
repréfente la pefanteur fpécifique du fécond } par
conféquent h pefanteur fpécifique du premier corps
fera celle du fécond comme douze eft à quatre ,
ou comme trois eft à un, c'eft-â-dire, que la pefan-
teur fpécifique fera trois fois plus grande.
Comme la denfité du corps eft une de leurs qualités
intérieures & efifentielles , dont la connoif-
lance contribue beaucoup à les caraétérifer 8c à
répandre des lumières fur leur nature, les chimif-
tes-phyficiens fe fout toujours appliqués à déterminer
cet objet j ils peuvent.juger parce moyen,
J* pureté des métaux & de plufieurs autres
fubftances, du degré de concentration ou de déflegmation
des acides , des alcalis en liqueur, de
le (prit de vin & des autres diffolvans* & cela
leur a fait faire plufieurs découvertes importantes.
Ils ont reconnu, par exemple, que dans les alliages
des métaux 8c demi-métaux, il réfulte des
maftes métalliques dont la pefanteur.fpécifique eft
r^ement correfpondante à ce quelle devroit être
s il n y avoir pas condenfation ou raréfaction dans
les métaux alliés. Ces expériences ne font cependant
encore qu’ébauchées. Il eft à préfumer qu’en
les fai faut on obfervera les mêmes phénomènes ,
& peut être encore de plus variés dans les diffo-
lutiens & combinaifons de tous les autres corps
folides 8c en liqueur, & qu’on pourra trouver ,
par ce moyen, l’explication d’une grande quantité
de faits aufli obfcurs qu’intéreflans.
Il y a plufieurs moyens de pratique afiez commodes
pour déterminer la pefanteur fpécifique des
corps. Comme cette pefanteur n'eft que relative,
& qu elle ne peut s’apprécier que par compa-
raifon, il étoit à propos de choifir une fubftance
fimple & invariable, ou du moins qu’on pût toujours
avoir facilement dans fa plus grande pureté,
à la pefanteur de laquelle on pût comparer toutes
les autres : on a trouvé toutes ces conditions dans 1 eau pure & diftiilée. Ainfi en pefant bien jufte
une quantité déterminée , une once, par exemple,
d eau très-pure dans une fiole, 8c marquant exac-
tement, par un trait, le volume qu’occupe cette
once d eau dans la fiole, il eft très-facile de déterminer
le rapport de la pefanteur fpécifique de tout
autre fluide à celle de cette eau : il ne s’agit pour
cela que de mettre dans la même fiole un volume
de cette liqueurégal à celui qu’occupoit l’once
d eau, c’eft-à-dire, d’emplir cette fiole jufqu’ à la
hauteur du trait qui le marque » & de pefer enfuite
exactement cette liqueur. Comme les volumes des
deux fubftances comparées font égaux dans cette
expérience, & que, dans ce cas, elles doivent
etre entr elles directement comme leurs poids ab-
folus, jl eft évident que, fi la liqueur comparée à
1 eau fe trouve jufte d’une once, par exemple,
elle aura la même pefanteur fpécifique que l’eau }
& que fi au contraire ell? pèfe plus ou moins d’ une
once , fa pefanteur fpécifique fera d’autant plus ou
moins grande que celle de l’eau, dans la propor-
tion de ce qu elle pefera de plus ou de moins que
l’once. S i , par exemple, ce volume de liqueur,
égal à celui d’une once d’eau, pefé enfuite , Ce
trouve avoir la pefanteur de deux onces, fa pefanteur
fpécifique fera déterminée double de celle de
l’eau î fi au contraire il ne pèfe qu’une demi-once,
elle fera de moitié moindre aufli que celle de
l’eau (i).
Cette méthode eft très-jufte , très-commode ,
& la meilleure qu’on puifle employer pour déterminer
la pefanteur fpécifique des fubftances en liqueur,
à caufe de la facilité avec laquelle on les.
réduit toutes à un volume égal. Mais il n’en èft.
pas de même des corps folides } il faut beaucoup
de main-d’oeuvre 8c d’adrefîè pour donner à deux
corps folides un volume exaélement égal} on peut
même dire que l’entière précifion eft comme 1m-
poflîbie à cet égard.: ainfi on eft obligé d’avoir
recours à une autre méthode pour ces fortes de
corps.
