
demi-tranfparence & le grain d'une poreelaine;
c’eft ce qui arrive aux os qu'on calcine fortement
& long-terns. On obferve auffi, dans le traitement
des os par le feu, qu’ils exhalent fouvent une
lueur phofphorique, ou même une flamme jaunâtre
allez forte: on a coutume d’attribuer ce phénomène
à la déeompofition du phofphate de chaux;
mais il paroît être dû .à du phofphate d’ammoniaque
contenu entrejes lames folides ou dans la partie
géfetineufe des os, ainfi que dans les liqueurs
dont ils font imprégnés.. On ne voit rien de fem-
blable dans le phofphate des os calcinés & lavés,
qu’on traite au chalumeau & qui ne fe fond
qu’avec la plus grande difficulté en un globule
opaque & gris. Le feu ne décompofe donc pas le
phofphate de chaux bien pur.
Ce fel eft parfaitement inaltérable à l’air.
Il eft tout-à-fait indiffoluble dans l ’eau j cependant
quand il eft bien calciné, il fait une efpèce
de pâte avec ce liquide, comme on le voit dans la
fabrication des coupelles. La nature a des moyens
de diffoudre le phofphate de chaux dans l’eau, puisqu'elle
le dépofe en couches fpathiques, en crif-
taux réguliers & tranfparens'.
Il paroît que le phofphate de chaux offeux, enfoui
dans la terre, a la propriété d’aftérer de l'acide
fluorique ou du fluate de chaux , car tous les os
foffiies contiennent plus ou moins de ce dernier
fel.
. Beaucoup d’acides décompofent le phofphate de
chaux, fur lequel aucun corps combuftible n’a
d’aélion $ mais les acides n’en féparent pas toute
la bafe ; ils en laiffent une partie unie à l’acide
phofphorique qu’ils dégagent, comme on le voit
Spécialement pour les acides fuifurique , nitrique,
muriatique , fluorique, & même pour plulïeurs
acides végétaux. Comme cette déeompofition partielle
mérite d’être bien connue, puifque l’on s’en
fert pour 1a préparation du phofphore, qui n’eft
pas encore à beaucoup près portée à fa perfeétion,
& qui eft accompagnée de beaucoup de perte , il
eft neceflaire d’en faire bien concevoir ici le mé-
canifme, en donnant le réfultat du travail qui m'eft
commun avec M. Vauquelin fur cet objet.
On fait que , pour obtenir aujourd’hui le phofphore
, on mêle les os, calcinés au blanc & pul-
vérifés, avec quatre parties d’eau, & une demi-
partie ou un peu plus d’acide fuifurique concentré
; on agite beaucoup le mélange} on le laiffe,
en une efpèce de macération, pendant vingt-quatre
ou trente-fix heures; on tire la liqueur à clair;
<?n lave le marc à plufieurs reprifes0 jufqu’à ce que
l’eau forte fans faveur ; on évapore ces eaux, mêlées
avec la. première liqueur, dans des chaudières
de cuivre ou de plomb ; on décante la liqueur de
deffiis u,n dépôt de fulfare de chaux qpi s’y forme
à mefure quelle fe concentre ; on continue à faire
évaporer jufqu’à la confiftance de miel ; on calcine
ou plutôt on deffeche cet acide, mêlé avec
le qnarc. de fon poids de charbon, pour en féparer
la plus grande partie de l’humidité, &r on le dif-
tille enfuite dans une bonne cornue de grès, qu’on
chauffe par degrés jufqu’à forte incandefcence, &
à laquelle on adapte un récipient aux trois quarts
rempli d’eau, où l’on fait plonger le bec de la
cornue ; il paffe du gaz hydrogène & du gaz acide
carbonique ; au bout de quelque tems, le premier
entraîne en diffblucion vaporeufe du phofphore
qui lui donne la propriété de luire dans l’obfcu-
rité, & de fe diffoudre en paitie dans l’eau , qui
conferve quelque tems auffi la qualité lumineufe
par îon agitation dans l’air. Le phofphore paffe
enfuite en gouttes femblables à dé l’huile, qui fe
condenfent dans l’eau du récipient.
