
112. Ce qui prouve qirei’a#rofi des prépara- |
tions mercurièlks eft due à l’bxigènè quelles I
contiennent, à la réparation dé jcè principe1 & à $]
Ton tranfport fur les organes & les'liq’ùëurs des
animaux , c’eft que les ox-idés qui lès conlïiruent,
■ noircift'ent 8c fe réduifent dans riptérlenrdiîi corps,
& qu'on, trouvefouvent léihcrcure coùlaritdà'ns des
cavités intérieures du corps ; ?da‘ns le fy’ftème linr-
phatiqué , dans les d$ mêmes, après un traitement
rnerctiriel plus ou'moins'long-tems prolongé &
fuivi.
113. Ce que je'- rie puis qu'énoncer ici, & pré-
fênter en généralités, fe trouve développé -très-
au long dans l’ouvrage de mon ami le do été tir
Swediaur , Traité le plus complet, le plus neuf &
le plus philOfophique qui ait été publié encore
fur les irïaln.dièS'fypniHitiqueS. Plufiétirs chapitres
de cet èxçéilènt ouvrage offrent toutes'les nouvelles
données que' j'ai expofées , depuis plufieurs
années ^ ' fur les propriétés de ce médicament
comme ox,iphorej données que cet habile médecin
a confirmées par fes observations. Il eft terminé
par.un tableau méthodique de ces préparations,
qui a pour titre : Pharmacop&a fypHiiitica.
On y verra tout leparti que' l’auteur a tiré deTçtat
aétuel des connoifïances chimiques , pour la tlaf-
fincation de ces remèdes. • ' Hf
MercÜRÈ. (Métallurgie.') Le mercure fe trouve
dans le feiri de la terre, i°. natif; 2®. fulfuré ou à
l ’état dt cinnabre 3 contenant alors de 'd;oo à 0:80
de métal 5 30. amalgamé ou argentai (Haiiy)j
4 0. muriaté.
Ces deux dernières èfpèces font très-rares j la
fécondé, qui eft la feule ^exploitée, renfermé
fouvent des globules de'mercuh n a t if 3 difféminés
dans fes pores.
11 y avoit jadis des mines de cinnabre en-Grèce
8c en Afie, & , fuivantXénophon ( r ) , ce minéral
fervoit de rouge ou vermillon auX dames athéniennes.
Aujourd’hui fés mines les plus Abondantes
& les plus célèbres fe trouvent’en Efpàgne, où; !
fuivant la tradition (2 ) , ellés étôiènt exploitées
deux cent cinquante ans avant l’ère vulgafiré, fans
que leur travail ait'jamais celle députe j'dans' le
Frioul autrichien, où elles ont été découvertes
en 1497 (3)5 en Saxe, en Hongrie , dans le ci-
devant Palatinat, & enfin au Pérou 5; où îèur exploitation
, regardée autrefois comme dàngereufej
avoit été défendue par lès Incas, & fut depuis
rouverte par les Européens (4). •
Les mines de mercûre font en effet funeftesà la
fanté: les gaz qûî les rempliïTént, furtout dans
les fortes chaleurs de l’été , attaquent le fyftème
nerveux, & caufent aux ouvriers dés trembléinens
(1) XênQph. Memor. l ib .V .
(et) Genfîane.,.,tom. I I .
(3) Jars \ tom.'II.
(4; Frcficr, Ap . J ars , tom. I I.
qui mènent à la paralyfie > aufti n*y travaille-t-on
que pendant l ’hiver, où'les dangers font moindres.
Cependant M. de Juflieu a obfervé (1) que- ceux
des mineurs d’ Almaden , qui ont foin de changer
de vêtemens 8c de fe laver lorfqu’ils fortent
dés mines , ne reffentoient aucune incommodité,
& vivaient àüffi long-tems que les autres
hommes. :
Les;minerais-de mercure font ordinairement mêlés
a des gangues argileufes ou calcaires , contenant
du fer oxidé hématite j du bithume (ydria) ;
quelquefois des pyrites rriartiàles & cuivreufes,
& même du fulfure de potaffe (ydria). Toutes ces
fubftances hétérogènes & ftéi iles font fouvent mé-
Jangées en fi grande proportion, quelles minerais
■ ne produifentque de 0,02A 0,20 de métal, comme
dans lé Palatinat.
uLa gangue en certains endroits, fe fépare par
le bocardage 8c le lavage. Dans le Frioul, la miné
eft pilée à 'gros grains , & tombe, au fortir des
larges grilles du bocard i fur une laverie à gradins:
les morceaux plus gros fe trient à la main, & les
parties les plus fines font conduites aux labyrinthes^
&c lavées erifùite fur des tables peu inclinées, à
caufë de leur grande légèreté. Le fchlich.ou fable
rouge métallifère purifié fe pétrit avec de l’argile ;
8s on en forme des briqués qu’on*lalffe fécher. ?
