
a jufqu’ici tiré fa bafe, pour qu'il ait été permis
d'eflayer même fes-propriétés.
M u r ia t e s o x ig é n é s . Cette dénomination
fembleroit indiquer les fels formés par l'union de
l ’acide muriatique oxigéné avec les bafes falifia-
-bles terreufes & alcalines, ainli qu'avec les oxides
métalliques. Mais l'expérience a prouvé, i ° qu'il
ne fe forme point de combinaifons entre les terres,
les alcalis & l'acide muriatique oxigéné , & que
lorfqu'on favorife de pareilles unions, l'acide
muriatique fe furoxigène de manière qu'il fe forme
des muriates furoxigénés & non Amplement oxi-
génés i 2°. qu'en unifiant l'acide muriatique oxigéné
avec les oxides métalliques, il fe forme également,
lorfque cette union eft poflible, des fels
furoxigénés , & non des fels oxigénés.
Cependant s'il n’exifte pas de limples muriates
oxigénés à bafe de terres ou d'alcalis, il exifte véritablement
des fels de cette nature à bafe d'oxides
métalliques, & c’eft de ceux-là qu’il doit être
quelh'on ici. On les obtient, foit en fai Tant agir de
l'acide muriatique oxigéné fur des métaux en petite
quantité , foit en expofant les diffblutions de
muriates métalliques (impies à toutes les circonstances
qui peuvent leur céder de l'oxîgène, comme
l'expontion à l'air, l’addition d'acide muriatique
oxigéné ou de quelques oxides furoxidés.
Ces fels, confidéres fous ce rapport, forment un
genre de compofés intermédiaires entre les muriates
métalliques (impies, & les muriates métalliques
furoxigénés. Il y a lieu de croire qu’il exifte
pour chaque métal un muriate de cet.te nature ,
quoiqu'on en ignore l'exiftence. Au moins eft-il
bien reconnu que ceux des métaux dont les oxides
font fufceptibles de s’unir à l’acide muriatique
oxigéné, & de former par cette union des
muriates furoxigénés, ont la propriété de contracter
ce genre de combinaifon moyenne entre les
muriates au minimum & les muriates au maximum
d'oxigénation j & comme tout porte à penfer
qu'en étudiant avec plus de foin qu'on ne l'a fait
encore, les propriétés chimiques des compofés métalliques
, on découvrira que tous font capables
de parvenir au maximum d’oxidation dans leur
union avec l’acide muriatique, on aura dès-lors
la fuite complète des muriates métalliques oxigénés
, comme celle des muriates métalliques furoxigénés.
Déjà les travaux de MM. Prouft, Ché-
névix & Berthollet fils ont jeté quelque lumière
fur cet objet i déjà dans les recherches qui me
font communes avec M. Thénard, fur les compofés
falins mercuriels, j’ai reconnu l’exiftence de
ces fels métalliques intermédiaires, & l'on peut
efpérer que la route nouvelle, ouverte par ces divers
travaux , fera parcourue toute entière par
les chimiftes.
Dans l'état aétuel des connoiflances je ne vois
encore que quatre fels métalliques de cette nature
ou muriates oxigénés, tenant le milieu entre
des muriates (impies ou au minimum d’oxidation ,
& des muriates furoxigénés ou au maximum d'oxi-
genatio». Ce font les muriates oxigénés d’étain , de
fer, demanganèfe & de mercure. Quoiqu’il doive
être traité de ces fels avec beaucoup de détails
dans les articles particuliers aux métaux fufceptibles
de les former, je crois néanmoins devoir
en indiquer formellement l’exiftence & les principales
propriétés dans des articles particuliers ,
pour fixer l'attention de ceux qui s’intéreflent aux
progrès de la fcience, & pour les exciter à pour-
fuivre des recherches très-utiles, foit pour l ’avancement
de la chimie, foit pour fournir aux arts
des matériaux ou des procédés avantageux. J'ofe annoncer
à ceux qui fe livreront à des expériences
nouvelles fur cet objet, qu'elles leur donneront
des' réfultats inattendus & des découvertes qui
tourneront au profit de l'humanité : un des points
de vue fous lequel j'ai dirigé la rédaétiôn de ce
Pi&ionnaire, étant d’indiquer les recherches nouvelles
à faire, en même tems que d'expofer juf-
qu’où la fcience eft parvenue, j'ai du pourfuivre
la méthode conftamment adoptée dans les articles
qui précèdent, m'expofer plutôt à quelques re-f
dites, que de courir le rifque de négliger ou d’omettre
des points qui peuvent répandre un nouveau
jour fur les progrès & fur l'utilité de la
chimie.