On avoit cru, jufqu’aux recherches dont on
vient de parler, que l’acide fuifurique décompo-
foic en entier \qphofphate calcaire des os calcinés;
qu’il en féparoit & en mettoie à nu tout l’acide
phofphorique; qu'il leurenîevoit toute la chaux,
& qu’on obtenoit ainfi tout le phofphore de cet
acide traité avec le charbon. Mais en examinant
avec foin cette opération, nous nous fommes convaincus
, M. Vauquelin & moi, qu’on ne décom-
pofoit pas' totalement le phofphate calcaire par le
procédé indiqué ; que c’étoit pour cela que l’acide
phofphorique qu’il fourniffoit, prenoit la forme
d’écailies brillantes & micacées par l’évaporation,
tandis que l’acide phofphorique pur, obtenu par
la combuftion rapide du phofphore, ne prend ja-'
mais cette forme écailleufe, mais celle de gelée
quand on le concentre au feu ; qu’après avoir dif-
tillé avec le charbon l’acide phofphorique extrait
des os par le moyen dont il eft queftion, & en
avoir retiré tout le phofphore qu'il pouvoit donner,
on retrouvoit encore dans le réfidu une portion
affez confidérable de phofphate dephaux, qu’on
devoit encore traiter, par de nouvel acide fuifurique
, pour en extraire une nouvelle dofe d’acide
phofphorique ; que cela venoit de ce que l’acide
fuifurique laiffoit du phofphate de chaux diffous dans
l’acide phofphorique déjà mis à nu, devenu avec
lui un fel nouveau inconnu jufque-là, du phofphate
acidulé de chaux indécompofable par les acides, &
de ce que le charbon ne faifoit paffer à l’état de
phofphore que la partie d’acide phofphorique libre
contenu dans ce phofphate acidulé de chaux.
Les acides nitrique, muriatique, fluorique, &
même quelques acides végétaux, agiffent de h
meme manière fur le phofphate calcaire des os, &
le font paffer à l’état de phofphate acidulé. C’eft
pour cela que l’acide phofphorique décompofe en
partie les fulfate, nitrate & muriate de chaux, &
, devient dwphofphateacidulé; & c'eftce que prouve
I encore la diffoiubiüté du phofphate de chaux dans
l’ acide phofphorique^ qui le fait paffer à l’état de
phofphate acidulé calcaire , tel qu’il eft dans l’urine
humaine. On reviendra fur cela'dans l’examen de
j l'efpèce fuivante.
! Les aci des qui décompofent \e phofphate de chaux
ne lui enlèvent que les 0,40 de la chaux qu’il con*
tient, & ne mettent à nu ou ne féparent de ce fel
que moins de la moitié de l’acide phofphorique
qu’il récèle. Cent partiel de ce fel, traitées par
les acides, donnent 0,33 de phofphate acidulé de
chaux , contenant feulement 0,17 d’acide phof-
phorique à nu fur les 0,41 de cet acide qui exif-
tent dans ces-cent parties de phofphate de chaux :
en forte, que , par la diftillation de ce fel avec le
charbon, on n'obtient que près de o,oy de phofphore,
au lieu de 0,16 qui exiftent réellement
dans les cent parties de bafe des os. D’après ces
faits, nous avons propofé l’emploi de plufieurs
agens pour perfectionner l’extraCtion du phof-
phpre, & améliorer l’opération , comme jè l’ex-
poferaidansl'hiftoire du phofphate acidulé de chaux.
. Aucune bafe, excepté la baryte & la ftrontiane,
ne peut décompofer le phofphate de chaux ; il
n’agit bien fenfiblement fur aucun fel neutre.
Cent parties de phofphate de chaux contiennent,
fuivant notre analyfe : ,
Acide phofphorique....................................41
Chaux..................................... .................... 59
Le phofphate de chaux, fans parler des ufages
des os entiers, mais feulerry nt de leur bafe faline
terreufe obtenue par la calcination , eft très-utile
en chimie pour extraire l’acide phofphorique ,
avec lequel on prépare enfuite plufieurs autres
combinaifons., & d’eù on tire fpécialement le
phofphore. On l’emploie en nature pour faire des
coupelles, pour polir les métaux , les gemmes
taillées ; pour enlever lès graiffes de deffus les
étoffes, les linges , les papiers ; pour abforber des
liquides , &c. En médecine, on commence à le
preferire dans le. rachitis, &c. pour abforber les
acides, & diminuer ou même faire ceffer l’ effet
de ces corps qui ramoiliffent les os. Le phofphate
de chaux natif de l’Eftramadure fert à la bâtiffe ;
la chryfolite, à l’ornement & à la fabiieati.cn des
bijoux.
