long-tems les immondices, que les hommes chargés
de les vider &r de les curer, font les plus ex-
ppfés aux afphixies mortelles. L'accident des folles,
d aifance eft connu depuis long-tems fous le nom
de plomb. Qn a écrir de très-bons ouvrages fur cet
objet : celui de M. Halle, rédigé en 1784, époque
ou 1 on ne pouvoir qu'entrevoir encore la nature
des gaz méphitifans, eft cependant celui de tous
qui renferme lès obfervarions les plus précieufes
fur l’afphixie des vidangeurs ; il fait une fuite.complète
à celles qui avoient déjà été recueillies &
publiées par MM. Laboué, Parmentier & Cadet
Devaux.
On ne connoifioit pas exactement, à l’époque
de ces ouvrages, les gaz qui produifent le mépki-
tifme des folles d’aifance. On favoit feulement que
l’acide carbonique, ou ne le conftit.;oit pas, ou
n’en faifoitqu’une petite portion incapable de produire
l’afphixie fubite & dangereufe nommée le
plomb. J’y a vois foupçonné le gaz azote : MM. Du-
puytren & Thénard viennent de confirmer mon
Soupçon dans leurs dernières recherches ( mai
1806 ). Ils ont aufii reconnu que le gaz hydrogène
fulfuré eft le fluide le plus frequent 8c le plus délétère
des folles d’aifance. C’eft lui qui occafionne
le plus fouvent le plomb ; il fe dégage furtout
pendant l'agitation des liquides animaux corrompus
nommés vannes, & fpécialement lorfque ce
liquide, abforbé 8c retenu par la preffion dans les
murs des folles latrinaires remplies , s’en écoule
après leur vidange , & reparoît de nouveau dans ‘
ces folles déjà épuifées de matières. Lors des
expériences du prétendu antiméphitique de Jean-
nin, qui confiftoit dans l ’emploi du vinaigre, les
commifîaires de l’Académie des fciences & de la
Société de médecine- reconnurent bien que ce
gaz pouvoit être un des fluides afphixians des
folles d'aifance, & c’eft dans ce fens qu’ils ont
blâmé le vinaigre comme devant dégager ce gaz
des matières animales corrompues > mais ils ne
purent pas alïurer qu’il écoit la caufe immédiate
du plomb, & je me fouviens qu’alïiftant 8c contribuant
alors au travail des commiffions, la fcience
n’étoit pas allez avancée dans la connoïlïance des
propriétés du gaz hydrogène fulfuré, pour qu’ il
nous ait été poffible de le fignaler comme le plomb
des folles. Il paroît qu’on ne. peut plus le mécon-
noître comme tel aujourd’hui, & que par confé-
quent le mépkitifme des folles d’aifance, auxquelles
il faut alïocier celui des égouts, des mares
corrompues, des puifards, des voieries, eft un
des fujets que les connoilïances chimiques ont
Je plus exactement 8c le plus fûrement déterminés.
IIIe. ESPÈCE. Mépkitifme des fojfes fépulcrales &
des tombeaux. On connoît l’effet dangereux des ca-.
davre$ corrompus lentement dans les folles qui en
font comblées, dans les cimetières qui en font
furchargés, dans les caveaux où l'air ne fe renouvelle
pas. Cet effet, dont on a offert de fi terriblés
exemples dans les ouvrages écrits fui* ce fujet,
& furtout dans celui de Vicq^d-Azyr, qui a pour
titre Dangers des fépultures , a engagé prefque tous
les gouvernemens modernes à reléguer les cimetières
loin des.villes, à profcrire les fépultures
dans les églifes, 8c à publier de fages ordonnances
pour prefcrire toutes les précautions poflibks dans
l’exhumation des corps 8c dans le changement d’u-
fage des cimetières. Dés hommes qui ont imprudemment
pioché des terrains où des cadavres à.
demi pourris iéjournoient à quelques pieds de la
furface, ont fouvent été punis de leur imprudence,
foit par des maladies graves 8c même,
mortelles, foit par des afphixies également pétillé
ufes. Les ouvertures des corps , & fpécialement
du bas-ventre, entreprifes tr-p tard ou fur des
fujets morts de maladies putrides, expofcnt au
même danger les anatomiftes 8c les chirurgiens. Il
n’y a pas lieu de douter que ce mépkitifme ne foit
dû à la même caufe que celui des folf s d'aifance,
8c produit, foie par le gaz azote , foit par le gaz
hydrogène fulfuré, foit par un mélange de ces
deux gaz ; aufli prend-on aujourd'hui des précautions
fondées fur cette connoilfance, comme je
le dirai à la fin de cet article, après avoir parcouru
la férié de toutes les efpèées de mofètes.