A Almaden &: dans le Palatinat 3 la mine ne fu-
bit aucune de ces opérations préliminaires & mé*
caniques, & fe traite immédiatement par le feu.
Le mercure natif & fon oxide rouge n’ont be-
foin que de l’aétion du feu pour fe vôlatilifer à
l'état métallique f mais fi cè métal eft uni au fou-
fre, la chaleur feule ne peut les1 réparer, & le produit
de la volatilifation eft encore du cinnabre:
Pour enlever alofs le foufre, on emploie l’intermède
de la chaux ou du fer qui en font très-avides :
telle -eft; la bafe de tous les traitemens en grand
des mines de mercure. •
On emploie en général deux procédés pour retirer
1 e mercure’de fes amalgames ou dé fa mitie. ’
A. 'L’un eft la diflillation per defeenfumi Ce procédé
eft ttès-ancten, & exiftoit1 déjà du te ms
d’Agricola. ■ Il confiftoit alors à remplir de mine
concafïée & lavée , des pots oblongs de terré
ou de fer, que l’on renverfoit fur d'autres pots
femblables, 8c fermés par une grille. On lutoit
la jointure des vafes j Tirrférieur ou récipient fe
plaçoit dans une foffe 'pratiquée en terre, & le
fupérieur qui contenoit là miné, s'envirorinoit de
charbons qu’on allumoit. Le mercure fublimé; y ne
trouvant pas d’iflfue par le haut, fe rendoit d'ans
le récipient inférieur, ou il étoit cbndenfé. -
Dans cette opération, le métal s’attachoit à 1?
gangue, & une partie feulement tomboit dans le
récipient. On pouvoir, il eft vrai, détruire cette
Mémoire de Juifieu, fur les mines de mercure d’Al-
maden/' '
adhérence, &r recueillir les globules de mircwe ,
difperfés dans 1a pierre^^àr beau •& le mouve- j
inent. Un deuxième defavantâge de cette méthode
étoit la perte des vapeurs mercurielles par J
les notnbreufes gerçures qui pouvoient s'entr ou-
vrir dans le lut. ^ , c
Aujourd'hui où cette méthode a ete perrec-
tionnée, & fert à dégager & recueilhr à la fois
le mercure amalgamé artificiellement a 1 argent,
« iis la Hongrie & en Saxe, les, récipiens font
baignés' & rafraîchis par un courant qui traverie. .
fans -cefie l’auge ou le réfervoir qui les contient.
( F W Amalgame , Argent. ) L’on a toujours
foin de ménager dans l’appareil, des îflues
par où s’échappent l’air raréfié & un peu de mer-
cure vaporifé, la force’ expanfive de la vapeur de ,
mercure étant très-confidérabie, comme le prou- |
vent des: expériences de Geoffroy.’ ^ ! 11. Le deuxième" procédé éft une véritable dif-
tillation. ordinaire où per afiènfum. Il s'applique •
aujourd’hui à Tontes les mines de mercure, ik fë
pratique avec dès cornues de-fonte de fer , comme
dms les petites exploitations du Palatinat; ou
dans des fourneaux particuliers, comme à Almaden,&
Ydria.
a. Les cornues du Palatinat fe placent ordinairement
au nombre de trente & fur deux étages ",
dans un long fourneau femblable aux galères. Leurs
cols traverfent des plaques de tôle drefTées fur les
deux longs murs du foyer, & viennent plonger,
dans des récipiens de terre , rémplis d eau juf-
qu’aux deux tiers. On introduit ces cornu, s dans
le fourneau , foit parles trous des palaftres que
leurs cols traverfent, & alors on donne à ces
trous un diamètre convenable, foit en pénétrant
dans l’intérieur, & là-lés ajuftant fur leur grille
Ces cornues fe remploient d’un mélange de
trois parties de chaux & d’une de mine ( céile-c-i
étant fuppofée tenir au moins deux onces & demie
de mercure au quintal), & l’on chauffe avec le
bois ou la houille en laiffant 1 appareil déluté aü
commencement de l’ opération. La chaleur ayant
diftendu les molécules, & mis en jeu les affinités,
la chaux s’unit au foufre du cinnabre, 8c le mercure
S’échappe, fe répand en gaz dans le r-ecipient,
touche l’eau 8e fe précipite. - : '
Lorfqu’il ne fe vaporifé plus rien, on delute,
on enlève’ les cornues que l’on nétoie avec une
petite baguette; on vide les reoipiens, 8c Ion
pafle à une fécondé diflillation, qui, de même
que la première, dure huit heures, 8c les opérations
fe fuccèdent ainfi fans interruption.