Nous avons vu que, lorfque les corps ont des
volumes égaux, leurs peftuteurs fpécifiques font
entr’elles comme leu-spoids ou pefameurs abfolus,
& c’eft fur ce principe qu’eft fondée la méthode
que nous venons d’expliquer 5 mais que , lorfque
les maftes ou poids des corps font égaux , alors ils
font entr’eux en raifori inverfe de leurs volumes :
c eft d’après ce fécond principe qu’on peut déterminer
plus facilement la pefanteur fpécifique des
corps folides. La méthode qu’on (Lit dans cette
détermination confifte donc à rendre coriftans ou
égaux les poids réels des corps, 8c à comparer
enfuite leurs volumes , ou , ce qui revient au
même, les effets de leur volume par rapport à
un pareil volume d eau, ainfi que nous allons le
voir.
Lors donc qu’on veut déterminer la pefanteur
fpécifique de deux corps folides, on commence
par en pefer à l’ordinaire , mais très exaélement,
une égale quantité, une once, par exemple, de
chacun, fans avoir aucun égard à leurs volumes,
qui font alors d’autant plus différens, qu’ils diffèrent
davantage en pefanteur fpécifique : on repèfe
après cela chacun de ces corps dans de l’eau très-
pure, par le moyen de la balance iiydroftatique, &
l’on tient note de la quantité de poids réel que
chacun a perdu étant ainfi pefé dans l’eau : on
compare enfuite ces pertes de poids, 8c celui qui
a fait la moindre perte furpaffe l’autre, en pefanteur
fpécifique , dans la même proportion que la perte
au poids du dernier furpaffe celle du premier.
Pour avoir une idée nette de ce qui arrive dans
cette occafion, il faut remarquer que, fi on place
(1) Pour faire cette expérience avec quelqu’exa&itude ,
( on prend dans les laboratoires un vàfe à goulot étroit,
& l’on a foin que la quantité d’eau à laquelle on veut corn-'
, parer le poids d’un volume égal d’un autre liquide; s’élève
jufqu’a la naiifànce du goulot, afin d’être fur d’avoir un
volume égal de ce' liquide. Si fon niveau fe mefuroit fu*
I “ne large fuxface, il y auroit lieu à une erreur grave.
àu milieu de l’eau un corps foli lè , 8c iju’on l’abandonne
à lui-même fans lui donner aucune im-
pulfion, le volume de ce corps occupera la place
d’un volume d’eau exaélement égal au fien , &
que fi la pefanteur fpécifique de ce corps eft d’ailleurs
égale à celle de l’eau, il doit relier immobile
dans l’endroit de l'eau où il aura été placé,
parce que, fon poids réel étant le même que celui
d’un volume d'eau égal, il eft dans l’eau comme
une pareille quantité d’eau, c’eft-à-dire , contrebalancé
par la pefanteur fpécifique de toutes les
parties environnantes, & par conféquent en repos
& en équilibre. Mais fi la pefanteur de ce corps eft
differente de celle de l’eau , alors il ne peut y
avoir équilibre : il faut néceffairement que le corps
defeende au fond fi fa pefanteur eft plus grande, ou
qu’ii monte à la furface fi elle eft moindre. 11 eft
évident que la force avec laquelle il montera ou
defeendra , fera proportionnée à la différence en
plus ou en moins de fa pefanteur avec celle de l’eau.
Si, par exemple , occupant la place d’une once
d'eau, il pèfe réellement deux onces, il tombera
au fond de l’eau ; mais il faut bien remarquer qu’il
ne tombera que par l’effet de l’excès de fa pefanteur
; car, comme il ne peut tomber dans l’eau
qu’en déplaçant à chaque inftant le volume d’une
once d’eau , il eft évident qu’une once de, fon
poids fera employée continuellement à faire équilibre
avec une pareille quantité d'eau. Ainfi, dans
la fuppofition préfcme, il ne defeendra que par
l’effet de la pefanteur d’une once ou avèc la moitié
de fon poids réel : d’où il fuit que, s’il eft fuf-
pendu à un dès bras d’une balance, il ne faudra
que le poids d’une once dans le plat de la balance
qui fera à l’air pour lui faire équilibre, & que par
conféquent il paroîtra moitié moins pefant dans
l'eau que dans l ’air.
