
procure jamais que dans un état de combinaifon.
Cependant on le pèfe, on le mefure, on le combine
, on le dégage ; mais a dans tous les cas, c'efl
toujours avec quelqu'autre matière, lié à quel-
qn’autre corps qu'on l'étudie 5 en forte qu'on peut
dire que fon premier caraétère eft d'attirer tres-
fortement, & d'être attiré luirmême avec une
grande force* On eft obligé de le conlidérer d’abord
comme un êtr-e abftraic, métaphyfique, lorf-
qu'on ne doit point parler encore de fes combi-
naifons. 11 faut le voir comme, un des principes les
plus fréquens & les plus abondans qi:e les ch’miftes
trouvent dans leurs anafyfes* en le diilinguant cependant
avec foin de. ce qu'on dëlignoir par ce
mot de principes dans l'ancienne chimie, oïl cette
dénomination étoit appliquée à plufieurs êtres fan-
taftiques.
Le nom à’oxig'ene lignifie prodaifant ou engendrant
les acides , & c'eft en effet là une des propriétés
les plus caraâérifiiques de ce corps . découvert
en août 1774. lous la forme de gaz, par
Prieftley. Il fut d’abord nommé air déphlogiftiqué;
en le nomma fuccelfivement ènfuite air éminemment
refpirable, air pur, air vital, tant que l'on ne
fut pas reconnoître que cette forme aérienne n'é-
toit Cju'une de fes combinaifons ; que, malgré qu'il
la prit fouvent & que cet état fût celui où l'on
pouvoir l'avoir le moins impur, il pouvoit cependant
être conçu dans d'autres états, & furtout
qu'en fe combinant dans beaucoup de corps il
dépouilloit cette fluidité élaflique, cette apparence
aérienne. Une fois cette vérité bien prouvée
& clairement expofée par Lavoifier, on fentit
H U W de lui donner un nom différent, qui
pût convenir à tous les états où il peut exifler,
autant à celui de gaz, qu’à la forme liquide ou
folide. Lavoifier lui donna d'abord celui de principe
oxigine ; on le nomma principe forbi/e ou for-
bile, à caufe de fa facile abforption par beaucoup
de corps i empyrée, parce qu’on le regarde comme
le,principe, l'élément de l’atmofphère. Enfin,
l'Ecole françaife s’étant décidée pour le mot oxi-
gene, en admettant un fimple changement de ter-
minaifon dans le premier mot propofé par Lavoifier,
ce nom a été généralement adopté.
Voxigene, ainfi que beaucoup d’autres corps
naturels, fe trouve dans trois états , mais- dans
aucun d eux il n’eft feul ou ifolé. Sous forme ga-
zeufè, il eft diffous dans le calorique ; fous forme
liauide & folide, il eiï combiné avec différentes
fuoflances, & jamais il ne peut exifler concret &
pur, fans combinaifon, comme le peuvent une
foule d’autres matières autant indécompofables
que lui. S’il eft permis à l'efpvit de le concevoir
feul, ifolé, pur, en état folide, l'expérience n'a
point encore pu conftater ce fait, & c’eft une
découverte qui repofe encore dans le fein de la
nature, ou qui peut-être exifte mal défignée &
cachée fous le nom de quelque fubftance encore
inconnue dans nos collections de minéraux.
Comme Voxigene eft contenu fouvent fous h
forme, plus ou moins folide dans plufieurs foftiles
narurels qui ont éprouvé la combuftion, & comme
11 a beaucoup d’attra&ion pour le calorique P il
fuffît de chauffer, plus ou moins fortement, quelques
uns de ces fofliles-, o-u de les pénétrer d'une
grande quantité de calorique pour en dégager ce
principe, l’ohtsnir foi s la forme d'air ou de
gaz ; c’eft ce-que font les chimiftes pour fe pro-
Civ c f *e gaz 0Xl8enye' $$ expofent à un feu allez,
actif quelques matières, furtout métalliques, brûlées
par la nature ou par l’art., dans des vaiffeaux
fermés, difpofés de manière à pouvoir conduire
« recevoir dans 'des cloches le fluide élaftique
qu jls doivent recueillir. La matière brûlée repafle
à 1 état combuftible , & V oxigcne' 3 qui la confti-
tuoit matière brûlée, fëparé & fondu par le calo-
riqùe avec lequel il a une grande attraction, &
dans lequel il eft très-diffoluble, fe développe en
gaz. Il eft le produit d’une vraie décombuftion.
