
s 7 4 o x i
En chauffant doucement une combinaifon tranf-
parente de borax & d'oxide de cériumx elle devient
laiteufe comme un émail à 1 étain.
L‘oxide de cérium au minimum , précipité d'une
diffolution muriatique qui a long-terris bouilli, eft
blanc comme de Y oxide d'étain, mais il prend
bientôt une teinte jaune par le contadl de l’air.
Cependant il ne devient jamais, dans cette cir-
conftance , auffi rouge que par la calcination , parce
qu'il fe combine promptement avec l'acide, carbonique
, qui s’oppofe à fon union avec l’oxigène
jufqu'au point de fatura.tion, & parce qu'il con-
ferve toujours une certaine quantité d’eau qui
diminue la couleur. Voxide de cérium ainfî expofé
à l’air donna , en fe dilloivant dans l'acide muria
tique j un mélange d'acide carbonique 8c d'acide
muriatique oxigéné. La quantité de ce dernier eft
très-petite. Quand on le foumet à l'aétion de la
chaleur , l’eau & l'acide carbonique fe dégagent ,
& il s’y fixe une nouvelle quantité d’oxigène qui
lui donne une couleur rouge-marron.
La potaffe cauftique ne produit aucun changement
à froid fur Y oxide de cérium au maximum,
mais, à l’aide de la chaleur, fa couleur rouge dif-
paroît &f devient blanche. Si l’on fait deffétherle
mélange & qu’on le pouffe à la fufion, la couleur
rouge reparoït de nouveau. La potaffe rediffoute
dans l’eau n’a aucune couleur, oc Yoxide refte tei
qu’il étoit auparavant. La folution alcaline, fatu-
rée par un acide & mêlée avec l’ammoniaque , ne
donne aucune traçe de cérium : il parojt, d’après
cela, que l’aétion de l’alcali fur cet oxide n'eft que
mécanique ; au moins elle n’en retient pas en diffolution.
L’ammoniaque produit, fur Yoxide de
cérium qui n'a pas été calciné , le même effet que
la potalîè.
Vingt-huit grammes & demi Üoxide de cérium,
traités à l'état gélatineux avec l’ammoniaque à
chaud , devinrent blancs & granuleux ; fiiyés &
féchés à l’air, ils pefoient trente-deux grammes
à caufe de l ’humidité & de l’acide carbonique qui
s’y étoienc combinés;mais ils,furent réduits à 27,2
dixièmes par la calcination, 8c prirent une couleur
de brique pâle. Dans cette operation l’ammoniaque
ne diffout pas un atome de cérium , 8c aucune
expérience ne peut démontrer dans celui-ci la plus
petite trace d’ammoniaque.
M. Vauquelin a effayé de réduire Yoxide de cérium
, &r voici les procédés qu’il a mis en ufage.
« Nous avons fait plufieurs tentatives , prefque
toutes infru&ueufes, pour opérer la réduction de
ce métal. Dans la première nous employâmes de
î’oxaîate kde cérium , dont nous fîmes une pâte
avec une fuffîfante quantité d’huile graffe, que
nous fournîmes, .dans un çreufet brafqui, à toute
la chaleur que peut produire le fourneau de forge
de l'École de.s mines.
» Malgré la violence du feu qui dura près d’une
heure & demie, & qui avoir ramolli le creufet,
Cous n’obtînmes point de métal ; nous retrouvao
x 1
mes la matière à peu près dans le même état qu*au-
i paravant ; feulement elle avoit perdu beaucoup
| 4®! poids j mais , comme une. partie pouvait
f s ®tie mêlée avec la brafque, nous n’avons pu rien
t en conclure.
13 Dans la fécondé tentative, nous nous fer vîmes
de tartrite de cérium, que nous avions quelques
raî£?ns croire plus pur que l’oxalate ; nous le
mêlâmes avec une très-petite quantité d’huile &
de noir de fumée, craignant que le carbone de
1 acide tamreux ne fût pas fufSfant pour opérer
la réduction complète : nous mîmes ce mélange
dans un creufet de charbon renfermé lui-même,
au milieu du fable, dans un creufet de terre, 8c
nous le chauffâmes , pendant une heurè & demie ,
à la même forge. Cette fois il ne refta dans le
charbon qu’un globule métallique à peine gros
comme la tête d une épingle, & il nous fut im-
poftible, malgré les recherches les plus foigneu-
lcs j de retrouver des traces de cette fubftance
dans le fable contenu dans le creufet.
