
leflive bouillante de potafle cauftique en a dégage
jTodeur de l'ammoniaque, l’a fait diminuer de volume,
& lui a donné la forme d'une matière légère
& floconeufe : la liqueur alcaline filtrée ,
faturée d'acide nitrique , ôc foumife à 1 ébullition
pendant quelques minutes, a donné, par 1 eau de
chaux , un précipité très-abondant, qui a été reconnu
pour du phofphate calcaire. Ainlî le précipité
formé dans la diffolution aqueufe par l'ammoniaque
, contenoit de l'acide phofphorique :
on a en fuite reconnu la bafe à laquelle cet acide
étoit uni, par les expériences fuivantes.
Les flocons légers, féparés par la potafle qui
avoit enlevé l'acide phofphorique, avoient une
couleur jaune, une conliftance pateufe, & la propriété
de fe durcir par le defîéchement. L'acide
futfurique les a prefqu’entiérement diffous, excepté
un peu de fulfate de chaux qui s'eft formé,
& cette diffolution , filtrée & abandonnée à une
évaporation fpontanée, a offert, au bout de quelques
jours, des criftaux prifmatiques dont la faveur
, la folubilité & toutes les autres propriétés
étoient parfaitement femblables à celles du fulfate
de magnéfie. Le pollen du dattier contient donc
aufli du phofphate magnéfien comme plufieurs fubf-
tances animales.
§. VI. Examen de la matière dont le phofphate de
magnéfie a été féparé par £ ammoniaque*
La diffolution aquéufe de l’extrait du pollen,
traitée d’abord par l'alcool, privée, par l'addition
de l’ammoniaque , du phofphate magnéfien
qu'elle contenoit, ayant été évaporée en confif-
tance d'un firop clair, a fourni, par le refroidif-^
fement, une maffe grenue, remplie de petits criftaux
prifmatiques & tranfparens. Ce fel étoit une
combinaifon de l'acide malique avec l ’ammoniaque
, puifque la chaux & un alcali cauftique en
dégageoient des vapeurs .ammoniacales extrêmement
vives. A la vérité, elle ne précipitoit que
très-légérement par l’eau de chaux, parce qu'elle
ne contenoit plus de phofphates, qui épaiflif-
foient auparavant lé volume des précipités i mais
après y avoir ajouté une certaine quantité d’eau
de chaux, il s'y eft formé, au bout de quelques1
jours, des criftaux allez gros de Véritable malate
de chaux.
Cependant la liqueur dont il s'agit ici n'étoit
pas entièrement formée de malate d'ammoniaque}
car en l’expofant au feu, elle exhaloit une odeur
de matière animale brûlée , au lieu d'une odeur
de caramel, comme le fait l'acide malique pur.
D’ailleurs, l’infufion de noix de gale formoit dans
fa diffolution un précipité brun & vifqueux affez
abondant. Ainfi l'eau appliquée au^pollen du dattier
avoit diflous, par l'intermède de l'acide ma^
Jique, cette matière animale; & ce qui le prouve ,
c’eft que, quand une fois la plus grande partie de
J'acide malique a été enlevée par l'alcool, le phofphate
de chaux, en fe précipitant, en a entraîné
une grande quantité, qui a mis ce fel à peu près
dans le même état que celui qui forme les calculs
falins-terreux de la veflie ou la matière des os.