Comme, dans les opérations où l'on forme &
ouJ on obtient Voxigene en gaz, on obferve que
la flamme qui traverfe les vafes avec le calorique
contribue à la promptitude & à l’abondance du
dégagement du gaz, on en a conclu que la lumière
étoit un des principes de cette efpèce d’air, &
qu il étoit compofé Voxigene, de calorique & de
lumière. Mais^ tous les faits de phyfique & de
chimie fe réunifiant aujourd’hui pour prouver que
la lumière & le calorique ne font qu’un même
corps dans leur état de combinaifon furtout, on
regarde le gaz oxigène comme une fimple combinaifon
d’oxigène & de calorique.
Le oxigène 3 préparé par le procédé indiqué,
a toutes les apparences de l’air : invifible, rare,
fluide élaftique, comme lui, il eft impoffible de ie
diftinguer a la vue de ce fluide atmofphetique
mais il a des propriétés bien différentes lorfqu’on
. l’examine comparativement. Il eft plus lourd que 1 air de l atmofphère d’environ fix centièmes. Un
décimètre cube de gaz oxigène pèfe à très-peu près
treize cent cinquante-fept décigrames ; un mètre
cube treize cent çinquante-fept hcétogrames f le
pouce cube un demi-grain; le pied cube une once
quatre gros douze grains) ; il anime la combuftion
de tous les corps combuftibles ; il en augmente
beaucoup la flamme ; il produit beaucoup de chaleur
en brûlant ces corps ; il eft abforhé tout entier
dans la combuftion 3 il fert plus long-tems à la
respiration des animaux, & élève plus vîte que
l’air la température de leur fang.
Lorfqu on emploie le gaz oxigène à une combuftion
, dans le plus grand nombre de cas il paffe
de 1 état gazeux a 1 état folide 3 il fe précipite de
fa diffolution gazeufe 3 il abandonne fon diffol-
vant, qui fe dégage en lumière 6c en chaleur;
aufli lès chimiftes modernes attribuent-ils ces deux
phénomènes à la décompofition du gaz oxigène ;
ils prouvent par-là que la flamme & la chaleur
appartiennent à la précipitation de ce gaz, à la
Réparation , au dégagement de fon diffalvant, &
non pas .aux corps combuftibles , comme on le
perifoit autrefois. Ceux-ci ne font qu’abforber
Voxigene, qui fe liquéfie dans ces cas ou fe folidi-
fie,en perdant le diffolvant qui le tenoit fon iuen
fluide elaftique.
En mefurant, par la fonte de la glace, la quantité
de calorique qui fe fépare pendant la précipitation
de Voxigène dans différens corps combuftibles
, les chimiftes modernes ont conclu de la
différence qu’ils ont obfervëe , que Voxigène fe
précipitoit ou fe fixoit plus ou moins folide dans
les diverfes combinaifons; qu’il y confervoit plus
ou moins de Ton ancien diffolvant, du calorique,
& que c’étoit à cela qu’étoient dus la diverfité de
chaleur & de flamme produites, ainfi que les divers
degrés d'adhérence ou de force néceffaire pour
féparer l ’oxigène des combinaifons fluides ou foli-
des dont il faifoit partie. Iis onr même conftruit
des efpèces de tables repréfentant la quantité variée
de calorique dégagée du gaz oxigène pendant
fa fixation. Aucune découverte moderne n'a plus
agrandi la doctrine pneumatique que celle de la
quantité différente de caloriq ie dégagée de Voxigene
t où retenue par ce principe fixé dans fes combinaifons
par la combuftion.
Ces phénomènes ont engagé les chimiftes à diftinguer
deux efpèces de combuftion en général ;
la combuftion rapide, & la combuftion lente. Dans
la première, le gaz oxigène perd promptement la
plus grande partie de fon calorique,'qui donne
alors beaucoup de chaleur & de flamme ; dans la
fécondé , il ne fe fépare que très-lentement, Sc
quelquefois fous une forme à peine fenfibte, une
petite quantité de calorique qu’il eft alors pref-
qu’impoflible d’apprécier. Le réfultat de la première
, pat rapport à l’oxigène, eft que les corps
qui l ont abforbé, le contiennent folide, prefque
entièrement privé de fon diffolvant, & très-adhérent
, très-difficile à en fëparer. :Le réfuhat de la
fécondé, au contraire, eft que les corps dans lesquels
Voxigene s’eft précipité, ne le retiennent que
légèrement folidifié, pea altéré, & facile i en
dégager. On débrûle très-difficilement les premiers
; on débrû'le facilement «les féconds. Les
uns, expofés à la lumière, prefque feuleou aidée
feulement d’une petite quantité de calorique, laif-
fent dégager le gaz oxigène, & repaffsht à l’état
de corps combuftibles ; les autres ont befoin d’êtte
pénétrés d’une grande quantité de calorique & de
lumière pour perdre leur oxigène.
