
à eonftater les parties conftituantes de l’acide mu*
riatique oxigène & hyperoxigéné, & dans quelles
proportions elles y entrent.
« 2°. Je ferai mention de quelques obfervations
de l’acide muriatique dans fes trois états.
» En traitant le premier de ces objets, je fuis
contraint d’anticiper un peu fur le fécond, parce
que j’ai été obligé de fuppofer connues, dans le
premier, certaines chofesqui ne font décrites que
dans le fécond : cet inconvénient étoit inévitable,
l’ordre naturel me conduifant à traiter de l’acide
avant que je puiffe confîdérer les corps dans la
compoîîtion defquels il entre.
*» J’expofai 3 à la chaleur d’une lampe , cent
grains de mariait de potaffe hyperoxigéné, il décrépita
doucement, & fondit peu après. Ayant
relié en fufion environ une heure, je le lailf.ii refroidir
\ il criftallifa comme auparavant, & perdit
2, y par cent. J’augmenrai la chaleur dans un fourneau
jufqu’au rouge ; le fel bouillit avec une violente
effervefcence : il s’en dégagea rapidement
un fluide gazeux , avec une vapeur blanche & légère
, puis il s’affaiffa tout à coup en une maffe
blanche & fpongieufe. La perte du poids varia
ordinairement de 42 à 48 ou yo par cent.
» J’en mis cent grains dans une retorte de
verre, lutée & adaptée à un petit récipient parfaitement
fe c, ayant un tube de communication
avec 1» cloche de verre placée dans h cuve pneumatique.
Il n’y avoit pas long-tems que le feu avoir
été aiiumé, qu’il s’éleva une rofée légère qui couvrit
l’intérieur du récipient, & auflitôt que la
retorte fut chauffée à peu près au rouge, il fe
dégagea un gaz fi fubitement, qu’il fit prefque
explofion. 11 s’éleva-une grande quantité-de vapeurs
légères & blanchâtres, qui fe dépofèrent
enfui te, dans le récipient & le tube, fous la forme
d’un fublimé blanc. Lorfqu’il ne monta plus de
ga z, on lai fia refroidir l’appareil. Le gaz, en faisant
les corrections ordinaires pour la température
& la preflïon de l'atmofphère, confiftoit en 112,y
pouces cubes z i 38,3 grains. Les -2,5 grains de
perte que ce fel éprouva à une légère chaleur,
comme on l’a dit, étoient de l’eau. Il relia 55,5-
grains dans la retorte, & le fublimé blanc dans le
récipient & le tube montoir à cinq grains. Voici
donc les produits de cette opération :
Eau ......................... 2,5
Oxigène ........................... .. 38,3
Sel dans le tube & lè récipient.. . . 5-
Sel reliant dans la retorte . . . . . . . . J3>y
99j 3 grains.
« Pour trouver les proportions de I’oxigène & de
l’acide muriatique dans l’acide muriatique hyperoxigéné,
il ne relie maintenant qu’à déterminer
la fomme des quantités d’acide muriatique contenues
dans les 53,y de la retorte, & les ÿ du tube
& du récipient. Les y 3,5 donnèrent, par le nitrate *
d’argent, un précipité correfpondant à 18,21 ,.8c
les y un précipité correfpondant à 1,76 j en tout
20 grains d’acide muriatique. Par conféquent 38,3
d’oxigène & 20 d’acide muriatique fe combinent
pour former 38,3 grains d’acide muriatique hyperoxigéné,
ou 100 d’acide muriatique hyperoxigéné
contiennent exactement 6y d’oxigène X 3J
d’acide muriatique ~ 100.
« Et les élémens du muriate de potaffe doivent
s’ellimer comme il fuit :
Oxigène.. r . .......... .38,3
Acide muriatique.. . .20
Acide muriatique hyperoxigéné.. . . . . y8,3
Potaffe................................................... 2 cj, 2
E a u ......................................... ............ 2,y
100,0''
» On remarquera peut-être que les y3,y grains
de fel contenus dans,la retorte n’ont pas donné
la même proportion d’acide que les y grains fu-
blimés dans le tube & le récipient. Le fait eft que
tous le s muriates perdent un peu de leur acide
lorfqu’ ils font chauffés au rouge , comme je le
dirai bientôt plus particuliérement, &' la petite
perte eft très- probablement celle d’une portion de
l’acide dégagé par la chaleur à laquelle le fel fut
néceffairement expofé durant l’opération.
