
détails fur ce qui concerne ce précieux médicar
ment. Nous nous contenterons d’indiquer d’une
manière abrégée les principaux cas où le Chirurgien
doit en faire ufage.
Dans les cas da plaies très doulonreufes, où
les fouffrances du bleflé ne cèdent point à l’extra
élion des corps étrangers qui pourroient les
exciter, ni aux autres moyens indiqués ordinairement
pour diminuer la douleur, tels que la
polition, les applications relâchantes, &c. ; l’O pium
donné en dofe fuffifante ne manque pref-
que jamais de procurer un foulagement marqué -,
& quoique fouvent cct efFet ne fubfifie plus après
que l’Opium a celTé d’agir, il donne au Chirurgien
le tems n'éce flaire pour chercher la caufe
de ce fymptômç, & pour y appliquer d’autres
remèdes. Dans les plaies des parties lïgamen-
teufes & tendineufes, & particulièrement dans
celles des jointures, la douleur eft quelquefois
extrêmement violente, & exige de fortes dofes
d’Opium. Il y a des cas de cette nature où de
Amples fomentations, où des cataplafmes faits
avec une forte décoélion de têtes de pavot ou
une folution -d’Opium dans de. l’eau, fuffifem
pour calmer*, mais le plus fouvent on n’y parvient
qu’en donnant l’Opium intérieurement, à
la fuite des grandes opérations; c'eft une très-
bonne méthode que de donner au mahde une
dofe d ’Opium, & de la répéter occaflonnelle-
ment fuivant l’intenfité de la douleur, & le degré
d’anxiété qu’éprouve le malade. On doit
recourir au même moyen pour calmer les-
cnmpes & les foubrefauts des tendons & des
mufcles qui tourmentent les malades, fur- tout
après les amputations. On recommande, dans ce
dernier cas, de n’adminiflrer le calmant, d’abord
qu’en petites dofes qu’on répétera plus ou moins
fréquemment, fuivant que cela paroîtra nécef-
faire. Dans la] plupart des autres cas dont nous
venons de parler, il faut l’admimflrer en grandes
dofes pour en obtenir les avantages que l’on en
attend *, autrement, loin d’être utile, il femble
quelquefois produire un effet contraire.
Rien n’accélère plus la guérifon des ulcères
de toute efpèce que la cefîation de la douleur-,
c’efl pourquoi, lorfqu’elle eft v iv e , il faut avoir
recours aux narcotiques, dont l’ufage eft fouvent
fort avantageux dans ces circonftances. Mais
lorfqu’on les preferit, il faut en augmenter la
dofe, & les réitérer fuivant la violence de la
douleur j dans les ulcères cancéreux , ce remède
eft fouvent l’unique auquel on puifle avoir recours
, & dont on puifle attendre quelque foulagement.
On donne avec beaucoup de fuccès l’Opium
pour appaifer les douleurs néphrétiques, & pour
favorifer la defeente d’une pierre le long de
l’urétère, ainfi que pour faciliter le partage des
calculs biliaires de la véftcule du fiel dans les
inteftins. Ce médicament eft aulfî lé plus sûr
moyen qu’on puifle employer pour fou lager Ie$
malades afFeélés de rétention d’urine par une
caufe fpafmodique , comme il arrive fouvent
à ceux dont l’urètre eft en partie obftrué par
quelque refter rement de fes. parois, fur-tout
lorfqu’une gonorrhée, ou quelqu’autre caufe,
produit une irritation extraordinaire dans cet
organe.
L ’Opium eft un des remèdes qui ont acquis
le plus de célébrité dans le traitement du-Tétanos
*, on l’a employé auflï avec beaucoup de
fuccès dans certains cas de Gangrène. Voye^
T étanos, Gangrène. Dans les faufles douleurs
qui fouvent ptécèdent Taccouchetnent &
quelquefois le retardent, une dofe d’un ou deux
grains d’Opium ne manque prefque jamais de
donner du foulagement, comme aufli d’accélérer
& de faciliter la délivrance } c’eft suffi un très-
bon moyen pour faire ceflèr les convulfions qui
ont lieu quelquefois pendant l’accouchement ,
pour calmer les tranchées qui le fuivent lorf-
qn’elles font trop violentes, & pour modérer la
perte lorfque fon abondance en fait redouter le«
fuites.