33 Nous recherchâmes avec empreffement la nature
du petit globuie métallique dont nous venons
de parler, ât nous vîmes qu’aucun acide fimple
n agiffoit fur lui. Nous employâmes l’eau régale,
& ce ne fut qu'avec une extrême difficulté que
nous parvînmes à le diffoudre dans cet acide mixte, ’
quoique le métal eue été broyé auparavant. Sa
diffolution étoit rougeâtre, 8c donna des lignes
non équivoques de la préfence du fer ; mais elle
donna auffi des marques fenfibles de l'exift nce du
cérium, i°. par fa faveur fucrée; 2°. par les précipites
blancs qui y produifirent le tartrite de po-
taffe & l’oxalate d’ammoniaqfie (1).
33 Ainfi cette expérience, quoique n’ayant pas
| donné le réfultat que nous efpérions, prouve cependant
trois chofesintéreffantes; premièrement,
que le cérium eft un métal fufceptibîe de réduction
; deuxièmement, que ce métal eft volatil à
une haute température; troifiémement , que le
tartrite de cérium , que nous croyions très-pur,
contenoit encore des veftiges de fe r , qui peut-
être font la caufe que tout le cérium n’a pas été
vohtilifé.
» Dans la troifième tentative, nous fîmes encore
ufage du tartrite de cérium , que nous mêlâmes
avec un peu de noir de fumée, d’huile & de borax,
& que nous chauffâmes dans une cornue de
porcelaine , au bec de laquelle nous adaptâmes un
tuyau de porcelaine, afin d’y arrêter le cérium
s il fe volatilifoit comme dans l’ expérience dernière.
Mais, foit que la difpofition de l’appareil
n ait pas,permis de donner allez de chaleur, ou
que la matière au eré volatilifée fans s’arrêter dans
; le col de la cornue ni dans le tuyau qui y étoit
IfiO Nous avons aulfi remarqué que ce globule métallique
etoit beaucoup plus fragile, plus d u r , plus lamelleux dans
fa caJlure , fie plus blanc que1 la fonte de fer pure.
joint, nous n'avons obtenu aucune trace de fu-
L-limé.
»» Cependant nous n’ avons trouvé dans la cornue
que de très-petits globules métalliques , affez
nombreux à la v é r itéq u i étoient attachés à un
vernis noir que le borax avoit formé : il y avoit
de ces globules vers la voûte du vaiffeau où, fui-
vant toute apparence, ils avoient été fublimés
par la force du feu. Mais tons ces globules tn-
îemble, quand nous aurions pu les réunir, n’au-
roient certainement pas fait la cinquantième partie
du cétium employé; ce qui annonce que la plus
grande quantité de cette fubftance s’étoit réduire
en vapeurs qui ne fe font point conde-nft es. Quelques
uns des plus gros de ces globules ont pré-
fenté les mêmes propriétés que celui qui a été
obtenu dans la deuxième expérience, avec cette
différence qu’ils paroiffoient contenir moins de
fer 8c plus de cérium. 1
» Ces expériences, quoiqu’incomplètes , nous
paroiffent cependant fuffifantes, indépendamment
de tout ce qui précède d’ailleurs, pour prouver
que la fubftance appelée cérium par les chimiftts
fuédois, eft un véritable métal différent de tous
ceux que nous connoiffons.
