fe fert comme
les Anglois, de cathéters ouverts à leur extrémité.
Àufiï dit - il qu’il eft arrivéà quelques - unsdefes
compatriotes d’avoir blcffé la veflie en plufietirs
endroit; & recommande-t-il comme une précaution
rtéceffaire de faire retenir les mines aux
malades avant de les opérer, comme fi le premier
effet de lo u v e ry re de la veflie & du fpaf-
me qui doit être la fuite de ceite violence,
n’éroit pas l’évacuation tnbite & le rapprochement
de toutes. lés parties vers fon col. Le
danger dé blefler la veflie avec le eonduéleur
de M. Bell feroit moins grand pour nous qui J
nous fervons de conducteurs fermés. Il eft certain J
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que fon peu de largeur ne nuit pas à l’intro-
duétion du doigt & des tenettes, & qu’elle ne
met aucun obftacle à la fortie des pierres pourvu
. qu’on ait foin de bien divifer les graiffes & les
mufcles *avec le biftouri, avant d’en faire ufage.
IL Des Méthodes propres aux femmes.
Les femmes font beaucoup moins fujettes à
la pierre que les hommes. Lorfqu’elles en font
attaquées,, la veftie, continuellement Annulée,
s’en débarraffe aifément en les ponant vers le
canal de l'urètre qui eft fort court & fufceptible
d’une. grande dilatation. Les Obfervateurs rapportent
nombre d’exemples de femmes qui ont
rendu fpontanément des pierres d’un volume
confidérable, foit que ces corps étrangers aient
été pouffés au-dehors en une feule fois, ou qu’ils
foient fortis à la fuite d’un travail pénible &
plus ou ffigfins long. Un des plus remarquables
eft celui (fue rapporte Midléton d’une pierre du
poids de quatre onces q u i, après aveir demeuré
trois jours au paffage, en fut chaffée dans un
accès de convulfions. Elle avoit déchiré l’urètre
en - deçà de fon ouverture extérieure, & s’étoit
fait jour par le vagin; la tumeur quelle préfen-
toir au - dedans des parties naturelles étoit fi
grolîequep!nfieurs perfonnes ignorantes croyoient
que c’étoit la tête du fémur qui vouloir fortir
par cet endroit. Colot parle aufli d’une pierre
greffe comme un oeufd’oye qui refia engagée dans
l’ urètre pendant fept à huit jours, & interceptoit
le paffage des urines. Une enflure générale défor
moi t le corps de la malade ; on fe difpofoit
à l’opérer Iorfqu’il lui prit des douleurs extrêmement
vives qui lui firent rendre fa pierre. Les
urines coulèrent involontairement pendant deux
jours, après quoi elles reprirent leur cours
ordinaire. ;=
Il y a deux manières de pratiquer la Taille
fur les femmes, favoir par dilatation & par 1 in-
cifion. Quelque foit celle dont on fe propofe de
faire ufage , la malade doit être fituée & afiu-
jertie comme nous l’avons dit en parlant de la
Taille des hommes.
Si l’on emploie la dilatation, le Chirurgien,
après avoir fait écarter les grandes & les petites
lèvres du pudendum, introduit le long de l'urètre
jufque dans la veflie, une fonde moufle à fon
extrémité. Lorfque cet inftrument y eft parvenu,
il le prend de la main gauche & fait gliffer fur
fa canelure le bec d’un gorgeret q u i, devenant
plus large vers le manche qui le termine, opère
une partie de la dilatation qu'il a intention de
fe procurer. Il ôte la fonde devenue inutile; &»
faififfant également le manche du gorgeret avec
la main gauche, il porte le doigt indicateur de
la main droite dans fa gouttière, en tournant
la paume de la main en haut, & en fàifant avati'
cerce doigt avec beaucoup de lenteur. Lor(-
~ qu’eunn
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qu’enfin il eft parvenu affez avant pour avoir
fijffifamment élargi le col de la veflie & Purè-
ïre; il fubflirue, dans toutes les manières de
Tailler, le gorgeret retiré, il va à la recherche
de la pierre qu’il faifit,& dont il fait l'extraélion.
La dilatation ne peut avoir lieu que lorfqu’ il
s^agit d’extraire des pierres dont le volume eft
peu confidérable. Si elles étoient groffes, cette
méthode pourroit attirer des accidens graves à
raifon de l’irritation & de l’extenfion forcées qui
en font la fuite, & par la perte du reffort de
la veflie quelle occafionneroir ; aufli le plus grand
nombre des Praticiens lui préfèrent-ils la méthode
de l’incifion.
Il eft difficile de concevoir comment les Anciens
la pratiquoient : Celfe veut que, chez les
femmes,on introduife un ou deux doigts dans
le vagin, & que l ’on coupe fur la pierre entre
l’urètre & le pubis par une incifion tranfverfale.
Chez les filles, les doigts doivent être placés
dans J’anu; , & la pierre ayant été amenée
en bas, il faut auffi couper rranfverfalement an
deflus du bord gauche, Sub imâ Jinifteriori orâ.