* Tous les corps combuftibles abforbent des quantités
différentes dïoxigène en brûlant, peuvent être
portés à différens états dè corps brûlés, fuivatlt la
Proportion d’oxigène qu’ils ont abforbée ; l’abfor-
bentplus où moins folide ou plus ou moins fépare
de fon diffolvant, même dans les différentes proportions
qu’ils en prennent, & attirent non-feulement
diverfement ce principe, mais les diverfes
quantités'qoils en contiennent. La règle de l’attraéïion
en raifon inverfe de h faturation a lieu
ici comme dans toutes les autres efpèces de combinaifons.
Les attrapions de Voxigene variant entre chaque
corps différent, il s’enfuit qu’en préfentant un
compofé qui le contient à un corps qui a plus
d’attraPion pour lui qu’il n’en a pour le premier
corps auquel il eft uni, il pafle du premier compofé
dans le fécond corps ; & comme il eft rare
que chaque matière avec laquelle il peut fe combiner
I’abforbe ou puiffe le retenir dans le même
état de folidité, également pourvu ou dépourvu
d’une partie de Ton diffolvant, de là vie nt que
lorfque, fans quitter l’état fluide ou folide, il
paffe d’un corps dans un autre, tantôt le mélange
s’échauffe fi le corps qui l’abforbe doit retenir
Voxigene plus folide qu’il n'étoit, tantôt il y a
refroidiffement fi le corps qui l’attire ne peut le
prendre que moins folide. Le premier de ces deux
cas va fouvent jufqu’à l’inflammation ; ce qui a
lieu quand la différence de folidité qu’il acquiert
en pairant d’un corps dans l’autre^, exige une forte
& prompte féparation du calorique.1
Dans l’impoffibiiité où l'on eft de connaître 8e
de décrire les propriétés de Voxigene pur > puifque
la nature ne l'a point encore préfenté aux hommes
dans cet état, & puifque l’art n’a encore trouvé
aucun moyen de l’y porter, il ne refte d’autre
manière de le caraétérifer, que de déterminer les
propriétés du gaz oxigène ou de Voxigène diffouS
dans le calorique , 8r celles qui naiftent dans les
corps par leur union avec Voxigene liquide fo-
lide. On a déjà vu , par ce qui a été expofé jaf-
qu’ ici far le gaz oxigène, qu’il eft bien caraétéiifé
par la propriété exclufive de fervir à la c mbuf-
tion comme à la refpiration des animaux, d’y fer-
vic jufqu’à la dernière molécule ou la plus petite
bulle de fon état gazeux, & d’être la fource du
calorique & de la lumière qui fe dégagent dans
ces opérations : on a aufli indiqué fa pefanteur
fpécifique, qui le fait aifément reconnoître par
le rang qu’éile lui donne parmi tous les corps r.éri-
formes.
Quant aux propriétés que fait naître l’oxigène
en le fixant à l’état liquide ou folide dans les
différens corps avec lefquels il a de l’attra&ion,
il eft bien évident que celles que les compofés
oxigénës acquièrent par la fixation de ce principe
, propriétés qu’ils n’avoient point auparavant
, & qu’ils perdent lorfque ce principe s'en
fépare , peuvent être regardées comme lui appartenant
, ou au moins comme produites par Ta pré-
fence, & propres à le cara&érifer jufqu’à ce que
l’on puiffe l’examiner feul & pur. Or, parmi ces
n riétés, une des plus confiantes eft ae donner
1 faveur plus ou moins forte aux corps qui
n'en ont pas, ou d’augmenter celle que les Corps
avoiint déjà. Ainfi, quoiqu’il ne faille pas dire
que Voxigène eft U-CauTè de toiït'e faveur, oïi doit
. C c c 2