
Les acides n’agiffent point fur le phofphate acide
de chaux y & l'adhérence de l’acide phofphorique
à la portion du phofphate de chaux à laquelle il eft
uni dans le phofphate acidulé, fuffit pour l'empêcher
d’être décompofé par les autres.acides * qui,
comme on l’a vu, ne décompofent le phofphate
neutre que jufqu’à ce qu’il foit parvenu à l’état de
phofphate acidulé : ainli l’acide phofphorique eft
a (Te z attiré par le phofphate de chaux dans le phofphate
acidulé pour le défendre de l’aétion des autres
acides, mais pas allez pour réfifter à l’aétion
décompofante qu’exerce fur lui le carbone lorf-
qu’il eu très-chaud.
Toutes les bafes terreufes & alcalines, même
celles qui ont moins d'attraélion que la chaux pour
l’acide phofphorique, ont cependant plus d’at-
tra&ion pour cet acide, qu’il n’en a lui-même pour
1 e phofphate de chaux ; auffi féparent-elles ce dernier,
& le précipitent-elles, en s’unilfant à l’acide
phofphorique, en partie libre , & en le faturant.
La chaux elle-même, en abforbant cet acide phof-
phoriqu« , le précipite tout entier en phofphate de
chaux neutre & indiffoluble. Audi obtient-on un
dépôt çonfidérable en verfant de l’eau de chaux
dans une diffolution de phofphate acide de chaux,
& ce dépôt tft-il beaucoup plus abondant que
celui qu’on obtient par les alcalis & l’ammoniaque
, parce qu’en effet, outre le phofphate de chaux
contenu dans.ee fel acidulé, qui fe précipite feul
par les derniers * il s’en fépare une fécondé portion
formée par la chaux ajoutée, & l’acide que
contenoit l’acidule : c’eft pour cela que l’ammoniaque
donne bien moins de précipité avec l’urine
humaine, que n’en donne l'eau de chaux.
Le phofphate acide de chaux réagit fur plulïeurs
fels d’une manière qui n’eft pas encore connue; il
n’ a; aucune aéticui fur le phofphate de chaux.
L’analyfe exaéte de ce fel. fournit les proportions
fui vantes dans fes compofans :
Chaux........................................... ..............46
Acide phofphorique. .....................54
Le phofphate acide de chaux n’eft pas encore
d’ufage. C ’eft en quelque forte par erreur, mais
par une erreur née des circonftances de la décom-
polïtion difficile du phofphate de chaux par les acides
, qu’on n’emploie ordinairement que le phofphate
acide de chaux pour obtenir le phofphoré.
J’ai indiqué à l’article Os les moyens de corriger
cette erreur, & d’obtenir conféquemment de huit
à douze parties de phofphoré fur cent parties d‘os
calcinés, au lieu de quatre ou cinq parties qu’on
en a feulement obtenues jufqu’ici.
: P h o s p h a t e d e c h r o m e . Entièrement inconnu.
11 P h o s p h a t e d e c o b a l t . L’acide phofphorique
diffout l’oxide de cobalt, & forme une liqueur
rougeâtre qui fe trouble 8c fe dépofe lorfque
l’acide eft faturé. C ’eft à ce limple fait que
fe bornoient, à la fin du dix-huitième liècle, nos
connôiffanées fur l’adion limple & réciproque de
ces deux corps. Mais un examen plus approfondi
de leur combinaifon faline, traitée par le feu 8c
mêlée avec plulïeurs bafes terreufes, a fourni,
d’abord à M. Vauquelin & enfuite à M. Thénard,
une compolition de couleur bleue très-importante
pour la peinture.
Le dernier de ces chimiftes a ptéfenté à l’Inf-
titut, en 1804, un Mémoire furies couleurs, d'où
j’extrairai ce qui eft relatif à l’arfeniate & au.phofphate
de cobalt, comme donnant tous doux des
couleurs bleues folides propres à remplacer l’outremer.
« De toutes les couleurs, dit M. Thénard, qui
manquent à la peinture, il n’en eft aucune qui lui
foit plus néceflaire que le bjeu i on peut même
dire que c’eft celle dont elle, a le plus befoin.
» En effet, elle trouve, dans les combinaifons
du plomb avec l’oxigène , des blancs dont le feul
défaut eft de s’altérer légèrement avec le tems.
