
s'effleuriffant à l'air chaud & fec. ( Voye[ ? article
N i c k e l . )
N i t r a t e d ' o r . Il y a eu line a fiez longue
difcuffion entre les chimiftes, fur la diffolubilité
ou L'indiffolubilité de l'or par l’acide nitrique.
Cette forte de difpute avoit fa caufe dans l'intérêt
que la queftion préfente pour le commerce 6c
pour le travail des matières a or & d'argent dans
lequel on traite fouvent ces métaux par l'eau-
forte pour les féparer. Ceux qui ëtoient perfuadés
que la diffolubilité de l'or par cet acide , une fois
bien prouvée , pourroit répandre des inquiétudes
fur l ’art des effais, ont foutenu que l'or
n’é toit point diffous,mais feulement un peu ufé ou
comme limé par i'ae-ide nitrique. Plufieurs chimif-
tes ont oppofé à cette affertion 3 que quand on fai-
foit chauffer de l’or en feuilles minces,dans l'acide
nitrique un peu fort 3 une partie de ce métal précieux
s'y diffolvoit véritablement 3 puifqtie cet
acide coloroit enfuite les papiers & même le fable
par lequel on le faifoit palier, d'une nuance pourpre
très-marquée, &c. Des expériences faites de
1776 à 1778 par ordre de l'Académie des fciences
de Paris, & répétées depuis par beaucoup de chi- J
milles , ont prouvé qu'il y a en effet une légère
dilTolution de l'or par Peau-forte , mais qu'elle elt
fi foible, que la perte de ce métal peut être évaluée
à o ; qu’ainfi il n'y a ancun fujet d’alarmes
pour le commerce. Voyez au relie , à l'article de
1 Or , les détails que j'ai donnés fur ce frit. Il n'y
a de nitrate d’or formé que dans le cas où l'on
diflout dans l’acide nitrique de l'or oxidé d'abord
par l'acide muriatique, 6c précipité de ce premier
dilïolvant par les alcalis. ( Voye^ l article Or . )
M u r i a t e d ' o s m i u m . On ne connoît point
la combinaifon de ce métal avec l’acide nitrique.
On fait feulement que, .fi l'on verfe un excès de
cet acide dans la potaffe qui tient l'oxidè d'of-
miurn en dilTolution, celui-ci s'y redilfout entièrement.
( Voye% les articles MURIATE D’OSMIUM
& O s m i u m .)
N i t r a t e d e p a l l a d i u m . Des quatre fubf-
tances métalhques nouvellement découvertes dans
le platine brut, le palladium eft la feu fe qui, à
l'état de pureté , fe diffolve dans l'acide nitrique.
Cette dilTolution a une belle couleur rouge; elle
eft décolorée par le fulfate de fe r , comme celle
de l'iridium ;.mais bientôt après le palladium en
eft précipité fous la forme de feuillets métalliques,
tandis que l'iridium & l'ofmium font précipités en
poudre noire fans éclat. Le pruffiate de potaffe précipite
la dilTolution de paladium en vert-olive;
ce qui n'a lieu pour aucune autre dilTolution des
métaux du platine, qui font lîmplement décolorés
par ce réaétif.
Nitrate ds platine, L'acicte nicriqus n'attaque
pas le platine bien purifié ; il attaque bien-
l'oxide de platine, & le-dilTout^ il en réfulte un-
fel peu permanent..,( Fpye$ tardele P l a t i n e . )
N i t r a t e d e p l o m b . Le promb eft promptement
& facilement oxidé par l’acide nitrique. Il
en réfulte une dilTolution fans couleur , d’une fa-,
veur fucrée , un peu jiuftère, qui fournit, par l’évaporation
lente & le réfroidiiîement, des criftaux
en pyramides hexaèdres, ayant trois faces larges
& trois faces alternativement étroites. Ce Tel dé-,
tonne foiblement fur les charbons ardens ; il fe
décompofe par la chaleur, donne du gaz oxi-,
gène, &c. & lailïe un oxide d'un rouge-brun. Il
eft précipité par l’acide muriatique & par l’acide
fulrurique, qui enlèvent l’oxide de plomb à l'acide
nitrique. Les fulfures & l'hydrogène fulfuré le
précipitent en flocons noirs. Quand on traite fa
dilTolution concentrée par l’acide muriatique oxi-
géné, on en fépare un oxide de plomb de couleur
brune & bri lance ; qui donne beaucoup de
gaz oxigène par T action du feu, & qui allume le
foufre & d’autres corps combultibles par le feul
frottement.