M u r i a t e o x ig é n é d ’ é t a i n . Je regarde
comme muriate oxigéné d'étain la diflblution muriatique
de ce métal expofée à l'air ou mêlée
d'oxide de mercure, & ayant enlevé à l'un ou à
l'autre une portion d'oxigène qui lui donne la
propriété d’aviver les couleurs, & de ne plus précipiter
la diftolution d'or. Avant d'avoir abforbé
de l'oxigène, cette diifolution contenoit du muriate
fimple d'étain ou au minimum d'oxidation.
Lorfqu’elle contient encore plus d’oxigène,comme
cela a lieu dans la décompofition du muriate oxigéné
de mercure par l’étain , elle forme le muriate
furoxigéné d’étain, ou la liqueur fumante de
Libavius. ( Voye% les articles É t a in , L iq u e u r
FUMANTE DE LlBAYIUS,, & MURIATE SUROXI-
GÉNÉ^d'ÉTAIN. )
M u r ia t e o x ig é n é d é f e r . Il eft bien reconnu
aujourd'hui que lorfque les diftolutions de
fer dans les acides font au minimum d'oxidation,
elles n’ont aucune couleur , & que toutes les fois
qu'elles abforbent de l'oxigène , elles paflent au
vert, qui fe fonce fuivant la proportion de ce principe
pour prendre enfin la couleur rouge au maximum
d’oxidation. Je nomme par conféquent muriate
oxigéné de fer cette diftolution lorfqu'elle a
pris une couleur verte. Alors elle eft aftringente j
elle précipite en beau bleu par les prufliates , &
en beau noir par l'acide galiique. Elle peut pafler
à l'état furoxigéné par l’addition d’acide muriatique
oxigéné, &C. ( Voye^ les articles Bleu DI
P r u s s e , E n c r e , F e r 6v M u r i a t e s u r o x i -
g én é de f e r . )
M u r ia t e o x ig é n é d e m a n g a n è s e . Telle
me paroït être la diflblution muriatique rofée ou
violette de manganèfe. Lorfque fon oxide eft au
minimum d'oxidation , elle eft blanche ou fans
couleur j lorfqu’elle en eft furchargée > la diflblution
eft rouge - foncé ou même brune. On ne cor-
noît pas d’ailleurs les propriétés- particulières du
muriate oxigéné de mangan'efe, & c’eft un de ces
compofés fur lefquels je crois qu'il eft utile à la
fcience de faire des recherches. ( Voyti les articles
M a n g a n è s e & M u r ia t e s u r o x ig e n é de
MANGANESE.) '(■
M u r ia t e o x ig é n é d e m e r c u r e . C’eft ainfi
que je nomme le fel âcre , communément appelé;
fublimé corrojîf. On l’a voit d’abord délîgné dans
la nomenclature méthodique de 1787, parle nom
de muriate furoxigéné de mercure ; mais comme il a
été découvert un autre muriate, de mercure véritablement
furoxigéné, & très-différent de celui-
ci , il eft néceflaire de lui attribuer le nom d*oxigéné.
Il tient vraiment le milieu entre le muriate de
mercure fimple ou au minimum d’oxidation, connu
vulgairement en pharmacie fous le nom de mercure
doux y & le muriate furoxigéné. Il eft très-foluble
dans l’eau , bien criftallifable, très-volatil, très-
âcre , fufceptiBle de s'unir en fel triple avec le muriate
ammoniacal. ( Voyé% les articles MERCURE ,
M u r ia t e de m e r c u r e & M u r i a t e s u r o x i -^
g ên é d e m e r c u r e .)
M u r ia t e s s u r o x ig é n é s . Les fels qu’on
nomme des muriates furoxigénés étoient entièrement
inconnus en chimie avant 1786. C'eft à cette
époque que M. Berthollet découvrit la plus fin-
gulière & la mieux connue de ces combinaifons
faiines fi remarquables, celte qui eft nommée
muriate furoxigéné de potajfe. Les propriétés impré-
vuesqu’il lui trouva, ouvrirent un nouveau champ
à des découvertes brillantes qui fe font fuccëdées
depuis cette époque , & prefque fans interruption.
