
tats qui, fi je ne me trompe beaucoup ; conver-
tilTent en lois de la chimie les fuppolitions les plus
paradoxales qu'on ait avancées dans la théorie
huttonienne.
" Mes expériences montrent que , lorfqu'après
avoir réduit én poudre divers carbonates de chaux,
tels que la craie, le marbre, les coquillages marins
& la fpath calcaire, on refoule cette matière pulvérulente
dans un petit tube de porcelaine, qu'on
renferme dans des enveloppes d'une lolidité iuffi-
fante , & qu’on expofe ainfi à la température exprimée
par le vingt-unième ou le vingt-deuxième
degré du pyromètre de Wedgewood, c’eft-à-dire,
celle à laquelle l’argent pur le fond (1) : alors le
carbonate fubit une retraite confidérable ôc s'agglutine
en maffe folide , qui, fous le rapport de ia
dureté & de la pefanteur fpécifique, fe rapproche
beaucoup de la pierre calcaire ordinaire, & quelquefois
l ’égale tout-à-fait. Cette fubftance a fou-
vent acquis la fra&ure brillante, la demi-tranfpa-
rence, la faculté de prendre le poli & l'afpeét
général du marbre. On obtient le même réfulcat
en traitant de la même manière un morceau folide
de craie j & fi on l'a mefuré préalablement dans
le canal pyrométrique de Wedgewood, on trouve
qu'il a iubi, par i’aétion de la chaleur, une retraité
trois fois plus confidérable que celle qu'éprouvent
les cylindres pyrométriques à la même température.
Le carbonate, ainfi expofé à I'aétion de la
chaleur, perd très-peu de fon poids: dans plufieurs
cas cette perte ne s'élève pas même'à un pour
cent, & dans d'autres il n'y a aucune perte appréciable,
ou elle eft fi peu fenfïble qu'on peut la négliger
lans erreur. Loifqu’on jette cette pierre calcaire
artificielle dans un acide, elle fe difiout avec
forte effervescence, & continue à produire du
r (i) Je faifîs cette occafion de Signaler une erreur affez
grave, qui s'eft g îiffcê fur ce point dans l’échelle pyronié-
trique de Wedgewood. Cette erreur eft d'autant'plus fâ-
cheufe, qu’elle a été introduite & fanftionnée par la première
des autorités en cette matière , celle de l’auteur même
de l’appareil. Dans l’écrit dont il accompagna fon pyromètre,
il donna une table dans laquelle il exprimoit en
degrés de l’échelle de cet inftrument, certains effets produits
à diverfes températures, 8c il alïïgna le vingt-huitième- degré
comme Celui auquel l’ argenç commence à f e fondre. Or,
dans mes nombreufes expériences., j’ai vu l’argenc pur couler
au vingt-deuxième degré, Ôc le doreur Kennedy avoir ob-
lervé ce fait avant moi:.
Cette obfervation fe rapporte aux cylindres pyrométriques
préparés par feu M. Wedgewood, 8c qu’il compofoir
d’un mélange d’alumine avec la terre à porcelaine de Cornouaille
: ceux-là étant les.feuls qui aient jamais été diftri-
bués aux chimiftes, doivent certainement être conlîdérés
comme les feuls authentiques.’ Il en avoir fait antérieurement
d’autres de terre de Cornouaille pures, 8c qui n’a-
yoient jamais été mifes en circulation, ou que du moins il
h’avoir donnés, qu'à quelques amis. Il eft poliible que la différence
que je viens d’indiquer ait. été occaûonoée par des
expériences faite? avec ces premiers cylindres, dont la propriété
centraélilé n’étoit pas-la .même que celle' des cylindres
pyrométriques qui ont été mis ehfuite dans le commerce.
(A.)
gaz pendant tout suffi long-tems que le plus petit
atome de carbonate demeure vifible.
m Je fuis en poffelfion de ces faits déjà depuis
l'année'îSoi , & j'ai pendant long-tems eflayé
inutilement de fondre lé carbonate. Dans un feu 1
cas, & à-la fuite d’un accident, je l'obtins à l’etat
d'une efpèce d'écume qui ne pouvoit avoir été
produite fans fufion préalable. Mais n’ayant pu répéter
cette expérience, je répugnois à la publier,
ainfi que tous les faits dont j’ai parié, jufqu'à ce que
je puife le faire d'une manière plus fatisfaifante.