Le nitrate de plomb fert de. réaétif dans les laboratoires
de chimie pour reconnoîtrê les Jèls fuîfu-
riques 8c muriatiques , & pour beaucoup d'autres
expériences. ( Voye^ les détails que je donne, fur
ce f e l , à l’article du P l o m b . )
' N i t r a t e DE p o t a s s e . Le nitrate de potajfe,
le plus important, le plus employé, le plus connu ,
le plus étudie de tous les nitrates, a porté les
noms de falpêtre , nitre, fel de niire , nitre de po-
tajfe , alcali végétal, ou potajfe nitrée ÔC potaffe ni-
tratée. Il eft formé par la combinaifon faturée de
l'acide nitrique & de la potaffe.
Aucun fel n'a plus occupé les chimiftes que
cette fingulière fubftance faiine dont une foule
d arts ont befoin, & qui produit tant de phénomènes
intéreffans dans fes combinaifons. C'eft lui
qui, parmi toutes lesefpèces de ce genre, a donné
naiffance au plus grand nombre de recherches, &
qui a même été le feul connu pendant bien long-
tems. Les phénomènes lînguliers qu'il préfente ,
& les ufages importans auxquels il eft confacré,
ont fait'imaginer une .fuite d’hypothèfes fur fes
propriétés & fur fa nature, jufqu’à l’époque des
découvertes modernes en 1776, quoique Haies
eût déjà tiré beaucoup d’aii> du nitre au commencement
du dix-huitième fiècle. Depuis vingt
ans, les travaux de Lavoifier, de MM. Caven-
difeh, Prieftley & Berthoilet, 6c les miens propres,
ont Tellement fondé fur des caufes certaines
da connoiftance de fes propriétés, que fon hif-
toire eft auffi claire aujourd’hui, qu’elle étoit encore,
obfcure & embarraffée avant l’époque dont
je parle.
Le nitrate de potaffe a des formes variées , fui-
vant les circonftances de fa criftallifation : on l obtient
en oélaèdrçs cunéiformes > en pyrami les
quadrangulaites h aillant es% & le plus louvent en
piifmes à lïx pans, terminés par des pyramides
hexaèdres ou par des fommets à deux faces , ou
coupés obliquement à leur extrémité. En fe collant
les uns à côté des autres , ils forment des
ftries, des cannelures, & laiffent entr’eux des efpèces
de canaux remplis ordinairement de dilTolution
du même Tel. Ces criftaux réunis repre-
fentent fouvent de longs prifmes qu’on nomme
nitre en baguettes dans-les raffineries. Voici ce que
M. Haüy a obfervé fur la criftallifation du nitrate
de- potaffe, & fur fes principales variétés de
forme.
Forme primitive ; octaèdre rectangulaire, dans
lequel deux faces d’une pyramide (ont inclinées
de 120 degrés fur les adjacentes dans 1 autre pyramide,
& les deux autres le font de 111 degrés.
Molécule intégrante; le tétraèdre.
a. Nitrate de potaffe primitif, très-rare.
b. Nitrate de potajfe bafé. La forme primitive
dont les deux fommets font interceptés par des
reCtangles; ce qui produit un enflai'du genre de
ceux qu'on appelle cri faux en tables.
c. Nitrate de potaffe quai informe. Prifme hexaèdre
régulier, terminé par deux pyramides hexaèdres ,
dont les faces ont prefque les mêmes mclioailons
que celles du quartz.
d. Nitrate de potaffe yerticillé. Prifme hexaèdre
régulier , terminé de part & d’autre par dix-huit
faces difpofées fix âT fix fur trois rangs.
Ce fel a une faveur fraîche, piquante & amère.
On le diftingus très-facile/nent par-là de toute
autre matière faiine. II ne répand aucune odeur.
On ne connoît pas la pefanteur fpécifique ; il eft
très-fragile lorfqu’on pulvérife le nitre en gros
criftaux groupés, fa poudre eft un peu humide;
celui qui eft au contraire criftaüifé en maffe,
grenu, blanc , opaque prefque comme du fucre,
donne une pouffière lèche ; auffi préfère-t-on ce
dernier pour la préparation de la poudre à canon.