§. VII. Remarques fur la préfence des phofphates de
chaux & de màgnéfie dans le pollen du dattier, fy
fur leur dijfolution dans la lejfive aqueufe de et
pollen*
Les expériences précédentes prouvent que les
phofphates de chaux & de magnéfie étoient tenues
en diffolution dans l’eau avec laquelle on
avoit lavé le pollen du dattier ; cependant l'on fait
que ces fels, & furtout celui de chaux, ne font
pas folubles dans l’eau, feuls & par eux-mêmes;
mais comme ils font accompagnés par de l'acide
malique, il paroit certain que c'en à cet acide
qu’ils doivent leur indiflolubilité. Ainfi 5 lorfqu’on
lave avec de l'alcool ces matières fép:rées de
i'eau , & épaiflies en extrait par l’évaporation, ce
liquide enlève une grande partie de l’acide malique,
& le réfidu laiffe dépolér, comme on 1 a vu,
eh fediffolvant dans l'eau, une portion.de ces fels,
& fpécialement de phofphate de chaux, qui r.e
trouve plus alors une fuffifante quantité d'acide
pour être diffoluble; cependant il paroîc qu'une
portion d'acide malique eft combinée affez intimement
aux phofphates, & notamment à celui
de magnéfie, pour que l'alcool ne puiffe pas le
féparer. il fuit de là que le phofphate de magnéfie
paroît avoir plus d’affinité pour l'acide malique
que le phofphate de chaux ; car il n’y a pas lieu
de douter que ces fels ne foient rendus folubles
dans l'eau, par leur combinaifon avec l'acide malique,
comme on vient de le dire. On voit donc
maintenant la raifon pour laquelle l'alcool enlève
, une portion d’acide malique au mélange des matières
dont fe compofe l'extrait du pollen , pourquoi
le réfidu dépofe du phofphate de chaux quand
on le diffout dans l’eau, & pourquoi enfin le phofphate
de magnéfie relie en diffolution dans l'eau, 8c exige, pour en être féparé, l’addition de l'ammoniaque
ou de tout autre alcali.
§. VIII. Examen du pollen lavé & expofé a Tair.
Après avoir trouvé que l ’eau enlève au pollen
du dattier de l’acide malique, des phofphates de
chaux & de magnéfie, & une matière analogue à
celle que fourniffent les animaux, il faut s'occuper
de l'examen de la partie du pollen tout-à-fait .indif-
foluble dans l'eaü. Le pollen bien lavé avoit été
mis à égoutter fur du papier Jofepk. Ayant demeuré
huit jours fur une planche du laboratoire,
au lieu de fe deffécher & de reprendre fa forme
naturelle de poudre, fes parties fe font ramollies,
collées enfemble, & ont formé une efpèce de
• pâte, où il s’eft établi une fermentation qui lui a
fait contracter une odeur extrêmement fétide,
analogue à celle du fromage vieux. Cette odeur
avoit attiré les mouches ; car on y a trouvé beaucoup
de larves de ces infeCtes , qui s’y nourrif-
foient. j -
Cette matière, ainfi altérée, a pris, par ladef-
ficcation complète > une demi-tranfparence 8c une
dureté qui approchoient de celles de la colle-forte.
Avant d’êcre entièrement defféchée, elle fe dé-
layoic facilement dans l’eau, où elle reftoit fuf-
pendue pendant long-tems, & lui donnoit la propriété
de mouflèr comme le favon. L'eau dans laquelle
on avoit ainfi délayé du pollen pourri, étoit
coagulée par les acides & les fels calcaires ; ce qui
prouve qu'il s'étoit formé une efpèce de favon
pendant la fermentation que le pollen avoit éprouvée.
Les alcalis fixes en dégageoient une forte
odeur d'ammoniaque : ce favon étoit donc de nature
ammoniacale.
Trente-deux grammes environ du pollen qui
avoir fermenté, comme il a été dit plus haut,
fournis à la diftillation, ont fourni d’abord un liquide
blanc qui s'eft peu à peu coloré : quelque
tems après il a paflfé une huile rouge fétide & du
carbonate d'ammoniaque, dont une partie a crif-
tallifé fur les parois du récipient, & une autre eft
reliée en diffolution dans la liqueur. Une portion
de l’huile étoit à l'état de favon ammoniacal; car
les acides fèparoient une grande quantité de cette
huile de la liqueur filtrée.
Il reftoit dans la cornue un charbon affez volumineux,
brillant & difficile à brûler ; cependant,
à l’aide du tems & d'une chaleur fuffiiante , on
l’a réduit entièrement en une cendre blanche, qui
s’eft diffoute complètement & fans effervefcence
dans l'acide nitrique , dont elle a été enfuite précipitée
par l'ammoniaque. Ce précipité, lavé &
defféché, pefoic trente-fix centièmes de gramme :
c etoit du phofphate de chaux. On doit conclure
de ce dernier tait, que la quantité d'acide malique
exiftant dans le pollen du dattier n'eft pas fuf-
nfante pour rendre diffoluble la totalité du phofphate
de chaux qui y eft contenue, & que, malgré
les lavages multipliés qu'on a fait fubir à ce pollen,
il eft refté une portion du fel calcaire que
l'incinération a développée. Ainfi le pollen contient
une plus grande quantité de phofphate de
chaux , que celle qui a été annoncée plus haut.