Enfin, dans le cours de l’hiver-dernier, à l'aide
de quelques perfeétionnemens dans mes procédés
& d'appareils plus puifïans, j’acquis la faculté de
répéter plus d'une fois, & même avec affez de
certitude, les mêmes refultats que j’avois d'abord
obtenus du hafard. Non-feulemenr je parvins à
produire une agglutination dans les molécules du
carbonate de chaux, mais une fufion réelle : la
fublhnce avoit coulé fur elle-même , êc revêtu
une forme arrondie & une furface vitreufe 5 en un
mot, elle paroiffoit avoir été réduite à l’état d'une
pâte de la même confiftance que celle de la cire à
cacheter fondue. En général, la fufion a été accompagnée
d'une légère ébullition, qui a quelquefois
converti la maffe en une forte d'écume, &
d'autres fois n'a produit qu’ un petit nombre de
bulles. Cette maffe eft fort brillante à l'extérieur
& dans fa fra&urê. Ce brillant eft, dans certains
cas , l’effet d'un nombre infini de facettes crifial-
lifées ; dans d'autres , c'eft un luftre adouci &
continu comme celui du verre 5 dans un nombre
d’échantillons , orî^ap perçoit diftinétement la crif-
tallifation du fpath récemment formé, & on découvre
dans la maffe criftalline un nombre de facettes
parallèles qui ont un reflet commun. On
peut en reconnaître quelques-unes à 1 oeil nu,
quoiqu’en général il faille s'aider delà loupe pour
les bien obferver.
» Dès que le carbonate commence à fe ramollir,
il attaque fortement le tube de porcelaine
( compofé ordinairement d'argile pure de- Cornouaille
) dans lequel il eft renfermé, parce que
le compofé des deux terres eft , comme on fait,
beaucoup plus fufible que l’une ou l'autre prife
fépârément. Ce verre pénètre au travers de toutes
les petites crevaffes , & s’étend jufqu’au-delà
du point de 1 ontaéf entre le carbonate & le tube.
Sa limite eft indiquée par une ligne noire , dont je
n’ai pu encore expliquer la couleur. Avant le période
de ia fufion , il ne paroît pas qu'il y ait aucune
aéfcion réciproque enrre le carbonate & la
porcelaine: le premier reçoit de celle-ci l'impref-
fion exaéte de fa forme, acquife fans doute à l'époque
où la matière pulvérulente â été refoulée
dans le tube. Dans ce cas, le carbonate demeure
tout-à-fait libre, & on l’entend balloter lorfqu’on
fecoue le tube avant de l'ouvrir (1).
(1) Cette circonftance nous paroît difficile à concilier avec
» Lorfqu’on a refoulé dans le tube du filex pul- j
vérifé en contaétavec le carbonate, il y a eu quelquefois
union entre les deux fubftances, qui ont
produit une matière reffemblant jufqu'à un certain
point à la calcédoine , mais qui pré lento il des indices
evidens de fufion , car elle avoit coulé de
manière à former des ftnla6titt.s & des ftalagmires
en miniature. Cette fubftance fait une toible etfer-
vefcènce dans les acides, & dans certains cas elle
laiffe dans la liqueur un nuage demi tranfpartnt
de matière non diffoute. D'autres fois elle ic dif-
fout en entier , &: la folution, évaporée jufqu'à un
certain point, paffe à l’état de gelée. On voit là une
preuve d’union réelle entre le carbonate le filex.
» Dans toutes les expériences dont j’ai parlé,
les vaiffeaux ont été expofés à une force expan-
five très-énergique, qui en a détruit un grand
nombre j ainfi beaucoup d’expériences ont été
perdues, & d'autres n'ont réufli qu’en partie j mais
ces dernières ont Couvent acquis du prix en faifant
connoître des faits collatéraux qui avoient de l'importance.
Ainfi j'ai trouvé que, dans certaines cir-
conftances, une calcination partielle avoit eu lieu,
c'eft-à dire, qu'une portion de l'acide caibonique
avoit abandonné le carbonate, quoique cette dernière
fubftance eût conjervé affez d'acide pour
jouir encore de la plupart des propriétés qui la
caraéférifent. Quand la perte qu'elle a éprouvée
ne dépaflfe pas-deux , trois & jufqu’à quatre pour
cent, je trouve que ce carbonate eft encore fuf-
ceptible d’être agglutiné & fondu ; mais fti fufibi-
lité eft fort diminuée, & il faut une température
de quarante à cinquante degrés (W .) pour produire
des effets qu'on auroit obtenus avec une
température de vingt à vingt-cinq degrés fi la
terre calcaire eût été complètement faturée d a-
cide carbonique, & le carbonate imparfait qu on
obtient ainfi eft fujet à tomber en efflorefcencepar
l'aâion de l’air. Ces différences indiquent bien
évidemment que l'acide carbonique agit comme
flux fur la terre calcaire à laquelle il eft afiocié.