Le fer lui fournit des rouges & des jaunes, auxquels
il ne manque que peu d’éçiat, & elle pof-
fede, dans l’arferiite de cuivre, un vert qui ne
laiffe à délirer qu’un degré de plus d’inter.fité.
L’outremer lui offre à la vérité le bleu le plus
beau & le plus foJide qui puiflfe exifter i mais cette
couleur , autrefois li commune que le prix ea
étoit affez modique pour que tous les peintres
puffent l’employer, eft devenue li rare aujourd’hui,
qu’elle ne fe paie plus qu’au poids de l’or,
& que la miniature feule pour ainli dire peut en
faire ufage. Dans toute autre circonftance, on_eft
prefque toujours obligé de fe fervir de bleu de
Pruffe. Ce bleu eft bien exempt de la plupart des
inconvéniens que préfente l’azur ; il eft vraiment
célefte, & li intenfe qu’ il paroït noir ; il fe réduit
facilement en poudre ; il fe mêle aulii bien avec 1 Huile qu’avec la gomme ; il réunit enfin toutes
les qualités fi on en excepte une feule, la folidité;
mais ce défaut eft le plus à craindre, parce qu’il
eft fans remède. Qu’on jette les yeux fur un tableau
moderne ; le cie l, qui en eft d’abord admirable,
perd bientôt de fon éclat ; il s’altère ; il devient
promptement vert, & dès-lors on n’y reconnoit
plus celui de la nature.
» Je devais donc commencer par rechercher un
bleu qui pût fuppléer l’outremer. Le trouver étoit
1 un problème dont la folution ne me paroiffoit que
j difficile, & non pas impoffible. Je le réfolus beau-
j coup plus tôt que je ne l’efpérois. J’avois obfervé
j que le beau bleu qui orne les va fes de la manu-
! fa&ure de Sèvres, étoit fait avec de l’arfeniate de^
j cobalt 5 je penfai qu’en faifant un mélange exaét
j de ce fel & d’ alumine récemment précipités, on
| obtiendroit peut-être le même réfultat. Je fis l’ex-
I pérïènce ; elle eut un plein fuccès. Répétée plu-
I fiéurs fois, elle réuffit conftamment ; elle eut en-
1 çore plus de fuccès avec le phofphate de cobalt sfc
j’obtins auffi une belle couleur en me fervant de
borate. Mon premier foin fut alors d’effayer s’il
feroit poffible de fubltituer, dans ces differentes
opérations, les autres bafes faisables à l’alumine}
pour cela je variai les dofes de chacune d'elles; je
graduai le feu avec beaucoup de ménagement.
Voici ce qu’ont produit tous ces effais.
»» i° . La filice m’a donné une matière fritée &
violette.
» 2°. La magnéfie, une fubftance d’un blanc-
grifâtre.
»3 30. La chaux, la baryte &: la ftrontiane ont
décompofé le fel, & l’oxide, abforbant l’oxigène,
eft devenu noir.
»» 4°. La potaffe & la foude font les feules qui
aient formé un bleu-vif à la vérité, mais fenfible-
ment violet, & qui d’ailleurs ne pouvoir fécher.
?> Convaincu d’après cela que l'alumine étoit la
feule bafe falifiable qui pût, par la calcination avec
les Tels de cobalt, former une couleur bleue, il
ne me reftoit plus qu’à déterminer quel étoit celui
d’entr’eux qui donnoit la plus belle & la plus pure.
Je ne tardai point à reconnoître que le bleu du
borate égaloit à peine celui qu’on obtenoit avec
les autres fels de cobalt j & remarquant d’ailleurs
que fon prix feroit beaucoup trop çonfidérable,
je ne crus pas devoir le foumettre à de plus longues
épreuves. Je portai donc toute mon attention
fur les phofphates 8c les arfeniates; je les mêlai
en proportions différentes avec l’alumine, & à
force d’effais je parvins bientôt à trouver les meilleures.
» Ier. Partie égale d’alumine & de phofphate
m’ont donné un bleu tirant fur le vert.
» 2e. Un cinquième d’alumine & un de phofphate
m’ont donné un bleu allez beau.
» 3e. Deux d’alumine & un de phofphate m’ont
donné un bleu très-beau, très-vif & très-pur.
n 4e. Trois d’alumine & un de phofphate m’ont
donné un bleu prefqu’auffi beau que le précédent.
