
muniquer au public. Cette fois U tout m'engage
oit à tirer parti de la nouvelle cccafion : ie zèle
& les foins de M. Deliile, qui me fourni doit un
produit rare , bien conierve, & qui n'avoit jamais
été analyfé, l’elpérancè dé découvrir , à
l'aide de réaéths bien connus, des propriétés entièrement
ignorées jufqu’îci dans une madère’importante
par i‘es t frets } l'abondance de ce pollen ,
qui me permtttoit de multiplier & de varier afLz
les expériencss pour bien connoître la nature chimique
> enfin, l'état de perfedtionou eft parvenue
maintenant l’analyfe des compofes organiques.
Je ne pou vois être guidé dans ce travail par aucune
analyfe précédente, puiique ce qu'on lait du
pollen des anthères le réduit à !e confi.lérer, d'après
quelques apperçus de Réaumur, comme une
forte de lubftatice hudeufe concrète., comme la
matière première de la cire des abeilles. Je me
fuis affocié dans ces rech.rches, mon ami M. Vau
quelin, dont me rapproche conftamment 6c avec
un égal plaifir, depuis plus de vingt ans , une
longue habitude de travaux & de péri fées communes.
On va voir que nos expériences nous ont
donne des r.éluhars que lien ne nous autoiiloit à
prévoir ni à foupçonner.
§. I L
Avant de procéder à l'analyfe ex-aét? de cette
pouihère , nous crûmes necellaive dé tenter quelques
eilais préliminaires- pour en rrconnoître la
nature générale, 6c pour ri figer plus fûremenr
notre marche, dans les d tans de fanaiyfe. Voici
les piemières propriétés générales qo’eile nous a
prétentées :
i°. Le pollen du dattier a une faveur acidulé 6c
peu agréable}
. 2°.-Mêlé à la teinture de toirnefol, il h rougit
fenfiblement j
3°. Lavé avec de l’eau tiède, il lui communique
une couleur jaunâtre &c de l'acidité tiès-fen-
lible.
4°. Cette infufion eft précipitée en jaune-ferin
par l 'eau de chaux & par l'ammoniaque ; la liqueur
qui fumage les précipités eft d'un jaune-d’or.
y°. La d'ffolution d’acétite de plomb , de nitrate,
de m: re tire & d'argent eft précipitée en
blanc-jaunâtre par la même liqueur }
6°. L’alcool y forme un dépôt blanc, floconeux,
très-léger ;
7°. La chaleur la trouble & y occafionne une
féparation de flocons blancs, conc rets}
8°. La diffolution de fuifate de t haux n'éprouve
aucun changement de la part de l’infufion du
pollen j
9°. L’oxalate d’ammoniaque y produit fur-le-
champ un précipité pulvérulent qui a toutes les
prop iétés de l'oxalate de chaux.
Ces expériences montrent que le pollen du dattier
contient un acide à nu > que cet acide , uèsdifloluble
dans l’eau, y eft accompagné par un
ici calcaire , lequel , infolubie par lui-même | ne
le diffout que par l'intermède en queftion , & que
ce tel calcaire eft U càufe de la précipitation des
diffolutioris 6c du m-rreure 6c d’argë.it, par i’in-
fufion de la pouffière fécondante.
§. III. Lavage du pollen avec de l'eau froide.
La matière la plus fenfïble & la plus remarquable
du pollen étant l’acide indiqué dans les premiers
eflais, on a dû s’occuper de l'obtenir à
part pour en r;Connoître la nature. Pour cela,
on a lavé cent vingt-quatFe grammes de pollen ( ou
environ quatre puces , .ancien poids) avec une
fuftifmte quantité d’eau ciittijlée froide. Le lavage
avoit une couleur rougeâtre, une odeur 6c une faveur
acidulé, allez analogues à celle de la bière.
Pai l’évaporation, cette liqueur a donné une
matière d’un rouge-brun, dont la confîftance & l’odeur
fe rapprochaient de celle de la méiaffè} fa faveur
étoit plus acide, mais en même te ms narifea-
bonde. Cette matière , produit de l’évaporation
du lavage du pollen.3 agitée avec l'alcool., .ne lui
a pas communiqué de couleur à froid , quoiqu’on
i’ait laiffée long uim en conta61 avec ce liquidej
mais à l’aide de la chaleur, une partie de cette
fubftance s’eft combinée â l’alcool, & lui a donné
une couleur allez foncée.
