C en d an t a in fi ju fq u 'a n x métaux îe s p lu s c a f t a n s ,
v o i c i le ran g q u 'i l s o c c u p e n t r e fp e & iv em e n t :
L 'o r ,
Le platine ,
L'argent,
Le fe r ,
L'étain ,
Le cuivre ,
Le plomb ,
Le palladiumî
Le zinc,
Le mercure ,
Le nickel,
Le tungftène,
Le bîfmuth,
Le cobalt,
L’antimoine ,
Le manganèfe ,
L'urane ,
Le molybdène ,
Le titane ,
Le chrome,
L'arfenic, &c.
Il faut remarquer que le rang des onze derniers
métaux indiqués, qui font tous plus ou moins caf-
fans, n’ eft pas auffi bien déterminé que celui de
la véritable duCtilité des onze premiers > que le
nickel femble un peu plus fe rapprocher de la :
demi-duCtilité du zinc j que quelques auteurs
même l’ont placé avant ce dernier par cette propriété
, quoique je ne les croie pas bien fondés
dans cette alïerticn, & que les métaux les plus
récerrment connus, le molybdène, le titane,
l’urane & le chrome, à plus forte raifon le tantale,
le cérium, &c. n’ont été ni affez étudiés
encore, ni peut - être affez bien purifiés pour
qu’on doive regarder comme définitif le rang quë
j’ai allrgné aux quatre premiers d'entr’eux.
29. La ténacité exprime la cohéfion des molécules
métalliques les unes avec les autres. Comme
cette propriété eft très-importante dans les arts ,
on l’a depuis long-tems mefurée par le moyen de
fils métalliques du même diamètre , a l’extrémité
defquels ôn fu-fpend des poids, qu’on augmente
jufqu’à ce que ces fils viennent à fe rompre. I e fil
eft fixé par fôn extrémité fupérieure, & tiré par •
l'inférieure , à laquelle les poids font attachés. On
ne peut eftimer cette force que fur les fepc fubf-
tances métalliques duCtiles à la filière t elles doivent
être rangées dans Tordre fuivant :
Le fer.
Le cuivre ,
Le platine *
L’argent *
L’o r ,
L’étain ,
Le plomb.
50. Je nomme cetuèuctibîKté la propriété qu'ont
les métaux de laiffer paffer rapidement entre leurs
molécules le calorique, d’enlever conféquemment i
avec rapidité la chaleur aux autres corps, & de la
communiquer également à ceux qui les touchent
lorfqu’ils font eux-mêmes échauffes. On n'a point
encore fait d'expériences affez exaCles fur cette
propriété pour pouvoir offrir ici le rapport qu’elle
préfente entre les différentes fubltanccs métalliques
: il paroït qu’elle fuit une loi particulière
dans les métaux, & qu'elle eft fouvent dans une
raifon, finon inverfe , au moins très-différente de
celle de la fufibilité.
31. La dilatabilité par le calorique doit être
rangée parmi les propriétés phyfiques; elle ne
confifte que dans le fimple écartement des molécules
métalliques par celles du calorique, qui s’in-
terpofent & s'accumulent entr'elies, & qui, en
les traverfant, diminuent cependant leur adhé-
: rence ou leur attraction. Puifqu’elle n’altère pas
! les propriétés chimiques de ces corps, elle n’eft
véritablement qu'une aètion phyfique , & ne con-
fille que dans un commencement de changement
d’état par rapport aux fubftances métalliques.
Comme cette propriété a des rapports immédiatement
utiles, & néceffaires à bien connoïtre
pour l'emploi des métaux dans les arts, il feroit
très-effentiel de la déterminer pofitivement dans
ces corps, & cela n’a point encore été fait avec
l'exaCtitude qu’on peut y defirer. On fait qu’elle
eft fenfiblement proportionnelle , dans chaque
métal, à l’augmentation du calorique entre les
limites de la graduation de nos thermomètres •>
mais qu’aux approches de l'ébullition , la dilatation
fuit une loi beaucoup plus rapide que l ’élévation
de température , parce que la force expaofive
du calorique , n’ étant plus alors que faiblement
balancée par l'attraCtion réciproque des molécules
métalliques, eft employée prefque toute entière à
écarter les molécules entr'elies. Pour eftimer la
''dilatation des métaux, le rapport de cette dilatation
, fuivant une feule dimenfion, étant donné
par l’expérience pour un degré du thermomètre ,
on multiplie la fraCtion qui repréfente ce rappoit
par le nombre de degrés dont la température-a été
élevée j puis on double le produit s’il s’agit d’ ef-
timer la dilatation de la furface , & on le triple fi
1 on fe propofe d'eftimer celle du volume :enfuite
il ne refte plus qu a muhip;ier l’un ou l’autre de
ces produits par la furface ou par lafolidité du
métal, pour avoir la quantité abfolue de la dilatation.
32. La fufibilité eft, comme la précédente> une
véritable propriété phyfique , puifqu'on ne doit y
voir que l'effet de la dilatation, porté jufqu’au
degré où la force expanfive du calorique l’emporte
allez fur l'attraélion réciproque des molécules
métalliques, pour que celles-ci puiffent fs
mouvoir librement en tout fens & céder à la plus
légère preffion. On ne doit pas la confrdérer comme
une combinaifon du calorique avec les métaux.
puifque la fufion ceffe quand le calorique fe dégage
& puifque celui-ci doit être continuelletneht
renouvelé pour qu’elle ait lieu. Cette -propriété
varie finguliérement dans les métaux, &
chacun d'eux peut être chauffé a des degres fort
différens avant de fe tondre. Comme la température
à laquelle-ils s’élèvent au moment ou ils fe
fondent, ne peut pas toujours être mefurée ou
indiquée par les thermomètres, on l'a déterminée
dans le tableau fuivant, dû à M. Guyton-Mor-
veau, tantôt par le thermomètre a la graduation
de Réaumur, tantôt par l’échelle du pyromèrre
de Wedg'vood : on n’a pu même eftimer par approximation
celle de l’arfenic , plus volatil que
fufibleI & celles du molybdène , du tungftène ,
de l'urane, du titane, du chrome & de plufieurs
autres métaux caftans, très-difficile s à fondre en
général, & fe rapprochant de celle du platine par
cetre propriété.
