
de chrome dans les premières , celle-ci n*en renferme
pas au-deià d'un demi-centième.
»> J ai cru pouvoir conclure des faits contenus
dans ce Mémoire,
“ i°» Que les cinq pierres météoriques, dites
de Vérone, d’ Enfisheim, de l’Aigle, d’Apt & de
Barbotan, renferment , outre les principes déjà
reconnus par les chimiftes, le métal nommé chrome,
dans la proportion d’environ un centième ;
»* 2°. Qu'il y a lieu de croire que toutes les
pierres météoriques contiennent également ce prin-
cipe ( i ) , puifque toutes fe reffcmblent par leurs
propriétés phyfiques & chimiques ;
. ** 3** Que dans beaucoup de cas il eft peut-être
mdifpenfable, pour arriver à la perfeétion que
comporte l’analyfè chimique, de traiter la même
fubftance, 6c par la voie des acides, & par celle i
des alcalis, puifqu’il eft prouvé par mes expériences,
que tel principe inapperçu dans le premier
cas peut être mis en évidence dans le fécond.
»
Relation de là chute de deux aérolite s ; par MM. Pa-
ê es 3 doUeur-médecin , 6* Dhombres-Firmàs, propriétairefoncier,
membre de V Académie du Gard.
* Le 15 mars 1806, à cinq heures & demie du
foir, on entendit a Alais, & dans les communes
voifines, deux détonations à quelques fécondés
l’une de l’autre, que chacun prit d’abord pour
deux coups de canon j elles furent fuivies d’un
roulement qui dura dix à douze minutes. 11 étoit
tombé quelques gouttes d’eau le matin. Le baromètre
qui étoit le 14, au lever du foleil, à 0,751
mètres, defcendic graduellement j il étoit à 0,745
le 15 au matin, & remonta de o,oco2 à midi. Alors
le ciel étoit éclairci. Dans l’après-midi, quelques
nuages cachoient le foleil par intervalles j le thermomètre
centigrade marqua 12,5 dans fon maximum.
Après les deux détonations, le ciel fut plus
nuageux 6c couvert.
» Nous apprîmes qu’il étoit tombé deux aéroli-
tes à Saint-Étienne-de-Lolm & à Valence, village
du premier arrondiffement du Gard, le premier
à environ douze kilomètres, & le deuxième
à dix-huit d’Alais.
Les favans n elèvent plus aucun doute fur ce
phénomène > cependant, perfuadés que de nouveaux
faits ne peuvent qu’intéreffer les phyficiens,
nous nous tranfportâmes avec empreffement fur
les lieux, pour y prendre des renfeignemens plus
exaéls des habitans qui en avoient été les témoins
(1) L e Mémoire donc M . Thénard a fait lefture à l’Inf-
titut le a6 de ce m o is , fur l'aérolice comEée depuis peu à
A la is , département du G a rd , vient à l’appui de cette conjecture.
Quoique la pierre météorique qu’il a anal y fée, différât
par fes caraéteres extérieurs des autres pierres, déjà connues
, elle ne lui en a pas moins offert les mêmes principes ,
Ce notamment le chrome, qui fait l’objet de mon Mémoire.
oculaires. L’ uniformité j e leurs rapports fur les
circonflances qui avoient accompagné la chute de
ces pierres. fuffiroit feule pour difiiper tous les
doutes s’il pouvoit en exifter encore.
Aérolite de Saint-Étienne-de-Lolm.
» Les fieurs Penarier père & fils, cultivateurs,
fe trouvoient hors du village; ils entendirent deux
détonations qui ne furent pas précédées d’éclairs,
8c qu'ils prirent pour deux coups de canon tirés
du côté de Saini-Hippolyte-Ie-Fort ; mais le roulement
qui les fuivit, & qui leur fembla parcourir
dans le ciel une courbe dans la direction du couchant
au midi 8c du midi au levant, les détrompa.