»» 5 e. Quatre d’alumine & un de phofphate m’ont
donné une nuance moins riches mais pure.
» 6e. Cinq d’alumine & un de phofphate m’ont
donné une' nuance d’un bleu pur, mais encore
moins foncée.
” i ct. Une demie d’alumine 8c une d’arfeniate
m’ont donné une nuance violette.
« 2e. Une d’alumine & une d’arfeniate m’ont
donné un bleu-foncé vif & pur.
f . 3e. Deux d’alumine & une d’arfeniate m’ont
dbnné une couleur prefqu’auffi riche que la précédente.
15 4e. Trois d’alumine & une d’arfeniate m’ont
donné une couleur encore moins foncée, mais
toujours pure.
>» Ainfî les proportions les plus avantageufes
lont : Pour le bleu à bafe d’arfeniate, une partie
darfeniate, & une, un cinquième ou deux d’alu-,
^ n e } & pour le bleu à bafe de phofphate, une
partie de phofphate, un cinquième , deux & trois
Chimie» T om e
d’alumine. Avec moins d’alumine, on obtient des
nuances violettes ou vertes ; avec plus d’alumine,
il en réfulte des nuances bleues, mais moins foncées.,
Celles des arfeniates m’ont paru conftamment
, quelle que fût la quantité d'alumine, moins
vives & moins intenfes que celles des phofphates9
& celles des phofphates elles-mêmes le font moins
que l’outremer à cent francs l’once.
» Au relie, on conçoit que le coup de feu doit
fînguliérement influer fur le ton que prend la couleur.
J’ai fait à cet égard plulïeurs obfervations
qui pourront fervir de guide. Quand le mélange
fe compofe de parties égales , le coup de feu né-
ceffaire eft le rouge-cerife j il doit être plus fort
fi la quantité d’alumine eft plus grande : il ne faut
pas qu’ il foit trop violent} la couleur feroit moins
brillante & moins intenfe. En général, pour faifir
le degré de feu le plus convenable, il faut retirer,
de tems à autre, de la matière du creufet, & ob-
ferver avec foin la teinte quelle a. Quoique cette
règle foit affez certaine, elle ne doit pas cependant
difpenfér, avant d’opérer en grand, de confiner
foi-même l’expérience un grand nombre de
fois} car malgré l’habitude que j’ai acquife, il
m eft arrivé, comme on le verra dans les échantillons
que j’ai eu l’honneur de préfenter à l’ Inf-
tnut, de ne point arrêter l’opération à propos, 8c
d obtenir des-tbns plus ou moins foncés, 8c plus
ou moins brillans.
b La manière de préparer l’ arfeniate 8c le phofphate
de cobalt n’a pas moins d’influence que la
température fur les réfultats de l’expérience. On
ne fauroit prendre trop de précautions pour en
féparer le fer que la mine de cobalt contient toujours.
Sa préfence nuiroit finguliérement à la pureté
de la couleur > c’eft pourquoi je me permettrai
d’entrer dans quelques détails à ce fujet.
33 Pour faire deTarfeniate de cobalt avec cette
mine, que je fuppôfe compofée, comme celle de
Tunaberg dont je me fuis fervi, de foufre, d’arfe-
nic, de fer & de cobalt, je la change, par l’acide
nitrique, en acide fulfurique & en arfeniare de
fer & de cobalt. Après avoir évaporé la liqueur
pour en dégager l’excès d’acide nitrique, je l’étends
d’eau, & j'y ajoute peu à peu une diffolution
foible de potaffe , qui en fépare tout l’arfe-
niate de fer fous la forme de flocons blancs : alors
filtrant & ajoutant de nouveau de la potaffe toujours.
étendue d'eau, j’obtiens un beau précipité
rofe, qui çft l’arfeniate de cobalt. On ne doit pas
mettre un excès d’alcali; le précipité feroit en
partie décompofé ; il deviendroit bleu , & ne feroit
plus fi propre à remplir l’objet qu’on fe pro-
pofe. De toute autre mine de cobalt, on pourroit,
par un moyen femblable ou légèrement modifié
obtenir l'arfeniate de cobalt.
3, Dans la préparation du phofphate de cobalt, il
faut fuivre un autre procédé. On grille d’abord* la
mine jufqu a ce qu’il ne s’en dégage plus de vapeurs
arfenicales malgré la violence d’un feu long.
M m m '