P h o s p h a t e a c i d e d e c h a u x . On ne con-
noifioit point, il y a quelques années, ce que je
nomme ici le phofphate acide de chaux. Schéèle
avoit bien remarqué que la terre faline des os
étoit oiffoute par un acide dans l'urine humaine;
mais il n’avoit point dit que cette union' encre
l’acide phofphorique & \t phofphate offtux fût une
efpèce de fel permanent, particulier, différent de
ce dernier. C’ eft en i'795; ftl,e Ie ft?! découvert,
avec M. Vauquelin, dans un travail fuivi fur les
matières o (feules, en prouvant que le phofphate
calcaire qui en conftitue la bafe folide, n’eft qu’ en
partie décompofabie par les acides, & que la portion
d’acide phofphorique iëparée retient en dif-
folution une portion de phofphate de chaux, qu’elle
garantit alors de toute altération futeefiive par
les acides étrangers au fien.
Le phofphate acide de chaux fe criftallife en petits
«iets foyeux ou en lames brillantes, micacées,
nacrées, qui- fe collent enfemble, & qui prennent
, par leur réunion , la forme rnielleiife ou
prefque glutineufe. Il a une faveur aigre très-marquée.
La nature le préfente dansNl’urine humaine,
d’où on le précipite en phofphate de chaux par les
alcalis purs, d’où il fe dépofe , même fpontané-
ment, & auffi en phofphate de chaux, à mefure que
l’ammoniaque, qui fe forme fi promptement dans
cette liqueur excrémentielle, fature l’acide phofphorique
qui le conftituoit acide. Il eft vraifem-
blable que c’eft: par le même mécanifme qu’il fe
dépofe dans les concrétions morbifiques, & qu’enlevé
aux os par un acide furabondant, quel qu’il
foit, il fe fépare autour de divers organes, en y
rencontrant un peu de foude ou d'ammoniaque qui
le précipite en phofphate de chaux neutre.
On trouve auffi cet acidulé dans quelques con-*
crétions intefiinales ou bézoards occidentaux de
mammifères.
On le fait artificiellement, foit en décompofant
partiellement le phofphate calcaire des os par les
acides fuifurique, nitrique ou muriatique, foit en
diffolvant ce fel dans l’acide phofphorique immédiatement.
Ce dernier procédé eft même préférable
à tous les autres, comme plus prompt & plus
fût. Quand l’acide phofphorique a diffous tout ce
qu’il peut diffoudre du phofphate de chaux 3 il eft à
l’érat d'acidule pur & parfait.
Le phofphate acide de chaux, contenant une quantité
notable d’eau de criftallifation, fe ramollit &
fe liquéfie d’abord au feu 5 il fe bourfoufle & fe
deffeche enfuite. En augmentant beaucoup la température,
il éprouve la fufion ignée, & donne un
verre tranfparent s'il eft bien fondu , & en partie
opaque fi la fufion n’a point été complète. Dans
cet état fon verre ( car il a la forme & la tranfpa-
rence vitreufes ) eft infipide & indiffoluble ; il
refte fans altération à l’air.
11 attire légèrement l’humidité de l’air lorfqu’on
l’y expofe en criftaux foyeux, en lames nacrées ou
en magma, fans l’avoir fait fondre auparavant; il
diffère beaucoup en cela du phofphate de chaux
neutre, qui eft parfaitement inaltérable à l’air.
Il fe diffour dans l’eau avec refroidiffemenr,
tandis que le phofphate de chaux neutre eft entièrement
indiffoluble. L’eau bouillante en diffout même
davantage que la froide. Il fe criftallife par le re-
froidiffement lorfque la liqueur furtout eft fuffi*
famment évaporée.
Le phofphate acidede chaux diffère furtout dû
phofphate de chaux & des autres phofphate s faturés
par la propriété qu’il a de donner du phofphore
avec le charbon : ce produit eft dû à la portion
d’acide phofphorique libre qui y eft contenue au-
dela de l’état à e:phofphate de chaux neutre ; ce n’eft
même que cette portion qui fournit du phofphore
dans l’opération par laquelle on le prépare en décompofant
les os par l’acide fuifurique. Lorfqu’oa
a extrait le phofphore par ce procédé, le réfidu
1 contient duphojphate de chaux neutre.