Albucafis dit bien que les doigts chez les femmes
doivent être introduits dans le vagin, chez
les filles dans le reéfutn; mais que chez les uns
& les autres, l’incifion doit être faite à la racine
de rifchiuhi ad radicem cotci. A peine Guy de
Chauliac dit-il quelque chofe à ce fujet. Franco
décrit le procédé d’Âlbupafis, il avertit d'éviter
d’entamer le vagin. Quelques-uns ont donné
le nom de petit appareil à cette manière d’opérer.
Sharp fernble le recommander lorfque la
pierre eft groffe; c’eft celle que fuivoit le Frere
Jacques. Nous avons dit quel en étoit le réfulrat
malheureux, fouvent le reéhim étoit ouvert,
le vagin l’étoit prefque toujours en deux endroits
oppofés, & il furvenoit fréquemment des hémorrhagies
confidérables.
Les Modernes, en opérant par la méthode
de l’incifion, ne fe propofent pas de parvenir
à la veflie par le périnée; ils fuivent une roiire
plus (impie & plus facile, laquelle confifte à fendre
le canal de l’urètre dans toute fon étendue,
& à entamer le col de la veflie plus ou moins
profondément. Les uns fe fervent dans cette incifion
d’une fonde canelée dont ils dirigent la
rainure obliquement, ou en bas & en-dehors,
parallèlement à la branche du pubis gauche, pour
y faire gliffer un biftouri ordinaire ou un litho-
tome de Chefelden. Les autres etnployent le
lithotome caché q u i, après avoir été introduit
dans la veflie en place.du biftouri & être refté
feul dans ce vifeère, eft ouvert au degré convenable
, & de manière à donner à l’incifion la
niême direélion que s’ils fe fuffent fervis du
biftouri.
Plufieurs ont penfé qu’il ne feroit pas aifé de
débrider convenablement le col de la veffie &
oè 1 urètre, fi on fe contentoit d'incifer ces
Chirurgie. Tonie I I . I I , e Partie.
• , j ; P . . . p
parties d’ un feul côté, & ils ont'propofé de lès '
couper des deux côtés en mCme-r rn;, avec un
biftouri approprié à cet ufage. M. Louis, à qtif’l
cette idée paroît être venue le premier , a fait
conftruire à cette intention un lithotome com-
pofé d’une tige creufe & évidée fur les côtés,
laquelle s’élargit beaucoup vers fon manche &
de lames tranchantes de diverfes largeurs qui,
pouffées de la partie la plus large de la tige dans
celle qui eft la plus étroite & qui a été intro-.
duite dans la veflie , incifent à droite & à gauche*
font ce qui fe préfente. M. Flurant de Lyon
en a propofé un autre dont h tige,pareillement
évidée fur les côtés, contient deux larnes tranchantes
qui peuvent s’en écarter plus ou moins.
Celui-ci coupe de dedans en-dehors, au lieu .
que le premier incife de dehors en-dedans. Il
faudroir, pour fe fërvir de l’un & de l’autre
avecfuccès, appuyer fur la vagin afin de l’éloigner
de la parois fupérieure de l'angle des os
pubis.' M. Flurant craint qu’on ne trouve quelque
conformité entre fon inftrument & le lithotome
caché du Frère Côme. Il ignoroit fans
doute celle qu’il a avec les tenailles incifives dont
Franco fe fervoit dans la Taille des hommes,
pour ouvrir & débrider sûrement le col de
la veffie. Cette conformité eft telle qu’on pourroit
croire que l’un a été entièrement calqué fur
l’autre.
Les occafions de pratiquer la lithotomie fur
les femmes font fi rares, que l’on ignore les effets
de la double incifion dans cette opération. Elle
a pour but de prévenir la diftenfion forcée du
col de la veffie, & les accidens que cette diften-
fion pourroit entraîner à fa fuite. Mais cette manière
d’opérer n’expofe-t^elle pas au même danger,
lorfque les pierres font d’un volume trop
confidérable pour pouvoir être tirées au moyen
d’une feule incifion ? le cas fernble exiger qu’on
ait plutôt recours à la méthode du haut-appareil,
lequel ne peut être pratiqué ici qu’en fuivani
le procédé de Franco ; lorfque la pierre peut
être fouLevée de manière à faire faillie au bas
de la région hypogaftrique ou en fuivant celui
du Frère Côme. Ce dernier, préférable à tous
égards, a d’autant moins d’iriconvéniens que la
'nature a tout difpofé pour qu’on puiffe placer
la canule qui doit conduire les urines au-dehors-
il a fouvent été mis en ufage par fon Auteur &
avec fuccès.
Outre la manière de Tailler dont nous venons
de faire mention, fi la partie poftérieure
de la veffie entraînée par le poids des pierres
qu’elle? contient, déplaçoir une partie du vagin
& fe portoit au-dehors des parties naturelles
en formant une tumeur plus ou moins volumi-
neufe, il ne faudroit pas hélfter à incifer la tumeur
Si à ôter les corps étrangers qui y feroient
renfermés. C ’eft la conduite que tint Rouflet chez
use femme de §8 ans 3 laquelle, à la fuite d’un©