b. Dans la mine d’ Almaden , province de la
Manchë-en Efpagne, le< cinnabre eft difperfé dans
une gangue calcaire ; en forte que le mélange r.é-
cefiaire à la purification du métal, fe trouve la
tout formé par la nature. v ; , 1
" Legrand fourneau .d’ Almaden cotififte en deux
tourelles carrées -, réparées par une perrafle à double.
pente, 8c Allouée en rigole à fon milieu.
L’une de ces tourelles fert de fourneau 8c de cornue
, 8c la fécondé de récipient. Une grille formée
d’arceaux de briques, croifés à angle^droit,
fépare , dans la première , le foyer de l’efpace
fupérieur où l’on charge la mine. Le bois fe
.jette dans le foyer par une porte à fleur du fol,
8c la fumée s’ échappe par une cheminée qui, pre-
■ nant naiflànce un peu au deffous de la grille, s‘é-
lève jufqu'au haut du bâtiment: Ceft par une
porte latérale 8c fupérieure que l’on charge la
naine ; elle, fe mure enfuite avec des briques, 8c
i-on. achève de chairger par des ouvertures pratiquées,
au fommet du bâtiment, laiflant entre fa
voûte 8c le monceau de mine, un efpàce vile
de dix - huit pouces. Enfin, des files parallèles
d'aludels panent du haut de cette première tourelle,
s'inclinent-le long des taluds de la ter rafle,
8c:débouchent dans la fécondé, dont le fol eft
couvert d’eau, 8c qui. eft furmontée d’une cheminée..
La grille étant chargée de morceaux de minerai
de toute grofleur, on allume un feu de bois au
deffous. Le courant fe divife; une grande partie
de la fumée s'échappe par la cheminée du foyer ;
l'ait chaud travetfe le monceau de minerai, 3c fe
charge des vapeurs, mercurielles que la chaleur
dégage. Ces vapeurs, parvenues au fommet du
fourneau, enfilent les rangées à'aludels, le con-
denfent 8c tombent dans la partie renflée de ces
vafes ; 8c fi des gouttelettes de mercure fuient au
dehors par quelques fiflures, elles fe raffemblent
au bas de. la rigole inclinée que formem â leur
rencontre les deux taluds de la terraffe.:: Enfin,
après avoir traverfé tous, les aludels , le courant,
déjà refroidi, fe répand dans la chambre où ils
aboutiffeht : il y circule pendant quelque tems,
rafe laTurface de l ’eau qui en couvre.le fol, 8c,
après y avoir dépofé les dernières particules de
mercure qu’ il charioit, il fort par la cheminée en
emportant la fumée qu’il avoit entraînée avec lui.
Loifque l’opération eft finie, on laiffe refroidir
le tout pendant trois jours ; puis ayant débité les
aludels, on recueille le mercure qui s’y eft dépofé ,
ainfi,-que dans la.dernière chambre ; 8c comme il
eft encore noirci par une matière fuligineufe , on
l’en purifie en le verfant fur le fol d’une chambre,
pavé bien uniment, 8cincliné en forme d’entonnoir
des bords vers le centre. Là eft une petite
iflue par où coule doucement le métal en fe dépouillant
de.fon impureté qui refte attachée au fol
de’.la chambre: .-
Le fourneau d’Almaden a douze pieds de haut,
,1e, foyer eri ayant cinq:, 8c l’efpace où l’on en-
taffe la mine, fept : fa longeur eft de huit pieds,
& fa largeur de quatre pieds 8c demi, le tout dans
oeuvre. On en adoffe ordinairement deux i’un à
l’autre,.en les féparànt par un (impie mur de réfend.
La diftance du fourneau à la chambre où fe
recueillent les dernières portions de mercure. , eft
de vingt-huit pieds ; le bâtiment qui U renferme