La partie durefidu, infolubie dans l’alcool, pa-
roilloit alors moins colorée, & avoit une confîftance
plus confîdérable qti’auparavant; elle fe diflolvoit
aifé.nentdans l'ean, & laiffoitenniême rems dépofer
une matière giifâtre, allez volumin&ufe : fa faveur,
moins acide , avoit une forte de fadeur 6c de vif-
coficé muciiagineufe. Le produit de la leffive aqueLife
du pollen, évaporé, a donc été féparé par l’alcool
6c par l’eau appliqués fuccelfivement en trois
fubftances} l ’une folubie dans l’alcool, l’autre io-
lublé dans i’eau , la' troifième infolubie dans t’un 6c l’autre liquides. On va reprendre l examen de
ces trois matières pour en déterminer la nature.
La diffolution alcoolique, évaporée en cdnfii-
tance d’extrait mou , avoit dans cet état une belle
couleur rouge, une odeur de fuede pommes cuites
, une faveur allez fortement acide,'mais fenfiblement
défagréable fur la fin.
Elle fe diflolvoit aifém-nt 6c abondamment dans
l’eau } elle rougiffoitla teinture detournefol, fai-
foit eff ;rvefccnce avec des diffolutïons, des1 carbonates
alcalins, précipitoit légèrement l’eau de
chaux en flocons blancs-jaunâtres , lefquels fe
diffolvoient dans une nouvelle quantité de la liqueur
acide. 11 faut obferver que cette matière,
ainfi leparée par l’alcool, précipiroit beaucoup
moins la chaux, que la première leflive aqueufe
du pollen, mais unie à l'eau de chaux jufqu’ tu
point de faturation. La liqueur préfentoit au bout
de quelques jours, à fa furface 6c fur celle du vafe
qui la contenoit, une quantité affez confîdérable
de criftaux prifmatiques, infipides 6c diffolubles
fans effervefcence dans l'acide muriatique.
La diffolution du réfidu alcoolique dans l’eau
précipitoit auffi l’acétite de plomb en flocons un
peu jaunes , qui fe diffolvoient dans l’acide acétique
: le nitrate de mercure peu oxigéné en éprou-
voit le même effet.
Quoique les expériences qui précèdent, fem-
blaffent prouver que l’acide contenu dans le pollen
du dattier étoit de l’acide malique, pour en obtenir
une démonftratiôn plus rigoureufe on l'a
fournis à l’épreuve fuivante :
Une portion de la diffolution de cet acide, mêlé
avec de l’acide nitrique, a donné naiffance à beaucoup
de gaz nitreux , & a fourni, par le refroi-
diffement * des criftaux d’acide oxalique , nageant
dans une eau-mère d’un rouge-jaunâtre 6c d’une
faveur amère. Cette expérience , comme on voit,
confirme ce que les autres avoient annoncé } fa-
voir, que l’acide du pollen du dattier eft bien véritablement
de l ’acide malique} car nul autre acide
végétal n’eft changé auffi facilement en acide oxalique
par l’acide nitrique. Elle réfout auffi la queftion
qu’on s'étoit faite de favoir fi cet acide exif-
toit naturellement dans lè pollen, ou s’il étoit le
réftiltat d'une fermentation occasionnée par l’humidité
pendant le tranfport. On fait en effet que
l’acide malique né procède jamais d’une pareille
opération, 6c qu’au contraire il fe détruit lui-
même pour donner naiffance à l’acide acétique.
Une portion de la matière folubie dans l’alcool
ayant été diffbute dans une petite quantité d’eau ,
on y a mêlé du carbonate de foude: il s'eft produit
une effervefcence écumeufe affez vive} &
quand la faturation a paru complète , on a fait
rapprocher la liqueur , par l’ évaporation , en confiftance
de firop clair. Dans cet état, elle a fourni,
au bout de fept à huit jours, beaucoup de petits
criftaux tranfparens ; néanmoins il reftoit encore
une grande quantité de matière qui n avoit point
criftallifé. Le fel criftallifé, mêlé a l’eau de chaux,
ne la précipitoit que foiblement j mais , quelque
tems après', il f© formoit de nouveaux criftaux
dans la liqueur..
