
*|4 P E R froide ou d’une décoction de rofes rouges > on I
appliquera fur le ventre des compreffes trempées
d’eau froide & l’on donnera intérieurement les
pilules d’alun , Peau de lin , légèrement alumi-
née, ou de la limonnade à la glace. Si la femme
eft d’une conftitution foible & languiffante*, fi l’on
appercoit chez elle les fignes d'une diffolution
dans les humeurs, Ton évitera la faignée, &Pon
infiftera fur les corroborrans, le quinquina, l’élixir
de vitriol, les amers de tonte efpèce, les
chalibés & les eaux minérales. Les bains froids >
■ celui de mer fur - tou t, font fingulièrement utiles
pour changer la difpofition qu’ont certaines
femmes aux Pertes qui fouvent entraînent l’avortement.
L ’expérience a prouvé que ce moyen loin
de leur nuire, comme on pourroit le croire au
premier afpeét, ne leur eft au contraire que très-
favorable. En même - tems qu’on mettra tous ces
moyens en oeuvre, on cherchera à réprimer la
Pi»rte par des topiques qu’on appliquera intérieurement.
Depuis peu, on a mis en pratique le tain-
ponement qui confifte à fourrer dans l’intérieur
du vagin, des morceaux de petits linges fins,
blancs de leflive j on les preffe à mefure, &
quand le vagin en eft fuffifamment rempli, on
retient le tout avec une compreffe & un bandage
en T . Plusieurs obfervations, communiquées par
M. Roux,Chirurgien de D ijon , atteftent l'efficacité
de ce moyen j mais il ne peut avoir d’application
que quand la femme n’eft point encore
délivrée. Dans tout autre cas,.le fang pourroit
continuer de couler, & , ne pouvant s’ échapper
par, l’orifice , il refteroit dans la matrice, & di-
ïateroit d’autant plus celle - ci quelle feroit
dans un état d’inertie. On a vu , en pareil c a s ,
lês femmes périr, & à l’ouverture des cadavres,
la matrice être fi prodigieufenient diftendue
qu’elle fimuloit une véritable groffefle.
En fe conduifant ainfi, non-feulement on réuflît
à arrêter le fang qui coule de la matrice, mais
ehcore celui qui s’échappe des portions détachées
du placenta. Ces portions néanmoins ne fe recollent
p oint, & reftant toujours flottantes dans
la matrice, elles peuvent augmenter par un nouveau
décollement du placenta q ui, lui-même,
eft accompagné d’une nouvelle hémorrhagie. Mais
on prévient cet accident ou on y remédie, quand
il a lieu, par les mêmes moyens que nous venons
de rapporter, & ainfi avec beaucoup de ména-
nagement, & de la docilité aux avis qu’on leur
donne, les femmes fujettes aux Pertes parviennent
inferfibiemenr au terme naturel de leur délivrance.
Mais fi la Perte devient plus fo r te ,
quelle ne cède à aucun des moyens que nous
venons d’indiquer , fi les foiblcfles continuent,
& deviennent de plus inquiétantes, il faut alors
fans plus tarder, procéder à l’accouchement. Pour
cèt effet, on introduira un ou plufieurs doigts î
dans l’orifice, & , avec eux , on travaillera à l’é- j
carter par degré, félon la réfiftance qu’il offrira> i
P E S
ou s'arrêtera de tems - en - tems, & l’on recota;
mencera enfuite, & ainfi l’on fera naître des douleurs,
pendant lefquelles la matrice fe contractant
, les membranes fe préfenterout ; on les ouvrira
aufli - tôt pour que l’évacuation des eaux
opérée, la matrice trouve plus de facilité à revenir
fur elle. Si le placenta étoit implanté fur le
col de la matrice , on fe. conduira dans cette
circonfiance, comme nous l ’avons indiqué à l’article
D é l iv r a n c e , relativement à ce cas. Il eft
rare alors c[ue la groffefle parcourre tous fes
tems, & qu’elle arrive à fon dernier terme, fans
rien craindre pour la vie. Quoique cette dernière
circonfiance ait quelquefois lieu après plu-
fièurs Pertes fuccefliyes, cependant il faut s’attendre
à un moindre danger en recourant à une
délivrance prématurée, fur-tout quand on fait, l’o pération
avec prudence. Si la Perte continuoit
après la délivrance , il faudroit alors chercher
à rappeller les contrarions de la matrice qui font
toujours fort foibles en pareil cas, en frottant
d une main cet organe fur la région hypogaf-
trique > pendant que les doigts de l’autre, introduits
dans fon intérieur, en irritent les parois,
& quand on fent qu’il revient fur lui - même, on
retire a mefure la main, & l’on prefle davantage
de celle qui eli fur l’hypogaflre. Si ces moyens
ne fuffifent pas, on a recours aux injeélions d’eau
froide, à l application de la glace fur les pubis,
& même aux bains d’eau froide. Quelquefois la
Perte vient de la préfence des caillots dans la
matrice , ou des portions du placenta qui, en partie
pouffées par l’orifice, ne peuvent allqr plus
loin à raifon de leur volume j il faut alors les
extraire & nétoyer la matrice avec des injeélions
qui puiffent entraîner le refte.
