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agiroit-fortement fur les corps combuftibles, U
particuliérement fur le phofphore & fur le fou-
fre. En effet, il détonne par le choc avec le premier
; & lorfqu’il eft encore liquide, mêlé avec
le fécond, en employant une partie de celui-ci
contre trois de celui-la, au bout d’une minute le
mélange s’agite bientôt, il fe fait un bourfoufle-
ment confiderable; le foufre brûle , il fe dégage
beaucoup d'acide muriatique oxigéné , & il fe’
forme du fulfate de mercure oxigéné.
Le? acides fulfurique, nitrique & muriatique
. decompofent tout a coup le müriate fufoxigéhé
de mercure i cette décompofition fe fait par l'acide
fulfurique fouvent avec décrépitation lorfque le
fel eft folide, & toujours fans bruit lorfqu’ il eft
liquide. Nous ne favons point fi la plupart des autres
acides ont aufli la propriété d'opérer la décompofition
de ce fel ; mais nous avons tant de
r.aifon&pour le croire, que nous oferions prefque
l!affurer.-
Les bafes falifiables agiffent fur le muriate furoxi-
géné de mercure comme' fur le fublimé corrofif:
ii éxifle une telle relation entre leur attion fur
les fels de mercure , qu'on peut établir comme
règle générale, qu'excepté l'ammoniaque qui les
précipite en blanc, elles précipitent en jaune tous
ceux qui font très-oxides , tandis qu'elles préci-N
pitent ceux qui le font peu en gris fenfiblement
noir.
io i . On ne commît que très-peu, en compa-
raifon de ce qui vient d'être expofé de l'aétion
des quatre premiers acides fur ie mercure, celle
des autres acides fur ce métal. L'acide phofpho-
rique ne peut pas agir fur le mercure, mais il s'unit
a fon oxide. On n'opère bien cqtte union qu'en
.précipitant du nitrate de mercure avec une diffo-;
lution de phofphate -alcalin ; il fe forme fur-le-
champ un précipité blanc de phofphate mercuriel
iiifoluble : la-plupart des liqueurs animales
donnent cette efpèce de fel mêlé avec du muriate
de mercure doux, quand on y verfe du nitrate *
de mercure. Le phofphate de mercure eft phofpho-
rique & 'lumineux quand on le frotte dans i’obf-
çurité : expofé au feu, & furtout avec un peu de
charbon, il donne du phofphore. On a prétendu
que le fublimé corrofif étoit décompofé dans le
Corps humain par les phofphates qui s'y trouvent y
.mais on n’a donné aucune preuve chimique de
‘cette affertion.
j 102. L'acide fluorique n’a aucune a&ion fur le
mercure coulant y mais ii s'unit à fon. oxide, & les
Ouatés folublés , mêlés au nitrate de mercure, y
font un précipité blanc de fluate mercuriel, dont
on n'a point encore examiné les propriétés.
, 103. L'acide boracique n’agit pas davantage par
la voie immédiate fur le mercure ; mais en mêlant
des diffolutioDS de borates folubies avec la diffo-
lution nitrique de mercure , on obtient un précipité
-jaunâtre de borate mercuriel. Pour avoir le
borate às rpcrciure pur, ce n'eft point du borax du
commerce dont il faut fe fervir y car la foude, contenue
en excès dans celui-ci, donne une portion
d'oxide de mercure briqueté, beaucoup plus âcre
que le borate de mercure,• il faut donc prendre du
borate faturé d’acide boracique..
• '104. L’acide carbonique n'a point d’a&ion fur
le mercure-ÿ mais on peut l’unir à fon oxide, en
précipitant fes diffolutions dans les autres acides
par des carbonates alcalins. Ces précipités font
blancs ou peu colorés. En féchant, ils prennent
cependant une couleur brune, & c’eften raifon
de cette nuance qu’acquiert quelquefois en reftoi-
diffant à l’air l’oxide de mercure fait par la feule
aétion du feu , qu’on croit ce dernier oxide chargé
ak)rs, ou dans le cas de fa coloration en brun, .
d acide carbonique. Au refte ce compofé n’eft
pas diffoluble dans l’eau : les acides précédens en
chaffent l’acide carbonique en gaz & avec effer-
vefcence.