. Fufibilité déterminée
par le
thermomètre..
31 — o mercure,
o — tellure.
168 -I- o étain.
205 -+- o bifmuth.
296 -t- o zinc.
343 -4-0 antimoine.
2. Fufibilité dé-
2 7 . . . . .cuivre.
, 28---- argent.
terminée au py- J . . .o r .
rometre d alu- j . fer, nickel, cobalt.
mme.............* y 160-4- x platine, manganèfe.
33. La volatilité eft la fuite & comme l ’extrême
de la fufibilité. Lorfque les molécules, affez
écartées par l’expanfibilité du calorique, fe meuvent
librement Us unes fur les autres, fi l’on accumule
encore du calorique entr’elies, elles s'encartent
davantage , fe fondent dans cette fubf-
tanee, partagent fa fluidité élaftique,& s’élèyent
en vapeurs qui fe condenfent à mefure que le calorique,
qui n’eft qu’interpofé , les abandonne.
On pourroit croire que cette propriété doit fuivre
U fufibilité ; mais quoiqu’on ne l’ait point encore
appréciée avec exactitude , on ne doit pas regarder
celle-ci comme la règle de celle-là. Autrefois
on donnoit pour caraCtère aux métaux caftans ou
dtmi-métauxy d’être volatils. On- obfervera que le
tellure tient le fécond rang ou vient après le mercure
î que l’arfenk, beaucoup plus volatil que
fufible, paroït tenir le troifième rang ; que le bifmuth
& l’antimoine fuivent immédiatement j que
l ’étain & le plomb , quoique beaucoup plus fufi-
bles que le dernier, ne font que rrès-difficilemenc
volatils y & qu’il faut un grand feu pour volarilr-
fer le cuivre, l’argent & l’or, métaux d’une fufibilité
moyenne > comme on le difoit autrefois : il
en faut un extrême pour réduire en vapeuF le fer
& tous les autres métaux peu fufibles.
34. I.a criftallifabiLité confifte dans la tendance
qu’ont les molécules métalliques,écartées les unes
des autres par h fluidité, de fe rapprocher par les
furfaces qul fe conviennent le mieux *.& de prendre,
p3r leur arrangement, une forme réguliere
& polyédrique. Lorfqu’après les avoir fondus on
laifte les mét-mx fe refroidir tres-lentement, &
lorfqu’on brife la furface figée, on trouve fous U
portion encore fondue de l’ interieur & après la voir
fait écouler, des criftaux plus ou moins réguliers,
qui dépendent du tétraèdre régulier ou du
cube , forme de leurs molécules intégrantes. On
verra les variétés que cette double forme fait
naître, dans I’hiftoire de chaque métal.
35. Tous les métaux poffèdent éminemment la
faculté conductrice de l’éleûricité, & on s’en fert
pour des conducteurs, ainfi que pour une foule
d’autres expériences électriques.^ Il paroït que le
galvanifme ou cette propriété d’exciter desmou-
vemens convulfifs dans les mufcles par 1 interpo-
fition de deux métaux différens qu on rapproche
l'un de l ’autre, après les avoir fait communiquer
avec les nerfs qui fe diftribuent dans ces mule les,
dépend de leur quantité conductrice, & qu’elle
n’eft que de I’éleôtricité, comme M. Volca la
prouvé. Seulement le fluide ele&rique fuit ic i ,
dans fa marche ou dans fa communication , une
loi un peu différente de celles qui le dirigent entre
des corps non animés, & il refte encore quelque
chofe à découvrir dans le galvanilme ou 1 e-
leCtricifme métallique, confédéré fous ce point
de vue.
36. L’odeur, propriété dont tous les corps font
doués» & qui, inhérente à leur nature, ne lup-
pofe, pour que l’homme & les animaux en aient
la fenfation, que le tranfport de ces corps dans
les narines, & leur contaCt avec les nerts olfactifs
, eft bien plus fenfible dans quelques métaux
que dans d’autres : auffi a t-on effayé de caraClé-
rifer certains métaux par cette propriété. Il faut
remarquer, par rapport à l’odeur , que les métaux
qui en jouiffent, paroiffent être enveloppés d’une
atmofphëre qui eft véritablement une diffolutiort
faturée de leurs molécules > que l'air emporte une
partie de cetre diffolution, l’applique à la fur-
face de tous les corps , conféquemment fur U
membrane fenfible des narines , où fa tait la perception
de cette fenfation. C’eft auffi dans cetre
atmofphère métallique, qui exifte même dans les
métaux réputés inodores, que fe paftent les phénomènes
magnétiques & électriques, & peut-êtrft
beaucoup d’autres phénomènes qui font tous ma-
nifeftement chimiques , & qui femblenr être , par
rapport aux opérations chimiques ordinaires , c©
que font aux corps naturels qui tombent lous les
fèns, ces êtres microfeopiques dont les naturalif-
tes femblerit avoir corrrpofé un nouveau monde
depuis la découverte & le perfectionnement du
microfcope.
37. La faveur eft encore une propriété très-remarquable
d’an grand nombre de fsbftances métalliques
: trois feulement en font exemples, l’argent
l’ or & le platine , & c’éroït une des ra:fbi 5
qui les faifoit regarder autrefois comme plus par