La Perte peut encore venir à toute autre époque
que celui de la grofîefîè •, elle indique alors
une maladie particulière pour laquelle il faut
toujours toucher les femmes afin d’être fur de
fa nature & des moyens de guérifon qu’elle
comporte. Communément c’eft un ulcère ou un
polype 3 Voye[ pour ce qui regarde ces deux
maladies, les- articles Ma tr ic e & P o l ype s.
( ik f . P e t i t -R ADEz ' .y
PESSAIRES, rucro-o* vi^o-Bera. Peffaria Les
Peffaires chez les Anciens étoient les moyens
deftinés à recevoir les fubftances médicamenteufes
qu’ils vouloient tenir appliquées dans l'intérieur
des parties naturelles. Eft autem Peÿiilus, dit
• Paul , lana p édita & quodcumque aliud teres-
digiti humani fpeciem proeferens in. quo médicamenta
fuftir.entur. Non - feulement les Anciens
faifoient leurs Peffaires avec - la . laine , mais
encore avec de la foie 3 de la charpie & même
l avec du linge roulé qu’ils, entour oient d’un
long fil, pour les retirer après les. avoir intro*
duitsj on a enfuite fubfiitué à ces fubfiançes
des gommes, des réfines, de la cire qu’on amollif-
foit, pour leur donner la forme la plus con-
P E S
vcnable. Oribafe, d’après Antillus, reconnoiffoit
trois fortes de Peffaires, eu égard à fleurs propriétés,
les émolliens, les aftringens & les apéritifs.
Il employoit les émolliens dans les inflammations,
les ulcérations &. les ftrangulations de
matrice, il les compofoit avec la cire blanche ,
la grâiffe d’oye ou de poule, le beurre frais,
la moelle de boeuf ou de cerf. Il recommandoit
les apéritifs dans les fuppreffions & les retards
des règles, dans les refferremens du col de la
matrice & du vagin, & les faifoit avec le miel,
l’armoife, le diélame, le ch o u , la rhue & la
fcamnonée. Les aftringens avoient un effet
oppofé à celui des apéritifs, ils arrêtoient les
fleurs blanches & retenaient la matrice qui cher-
choit à s’échapper.