» Ayant ainfî déterminé la proportion de l’oxi-
gène dans l’acide muriatique hyperoxigéné par le
moyen de fa combinaifon avec la potaffe, il fe pré-
fentoit une méthode facile pour connoïtre celle
contenue dans l'acide muriatique oxigené. Pour
cela jedifpofai,de la manière fui vante, un appareil
deWoulfe, confiftant en trois bouteilles qui com-
muniquoient avec la cuve pneumatique. Dans la
première bouteille je mis de la potaffe diffoute
dans environ fix parties d’eau j dans la féconde ,
le même alcali dirions , mais dans une allez grande
quantité d’eau pour que le Tel qui pourroit fe former
ne pût fe criflallifer durant l’opération : vingt
parties d’eau furent la proportion qu’on y en fit
entrer. Dans la troifième bouteille je mis du carbonate
de potaffe commun (1). Au travers de cet
appareil je fis paffer uri courant d’acide muriatique
oxigéné, dégagé par l ’acide fulfurique d’un mélange
de muriate de fou de & d’oxide noir de man-
ganèfe, fuivant le procédé bien connu. Les c-rif-
taux de muriate de potaffe hyperoxigéné fe formèrent
dans la liqueur de la première 'bouteille ,
& aufli long-tems qu’ils y relièrent, j’étois affuré ,
par des expériences précédentes , qu’il ne pouvoir
paffer aucun- acide muriatique ni fulfurique dans
la fécondé bouteille : le courant fut continué juf-
(1) Toutes les fois que les noms de potaffe, de fonde, dç
baryte,- d’un acide, d’un alcali, d’eau ou de toute autre
fubftance- font employés fans épirhète , Cela fignifîe que l’on
-entend parler de ces fubftances dans l’état que fo n appelle
ordinairement pur*.
qu’à ce que la liqueur de la bouteille contînt un
excès d’acide. Dans la troifième bouteille , le carbonate
de potaffe abforba les vapeurs fuperabon-
dantes, & l’appareil pneumatique étoit prêt à
recevoir tous les gaz qui auroient pu fe former.
Par ces moyens j'obtins, dans la fécondé bouteille
, la foiution de la fubllance, quelle qu’elle
pût être, qui pouvoit fe former par l’aétion de la
potaffe fur l’acide muriatique hyperoxigéné.
*» Je pris une portion de_ cette liqueur , laquelle
j’appellerai liqueur entière (1) .5 je la diftillai à fec
dans une retorte de verre , ayant foin qu’elle ne
pût être expofée aux influences de la lumière : un
tube du récipient communiquoit avec la Vcuve
pneumatique. Mon objet étoit de m’affurer. li le
changement obfervé par M. Berthollet, dans la
dillribution des élémens de l'acide muriatique oxi- !
géné pour former avec la potaffe un muriate hyperoxigéné
fi m pie, avoit réellement.lieu entré ces
élémens mêmes, fans abfor.ber aucun oxigène de
latmofphère ni en extraire du fel. Rien ne paffà
dans le récipient 8ç l’appareil pneumatique qu'un
peu d'eau & quelques pouces d’air dilaté qui étoit
contenu dans les vafes, 8c je trouvai, dans la retorte,
une maffe faline (2) parfaitement fèche &
criftallifée : d’où il eft évident que la même quantité
d’oxigène que celle contenue dans l’acide muriatique
oxigéné,.qui avoit été unie à l’alcali pour
former la maffe totale du fe l, étoit à préfent con-
denfée dans cette partie devenue muriate hyperoxigéné.
- « Pour eonftater cette quantité, je fis diffoudre
cent grains de fel entier dans de l’eau, 8c je le
précipitai par le nitrate d’argent. J'obtins de cette.
manière une quantité de muriate d’argent, laquelle,
par des proportions auparavant déterminées, cor-
refpondoit.à 84 de muriate de .potaffe : par,conféquent
il y en avoit 16 de muriate de potaffe hyperoxigéné
(3). Mais, fuivant les proportions ci-
devant établies pour le muriate de potaffe hyperoxigéné,
16 de ce fel contiennent 6 d’oxigène,
avec 3,20 d’acide, le relie étant alcali & eau ) &
par des expériences préliminaires, j’avois trouvé
que 84 de muriate de potaffe contenoient 27,88-
d’acide muriatique : donc 27,88 H- 3,20 — 31,08
d’acide muriatique avec 6 d’oxigène 5 ou , pour
réduire le tout au cent, 84 d’acide muriatique,
-+- 16 d’oxigène IPf iôo.- Telles font les proportions
des élémens qui fe combinent pour former
l’acide muriatique oxigéné.
