
pendant quelques minutes, & l’on fe fert de cette
eau fous le nom tfinfufton de préjure.
Quoiqu’on n'ait pas analyfé la préjure en particulier
, il patoît que cette matière contient de
l'acide acétique, & qu'elle réfulte du lait légèrement
aigri 8c coagulé dans l’eftomac du veau:
il paroît d'ailleurs qu'il refte dans les eftomacs de
beaucoup d’autres animaux, des matières acef-
centes capables de coaguler le lait, 8c que même
les parois membraneufes de ces vifcères jouilfent
de la même propriété. On la retrouve dans la membrane
defféchée du gélïer des oifeaux de baffe-
cour.
PRINCIPES des c o r p s . Les chimiftes ayant
découvert les moyens de féparer les corps unis
entr’eux, & d'analyfer les compofés jufqu’au point,
non-feulement d ifoler 8c de reconnaître les différentes
matières qui les conftiiuent, mais même
d'en déterminer les proportions, ils ont dû croire
qu'ils étoient parvenus à cohnoître les vrais principes
des corps, 8c qu'ils avaient acquis en quelque
forte le droit comme le pouvoir d'expliquer les
fecrets les plus cachés de la nature dans la formas
tion de la compofition des êtres. Cette prétention
de leur part a été bientôt pouffée jufqu’à bâtir des
fyftèmcs fur la nature & le nombre des principes
corporels, & il faut convenir qu'ils y avoient au
moins autant de droit que les anciens philofophes,
qui , fans moyens d’analyfe ou dé décompofition,
& long-tems avant la naiffance de la philofô'phie
expérimentale, avoient cru néanmoins pouvoir
deviner, par la feule puiffance du génie', le nombre
& l'influence des élémens.
L'un des hommes les plus ’’ardens qui aient cultivé
la chimie, Parâcelfe, crut pouvoir réduire
les élémens de la matière à cinq principes ÿ favoir :
Y ejprit ou le mercure , le joujre ou Y huile 3 le flegme
ou Xeau3 la terre & le jel. On reconnut bientôt
que ces cinq principes de Paracelfe, ou n'exiftoient
pas réellement, ou n'étoient pas des êtres Amples
: on en revint, malgré les idées de Becher,
aux quatre élémens d’Ariftote, jufqu'à l’époque
où l’on découvrit que l’eau & l'air n'étoient point
des élémens, & qu’il y avoit plufieurs efpèces de
terre.
Mais pour favoir comment, de ces notions imaginaires
, de cette philofophie à laquelle le génie
feui avoit conduit des philofophes de l'antiquité,
& qué l'expérience a fait trouver fauffe, on en
eft revenu à des idées plus exaéles & à des con-
noiffances plus réelles, il faut commencer par définir
les mots principes j élémens, mixtes, 8c plufieurs
autres termes qu’on a fi fréquemment employés
en chimie, & dont la lignification doit être
étudiée avec foin, parce qu'elle a varié à différentes
époques, parce qu'elleii'èft plus aujourd’hui
ce qu'elle étoit avànt l'année 1780, & parce qu'on
retrouve cependant ces'èxprefliôns dans tous les
chimiftes qui ont écrit avant cette époque.
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Quand les chimiftes eurent admis les quatre
élémens d’Ariftote 8c adopté la do «Ski ne que ces
quatre élémens ccnfticuoient tous les corps par
leur union deux à deux., trois à trois , & par leur
proportion différente, plufieurs d’entr'eux en dif-
tinguérent encore les principes, comme compofant
eux-mêmes les élémens. Ainfi les dernières molécules
de l'air, du feu, de la terre 8c de l'eau
étoient, fuivant eux , des principes ou des êtres
, encore plus Amples que les élémens.
Cependant quelques chimiftes , dont les idées
ont pendant quelque tems régné dans les écoles,
donnoient au mot principe une acception beaucoup
plus étendue ; ils entendoient par-là tous les produits
des analyfes, 8c c’eff pour cela qu'ils diftin-
guoient des principes primitifs 8c fecondaires, des
principes éloignés 8c prochains, des principes prin-
cipians 8c principiés.