105, On n’a point encore examiné avec foin
l’union des quatre acides métalliques connus avec
l’oxide de mercure ; on fait feulement que ces
acides n’ont en général que peu d’aélion fur le
mercure, parce que ce métal né peut pas leur en-
' lever d’oxigène. Schéele a indiqué quelques-unes
: des propriétés de l’arfeniate, du tunftate & du
molybdate de mercure > qu’on prépare en veffant,
dans la diftolution nitrique de ce métal, les fels
alcalins ou folubies formés par ces acides.
A. L’acide arfenique, traité dans une cornue
avec \e mercure , eft en partie décompofé par ce
métal y il fe fublimé de l’acide arfenieux , du mercure
coulant, & un peu d’oxide jaune àe mercure ;
il refte une maffe jaune non fondue , indiffoluble
dans l’eau, dans les ’acides fulfurique & nitrique ;
diffoluble dans l ’acide muriatique , & donnant en-
fuite, par l’évaporation & la fublimation de cette
diftolution, du muriate de mercure oxigéné, &
de 1 acide arfenique fondu. Le. mercure a décompofé
une partie de cet acide, en lui enlevant une
portion de fon oxigène, & en lui laiffant celle qui
forme 1 acide arfenieux y l’oxide d ^mercure formé
s’eft uni à l’autre partie de cet acide eh arfeniate
de mercure que l’acide muriatique a décompofé , &
ou il a trouvé dans le mercure affez d’oxigène pour
le porter à l’état de muriate corrofif.
B. L’acide arfenique précipite le nitrate de mer-
cure en blanc ; il décompofé le mntiaté mercuriel
doux, & le change en muriate corrofif : il né fait
rien fur ce dernier.
C. L acide tunftique,& l’acide molybdique précipitent
la diftolution nitrique de mercure en blanc.
Il paroïc que le tunftate & le molybdate de mercure
{ont blancs & indiffolubles.
D. L’acide chromique, combiné avec l’oxide
de mercure par l’union del-a diftolution d’un chro-
mate alcalin avec celle du nitrate de mercure,
forme un précipite indiffoluble d’un rofe-p.ourpre
très-vif , & d'une très-brillante couleur, que
M. V auquel i nqui fa découvert, croit pouvoir
devenir
devenir très-utile à la peinture. Il faut cependant
ajouter que, félon qu'on emploie du nitrate de
mercure peu oxide , ou du nitrate de mercure près.;
oxidé , les nuances des précipités qu'on obtient
par ces differens fels ou acides, varipnt prelque
toujours , comme nous l’avons dit à. 1 article Nitrate
de mercure : ceux qu’on forme ainfi dans
je nitrate peu oxidé, font blancs y mais Couvent
ceux qu’on forme dans le nitrate très-oxide, font
plus ou moins jaunâtres. , . .
106. Le mercure n’éprouve aucune alteration de
la part des terres alcalines & des alcalis. Dans les
expériences de Weftèndorf & de Wallerius fur
ce métal prétendu combine avec les alcalis fixes,
à l’aide de la fufion dans, des creufets, il paroit
qu’ils ont pris l’union d'un oxide de. fer aveCjfes
bafes, pour celle du mercure , qui n’éprouve vraiment
aucun changement.
107. Il n’en eft pas de même du mercure oxide.
L’oxide rouge de mercure furtout fë combine très-
bien avec l’ammoniaque y il réfulte de cette com- I
binaifon une poudre fulminante : pour 1 obtenir !
on fait digérer de. l’ammoniaque liquide très-,
forte fur de l’oxide rouge de mercure pendant huit
à dix jours; l’oxide fe recouvre peu à peu d une
poudre d’abord blanche jaunâtre, qui paffe par
la fuite à un blanc affez beau. En prolongeant
Ja digeftion jufqu’à quinze jours , la pouftiere
blanche augmente & donne des criftaux lamel-
leux, brjllans , dont la^petiteffe & la minceur ne
permettent pas de déterminer la forme. La pouf-
fière & les, lames qui ’ lui fucçèdent, mi fes fur
des charbons bien ardehs, détonnent affez fortement.
Sida température, n’eft pas affez élevée,
l’ammoniaque fe dégage, fans être décompoféq.
