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très-facilement en vitrification, & colorent les
verres. Quelques-uns même, & furtout ceux de
plomb , dé bilmuth , & c ., favorilent la fufion en
verre des terres filicieufe, alumineufe & même
calcaire.
Quoiqu’il y ait peu d’aélion en général entre les
oxides métalliques & les tels, il eit cependant plu-
fieurs de ces derniers corps qui les décompofenc,
comme ceux d'argent & de plomb.
Les oxides métalliques font réduits même à froid,
& beaucoup plus facilement à chaud, par les fubf
tances végétales & animales , & fpécialement par
les huiles & les grailles,qui leur enlèvent de l'oxi-
gène & les rapprochent ae l'état métallique. C'eft
ainfi que lés couleurs de cet ordre finilTent par
tourner au brun à raifon de l'aétion continue que
les huiles agiffent fur elles. C’ett encore ainfi que
les emplâtres prennent, fuivant leur cuiffon, une
couleur foncée, & quelquefois même un véritable
éclat métallique par l'aétion déloxidante des hudes
& des grailles fur les oxides métalliques avec lef
quels on les fait chauffer pour obtenir ces préparations
pharmaceutiques. ( Voye[ les articles des
métaux par ordre alphabétique. )
Après les généralités"que je viens d'expofer
fur les oxides métalliques , je dois faire cor.noître
la manière dont M. BertholEt a traité ce fujet
important dans fa Statique chimique. Quoiqu'il y
ait quelque diverfité dans nos opinions , je prife
trop celles de mon iüuftre confrère pour ne pas
les offrir aux leéteurs du Diélionnaire. Nous ne
cherchons tpus deux que la vérité : c’eft au tems
& à l'expérience à décider fur la légère diverfité
dont je parle ici.
**• Le caractère dominant des fubftances métalliques,
dit M. Berthollet, eft leur inflammabilité
ou l'affinité qu'elles ont pour l'oxigène: toutes les
autres combinaifons qu'elles peuvent former cèdent
à cette affinité, à moins que la force de
cohefion n'ait affez d'énergie pour les maintenir.
C'eft cette propriété & fes réfultats que je vais
examiner, en comparant, fous ce rapport, les
métaux avec les autres corps fimples qui la poffè-
dent, & en tâchant de trouver, dans leurs difpo-
fitions primitives, la raifon des phénomènes qu'ils
préfentent dans leur oxidation.
» L'oxidation des métaux & les propriétés des
oxides qu'ils forment, dépendent de la force de
leur affinité pour l'oxigène, de leur force de co-
héfion, de leur fufibilité, de leur volatilité, des
degrés d'oxidation auxquels ils peuvent parvenir
en raifon de ces qualités, de la condenfation que
l'oxigène y éprouve, & de la quantité de calorique
qu’il y retient.
» Les métaux diffèrent confidérablement par
l'affinité qu’ils montrent pour l'oxigène. Or, l’argent
& le platine ne peuvent ordinairement fe j
combiner avec lui que par l’intermède d'un acide.
qui, par fon aétion , fécondé celle de l’oxigène,
lequel doit fe trouver dans un état de condenfao
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tion. Cependant il paroît que cette difficulté de fe
combiner avec l ’oxigène qui eft dans l'état élafti-
que, ne dépend que de la force de cohéfion de
ces métaux, qui exigent un haut degré de température
pour qu'ils puiffint prendre l’état liquide.
O r , cette haute température accroît proportionnellement
l ’effort élaftique du gaz oxigène , &
augmente par-là même l'obltacle à fa fixation; car
l'argent, & même l’or, lorfqu’il perd fa cohéfion
en formant un amalgame liquide avec le mercure ,
peut s’oxider même à la température de l'acmof-
phère.
33 On pourroit oppofer à ce qui vient d’être dit,
que l’or & l’argent fe font vitrifiés lorfqu'on les
a expofés à la'force chaleur des verres ariens (i);
mais fi l’on fait attention à la defeription qui a été
donnée de cet effet, on voit manifeftement que
c’eft l’aétion de quelques parties du fupport qui a
entraîné la vitrihearion de ces métaux, comme
c’eft firclion d’un acide qui détermine leur oxi dation
& leur diAblution , puifque la couleur de la
partie vitrifiée varioit fuivant la nature du fupport,
& puifque celui-ci fe vitrifioit lui-même à la
partie qui contenoit le métal, & qui for moi t un
verre co oré par Càn..oxide.