L ’ufage des Peffaires, relativement aux deux
indications premières, eft aéluellement prefqu’en-
tièrement tombé j on n’y a plus recours que
pour remplir la troifième indication*, mais alors
il faut choifir des fubfiançes beaucoup plus ré-
fiftantes que celles que nous avons indiquées ci- j
deffus : en pareil cas, l’on emploie l ’o r , i argent,
le bois, le buis, l’éponge, la gomme élaftique
& le liège couvert d’ une couche de cire. On
donne, aux Peffaires faits de ces fubftances, une
forme ov a le , pour qu’ ils puiffent fe foutenir
fur deux points oppofés du baflin, & offrir une
certaine réfiftance aux parties qui tendroient à
s’échapper. Comme l’or eft un métal de prix
dont peu de perfonnes peuvent faire ufage, on
lui a fubfiitué l’argent, l’étain, même le plomb
que le préjugé a fait regarder comme ami de
l’homme *, mais cès métaux ont un très-grand
défaut , celui de pouvoir être corrodé par
les humeurs qui fortent des parties. Morand
parle, dans les Mémoires de l’Académie de Chirurgie,
d’un Peffaire d’argent tout rongé qu’il
retira avec beaucoup de peine du vagin après
plufieurs années qu’il y étoit refté; on y voyoit
les reftes des hyperfarcofes ou des chairs qu’il
avoit entraînés. L ’ivoire, d’après ceci, pourroit
être regardé comme la meilleure matière dont
on puiffe faire les Peffaires j mais encore a-t-
il fes inconvéniens *, il fe ramollit quelquefois, &
ne conferve plus fa première forme : c’eft ce
qui eft prouvé par une obfervation communiquée
à l’Académie, par Camper, où il eft dit que
la furface d'un Peffaire à bilboquet fut trouvée
toute diminuée & fa tige toute contournée. On
a fubfiitué l’éponge à cette fubftance, mais fi on
la trouvée de quelque avantage, c’étoit dans le
cas de deteente légère de.la matrice, & encore
le fuceès n'a-t-il peut-être été dû qu’ au foin
qu’on a eu de faire tenir ,1a femme long - tems
couchée, & de lui défendre route efpèce. de
mouvement. Cette minière a d’ailleurs un inconvénient
, les humeurs âcres en féjournant
dans fes porofités , deviennent encore plus
acrimonieufes & peuvent, ainfi retenues, aug-
, P E S ., ' H
m enter les accidents de manière que la maladie
devient plus grave par le remède même. Le
bois ordinaire ne paroît pas plus propre à former
les Peffaires, car fi on le choifit trop d u r ,
il peut bleffer par fon poids & fa compacité*,
s’il eft trop mou, trop tendre, il aura les mêmes
inconvéniens que l'éponge. On a de nos jours
fubfiitué à ces fubftances la caouih qui a également
fes inconvéniens;, car tantôt il s’amollit
tellement qu’il ne peut remplir le but pour
lequel on l’emploiet & tantôt il s’endurcit de
manière à avoir tous les inconvéniens du métal
ou du bois.
Le liège eft la fubftance qu’on choifit de préférence
à toute autre , il eli plus moux
que le métal, il ne réfiffe point tant, & ne
peut conféquemment nuire aux parties fur le fquelles
le Peffaire porte, on n’a rien à crain-
drede larouilleque contraéleroit les métaux, il
ne perd point fa forme comme l’ivoire , &
quand il eft convenablement enduit de c ir e , il
n’abforbe point comme l’éponge, & ne peut
déterminer aucun accident par fon trop long
féjour dans les parties. Mais, pour en obtenir
tout l’avantage qu’on en peut efpérer, il faut
faire attention à plufieurs chofes relatives à la
matière du liège qu’on emploie, & à l’Art de
! la préparer. Le liège doit être blanc, compaél,
fans aucune fente ni carie. On commence par
le dégroffir avec un couteau & une râpe & on
le polit avec une lime fine, & on le fait féçher
au four. Enfuite on le plonge dans, de la cire
fondue, on l ’en retire après, & on le replonge
de nouveau j & ainfi plufieurs fois jufqu’à ce
. que la couche de cire l'oit de L’épaiffeur d’une
ligne. On peut voir tous les détails de ce procédé
dans le 34e volume du Journal de Médecine.
Il eft bon de mêler à la cire dont on fe
fe r t, un peu de fuif pour la rendre moins caf-
fante, & pour empêcher qu’elle ne fe détache
par lames , accident qui rendroit le Peffaire
fujet aux mêmes accidens qu’on reproche à ceux
qui font faits de bois ou d’éponge.
Quant à la forme des Peffaires-, on en diflin-
gue deux fortes ., ceux qui font faits en anneaux,
ils ont ordinairement une figure ellyptiqûe &
ceux qui font à pétiole où en bilboquet. Ceux-
ci ont été imaginés par M. Suret pour éviter la
preflion que les annulaires exerçoient fur la
î ; velfie & lé reélum, & pour mieux rerenir la
matrice dans les cas où les • fubérofités dés os
ifchium ne pourroient fupporter je Peffaire. Mais
ces avantages font achetés par bien des. inconvéniens.
Ces Peffaires ne retiennent pas toujours
; bien la m a t r ic e le s liens qui lés fixent, fe
i mouillent par les urines & autres humeurs qui
fortent du vagin & par leur féjour occafionnent
des inflammat'ons & ulcérations, le pétiole allant
de côté & d’autre iorfque les femmes; marchent
il peut bleffer les commiffures de ia vulve. Ces