Depuis quelques années, on a prétendu trouver
, dans l’Opium , un nouveau fpécifique contre
les maladies vénériennes. On a recommandé de
le donner comme tel en dofes gaaduellement
augmentées} depuis un grain jufqu’à quatre ou
cinq, & répétées trois ou quatre fois & même
jufqu’à fix fois par jour, & l’on a cité quelques
cas où des malades paroiffoient avoir été guéris
par cette méthode fans aucun autre fecours.
Mais de nouvelles expériences faires, dans l’intention
de conftater jufqu’à quel point on pouvoir
compter fur ce- moyen, tendent toutes à
prouver qu’il y a eu quelque déception dans les
premières observations dont on s’appuyoit pour
en prouver l'efficacité, que l’Opium feul & fans
autre remède ne fuffit point pour guérir la vérole,
&. que fi quelquefois on a eu lieu de liii
attribuer un pareil fuccès , ç’étoit chez des
malades qui avoient déjà fubi un traitement
mercuriel. Voye[ à ce fujet le traité de M.
Humer, fur les Maladies vénériennes, & un
Mémoire inféré dans le a.e volume des Me*
dical Communications, p. 5 6,
D ’ un autre côté, il eft démontré, par les mêmes
expériences que l’Opium eft un remède extrêmement
utile dans tous les états & dans tous les
périodes de la maladie, qu’il en modère & foulage
prefque tous les fymptômes, & qu’il facilite
& accélère de la manière la plus marquée l’effet
du mercure. Une folution d’Opium dans l’eau
eft peut-être la meilleure injeélion qu’on puifle
employer pour appaifer les fymptômes d’irritation
dans la gonorrhée virulente.
La forme la plus convenable, dans la plupart
des cas pour l’adminiftration de l’Opium eft
celle de piUules *, & comme il fe diflout facilement
Iemëfit dans toute efpèce de liquide, il n’eft pas
néceffaire d’y rien ajouter pour en augmenter
la folubilité. Sous cette forme, l’Opium eft moins
fujet à fatiguer que lorfqu’on l’emploie de toute
autre manière, mais fon aélion eft plus lente
que lorfqu’on le donnefousune forme liquide}
c’eft par* cette raifon qu’on en fait différentes
préparations de ce genre, dont la plus ufitée eft
la folution vineufe connue fous le nom de Laudanum
liquide de Sydenham.
Il eft quelquefois difficile d’adminiftrer l’Opium
aux perfonnes qui ne font pas accoutumées à
fon ufage, à cau(e de la grande différence qui
fe trouve chez différens individus, & chez les
mêmes individus en différens tems, relativement
à la quantité qu’ils en peuvent fupporter. Un
quart de grain produira plus d’effet chez certaines
perfonnes que ne feront deux ou trois
grains chez beaucoup d’autres*, & telle dofe qui,
imprudemment adminiftrée, pourra tuer dans un
cas de colique , de ftrangurie, &c. n’aura peut-
être aucun effet fenfible dans un cas de tétanos.
Au refte, pour peu qu’on mette de circonfpec-
tion dans l’ufage de ce remède, il eft difficile
qu’il produife jamais un effet funefte} & cela
d’autant plus q ue , dès qu’on le donne en dofe
un peu trop fo r te , il eft tellement fujet à exciter
le vomiflèmenr que cette circanftance en
écarte prefque tout le danger. Lorfqu’on le donne
en trop petite dofe, il ne manifefte quelquefois
fon aélion qu’en caufant de l’agitation & un fom-
meil inquiet} quelquefois auffijfous quelque forme
&en quelque dofe qu’on le donne, on ne parvient
point à en obtenir l’ effet déliré. D’autres
fois on voit de très-petites dofes amener le
fommeil & calmer les douleurs, tandis que des
dofes plus ,fortes ont un effet oppofé. Il y a des
perfonnes chez qui l’Opium ne parolt exercer
fon aélion calmante que longrtems après l’exhibition}
en général , fon influence ne paroît pas s’ étendre
plus de huit heures au-de-là du moment
où li a "été introduit dans le corps.