Pour que la fulmination foit forte, il faut qu;e la
poudre foit réunie en petites maffes ou pelotons,
& que les charbons fur lefquels on la place, foient
bien'.allumés. Sans ces conditions, la poudre ne
fait que décrépiter.par parcelles. Cette poudre a
la propriété de fe décompofer fpontanémcnt :
trois jours fuffifent pour cette décompofition ; le
réfidu eft de"l’oxide rouge dé mercure. Une chaleur,
douce opère la.même décompofition ; la potaffe,
la foude & les autres bafes falifiables n’ont aucune
adion fur la poudre./ulminante d’oxide de
mercure ammmoniacale. Les acides fulfurique , nitrique
& muriatique decompofent l’oxide de. mercure
ammoniacal fulminant ; ils le çonvertiffenten
deux^fels ammoniaco-mercuriels , l’un diffolubîe
& ci iftallifable, l’autre indifioluble & pulvérulent.
Ainfi 1[e1 mercure doit être placé dans le rang des
métaux dont les oxides, unis à l’ammoniaque, ont
pour caradère de fulminer en fe décompofant &
en décompofant l’alcali volatil, c’eftrà-dire, en
formant de l’eau & ên dégageant de l’azote.
..Outre cette poudré fulminante mercurielle, il
en exifte encore deux autres qui ont pour bafe le
hiercure. L’une eft celle découverte par Bayen,
& qu’oh fait en mêlant du foufre ayec de l’oxide
Ch im ie . Tome V .
rouge de mercure / elle détonne par la^.qjiolôur ;
alors il fe forme de l’ acide fulfureux & du lul-
fure Ae mercure. L’ autre eft celle découverte par
M. Howard. M. B.erthollet s’en eft occupe , & en
à donné une analyfe différente de celle du chi-
mifte anglais. Les rëchérches que nous avons faites
nous ont montré que l’une & 1 autre des ana-
Tyfes de. ces deux chimiftes .font vraies & exactes,
parce qu’ elles péùvent s’appliquer à deux précipités
différens 3i,qu’on obtient en effet fuivant la
méthode que l’on fuit dans la préparation de ces
compofés. Nous allons décrire le procédé de
M. Howard, indiquer les réfultats de M. Ber-
thollet; nous dirons enfuite ce qui réfulte de nos
expériences fur cette préparation. .
Pour faire, fa poudre fulminante , M. Howard
; recommande 'de prendre une partie de: mercure 3
fept parties & demie d’acide nitrique à 30 »
| & onze parties & demie d’alcool bien reêfine. On
diffout d’abord le mercure dans 1 acide nitrique;
on ajouté l’alcool à la diffolution mercurielle, oc
on fait chauffer jufqu’ à ce que la liqueur commence
à entrer en ébullition. On entretient cette
■ ébullition pendant quelques minutes , & alors on
rétiie le vafe du feu; par le rèfroidiffement il le
précipite une pouftière grifé-blanchatre, qui eft la
poudré fulminantev
! ' Cette ppudre détonne par le choc, au m fortement
qu’un mélange de muriate futoxigéné de
potaffe & de foufre. Projetée fur des charbons
rouges y elle,s’enflamme tout à coup avec une la-
gère explofion'Sc une lumière vive d’un bleu tendre.
M. Howard la, dit compofée fur cent parties,
comme il fuit :
Acide oxâliqùé . . . . . . ..................... 21,2.0
Mercure. . . . • . ..................... • • • • • •. ^4 j7 2,
Gaz nitreux, éthéré & oxigéné, uni
au mercure................ • ................... 14,00
IOOjOO
M. Berthollet, qui a repris les expériences de
M. Howard, ne les a pas tro'uvées exades. Il af-
fure, d’après fon analyfe , que la poudre fulminante
eft un compofé d’oxide de mercure, A ammoniaque
&■ d’une matière végétale particulière ,
produite par la décompofition de l’alcool (1).
. Des expériences, répétées plufieurs fois fur la
préparation de la poudre-fulminante de M. Howard
, nous ont prouvé que cette poudre varie
dans fa nature & dans fes effets , félon que l’on
entretient l’ébullition du mélange plus ou moins
long-tems. Nous avons fait trois poudres différentes
l’unede l’autre, en nous fervan.t des dofesindi-
" f î ) Cette notice fur les expériences de M. Berthollet eft
tirée du n°. 56 de la Société philomatique , an 10 , & celle fur
les expériences de M. H ow a rd , des numéros 1 14 , 1 15 6c 116
de la bibliothèque britannique.
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