Cela pofé, comme il eft évident, d’après ce
qu’on vient d’expofer* qii’un corps d’un poids
déterminé perd d’autant moins de ce poids dans
l’eau qué fon volume eft moindre, 8c que ces
deux chotes font dans le même rapport, il s’enfuit
qü’on peut fubftituer l’une à l’autre, & qu’en pefant
dans l’eau deux corps égaux en poids , on
peut juger du rapport de leurs volumes, 8c par
conféquent apprécier leurs pefanteurs fpécifiques
en déterminant 8c comparant la diminution de
poids qu’ils éprouvent lorfqu’on les pèfe dans
l’eau j c« qui eft infiniment plus facile 8c plus
exaêfc que dé mefurer les volumes. Ainfi, par
exemple , fi l’on pèfe dans l’eau deux corps égaux
en poids, 8c que l’un perde dans l'eau un dixième
de fon poids , que l’autre au contraire n’en perde
qu’un vingtième, on en conclura que le volume
de ce dernier eft moitié moindre que celui du
premier, 8c que’ pafr conféquent fa pefanteur fpécifique
eft double, parce quedes pefanteurs fpécifiques
des corps égaux- én poids' font, comme on
l’a vu s en rai fon in Verte de leurs volumes. {Voyè[
l-armlt Bal-Ange hydrostatique.)
Il fuit de ce qui vient d’être dit fur la pefanteur
des corps , que ce n’ell qu’à teur pefanteur fpécifique
qu’on fait attention dans la phyfique quand
on veut examiner leur nature 8c leurs propriétés, 8c que la pefanteur abfoiue ou plutôt les poids
dont on fe fert pour la déterminer, font des cho-
fes arbitraires & de convention , qui néanmoins la
déterminent bien quand ils font fixes 8c juftes.
Mais on doit remarquer fur ce dernier article,
que les poids ont, de même que les mefures, 1©
grand inconvénient de n’être point uniformes : on
les a fixés arbitrairement 8c tout diverfement dans
les différens pays 5 en forte que l’once, le marc,
la livre , 8cc. ne font pas le même poids réel dans
un pays & dans un autre $ ce qui oeçafionne néceffairement
de l’embarras dans les calculs des
réductions, & même fouvent des erreurs dans le
commerce & dans les arts. Comme les poids ne
peuvent être fixés que d’après le volume ou la
mefure exaéle des corps dont on fe fert pour les
fixer, il eft clair qu’il faudroir, pour les avoir
uniformes partout, que toutes les nations s’ac-
cordaflent à fe fervir d’une même mefure j ce
qu’on ne peut guère efpérer. La chofe eft cependant
très-poflible : la longueur du pendule à fécondés
fous l’équateur eft une mefure fixe 8c invariable,
à laquelle on pourroit rapporter toutes les autres:
cette mefure nous étant donnée en quelque forte
par la nature, feroit très-propre à deyenir uni-
verfelle fi les nations s'accordoient pour l’adopter.
Ce projet, dont l’exécution feroit certainement
très - avantageufe au:commerce, aux arts, aux
fciences, 8c par conféquent à tout le genre humain,
a été propofé par M. de la Çondamioe,
dans un Mémoire qu’il lut, fur cette matière, dans
une.affemblée publique de l’ Académie des feien-
c e s ( i) .
Il nous refteroit, pour compléter cet article, à
examiner quels font les effets que peut produire
la pefanteur des corps dans leurs combinaifons 8c
décompofitions , c’ eft-à-dire , dans toutes les opérations
chimiques. C eft là fans contredit i’objet
le pins important & le plus décifif pour la théorie
générale oç la chimie, mais il n’eft point de notre
refibre. Il eft aifé de fentir qu’on ne peut traiter
une pareille matière fans le fècours des mathématiques
: c’t ft là le point par où fe touchent ces
deux grandes fciences* qui paroiffent d ailleurs fi
-éloignées. Safts doute un homme qui auroit affez,
de connoiffancès 8c de capacité dans l’une 8c dans
l’autre, pourroit, en traitant à fond cette matière
, y répandre un grand jour, 8c jeter les fon-
demens d’une nouvelle fcience phyfico-mathéqia-
tique, ou plutôt généralifer infiniment l’appliça*
(1) Le y ce u de la Condàmînc & de Macqüèr eft actuellement
rempli par l’adoption des nouveaux poids 8c des
nouvelles mefures , fixées fur un type naturel, 8c invaria-
j ble, diaprés le beau travail de l’Académie royale des feien*
1 ces &c-ds r in f t i c u t i
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