§. IX. Traitement du pollen non lavé par Içs acides.
Un gramme de pollen non lavé, mis à froid dans
l'acide muriatique, a paru d'abord s’y combiner
& s’y diffoudre ; huit jours après, la liqueur filtrée
avoit une couleur jaune - verdâtre, ainfi que le
pollen non diflous. Cette liqueur jauniffoit beaucoup
par l’ammoniaque, & laiffoit dépofer une
poudre de la même couleur. Cette expérience
prouve que le pollen prend avec l'acide muriatique
une couleur jaune plus foncée que celle qu'il a naturellement,
& qu'une portion de cette iubftance
fe diffout dans l'acide muriatique, puifque l'ammoniaque
en féparé une matière colorée, mêlée
ou peut-être combinée avec une petite portion de
phofphate.
Un gramme de la même fubftance, mis avec
de J'acide nitrique, a pris auffitôt une couleur
jaune, & a paru fe diffoudre ; mais au bout de
quelques jours, la pouffière s'eft féparée, & eft
venue occuper la partie fupérieure de la liqueur :
celle-ci avoit une belle couleur jaune-citrine; elle
étoit précipitée aflez abondamment par l'eau de
chaux, 8c ce précipité étoit d’un jaune très-foncé.
Sa nature, étoit la même que celle du précipité
opéré par l'ammoniaque dans l’expérience precé*-
dente. Le pollen ainfi traité, lavé avec de l'eau
diftillée, a pris, en fe defféchant, une couleur
jaune très-intenle, la forme d'une bouillie à laquelle
la defficcation a donné une demi-tranfparence
& de la dureté. Mis fur un charbon allumé,
il fe ramolliffoit, & exfudoit de toutes parts une
fubftance huileufe ; il laiffoit bientôt un charbon
léger. Le pollen avoit donc éprouvé un commencement
d’altération de la part de l’acide nitrique,
puifqu'il préfentôit, après avoir fubi fon aétion,
des propriétés qu'il n’avoit pas avant : il paroîc
qu'il avoit acquis un caraéfcère graiffeux, comme
les fubftances animales traitées par l'acide nitrique*.
Cette altération , indiquée par i’eflai précédent,
ayant paru mériter d'être mieux connue , ort
a refait l'expérience de la manière fuivante. Seize
grammes de pollen non lavé ont été mis dans une
cornue de verre avec de l ’acide nitrique, affoibli
à trente degrés de l’aréomètre : il fe manif.dta au
premier conta<51, & fans le fecours du feu , une
adion entre les matières. Le pollen parut.fe ramollir
& fe diffoudre dans l’acide nitrique : fa pouf-
fière formoit une maffe homogène, demi-tranfpa-
rente , & préfentant la conliftance d'uqe bouillie.
Bientôt après, 8c toujours à froid, il fe développa
un gaz qui, fe dégageant avec peine du milieu
d'une matière épaiffe, la foulevoit, comme cela
arrive à la levure de bière en fermentation : ce
gaz étoit, pour la plus grande partie, du gaz
azote, mêlé feulement d’une petite quantité de
gaz nitreux.
Ce mélange, fournis à l’aétion d’une légère cha*
leur , entra bientôt en ébullition ; il produifit un
grand volume de gaz, qui fut, depuis le commencement
jufqu'à la fin de l’opération, un mélange
de gaz nitreux & d’acide carbonique. Quelque
tems après l'ébullition, il fe forma une fubftance
huileulè, de couleur jaune, qui nageoit à la iur-
face de la liqueur. La quantité de cette matière
graflè fembioit faire des progrès comme le tems
de l’opération ; mais elle parut rétrograder vers la
fin : alors on retira le mélange du feu. Quand, il
fut refroidi, la fubftance graiffeufe fe figea ; elle
formoit une couche affez épaiffe fur la liqueur «
celle-ci avoit une couleur jaune très-foncée, fei&r
Rr rr 1