Après MM. Berthollet y Lavoifier, MM. Van-
Mons, Dolfuz, Gadolin, M. Vauquelin & moi,
nous nous fournies occupés plus fpécialement de
l'examen de ce genre de combinaifons 5 & quoique
l’état de la fcience annonce qu’on eft loin de
pofleder toutes les lumières que promet cette in-
téreflante partie delà chimie, les expériences modernes,
dont on préfentera le tableau dans cet
article, ont finguliérement contribué à l'agran-
diffement de la doétrine françaife.
M. Berthollet obferva .le premier, en 1785,
que l’acide muriatique oxigéné liquide n’avoit pas
la propriété de s’unir immédiatement aux bafes
alcalines comme l’acide muriatique ordinaire, &
il en conclut que , beaucoup moins fortement
acide que dans fon état primitif, ce corps n’avoit
plus la même attra&ion avec les bafes, la même
tendance à les convertir en fels. Mais il trouva
bientôt , en 1786, que, fi on recevoir le gaz
acide muriatique oxigéné dans une diftolution
alcaline , il étoit abforbé plus abondamment que
par l'eau , & qu’il éprouvoit un changement nou- .
veau , une modification particulière 5 qu’une partie
repafloit à l’état d’acide muriatique libre, &
formoit avec la matière alcaline un muriate fimple,
& qu'une autre , abforbant la portion d’oxigène
combinée d’abord avec la première, fe fixoit
en cet état de furoxigénation dans l'alcali, & le
convertiftoit en une fubftance faline nouvelle,
très-différente du muriate commun. C'eft à caufe
de Cela que , dans la nomenclature méthodique,
on nomma ce fel muriate furoxigéné.
Quoique M. Berthollet n’ait bien déterminé
cette combinai fon furoxigénée de l’acide muriatique
qu'avec la potafle , & qu’ il ait reconnu
qu’elle n’avoit pas lieu de la même manière avec
la plupart des autres bafes terreufes ou alcalines,
ou qu’au moins elle ne réufliffoit pas auflî facilement,
il n’eft pas permis de douter, d'après les
effais multipliés faits depuis lui fur cette matière'
par MM. Dolfuz, Gadolin & par moi, que ces
combinaifons n’exiftent véritablement, &: qu’il ne
foit néceflaire de les compter dans le fyftème méthodique
des fels.
Je dirai donc que le premier & le plus important
des caractères des fels formés par l'acide muriatique
furoxigéné, & des bafes alcalines & terreufes,
eft, 1°. de ne pas pouvoir être conftitués
par l’union immédiate de cet acide liquide avec
ces bafes, & de laiffer décompofer celui-ci lorf-
qu’on veut aider cette union par la chaleur,. en
ne donnant que des muriates jimpies , comme l'a-
voient vu d’abord Schéels & Bergman, mais, 20. de
porter au moment où ces corps fe combinent réciproquement
, l’acide muriatique oxigéné à un
état de furcharge d'oxigène ou de furoxigénation,
qui leur donne enfuite la nature de fels furoxigénés.
C'eft, comme on va le voir , fur cette propriété
très-remarquable que font fondés tous les
effets diftinctifs & vraiment caraètériftiques de
ce genre de fels nouveaux.
Si l'on ne peut pas les former en unifiant directement
& immédiatement les bafes avec l’acide
muriatique oxigéné liquide, ce n'eft pas feulement
parce que cet acide n'eft pas furcharge d’oxigène
mais parce qu’il a contrarié une adhérence
remarquable avec l’eau, qui diminue finguliérement
fon attraélion pour les matières alcalines.
En effet, le gaz acide muriatique oxigéné s’unit
facilement à ces bafes & les fature peu à peu,.
Mais la propriété qu’a l'acide de fe furoxigéner
alors aux dépens d’ une de fes parties, eft manifestement
due à la préfence de ces fubftances alcalines
& à l’efpèce d’attraélion difpofante dont
elles iouiflent, pour fe combiner à cet acide fur-
fature d’oxigène. Voilà pourquoi il n’y a pas de