L ’Opium donné en lavement, a les mêmes
effets fur le fyftème animal que lorfqu’on le fait
prendre par la bouche*, mais il faut que la dofe
en foit double, ou même triple dans le premier
cas de ce qu’elle doit être dans le fécond. En
conféquence, on l’ adminifire de cette manière
aux perfonnes qui font plus que d’autres difpo-
fées à le vomir lorfqu’il eft dans l ’cftomac*, on
évite aufli p a r -là bien d’autres inconvéniens
qu’il occafionne chez divers individus dont l’ef-
tomac eft particulièrement fenfible à l ’effet de
ce remède.
Les lavemens anodins ont ce défavantage, qu’il
eft fouvent difficile de les retenir dans le reélum,
ce qui peut dépendre d’une trop grande irritabilité
de ce vifeère*, mais, en général, on évite
cet inconvénient en diffolvant l’Opium dans un
très—petit volume de fluide aqueux, auquel on
Chirurgie, Tome I I . I . re Partie,
joint quelque mucilage; nn lavement de cette
efpèce ne devroit jamais »excéder la volume de
trois ou quatre onces de liquide. On préfère cette
manière d’adminiftr.er rOpium à toute autre,
dans les cas fur-tout où le fiége de l’ irritatiôn
& de la douleur fe trouve dans le voifinage du
reélum.
L ’Opium peut encore agir comme calmant ,
lorfqu’au lieu de l’introduire dans i’eflomac ou
dans le reélum, on fe contente de l’appliquer
fur la peau. A in f i,l’on voit fouvent qu’un emplâtre
anodin fur la tempé appaife le mal de
dents, ou qu’ il fait ceffer les douleurs de colique
lorfqu’on l’applique fur la région de i ’ êftc-
mac ou du bas-ventre. Mais cette forme n’eft
pas la plus avantageufe fous laquelle on piaffe
l’appliquer extérieurement} il vaut mieux, dans
cette intention, l’employer fous la forme liquide,
& particulièrement fous celle de folution dans
une liqueur fpiriiueufe.
On ajoute quelquefois l'Opium aux emplâtres
digeftifs deftinés à réfoudre ou à mûrir les tumeurs
froides d’un caraélere fcrophuleux.
Quelques Praticiens mêlent l ’Opium avec la
pierre à cautère, ou avec l’emplâtre véficaroire,
pour les faire agir avec moins de douleur. On
fait tomber une ou deux gouttes de laudanum
liquide dans les y eu x , dans certains cas d’ophtalmie
chronique, où l’inflammation àffeéle principalement
la furface antérieure du globe de
l’oeil, & cette application a quelquefois l’effet
le plus marqué. On met un demi-grain ou un
grain d’Opium dans une dent cariée pour en
calmer la douièur. On applique l’Opium en
fomentation ou en Uniment, fur les parties con-
traélées par un fpafme. On calme, avec la folution
aqueufe d’Opium, la douleur caufée par
des ulcères.
ORE ILLON S. Nom que le Vulgaire donne
aux tumeurs des parotides, parce quelles viennent
autour des oreilles. Voye[ Parotides. Mais
il appartient plus particulièrement à une efpèce
d’efquinancie, fouvent épidémique, qu’on appelle
en Suifie Ourles, &que les Anglois défignene
par le nom de Mumps,
Cette maladie affeéle les deux côtés du c o l ,
& fe manifefte, pour i’ordinàire, tout-à-coup,
par un gonflement de ces parties, qui devient
quelquefois affez confidérabie, eft accompagné de
rougeur à la peau, & fouvent d’un peu de fièvre.
Mais , quoique la diftenfion des parties foit affez
grande ,r& qu’elle fe fa fie d’une manière rapide ,
elle n’occafionne que peu de douleur, étant de
nature cedémateufe plutôf .que phlegmoneufe , &
ayant principalement fon fiège dans le tiffu cellulaire
qui avoifine les glandes parotides & maxillaires,
quoique généralement ces organes foient
eux-mêmes affeétés jufqu’à un certain point. Le
mal fe diffipe ordinairement au bout de quatre
©11 cinq jours, fur-tout fl Ion a foin de préfet: -
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