IVe. E spece. Mépkitifme des cuves en fermènta-
tion. Long-tems avant que les gaz fuffent connus,
on favoit qu’il fe formoit à la furface des liquides
fournis à la fermentation vineufe ou fpiritueufe ,
un fluide élafticjue, irrefpirable 8c dangereux pour
les hommes. Mille accidens arrivés pendant le fou-
lage des vendanges avoient fait connoître le danger
de s’expofer à cette vapeur délétère.
Non-feulement les découvertes de la chimie
moderne ont montré que cette vapeur eft du gaz .
acide carbonique plus ou moins pur ou abondant;
elles ont encore appris que c’eft à ce dégagement
& à la produdtion de ce gaz qu'eft due la formation
de la liqueur vineufe ; que c’eft par une dé-
compofïtion de la matière fucrée & du ferment qui
la dénaturent, 8c par un changement d’équilibre
dansleur c.ompofition, que fe forme le vin ou l ’alcool;
que l’acide carbonique, en un mor, eft un
des, produits néceflaires de cette décompofîtion,
8c fon dégagement une des circonftances attachées
à la perfection du vin. Aufli la vapeur des cuves
des vendanges, de celles des braffeurs, des fa-
bricans de cidre -, de bière , &c. ferc-elle aux
chimiftes comme de l’acide carbonique. On la
puife, on la foutire comme un gaz plus pefant
que 1 air ; on fait au deflus des cuves toutes les •
.expériences qui décèlent & caraêtérifent le gaz
acide carbonique; on.y éteint les bougk.s, on
y afphixie les animaux , on y précipite les eaux
de chaux 8c de baryte, on y rougit la teinture
de tournefol, on y acidulé de l’eau, on y fait
criftallifer des alcalis cauftiques,&c. Rien n’eft
mieux connu que cette efpece de mépkitifme,* il
eft de la même nature que celui de la Giotte-du»
Chien, & n’en diffère que.parce qu’il eft produit
par la volonté 8c l’ infbitrie humaines. •
ye^ ESPÈCE. Mépkitifme des lieux encombres
d-hommes. C'eft un fait connu depuis long-tems,
que le trop grand nombre d’hommes dans un el-
pace reflerré en a bientôt détérioré l’air, 8c changé
ainfi en poifon le premier élément de la vie. Des
exemples terribles ont éclairé a cet egard, 8c le
favant, 8c le médecin, 8c l’adminiftrateur. Les
prifons, les hôpitaux , les vaiffeanx, font ordinairement
les lieux où les accidens de ce genre
font le plus à craindre & fe font le plus fou-
vent montrés. La refpiration attire 1 ait , en ab-
forbe l’oxigène ou le convertit en acide carbonique,
& laiife à nu le'gaz azote atmofphéri-
que en augmentant fa proportion. Si Ton ajoute
à cette caufe la tranfpiration, la fueur, les vapeurs
fétides des malades, celle des excrémens,
des alimens, des boiüons, on y trouve une fource
d’infeétion d’autant plus abondante, que l’accès
de l’air du dehors eft plus difficile ou pl. s interrompu.
Cette fource de mépkitifme eft encore
augmentée dans les fai les de mal-ades par les crachats
, les excrétions de tout genre , la nature
même des maladies, 8cc. Depuis le mal-aife juf-
qu’à l’afphixie & la mort, on trouve dans l'énergie
fi variable de cette caufe tous les élémens
de l’affoibliffement des forces ,de la fanté & de la
vie des hommes expofés à cet encombrement. La
même crainte exifte pour les lieux où l’on tient
les animaux enfermés, tels que les étables, les
écuries, les bergeries. Toutefois il ne faut pas
confondre cette caufe commune & générale de
mépkitifme avec les miafmes contagieux qui, en
ajoutant cependant à fon énergie, le rendent encore,
8c plus dangereux, & plus délétère, mais
qui peuvent exifter fans lui.
VIe. ESPÈCE. Mépkitifme des chambres récemment
peintes. La peinture récente à J’huile 8c à
l’efîence eft encore une des caufes les plus actives,
quoique moins généralement connues, du mépkitifme.