Les principes primitifs étant la même chofe que
des élémens, on ne pouvoit pas les décompofer,
& ils conftituoient les autres 'corps par leur
union.
Les principes fecondaires étoient des efpèces de
compofés formés par la réunion des premiers ou
primitifs.
Les principes éloignés t les mêmes que les primitifs
, ne s ’obtenoient que par une dernière ana-
lyfe, 8c les principes prochains-te retiroient des
premières analyfes j de forte qu'ils étoient eux-
mêmes des efpèces de principes fecondaires.
-La dénomination de principes principians étpit
donnée aux primitifs ou éloignés, qui formoient
les autres par leur combinaifon; 8c les principes
principiés défignoient ceux qui étoient formés
d’autres principes.
On voit par cet expofé que les chimiftes , tout
en abufant étrangement du mot principe, avoient
cependant l'intention, manifefte de claifer les divers
produits d.es anaiyfes; cependant leur diftiiîc-
tion 8c leur nomenclature ont été abandonnées,
avec raifon, depuis environ trente années,. ]
, lien eft de même du mot mixte , fi généralement
8c fi fouvent employé parmi les chimiftes,;
depuis le feizième fiècîe jufqu’au milieu du dix-
huitième, où l’on a commencé à ne plus s'en fer-
vir. On entendoit par-là les corps naturels ,fo r més
par la combinaifon de deux ou de ti;ois élémens
, ou même des quatre élémens tout à la fois}
8c comme plus les élémens .étoient nombreux
dans ces compofàtions, plus ils prenoienç de ca-
raélère de mixtion, on appliquoit fpécialement le
nom de mixtes aux matières végétales 8c animales,
8c on ne le donnoit que très-rarement, ou même
jamais, aux minéraux dans lefquels on avoit déjà
reconnu une compofition moins compliquée, ou
un moins grand nombre d'élémens ou de principes
, que dans les végétaux 8c dans les animaux.
Aujourd’hui (en 1808) lé mot mixte eft tout-à-
fait abandonné. ' ,
ft Ceux des chimiftes qui ont voulu porter dans la
P R I
la feience Un efprit plus méthodique , à l'époque
où le mot mixte a été rejeté comme trop vague
8c trop indéterminé, font bientôt tombés dans un
excès de précifion 8c de fubtilité en voulant dif-
tinguer les compofés d’ordres différens entr'eux.
Ils avoient nommé compojé, l’union de deux mixtes}
jurcompofé, celle, de deux compotes; décom-
pojé, l’union de deux furcompofés ; 8c jurdécom-
pojéy celle de deux décompofés. Il y avoit deux
fautes effentielles dans ces dénominations, heu-
reufement auflitôt abandonnées que propofées.
La première étoit de ranger les mixtes parmi les
premiers principes , puifqu'on en formoit le premier
ordre de compofés; ce qui étoit en même
.tems renverfer toutes les idées anciennes : la fécondé
, bien plus grande , étoit de perdre ou d’é garer
l’efprit dans des abftra&ions hors de la nature;
car il ne pouvoit pas exifter des ordres de
compofés aufli compliqués qu'en fuppoloient la
troifième 8c la quatrième diftinétion.
Depuis la révolution opérée en chimie, de 1774 à
1784, par les nouvelles'découvertesqui en ont entièrement
changé la face, l'on a renoncé aux diftinc-
tions erronées 8c arbitraires. On ne te fert plus du
mot de principes que d'une manière très-générale,
8c en convenant qu’il s'applique à des êtres différens,
tantôt fimples, tantôt compofés eux-mêmes,
fuivant les compofés d’où ils proviennent, 8c la
méthode d’analyfe dont on s'eft fervi. Les chimiftes
conviennent aujourd'hui que fi l’on veut
entendre par principes ou élémens les êtres fimples
8c primitifs qui conftituent Jes premières molécules
des corps, ces êtres nous font parfaitement
inconnus--dans leur nombre comme dans toutes
leurs propriétés, 8c que s'en occuper feroit fe livrer
à des hypothèfes aufli inutiles que celle des
monades ou des atomes; ils conviennent aufli que,
fi l’on veut appliquer le mot d'élémens aux dernières
matières qu'on retire d'une analyfe, 8c
qu'on ne peut plus analyfer elles-mêmes, on doit
renoncer, 8c aux anciens principes des chimiftes,
& aux quatre élémens d'Ariftote , dont plufieurs
font des corps compofés, 8c en admettre un bien
plus grand nombre , puisqu'il y a plus de trente
(ubftances qu’on ne peut point décompofer.