» En effet, quelle eft la fubftance qui, à une
pefanieur cinq fois plus grande que celle de l’eau,
réunit la propriété de fe combiner à divei fes quantités
d’oxigène , de prendre différentes couleurs
par ces combinaifons, & de fournir de l’acide
muriatique oxigéné lorsqu'on la diffout à fon
maximum d’oxigénaüon, dans l'acide muriatique
ordinaire ? Aucune à notre connoiffance, fi ce ne
font les métaux. Si nous joignons à ces propriétés
Ja rédu&ion partielle, il eft vrai, que nous lui avons
faiTéprouver , il nous fembîe qu’il ne refte aucun
doute fur la nature métallique de cette fubf-
— , . ------ ****** V J V I J k VJ C I I C U U , l . U U C
le cérium eft fufceptibîe de former deux efpèees
à oxides , l’un au minimum d’oxîgénation , qui eft
blanc, s’unifiant aifêment à tous les acides, Si
formant des combinaifons blanches, légèrement
rofées; l’autre, de couleur rougeâtre, qui fe diffout
plus facilement dans les acides, donne des
combinaifons-colorées, plus acides & moins cri fi
ta 11 ifables que celles de l’oxide au minimum, &
produit de l'acide muriatique oxigéné, avec l’acide
muriatique ordinaire ; 1 . Que ces oxides forment avec les acides deux
genres de fels ; relativement à leur folubilité, fo-
lubles 8c fucrés avec les acides fuifurique , nirri-
que, muriatique & acétique; infolubles & infi-
pides avec les acides phofphorique , acétique a
tartareux , pruffique & carbonique , comme celle
de la plupart des métaux ;
. jH Que les oxides communiquent aux mélanges
vitnfiables , & particuliérement au borax, une
couleur jaune & de l’opacité s’ils font en fura-
oondance;
40. Qu'ils font difficiles à réduire par les movens
ordinaires, & que le métal paroît être volatil;
50. Qu’ils ne s’uni lient point au foufre ni à l’hydrogène
fulfuré, propriété qu’ ils partagent avec
quelques métaux nouvellement découverts;
6°. Enfin, que le cérium eft un métal particulier
& différent de tous ceux qui font connus, &
non une terre. ( Voye^ le mot C érium , au Supplément.
)
O xide de chrome. M. Vauquelin eft le premier
chimille qui ait reconnu l’exiftence du métal
que j’ai défigné par le nom de ch ôme d’après les
belles propriétés de coloration qu’il lui a découvertes.
Son oxide eft furtout très-remarquable par
fa riche couleur vert d’émeraude. Il ne s’altère ni
par l’air ni par la chaleur même la plus forte. Ce
n’eft qu’avec beaucoup de peine & de tems que
l’on peut parvenir à changer fa couleur en le fai-
fant bouillir à plufieurs reprifesavec l’acide nitrique
concentré. Ces caractères indiquent qu’il peut
être d’un grand avantage pour la coloration des
émaux & de la porcelaine , auxquels il communique
fa couleur riche 8c inaltérable. On en a déjà
fait de$ effais qui donnent l’efpérance de l’employer
avec beaucoup d’utilité pour la beauté de
cette poterie.
Chauffé avec les alcalis, fa couleur change prefque
fur- le- champ ; il paffe au jaune-orangé , prend
les caractères de l’acide chromique, 8c fe combine
avec les alcalis à mefure qu’ il eft formé ; ce qui
prouve que .ces fubftances favorifent fingulkre-
ment la furoxigénati.on de Xoxide du chrome, fans
doute à caufe de leur affinité prédifpolânte pour
l’acide chromique.
Uoxide de chrôme eft fous la rorme d’une poudre
femblable à une fécule légère, d’une couleur verte
très-foncée : on l'obtient facilement dans cet état
en déçompofant par le feu le çhromate de mercure
obtenu par le mélange des diffolutions de
çhromate de potaffe & de nitrate de mercure an
minimum. Le précipité rouge-orangé ou le chro-
mate de mercure, qui fe forme calciné légèrement
dans un creufet, fe décompofe. & lai fie pour ré-
fidu Yoxide vert de chrôme, dont la couleur fe fonce
par le refroidiffement.
M. Godon de Saint-Mefmin, dans un Mémoire
lu à l’Ififtitut, 8c dont M. Vauquelin a été le rapporteur,
fait obfel ver que lorfqu’on précipite une
diffolution légèrement acide, de nitrate de plomb
par le çhromate de potaffe pur & bien neutre , il
refte conftamment dans la liqueur une petite quantité
de chrôme qui a perdu fa couleur. Il conclut
de ce fait, que le chrôme eft fufceptibîe de trois
degrés d’oxigénation ; dans le premier il eft blanc ;
dans le fécond, vert, 8c dans le troifième, rouge
& acide. Ces réfultats intéreffans demandent à
être confirmés par les ch imite. ( Foyei le mot
CH RÔM E , au Supplément,)