
lation de ce métal dans une cornue de grès , 8c
-1 examen du réfidu qu'il laiflej encore n’eft-ce là |
qu un moyen préparatoire & qui met fur la voie 1
d un efTai plus exaét, en annonçant fi le mercure j
qu on examine, contient une quantité notable de j
corps étrangers j car on a remarqué que le mer-
cure, en fe volatilifant., entraînoit avec lui une
portion de métaux fixes qui l’altéroienc ; auffi,
pour connoitte avec précifion là pureté du mer-
c?.ri. ’ n y a^tr-iPpa5 de meilleur moyen que de le
aiffoudrë à froid dans l'acide nitrique en excès1;
la diffolution fe trouble par l'eau’fi elle contient
du- bifmuth, & le poids de ce précipité donne ce-,
■ Jui de ce métal ; enfuite on la précipite entièrement
par 1 acide muriatique, & fi le précipité eft
mélangé de muriate dè mercure & de muriatè de
•plomb , le premier étant volatil, & lé fécond fixe
•& fufible, on le chauffe dans une cornue de vérre,
-& on juge, par la proportion comparée de fublîmé
& de réfidu que l'on obtient 3 du mélange que l'on
avoit. J ajouterait cètte ôccàfion, quë dëpuis'qué
de grandes quantités de mercure font néceffaires
dansles laboratoires pour les expériences des gaz-,
j ai eu de fréquentes occafions d'examiner ce métal
pour n'être pas trompé dans l'achat, & que jë
n y ai jamais trouvé plus dé quatre ou de cinq
centièmes de corps étrangers-; qüe je me -fuis cdm
■ vaincu que fouvënrle mercure étoit fale ,. c'ouvert
-poulîière, terne, coulant1 mal; & ffaifan't la
queue même très-fortement, fans qu'il contînt
pour delà une quantité 'notable de métaux à vil
prix, & que prèfquè toujours cela dépendoit d’un
commencement d’oxidation, ou même de l'humidité
contraéléê par le
3'7' Dans la crainte d’employer du mercure impur
pour les- ufages importâns auxquels cé métal
eft confacré, foit en médecine, fort en phyfiquë
& en chimie, foit dans pîufieürs arts , on a toujours
confeillé de l'extraire foi-même- du fülfure
de mercure : c’eft ce qu'on'a nommé mercure revivifie
ou rejpufcité du cinnabre, expreffion qui rend
affez bien l'état oxidé du mercüre dans fa mine. On
fait ordinairement cetté opération’ dans les laboratoires
de chimie & dé pharmacie, en diftillant
.dans-Une cormiedé fer où de grès un mélange de
fer & d'oxide de mercürè lulfurë natif ou artificiel
j car, comme on le verra plus bas, ce com-
pofé artificiel eft bien plus fréquent dans le commerce
: le fer eft ajouté, à la quantité d'une demi-
partie fur une partie dé cinnabre 3 & bièn'mêlé en
limaille fine avec ce compofé mercuriel;* par ’unè
exatte trituration. La diftfllation efffaite 'avec les
précautions déjà indiquées : on lié au bec de la
cornue un morceau de lingë qui forme un canal
& plonge dans l ’eau > dont le récipient eft à moitié
rempli. Le fe r , qui a plus d'àttra&ion pour
i'oxigène & pour le foufre, que n'en a lé rhetçurey3
défoxide & défulfure le inetal, qui monte en vapeur
& fe cohdenfé dans l'e’aü : il’ reftë dans là
tornue un fuJfure de-fer où ce mét-al-eft un peu
oxidé. Le mercure ainfi obtenu, féché 8c parte à U
peau, éft très-pur & très-brillant.
38. C'eft par des procédés analogues à celui qui
vient d'être décrit, qu’on extrait en grand le mercure
de fes mines. Celui qui eft coulant* & difïe^-
mirié en globules entre les pierres, eft recueilli
facilement , en les délayant dans l'eau après les
avoir broyées ; le métal fe précipite, & l'eau entraîné
en s'écoulant les molécules terreufes. C'eft
ainfi qu'on retire 1 e mercure natif & liquide dans
le Frioul, à Ydria. Quant au cinnabre ou fulfure de
mercure naturel, on obfervera d'abord qu'on ne
peut pas le griller, foit pour l'attendrir, ioit pour
ea féparer le foufre au moins en partie , parce que
le fulfure fe dilfiperoit par l'aélion du feu. Comme
la nature le préfente prefque toujours mélangé
avec une fubftance calcaire ou ferrugineufe, l’une
& l’autre de ces gangues^deviennent des efpèce-s
d'intermèdes très-proprès à décompofer le fui1-
fure, à en abforber le foufre , à en défoxider le
métal, & à favorifer conféquemment fa volatile
Cation par la chaleur.