Fondés fur les réfultats exaéts des analyfes, aufli
nombreufes que perfectionnées, les chimiftes fa-
vent, i°. que tous les corps naturels fe partagent
en corps Amples 8c en corps compofés ; 20. que la
vraie définition des premiers ou des corps fimples
eft de ne plus fouffrir de décompofition, en forte
que le mot jtmple équivaut au mot indécompojable;
3°. que le mot compojé défigne des corps qui font
fufceptibles d’analyfe , ou dont on peut extraire
des matières moins compofées, ou dont la compofition
diminue à mefure que l’analyfe avance ou
fe prolonge; 40. que les compofés étant très-différens
entr’eux, par l’ordré même de leur çompoli-
tion ^ il fuffit, pour les comparer 8c pour en avoir
unè connoiffance-précife, de diftinguer dc$ com-
Cmmie. Tome y .
P R I 729
pofés binaires ou formés de deux corps fimples,
ternaires ou formés de trois corps fimples, quaternaires
oy formés de quatre corps fimples, quinaires,
fextaires , multiples, 8cc. fuivant que le nombre
de leurs principes conftituans augmente ; 50. que
le nombre des principes conftituans ou compofans
ne fait pas la feule différence qui diflingue les
compofés ; mais que la proportion dans laquelle
ces principes font réunis, 8c peut-être aufli le mode
même de leur réunion , font une autre fource de
différences entre les compofés.
Ainfi toute la do 61 ri ne des prétendus élémens,
des principes défi corps, de leurs compofans , de la
compofition des différens ordres de compofés, fe
réduit maintenant à des idées aufli fimples que
précifes. Il n'y a ni hypothèfe, ni diltinétions futiles,
ni abftr a étions erroné1, s dans les idées actuelles
des chimiftes, 8c l’obfcurité qui régnait
autrefois dans cette partie de la fcience eft entièrement
diflipée, en même tems que la fource de
difeuflions vagues 8c interminables eft: entièrement
tarie. On n agitera plus déformais,dans les écoles,
les queftions inutiles de la matière primitive 8c de
fes propriétés, de fon unité ou de fa multiplicité ;
des quatre, des trois, des deux élémens ou de
l'élément unique ; du prétendu rapport des élémens
entr'eux, de leur transformation ou de leur
paffage les uns dans les autres. Tous ces rêves
d'une prétendue philofophie fpéculative fe font
évanouis devant les faits découverts par la philo-
fophie expérimentale, 8c.c’eft aux données aufli
fimples que vraies de ce'tte pure philofophie,
qu’appartiennent les cinq vérités énoncées ci-
deffus.
Principe a l c a l ig Ène. A l'époque où l’on
avoit cru que l’azote étoit un élément conftituant
des alcalis en général, on avoit propofé de nommer
ce corps principe alcaligene, ou Amplement
alcaligene; mais comme l’opinion qu’on avoit alors
fur la compofition des alcalis ne s’eft pas confirmée
, 8c comme elle ne peut être encore rangée
que dans la clafle.des hypothèfes, on ne doit
point adopter cette dénomination , qui feroit elle-
même , ou une erreur, ou du moins une hypothèfe.
Principe a s t r in g e n t . On nomme principe
aftringent la matière végétale qui précipite le fer
en noir, 8c prefque toutes les autres diffolutions
métalliques avec des couleurs particulières. Quoique
l’acide gallique, qui a la même propriété, loit
contenu dans la plupart des-lubltances aftFÎngen-
tes, on faitqu'indépendamment de cet acide, il y
a dans les végétaux aftringens un autre compofé
qui agit de la même manière générale fur le fer &
lur les autres métaux diflbus ; ii exifte même avec
l'acide dans la noix de gale, 8c c’gft pour cela que
quelques chimiftes modernes l'ont nommé gallinK
Ce principe, qu'on croit de pâture extraétif ^