C’elt de tous les nitrates un de ceux qui exifte
Je plus fréquemment dans la nature. Il le trouve
mêle dans le fo! de plufieurs terres, fur tout dans
l’Inde 6c en Efpagne, où l’on dit même que la
pouffière des chemins en contient beaucoup. 11
faut que les vaftes & riches contrées de l'Inde'
foient bien fertiles en cette efpèce de fel, puif-
que plufieurs nations de l'Europe , paillantes par
. leurs armées, n’ont d'autres reffources pour fe
procurer du falpêtre, que celui de l’Inde. Il en
exifte auffi dans plufieurs parties de l'Amérique,
il paroît tout formé dans quelques pierres calcaires
du royaume d'Italie.
Le fait le plus remarquable dans Thiftoire du
nitrate de potajfe natif appartient fans donte à la
découverte de ce fel dans une pierre calcaire de
la Molfetta en Pouille, par feu l'abbé Fortis,
naturalilte diftingué de l’Italie. Je,crois devoir inférer
ici la note dé*=^illée qu'il a publiée fur cette
découverte dans les Annales de Chimie t en juillet
17517, tome XXIII, page 36.
« Le pulo de Molfetta, dit-il dans cet article,
fe trouve à une petite demi-lieue de la ville de ce
nom, en Pouille ,& à un quart de lieue de la mer.
C ’eft une grande foffe en forme de cône renverfé,
produite par l'affai Bernent d'anciennes cavernes
fouterraines, creulées par les eaux , dans l'épail-
feur des couches calcaires , qui conftituent le
tond de la campagne inclinée vers la mer. Cette
grande folTe a iix cents palmes napolitaines de
tour, & cent vinge-fept de profondeur perpendiculaire
: les couches en général font inclinées
vers la mer , ont une épailîeur inégale de fix
pieds jufqu'à fix lignes, & font de la plus compacte
efpèce de pierre calcaire, dans laquelle on
difiingue des corps marins fpatifiss. • Les plus
épaifies d'entre ces eoùches font creufees en
grottes, qui paroiffent avoir été ébauchées par la
nature, & enfuite agrandies parles hommes rieurs
limaces, au moment de ia découverte qu’en fit
M. Fortis, foit intérieures , foin extérieures,
donnoient une rrès-grande quantité de falpêtre
naturel, prefque tout-à fait pur, 6c à bafe d’al-
caû végétai, fans la moindre intervention de
l'art.
*> L’art éclairé n’y auroit eu autre chofe à faire
qüe d'y renouveler les lurfaces à de certaines
époques, qu'il auroit fallu déterminer après des
obfei varions exactes de quelques mois ou peut-
être de quelques années, pour s’alTurer d’une quantité
déterminée, année courante, de falpêtre de
houlfige.
« M. Fortis a conftaté, par des expériences
réitérées, qu’en moins d’un mois, quelle qu’en pût
être la railon , les cavités faites à la furface des
couches par un marteau dentelé , non-feulement
fe rempl'fToient de falpêtre, mais en devercient
convexes & proéminentes.
Un grand nombre des grottes du pulo femblent
avoir fervi de carrières. Eiies ne donnent pas
toutes une égale quantité de falpêtre; celles qui
font expofëes au midi en font plus riches.
IS f lU Re faut pa"s s'imaginer quelles aient été
habitées par des animaux : les mieux & plus richement
laipêtrées font les plus inacceffibies , &
il y a tel trou bien éloigné de l'air extérieur , 8c
où à peine un enfant peut s'introduire la lampe à
la main , dont on tire les plus riches exemplaires
dé falpêtre très-blanc & très-pur.
« Ce n'eft pas aux furfaces feulement que le
falpêtre fe forme dans les grottes & fur l'extérieur
des couches du pulo; il foulève bien fouvent
des lames de pierre en fe formant au def-
fous. Ces lames ont une ou deux lignes d'épaif-
feur : on les reconnoît aux crevafles qui les dif-
tinguent, & en les faifant tomber on voit derrière
elles du très-beau falpêtre blanc de neige. »
Le profeffeur Zimmermann, de Brunfwick,
dans un Mémoire qu'il a lu en 1788 à T Académie