« En effet, les oxides de ces métaux qui n’ont
pu fe former que par un concours de caufes , reprennent
facilement l’état métallique lorfqu'on les
! expofe à l'aélion de la chaleur, & qu’ils ceffenc
d'être protégés par.une affinité ré (b'.tante. On ne
; peut fuppofer que certe même adlion , rendue
; beaucoup plus énergique, pût produire un effet
tout oppofé.
» Ce qui précède doit s'appliquer à la vitrification
que Macquer a vu s'opérer à la furface des
globules d’argent enfermés dans des boules de
pâte de porcelaine. La combuftion que les dia-
mans & d'autres fubftances combuftib-es éprouvent
dans les vafes-dé porcelaine fermés avec le
plus de foin lorfqu'on les expofe à une température
très-élevée, fait voir-que cette fubftance ne
garantit point, dans cette circonftance, de l’accès
de l’oxigène : l'argent s'eft donc trouvé fournis à
l'aétion combinée de la porcelaine & de l'oxigène ;
il a été dans le même cas qu’un oxide d'argent,
qui, combiné avec les terres, réfifte à une haute
chaleur : l'effet pourroit dépendre de l'eau qui a„
pu être retenue dans l’alumine, mais l’explicatiorif
feroit la même.
« Puifque la force de cohéfion eft un obftacle à
l'oxidation , les métaux doivent réfifter à l ’aétion
de l’oxigène en raifon de leur dureté, & l’élévation
de la température doit intervenir en raifon
de leur fufibilité, en fuppofant que l'affinité foit
la même : auffi quelques métaux qui ont une forte
affinité pour l’oxigène, tels que le/zinc & l’étain,
fe confervent fans oxidation, ou n'en contrarient
(i) Macquei
Dictionnaire de Chimie, au mot V e RMI
ARDENT.
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qu'une légère à leur furface lorfqu’on les laide
expofés à l'atmofphère; mais ils s'oxident dès qu'ils
deviennent liquides, ou même dès qu'ils approchent,
de l’état liquide, & que leur force de cohéfion
fe trouve adez affoiblie.
»3 Quoique le mercure ne paroide avoir qu’une
affinité peu didérente de celle de l'or & de l ’argent
pour l'oxigène , il peut cependant s'oxidc-r à
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rieure, la fixité qu’ils ont acquife fait qu’il s'en
dégage de l'oxigène ; ce qui confirme que la cha -
leur ne contribue à l’oxidation que parce qu'elle
détruit la réfiftance de la cohéfion.
33 Les obfervations précédentes s'appliquent à
l'oxidation du mercure , & donnent l'explication
des deux degrés d'oxidation auxquels il eft borné.
L'aéHqn- réciproque dé fes parues s’oppofe à fa
une certaine^ température ; il paroît que la plus j combinaifon avec l’oxigène. Si on la diminue par
convenable à cet effet eft celle qui approche d*
des moyens mécaniques, il paffe à un état d'oxidation
fon ébullition. S'il n'avoit pas la propriété de fe
vaporifer à une température peu élevée , il ne fe
cornbineroit pas plus facilement avec l'oxigène
que l'argent & l’or, puifque, lorfqu'il eft oxide.,
il abandonne l'oxigène à uns température qui ne
furpafle qu’un peu celle dans laquelle l'oxidation
que l’on peut comparer à l’oxigenation du
foufre qui forme l’acide, fulfureux. Four produire
une combinaifon plus intime , il faut qu'ilToit
réduit en vapeur affez denfe ; alors il eft en diffo-
iution dans l'air atmofphérique, & les deux fluides
élattiques qui exercent une action mutuel!
s'eit opérée, & que, dans la fuppolîtion d’une I trent en combinaifon dans les proportions qui doi-
force de cohéfion plus confidérabie, il faudroit, j vent produire la plus grande condenfation. En
pour en détruire l’obftacle,. une chaleur fupérièure J raifon de cette condenfation, Y oxide qui vient de
à celle dans laquelle il peut fe maintenir en oxide.