39- Les procédés de cette extraction du mercure-,
toujours fondés fur là diftillation , varient fuivant
les lieux oiron lespratique. Antoine Jurtieu a décrit
, dans les Mémoires de lAcadémie des fc'iehces
pour 1719, le travail qu'on fait i Almaden en Ef-
pagne pour obtenir ce métal : il a obfervé d'abord
que les mines de ce pays ne donnent aucüné ëx-
halaifon funefte aux végétaux ; que les environs
& Je fol fitué au deffus d'elles font très-fertiles j
que leur exploitation n'a aucun danger pour les
ouvriers > qu’il n’y a que les forçats occupés dans
l'intérieur qui foient attaqués de maladies gravés';
en raifon- du mercure volatilifé par les feux qu'ils
font obligés d’y allumer. La mine d'Almaden contient,
fuivant cet auteur, du fer & un peu' dé
carbonate de chaux. On l’introduit dans des elpèces
de fourneaux de réverbéré, qmon chauffe par le
cendrier. Ce fourneau n’a d’ouvertures que huit
trous pratiqués à fa partie poftérieure :à chacun de
ces trous eft adaptée une filé d’aludels de terre, dont
lé dernier aboutit à un petit bâtiment affez éloigné
du fourneau. Entre les deux extrémités dé
1 appareil, le fourneau & le bâtiment, éft pratiquée
une petite terraffe formée de deux plansrin-
cîinés qui Soutiennent les aludels. Lorfque quelque
jointure mal lutée de ceux-ci laiffe échapper dû
mercure, fes globules fe réunifient dans la fonction
des plans inclinés de cette terraffe. Le feu appliqué
au fulfuré de mercure opère fa décompofition
par là chaux J k le fe r , qui abforberit le foufre &
I’oxigène. Le mercure réduit en vapeur s’arrête en
partie, paffe dans les aludels, & s’écoule enpar-
tie par la pente douce au’ils ont jufque dans le
petit bâtiment. ^Quand l’opération eft finie,. &
l’enfemble dé l'appareil refroidi , on transporté
tous les aludels dans la chambre de ce bâtiment
pour les vider, & réunir le mercure qu'ils contiennent
dans* une forte placée -au milieu de cetté
chambre I vers laquelle | fe fubüme de toutes
parts. On envoie enfuite ce mercure dans des peaux
& dans des tonneaux qui en contiennent p uheurs
quintaux, & qu'otl ï\ommej>0uillons dans le cornmerce
*
40 On trouve dans les Mémoires de la meme
Académie pour 1776. une defcription du procédé
fuivi dans le Palatinat pour l'extraaton du mer-
■ cure, par H. Sage. On a dans ce lieu une galere-
chargée de quarante-huit cornues de fonte, dont
l'épaiffeur eli d'un p o u c e la longueur de plus
'd un métré, & qui Contiennent environ vingt-neuf,
kilogrammes ( foixante livres) de matières. Ces
cornues font fixées à demeure fur le fourneau qui >
les fupporte. Oii y introduit , à l’aide d'une cuiller j
de fer, fin mélangé de trois parties de la miné ■
'bien bocàrdéè , & d'une partie de'chaux-éteinte : |
où chauffe avec dii’charboh de terre que l'on Ynet -
"par les deux excréifiites’ du fourneàu 3 dont Jes co- .
tés font petcés‘de-plufîeürs ouvertures qui'établif-1
fent des courans, & font brûler le charbon. Lè |
mercure fe fêpare & fe volatilife à 1 aide ds la réac- ;
tion de la chaux fur le'foufre t on le recueille dans
des récipiens de terre adaptés aux cornues , &
remplis d'eau jafqu'au tiers de leur capacité. Cette
opération duré' dix à onze heures. On voiç que ,
’fondée fur les mémfes principes que la précédente.,
ellê n’eri diffère qiré;pàr l'à forme des appareils.
41. On ne croÿoit point autrefois que le mercure
fût fufceptible de brûler, & on le regardait
comme inaltérable. C'eft en examinant avec foin
icette propriété , que la chimie moderne a fait fes
prenf eres & fes plus prëcieufes découvertes, 8c
c'eft de celles-ci qu'eft née la doêlrine pneumatique.