On croit communément n’avoir à redouter
dans ce cas que de l’odeur défagréable de la peinture
8c le mal de tête qui en eft ordinairement la
fuite; mais il exifte un danger bien plus grand &
moins prévu par les hommes qui n’ont point étudié
les fciences.
La peinture fraîche exhale dans l’air une huile
fixe ou volatile qui le dénature 8c i’infe.éte promptement
en abforbant fon oxigène il s’en dégage
auffi de l’hydrogène carburé qui contribue à augmenter
l’inteêfion. L’huile ne devient enfin fic-
cative ou plutôt ne fe deffèche qu’ en abforbant
elle-même une portion d’oxigène armofphérique.
Enfin les huiles grades , ordinairement mêlées
dans la peinture avec, des oxides métalliques,'
entraînent ceux-ci en vapeur,, 8c l’oxide de plomb
le plus fréquemment employé pour cet ufage
ajoute fon aètion .engpurdiflanre 6c affbibli liante
fur l’économie animale, aux trois caufes de mé- .
[ phitifme déjà indiquées. Heureufement que la mau-
vaife odeur qui vient des peintures récentes éloigne
en général les hommes 8c ne leur permet que
rarement d’habiter les lieux nouvellement peints.
Auffi les accidens d’afphixie produits par ce genre
de mépkitifme font-ils très-rares, foit par la raifon
alléguée, foit parce que la caufe qui altère l’air
dans ce cas eft moins active que dans la plupart
des efpèces précédentes. Mais fi l’afphixie eft
moins fréquente par cette efpèce de mépkitifme,
il donne très-fouvent naiffance aux céphalalgies ,
au dégoût, aux douleurs & aux accès des nerfs,
à la coquille des peintres, &c.
V I I e. E s p è c e . Mépkitifme par Us fleurs & les
j fruits. L’expérience feule 8c l’obferva ion des mé-'
decins éclairés par les connoiffances chimiques ont
pu convaincre tes hommes incrédules, que le parfum
fi recherché des fleurs les plus fuaves, & celui
des fruits , peut devenir une caufe de mépkitifme
d’autant plus redoutable , qu’on s’y expofe par
l’attrait du plaifir. Pour s’en convaincre, il f*u£Ht
de placer deux animaux de force égale dans deux
récipiens de même capacité , l’ un contenant de
l’air feul, l ’autre contenant de plus des fleurs odorantes
ou des fruits aromatiques coupés par morceaux
; l’animal du fécond vafe périra deux fois
plus vite que celui du premier.
J’ai vu deux jeunes gens afphixies pour avoir
couché dans un grenier étroit 8c bas, dont le fol
étoit couvert de fleurs de violettes étendues fur
des papiers & mifes en exficcâtion. J’ai vu une
femme, délicate à la vérité, fe réveiller la nuit
avec un grand mal-aife 8c un violent étouffement,
& obligée de courir machinalement à la fei être
pour refpirer de l’àir frais, après avoir laiffé imprudemment
fîx rofes épanouies fur la cheminée
de fa chambre.
On fait que les fleurs odorantes & les fruits
altèrent l’air à la manière des huiles volatiles, &
la caufe du mépkitijme qu’ils produifent, eft la
même que cellé de ces derniers. Cependant l’accident
de l’a-fphixie dont on eft averti par un mal-
aife qui la précède d’affez loin, 8c qui force à s’agiter
8c à chercher l’air frais , doit être & eft en
effet très-rare dans le cas indiqué; mais ce cas ne
doit pas moins être compté parmi les caufes du
méphitifmey puifqu’on a vu des personnes afohixiées
par les fleurs: & les fruits.
VIIIe. -ESPECE. Mépkitifme des greniers a foin.
Le foin qui retient un peu d’eau, qui n’a pas
été bien féché à<fair ou qui eft de nouveau hu-
me.êfcé répand dans l ’air , avec une odeur particulière
que tout le monde connoît aflez, une
forte d’infeétion qui altère promptement le fluide
atm'ofphérique. Cette altération confifte dans la
convetfion au gâçr. oxigène en acide carbonique
dans l’augmentation du gaz azote & dans le dégagement
d’acide carbonique tout formé de l’herbe
ramollie. C ’eft: une forte de combuftion lente &
imparfaite, qui explique pourquoi des hommes