§. IV. Examen de la portion, de l'extrait du pollen
infolubie dans l'alcool & dans l'eau.
On a dit plus haut que l’extrait du pollen, obtenu
par l’évaporation de l’eau avec laquelle ce
pollen avoit été lavé, ne s’étoit pas entièrement
diffous dans l’alcool, même à l’aide de la chaleur j
que ce réfidu avoit une couleur brune & une faveur
moins acide qu'auparavant, mais nauféa-
bonde. Cette portion, infolubie dans l’alcool, a
été foiiprife aux expériences fuivantes pour en dé-
terminér la nature. .
En fe dîffôlYant dans l’eau, elle a laiffé précipiter
une matière d’un blanc-jaunâtre, qui pefoit,
après fa defficcation, deux grammes & un quart,
Chimie, Tome V
& qui s’eft réduite à un gramme & un quart par
la calcination} elle étoit alors noire comme de la
pouffière de charbon. Cette matière a répandu,
par l’aétion du feu , une odeur de corne bçûlée ,
mêlée de celle de l’ammoniaque, mais fans fe ramollir
ni fe fondre comme la corne. Expofée au
chalumeau, elle a noirci d’abord, s’eft blanchie
enfuite, & fondue enfin en un globule blanc
brillant, d’une lueur phofphorique affez vive.
Cette même matière non difloluble dans l’eau
s’eft diffoute dans les acides nitrique 6c muriatique
fans effervefcence : l’eau de chaux & l’ammoniaque
l'ont précipitée de ces acides en flocons
blancs gélatiniformes. L'oxalate d’ammoniaque a
produit dans les diffolutions acides un précipité
pulvérulent & grenu. L’acide fulfurique a décom-
pofé la même matière fans la diffoudre. Après
l’avoir fait bouillir pendant quelque tems avec cet
acide étendu d'eau, on a filtré la liqueur ; on a lavé
la maffe folide avec de l’eau froide} on l’a fait en-
fuite bouillir avec une grande quantité d’eau, qui
en a opéré la diffolution complète : l’oxalate
d’ammoniaque & le muriate de baryte y ont for -
mé , le premier de l’oxalate de chaux, 6c le fécond
du fuifate de baryte.
Ainfi un des élémens de cette matière, traitée
par l ’acide fulfurique , étoit bien véritablement la
chaux. L'àcide auquel cette terre étoit unie, a
été reconnu par les expériences fuivantes : l’ammoniaque
y a formé un précipité gélatineux affez
abondant, & l’eau de chaux, ver fée dans la ii-,
queurdécantée de deffus ce précipité, en a produit
un nouveau, en tout femblable au phofphate
de chaux. II eft donc certain que fa chaux trouvée
dans cette matière par les expériences précédentes,
y étoit unie à l’acide phofphorique. Le pollen
du dattier Contient donc du phofphate de chaux
qui avoit été diffous dans l’eau. On verra bientôt
qu’il en contient plus encore que la portion qui
vient d’être annoncée, & qu’ il y eft accompagné
par un autre lel phofphorique.
$. V. Examen de la portion de l'extrait du pollen
non folubie dans l ’alcool, 6? folubie dans l'eau.
Il vient d’être dit que la portion de l’extrait du
pollen, non difloluble dans l’alcool, s'étoit réparée
en deux par l’eau} que la partie indiffoute
dans ce liquide étoit du phofphate de chaux. Il
faut faire connoître aêluellement la nature de la
partie diffoute par l'eau dans la dernière expérience
décrite. Cette folution aqueufe , mêlé»
avec l’ammoniaque, a donné un précipité fort
abondant, de couleur blanche-jaunâtre, gélatini-
forme, qui, bien lavé & féché, pefoit un gramme
& un cinquième, ou douze décigrammes.
Ce précipité s'eft fondu au chalumeau en une
perle tranfparente} il exhaloit une forte odeur
d'ammoniaque, 6c brilloit, pendant fa fufion ,
d’une lumière phofphorique très-i'enfibi^. La«
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