Non-feulement le mercure eft oxidablé comme
tous les nîétaüx, mais encore il a deux manières
de brûler, deux genres” de combuftibn, comme'la
'plupart des fubftances métalliques : l’une eft la
combuftion légère & imparfaite, qui a lieu à une
très-baffe température j l'autre eft la combuftion
complète & forte ; qui ne s'opéré qu'à une tém-
pèratuie très-élevée. La première n’a' été long-
ténts regardée quë comme une divifion du mercure
; elle a été très-bièn décrite fous ce dernier
point de vue par Boërhàavé : il' a changé par elle,
fans en connoître la càufe-, du mercure en une poudre
noire qu’il a nommée éthiops per fe , & dont il
a cônnu, foit la réduêlibilité par la chaleur , foit
là diminution de poids pendant fa réduction. L autre,
qui a été regardée par les alchimiftes comme
une efpèce de fixation ou de précipitation àtimer-
■ cure, n’a lieu qu’à la température dé fon ébullition
, le convertit en un» pouflière rouge qu ils
avoient nommée mercure précipité per fe. Il faut
connoître chacune dalles en détail. '
4 1:. L'oxidation légère du mercure a lieu à une
très-baffe température , & toutes les fois qu'on
agité ce métal’’ en contaèt avec l'air. Ariftote là
•cbnnoiffoît déjà lorfque, dans fon livre IV (Météorologie
• comm. j 'chap. XVIII ) ; il dit qu en
mêlant long-tenu le mercure avec la falive on en
forme un remède utile dans quelques maladies
de là peau. Soit qu'on frotte le mercure'avec la
main, foit qu'il foit Couvent agité dans •! air,
foit que, comme lva fait Boerhaave, on le fa fie
fecouer fans ceffe dans une bouteille attachée à
l'axe d’un moulin , foit qu on triture le mercure
avec des liquides quelconques, pourvu qu ils
foient épais , vifqueùx , 8c furtouc fufeepci blés
(t'attirer I’oxigène atmôfphéfique ; dans toits ces
cas oh convertit le mer,cure en oxide n'oir, d une
faveur âcre & comme cuivreufe^ qui repafiè à
l’état de mercure coulant par l'aétion du feu 8c
même de la lumière , qui contient environ le
vingt-cinquième de fon poids d'oxigène , & qui
eft un véritable oxide noir de ce métal. On ne
peut pas frotter du mercure fur un corps, blanc
8c entre fes doigts fans’ en exider ainfi-une portion
; & dans toutes les opérations fi multipliées
par Plenck, où cé métal s’éteint dans des mé-
laugcs liquides, vifqueux , ou dans des folides
quelconques, c'eft-à-dire, où il perd fa forme
de globule pour prendre celle de pouffière noire
à l'aide du mouvement & de la divifion en comaét
avec l’air, il s’oxide également. La furfaeë du mercure
meme tranquille, tenue long-tems.dans l'air,
finit par fe couvrir d'une pellicule terne, qui n'eft
que cetté efpèCe d'oxide. Bernoulii a même ob-
fervé qu’en laiffant tomber , de trente &c même
de quinze centimètres de Haut, uri globule de
mercure fur une maffe de ce métal très-brillant
& très-puf , il fe formoit une tache dans lè lieu
de fa chuté; & , quoiqu’ il l’ait attribuéë aux impuretés
que lé globule abfoibôit dans l'air, il eft
évident qmellé n'eft due qu’au commencement
d'oxidation quë le mercure éprouve. On la produit
même ; cette'’ oxidation en noir , en agitant
du mercure dalfs.de l'eau aérée. C'eft elle dont on
remarque l'effet dans la pouffière noire qui le
forme fouvent au haut des baromètres anciens,
& qui contiénnfent un peu d'air. On voit enfin,
lorit^u'on Qbfetve avec attention toutes les cir-
conftances oùf lé mercure s’oxide par quelque procédé
què ce‘fo it, qu'il paffe toujours par cet état
d’oxide noir àvanc d'arriver à une oxidation plus
complète! En un mot, cet état d'oxidé noir eft
conftammenf lê : premier terme de l’oxidation de
cé métal , & fon> ôbferve également qu’il y reparte
immédiatement avant de prendre la forme
métallique dans tous les cas de défoxiditiorr donc
j'aufai'bientôt ÔCcafion de parler plufieurs fois.'
45. L’oxidation forte ou complète du mercure
eft une opération que les alchimiftes ont pratiquée
depuis long-tems, comme je l’ai déjà dit,
& pour laquelle ils ont imaginé des appareils plus
ou moins compliqués, abfolument abandonnés aujourd’hui.
Boy le , qui n’en connoifîbit pas la théorie*,
’ quoiqu'il fe 'foit tant occupé des effets de
l'air, avoir imaginé , pour ce procédé , un flacon
plat; qUrtl-fermoit avec un bouchon alongé, cy