Ils fixèrent alors plus attentivement les nuages:
une forte de fifflement particulier fuccéda à ce
roulement, & ils apperçurerit directement un
corps noirâtre fortant des nuages, fe dirigeant
obliquement du nord vers .eux, qui, pafiant au
deffus de leur tê te , fut tomber dans une terre à
blé au deflous du village, & fit un bruit affez fort
en éclatant. Ils furent, de fuite à fa recherche,
fuivis de plufieurs habitans effrayés. Ce corps avoir
creufé la terre d'environ 0,1 z mètres. Un roc qui
fe trouvoit à cette profondeur l'avoit brifé en
plufieurs morceaux, dont quelques-uns furent fa-
maffés encore chauds à plus de huit pas de distance.
11 reftoit dans le creux, qui a environ o,t
mètres de diamètre, des débris noirâtres, que la
pluie qui tomba le furlendemain délaya. Le poids
du plus grand nombre de fragmens eft de cinquante
à foixante 8c dix grammes. Un feul que poflède le
fieur Penarier, pèfe cinq cent cinquante-fix grammes.
On eftime que la pierre entière pouvoit pefer
quatre mille grammes. Sa forme, appréciée d’après
celles des principaux fragmens, étoit irrégulière J
8c anguleufe. Elle eft noire intérieurement, ainfi
que fa furface q i paroit avoir fubi l’aition du feu.
Aérolite de Valence.
* L’aérolite qui tomba en même tems à Valence,
a pour témoins de fa chute les fieurs Pierre Reboui
8c fon fils, Vincent Mazel, St Pierre Efperaudieu,
domeftique du marre. Ils étoient occupés à des
travaux d agriculture lorfque les détonations dont
nous avons parlé, 8c le roulement qui les fuivit,
attirèrent leur attention. Il cêfloic à peine, qu’un
bruit qui reflèmbloit, difent-ils, à celui que fait
une poulie de fer lorfqu'on laiflTe defeendre avec
viceflfe la corde d'un puits, leur fit de nouveau
fixer les yeux vers le ciel ; ils apperçurent alors
un corps noir, venant aufli <iu coté du nord en
ligne oblique, qui tomba au milieu d’eux à environ
quinze pas du fufdit Pierre Reboui. Ils accoururent
cous les quatre à l’endroit de fa chute,
& le trouvèrent à moitié enfoncé dans la terre,
encore chaud, & fendu feulement en trois morceaux,
Çe méteoroiite étoit de forme jjrofliérement
ment cubique, de la groflTeur de la tête d’un petit
enfant, 6c du poids d’environ quatre livres. Les
trois fragmens furent divifés : chacun vou'ut en
avoir j de forte que ce n’a été qu’avec peine que
nous avons pu nous en procurer. Les échantillons
que nous polTédons nous ojnt été donnés par les
heurs Penarier, Aurivel* maire de Valence, 6c
Pierre Reboui.
» Nous avons préfenté la lame d’un couteau
aimantée aux débris de cette pierre, & ils y ont
adhéré. Elle agit affez fortement fur l’aiguille
d’une petite bouffole que nous avions à la campagne.
Elle n’étinçelle pas fous le briquet i mais
dans un verre d’eau elle s’y eft diffoute comme de
l’argile, en dégageant de petites bulles d’un gaz
que nous examinerons. Telles font les petites expériences
que nous avons pu faire fur les lieux.
Nous nous propofons de faire fur cette matière
un travail plus étendu. Ên attendant nous croyons
effentiel d’obferver qu’aucun météore lumineux
n’a accompagné la chute de ces pierres ,* ce qui,
avec leur couleur & leur dureté, les fait différer
déjà de celles tombées ailleurs.
** L’analyfe de ces pierres a été faite à Paris :
nous la publierons dans un des prochains cahiers. »
Analyfe d un aérolite tombé dans Varrondijfement
d.'Alais y le 1$ mars 180.65 par M. Thénard.