33 Si'donc l'or & l'argent ne peuvent s'ôxider
par l'aétion feule de la chaleur , ce n'eft que parce
qu’ils exigent, pour fe liquéfier, une température
plus élevée-tpie celle dans laquelle Y oxide de mercure
peut exifter. Ce qui prouve que même la
force de cohéfion dont le mercure jouit encore
dans l’état liquide, & dont les effets doivent être
confondus avec ceux de la pefanteur fpécifique,
eft un obftacle à fa combinaifon avec l’oxigène,
c'eft que, lorfqu’on le tient fortement agité avec
l’air atmofphérique ou dans l'eau, on parvient à
lui donner un commencement d'oxidation dans
lequel il prend la forme d'une poudre noire, mais
il ne peut palier ce premier terme ; de forte Que,
pour qu’il forme de Y oxide rouge, il faut qu'il foit
réduit en état de vapeurs. Nous allons voir comment
cet état peut influer fur fon degré d'oxidation.
» Une. autre propriété qui modifie les réfultats
de l’affinité des métaux pour l'oxigène & de la
réfiftance de cohéfion, c'eft la volatilité qu’ils acquièrent
par là chaleur.
33 Un métal qui fe volatilife dès qu'il entre en
liquéfaction, comme le zinc , fe trouve auffi tôt
dans l'état le plus favorable à la combinaifon ; il
doit donc fe combiner immédiatement avec une
proportion déterminée d’oxigène, avec cette proportion
dans laquelle l'aClion réciproque produit
la plus grande condenfation, & celle-ci devient
une caufe qui limite les proportions d'oxigène qui
entrent en combinaifon ; alors l’aétion ultérieure
du gaz oxigène ne peut furmonter i'obftacle que
lui oppofe la condenfation, comme nous l’avons
obfervé dans la formation de l'acide fulfureux &
|F acide phofphoreux, qui ne paffent à l’état
d acide fulruriqùe & d'acide phofphorique que
fous d'autres conditions, & dans la production de j
1 eau qui reçoit tout à coup des proportions conf- 1
fe former fe précipite, & fes molécules peuvent
fe grouper comme celles d’une fubftance laiine qui
criftallife.dans un liquide, ou d'un liquide qui, par
un abaiffement de température , pafîe lentement à
l'etac folide.
« Cette condenfation du métal & de l’oxigène
n’eft point une hypothèfe, mais elle eft prouvée
par la fixité de Voxide, qui en eft une conféqùence ;
ainfi l'oxide de mercure eft moins volatil que le
métal; le zinc, qui eft volatil a un degré de chaleur
peu élevé, forme un oxide qui réfifte au plus
haut degré de chaleur fans fe volatilifer ; Y oxide
d'antimoine eft beaucoup moins volatil que le
métal; Y oxide d'arfënic l’eft moins que l’arfenic,
quoique ces oxides aient reçu dans leur compofi-
tion un élément naturellement très-élaftique c mais
tout l'effet de la tenfion de l'oxigène & de celle
du métal eft détruit par la forcé de l'affinité, & ce
n'eft que lorfque cette tenfion a pris une intenfité
fuffifante, qu'une partie plus ou moins confidérabie
de l'oxigène peut fe dégager en gaz.
« On voit donc que les oxides doivent parvenir
à un terme d'oxidation qu'ils ne peuvent paffer
dans les circonftances ordinaires, cVft-à-dire, lorfque
l'affinité de l'oxigène n'eft pas aidée par quelque
circonftance favorable à fon àéfcion -3 & .qu'ils
doivent furtout atteindre ce terme lorfque leur
volatilifation leur permet d'exercer fur l'oxigène
une aétion qui n'eft point contrariée par la force
de cohéfion & par la; pefanteur fpécifique.
33 Plufîeurs chimiftes, frappés de ces termes fixes
auxquels font limitées quelques oxidations, fup-
pofent qu’il y a toujours des degrés déterminés
auxquels la combinaifon de roxigène^eft affujettie ;
ils prêtent à la nature une balance qui, foumife à
fes décrets, détermine les proportions des combinaifons
fans donner aucune attention aux circonftances
dans lefquelles on peut trouver les caufes
qui limitent l’aaion des fubftances qui tendent
v, iiyuiugcue ex a oxigene. oi les oxiaes qui j a îe comoiner , oc ac
le forment ainfi font expofés à une chaleur fupé- | d'évaluer l’ influence.