» Après avoir ainfi établi la fulibilité du carbonate
calcaire fous une prejfion indéfinie, je cherchai
à déterminer les limites de cette prejfion, &
én particulier Ton minimnm, de manière cependant
à produire l'effet déliré. Dans ce but, j’ajoutai
apx appareils que j’avois déjà employés, celui dont
lé comte de Rumfort avoit fait ufage pour contenir
& mefurer la force expanfive de la poudre à
canon (1),
»3 J’employai une maffe confidérable qui repo-
foit fur une petite cavité, & dont je modifiois à * •
la prejfion confidérable, qui paroît être la condition eflen-
tiellement requife dans ces expériences. Peut-êcre cette'pref-
fion n’eft-elle néceffaire que dans la période antérieure à la
naiffance de l’a&ion chimique, de laquelle refaite la contraction
de'la maffe. Cll.j
• - • .(1) Voye? Bibliothèque britannique> tomeX, page3i3 8c
fuiy. (R.j
volonté la prejfion par un contre-poids. Je pouvais
ainfi comprimer le carbonate pour ainfi dira à un
degré quelconque. En procédant ainfi je trouvai
qu’une prejfion équivalente à celle de quatre-vingts
atmofp hères, c’eft-à dire, la même quia lieu à
environ un demi-mille de profondeur en nier, étoit
néceffaire pour qu’un effet quelconque de la com-
preffion fe manifènât fur le carbonate de chaux ,
& que, pour réuffir au complet, il falloir une force
quatre ou cinq fois plus grande.
33 J’ai effayé auffi d’appliquer à la houille les
mêmes procédés que j’avois employés pour le carbonate
de chaux, mais je l’ai trouvé beaucoup
moins traitable. J’ attribue cette différence à ce
que Le bitume, lorfqu’on lui applique la chaleur,
tend à s'échapper par l'effet de fon élaiiicîté fim-
ple , tandis que l'acide carbonique eft retenu en
partie dans le marbre par l'affinité chimique qu'il
a pour la terre calcaire. J’ai pourtant réuffi à contenir,
jufqu’à un certain point, la matière bitu-
mineufe delà houille expoiee-à la température de
l’ignition, de manière à l’amener, d’une part, à
l'état de fufion complète, & lui conferver, de
l'autre , fa faculté de btûler avec flamme. Mais je
n’ai pu y parvenir dans des températures capables
d'agglutiner le carbonate ; car lorfque j’ai refoulé
ces deux fubftances fucceffivement dans le même
tube, & lorfque le vafe a lupporté la force expanfive
des ingrédiens qu’il contenoit, j ’ai trouvé
que le carbonare s'étoit durci à l'état de bonne
pierre à chaux, mais que la houille avoit perdu
la moitié de fon poids b: fa faculté de brûler avec
flamme. Elle étoit devenue très-compaéte, &c
montroit une caffure brillante.
>» Quoique cette expérience n’ait pas eu le fuc-
cès que j’en efpérois, elle m'a été fort précieufe
fous d’autres rapports. On fait que là où une
couche de houille eft coupée par un dyke (une
veine) de Whinjlone, la houille, immédiatement
contiguë à la pierre, eft incapable de donner de la
flamme > & qu'on la diftingue de l'autre par l’épithète
de blind coal. Le doéteur Hutton a expliqué
ce fait, en fuppofant que la partie bitumi-
neufe de la houille a été chaffée par la chaleur locale
du Wkinfione3 dans des endroits où la température
étoit moins élevée, & où elle aura probablement
été retenue par un effet analogue à la
diftillation 5 mais ces effets pnt eu lieu fous une
prejfion capable de contenir l'acide carbonique du
fpath calcaire qu’on trouve fréquemment dans les
roches de cette efpèce. Nous avons, dans la dernière
expérience que je viens de citer, une repré-
fentation fidèlle de la marche de la nature, puif-
que la houille a perdu fon pétrole tandis que la
craie en contaél avec elle a confervé fon acide
carbonique.
33 J’ai tenté quelques expériences du même
genre fur des matières végétales & animales. J’ai
trouvé que leur expanfibilité étoit beaucoup plus
grande que celle de la houille, & j'ai été forcé