« D ’après le rapport du juge-de-paix du canton
de Vezenobres au miniftre de l'intérieur, & d’après
les renfeignemens communiqués à M. Biot
par MM. Dhombres-Firmas & le doâeur Pagès,
membre de l’Académie du Gard, cette pierre, en
tombant, fit entendre un grand bruit, comme
toutes les autres pierres tombées jufqu’ici dans
divers lieux 5 mais il s’en faut de beaucoup qu’erie
en ait les propriétés phyfiques. Elle a tellement
l’afpeâ: d’une forte de mine de charbon de terre,
que plufieurs perfonnes ont eu peine à croire que
ce n’en étoit pas. Ainfi elle eft noire & formée de
limes qui, pour la plupart, font peu adhérentes
les unes aux autres, & qui, chacune en paiticu-
lier, font très-friables j de plus, elle laiffe fur le
papier, contre lequel on la frotte légèrement, des
traces qui ont quelque reffemblance à celles que
fait le charbon de fer. C ’eft pourquoi je me fuis
emprefîe d’en examiner un fragment que M. Biot
avoit eu'la complaifance de me donner, & dont
d avoit trouvé la pefanteur fpécifique égale à F.94- » Beaucoup dfe petits grains de cette pierre
etoient attirables au barreau aimanté. Calcinée
avec le contad de l’air, elle paffoit promptement
du noir au rouge , & ne perdoir prefque rien de
fon poids ; calcinée dans une petite cornue dont
Je cou s’engageoit fous un flacon plein de mer-
041 t e , elle reftoit noire , perdoit dix-fept pour ;
wnt, & donnoit environ un pouce cube d’acide j
•carbonique en pouffant le feu jufqu’à faire rougit
C h i m i e , Tom.e P "
le vafe diftillatoire ; fondue avec du borax, elle
le coloroit en vert-jaunâtre. Préfumant, d’après
ces effais, qu’elle devoit contenir beaucoup de 1er
& peu de charbon, ne pouvant point d’ailleurs,
faute de matière , faire d’autres effais qui _ me
miffent à même d’employer la marche analytique
la plus dire&e, je la traitai comme il fuit.
» J’en fis bouillir dix grammes dans une fiole ,
avec un excès d’acide muriatique. Pendant une
demi heure que dura l’ébullition, il ne fe dégagea
que quelques bulles d’hydrogène fulfuré : au bout
'de ce tems, je filtrai la liqueur, 6c je lavai, avec
beaucoup de foin, la matière indiffoute qui étoit
reliée fur le filtre. Cette matière étoit noire:
defféchée en vaiffeau clos, elle ne changea pas
de couleur, 6c pefa vingt-trois décigrammes 6c
demi.
»» Chauffée au rouge dans un creufet, elle devint
blanche, & ne pefa plus que vingt-trois déei-
grammes 6c demi, qui n’étoient autre chofe que
de la filice pure. Les deux autres décigrammes 6c
demi ne pouvoient être que du charbon} cependant
, pour lever tous les doutes qu’on auroic
encore pu avoir à cet égard, je me procurai dix
décigrammes d’un coinpofé femblable aux vingt-
trois décigrammes & demi précédens 5 je les mêlai
avec de l’oxide rouge de mercure, & je retirai de
ce mélange, par la chaleur, une quantité d’acide
carbonique qui correfpondoit à environ un déci-
gramme de charbon. Donc, pour connoître la
rature de la diffoiution muriatique, dont la couleur
étoit jaunâtre, j’en chaffai,par l'évaporation,
l’excès d’acide} j'y verfai un excès d’ammoniaque ,
qui y détermina un précipité rouge-jaunâtre très-
abondant; je la filtrai, je lavai le filtre, & j’examinai
fucceffivement la liqueur & le précipité.
Examen de la liqueur.
>» La liqueur étoit bleuâtre ; ce qui y fit foup-
çonner la préfence du nickel. Pour le féparer, j’y
ajoutai un.excès d’hydrogène fulfuré, & tout à
coup il s’y forma des flocons noirs que je recueillis
! avec grand foin, & qui, traités par l’acide nitrique
, donnèrent une diffoiution de véritable nitrate
de nickel, dans laquelle il m’a paru qu’il y
avoit tout au plus deux parties & demie d’oxide
de nickel. Après avoir féparé de la liqueur le
nickel par l’hydrogène fulfuré , 6c m’être affuré
que cette liqueur ne contenoit.plus rien de niétal-
; lique, j’y verfai en premier lieu de l'oxalate acidulé
de potaflè, qui, feulement au bout de quelque
tems, la troubla légèrement : d’où je conclus
qu’elle ne renfermoit que quelques traces de chaux;
puis j’y ajoutai de la potaffe cauftique, qui en répara
neuf parties de magnéffe que j'ai convertis
en fùlfate de magnéfle.
Examen du précipité.
®» Le précipité jaune-rougeâtre, formé par l’am-
£ e e .e