*» Pour confirmer ce que l’on vient de dire, je"
diftillai cent grains du fel entier ci-deffus men•
(i)-Je F e n s très-bien que ce nom n’eft pas conforme aux
principes philofophiques $ mais il faut éviter les longueurs,
àc je ne l’emploi,e qu’en paflant, pour une F u b i i a n c e qui n’a
qu’une exiftençe relative parmi les matières chimiques.
(2) Ce fel , je l’appellerai fel entier./
(3) Je dois obFerver ici que le. muriate de potalïè hyperoxi-
gene ne décompofe pas les Tels d’argent comme le muriate
fimple : cela fera examiné & prouvé ci-après dans fa place.
tionné, & j’en obtins à peu prés 16,ƒ pouos
cubes de gaz oxigène ; ce qui correfpond à l’expérience
faite avec le nitrate d’argent, aufli exactement
qu'on peut l’efpérer dans des expériences
de cette* 2 3 1 nature.
»3 Dans fon Mémoire fur l’acide muriatique oxigéné,
M. Berthollet, fi je l’entends bien , donne
les renfeignemens fuivans fur les proportions de
fes réfuitats , 8c les moyens par lefqueis il hs
obtint. Il expofa, à la lumière du foleil, yo pouces
cubes d’eau fat'urée d’acide muriatique oxigéné
, & eut dans la cuve pneumatique iy pouces
cubes de gaz oxigène. Je néglige les fractions ,
parce qu’au premier coup-d’oei! nos réfuitats font
fi différens, qu'il n’eft pas befoin d’ une grande
exactitude pour les comparer. Il précipita enfuite,
par le nitrate d’argent, les yo pouces cubes de
liqueur, qui étoit devenue un fimple acide muriatique
, 8c obtint 383 grains de muriate d’argent ;
mais , par mes expériences, je trouve que 383
grains de muriate d’argent contiennent 6y d’acide
muriatique : donc 6y d’acide muriatique fe combinent
avec iy pouces cubes (1) ( ~ 8 grains)
d’oxigène, mais 73 : 8 ; : 100:11 , à peu près. Il
eft néanmoins facile d’expliquer ces différences
peut-être cjue les yo pouces cubes d’acide muria^
tique oxigéné contenoient, dès le commencement;
un peu d’acide muriatique fimple. M. Berthollet
dit de plus, qu’il foupçonne que tout l’oxigène ne
fût pas dégagé j ce qui eft probable, & je fuis
extrêmement fatisfait de pouvoir concilier les proportions
que j’ai trouvées avec l'opinion d’un fi
habile chimifte.
» M. Cruikshank, dans fes Obfervations additionnelles
fur les hydrocarbones , avoit aufli dit
que 2,3 parties d’acide muriatique oxigéné en
contenoient une d’oxigène, ou environ 43,y par
cent. Mais ce favant chimifte, à qui nous devons
la découverte de l’oxide gazeux de carbone , obtint
fon acide muriatique oxigéné d’une manière
particulière , de laquelle je ferai mention en parlant
de l’aêlion des acides fur le muriate de potaffe
hyperoxigéné. Dans le fait, la fubllance qu’il obtint
,n’ étoit pas un gaz acide muriaiique oxigéné;
mais un mélange de ce gaz avec l’acide muriatique
hyperoxigéné. Je n’ai pas le moindre doute fur
l’exaélitude de fon réfultat ; mais n’étanr. que la
proportion d’un mélange , il ne contredit en aucune
manière ceux que j’ai donnés dans ce Mémoire.
|
» Avant de quitter cette partie de mon fuiet,
je defire prévenir une objection que l’on peut faire
contre les expériences ci-deffus ; elle eft fondée
fur une observation de M. Berthollet. Il dit que ,
fi la foiution alcaline eft très-concentrée, il y a
effervefcence aufli long-tems que la iaturation
continue, 8c même quelques jours après, & il
(1) Les proportions de M. Berthollet font exprimées dans
les anciens poids Sc mefures de France.'