
d’acide ; elle fournit des criftaux prifmatiques
brelans-farinés & en aiguilles fines dé muriate de
plomb. Ce fel n’e'ft pas déliquefcent : il fe diflout
dans Peau j il a une faveur douce auftère ; il n’eft
décompofé qu’en partie par les alcalis , qui en
précipitent un fel blanc avec excès d’oxide. On
unit plus directement 8c on fature mieux ces deux
corps l’un par l’ autre, en prenant un oxide de
plomb pour runir à l’ acide muriatique, ou en ver-
fant cet acide, foit libre, foit engagé dans quelques
bafes alcalines ou terreufes , dans la diffolution
de nitrate de plomb. Tour à coup il fe fait
un précipité blanc, épais, prefque comme un
coagulum j lourd, beaucoup plus volumineux que
celui que forme l’acide fulfurique , qui fe raffem-
ble promptement au fond de la liqueur. Le rau-
rrate de plomb} ainfi formé, a une faveur douceâtre
: il fe diffôut dans trente fois fon poids
d’eau 5 il fe fond au feu avec une grande facilité >
il donne, lorfqu’il eft fondu, une vapeur blanche
qui, reçue dans la bouche, y lai (Te long-tems une
faveur fucrée 3 & qui fe condenfe en pouflière
criftalfine blanche fur les corps froids. Quand on
a fondu ce fe l, il eft une mafle demi-vitreufe ,
brillante, d*un gris-foncé ou brun, qu’on a nom-
mée plomb corné3 foit parce qu’il a une nuance
affez femblable à celle de certaines cornes , foit
parce qu’ il reflemble au muriate d’argent, qui,
après une fufion pareille, étoit appelé argent corné.
Quand on a diffous le muriate de plomb dans l’eau,
on l’obtient, par l’évaporation, en criftaux prif-
rpatiques fübhexaèdres 8c ftriés. L’acide fulfurique
, fuivant la remarque de Grofle, précipite
cette diflblution en fulfate de plomb indifloluble j
elle fe comporte d’ailleurs comme les autres fels
de plomb 3 par les réadlifs alcalins & fulfurés.
Quand on fait chauffer légèrement de l’oxide
de plomb rouge avec l’ acide muriatique, celui-ci
pafle en partie à l’état d’acide muriatique oxi-
géné , tandis que l’oxide défoxigéné s’unit à une
autre portion de cet acide 3 & fait du muriate de
plomb en poudre blanche : un excès d’acide redif-
fout le muriate. Ainfi l’acide muriatique ne peut
pas s’unir à l’oxide de plomb rouge fans le défoxi-
géner & le ramener à l ’état d’oxide blanc. C eft
pour cela que le plomb, traité par le gaz, ou par
l’acide muriatique oxigéné liquide , ne pafle qu’à
l’état d’oxide au premier degré, & s’unit alors à
l’açide muriatique défoxigéné par l’oxidation du
métal. M. Fabroni, de Florence, a propofé de
préparer-ainfi l’acide muriatique oxigéné pour la
refiauration des eftampes. On n’a cet acide par ce
procédé, qu’en n’employant que peu d’oxide rouge
de plomb y 8c tant que l’acide fnfflc pour farurer
çet oxidei car fi on en force la dofe, on obtient
alors du muriate de plomb & une portion d’oxide
brun. Ces effets annoncent, i° . que l’acide muriatique
ne peut s’unir qu’à l’oxide jaune de plomb,
dëfo.xide le rouge avant de s’y- unir ; z*. que
cet acide a plus d'attraPion pour l’oxide jaune,
que l’oxide rouge n’en a pour l’oxigène de l’acidô
muriatique oxigéné» 30. que tant qu’il y a de l’acide
muriatique libre pour agir fur l’oxide rouge
de plomb 3 celui-ci n’éprouve aucune altération de
la part de l’acide muriatique oxigéné, qui fe dé-?
gage & fe volatilife à l’aide de la chaleur. Si l’on
fait agir fur l’oxide rouge de plomb l’acide muriatique
foible & à froid, il ne fe dégage pas d’acide
oxigéné , mais il fe forme de l’oxide brun & du
muriate de plomb.
L’acide muriatique oxigéné gazeux » reçu dans
de l’eau ou l’on a mis de l’oxide de plomb jaune
ou rouge, eft-abforbé , le noircit d’abord, ou plutôt
le brunit & en diflout une portion : il fe forme
ainfi du muriate furoxigéné de plomb , qui relie en
diflblution jaunâtre. Si l’on précipice cette diffolution
par de la potafle ou de la fonde, l’oxide de
plomb fe dépofe avec une couleur rouge-brune.
On obtient le même muriate furoxigéné deplomb,
précipitant- en rouge-brun par les alcalis, en ver-
fant l’acide muriatique oxigéné fur du nitrate de
; plomb y dans lequel il ne fait point d’abord de précipité,
mais qu’il finit par faire dépofer en pouf-
fière brune ou rouge : une plus grande quantité le
rediffbut. C’eft à M, Prouft que l’on doit la con-
noiflance de ce fel, qui eft fort différent du ma-
, riate de plomb ordinaire. Ce muriate furoxigéné
brun n’eft bien diffoluble qu’à l’aide d’un excès
| d’acide muriatique oxigéné. Tout oxide de plomb.
• mis en contaéf avec ce dernier acide acquiert une
couleur rouge, & à la fin une couleur brune-fon-
! cée. Le muriate furoxigéné de plomb précipite en
; blanc par l’ammoniaque , qui, en fe décompofanc
en partie, décompofé tout à coup l’oxide de plomb
rouge à mefure qu’elle \e& précipite. M. Vau-
quelin a fait un nouvel examen de cet oxide
furoxigéné de plomb, & de la manière de le préparer.
Il réfulte fpécialement de fes recherches,
que , fur cent- parties d’oxide rouge de plomb 3 ou
obtient ainfi foixante-huit parties d’oxide, brun,
& qu’il fe pafle dans cette aélion réciproque un
double effet, qui tend également à augmenter la
quantité de l’oxide brun. Tandis que l’acide muriatique
oxigéné cède fon oxigène à une partie
de l’oxide rouge, une autre portion de cet oxide
en perd'pour s’unir à la partie d’ acide muriatique
défoxigénéeavec laquelle il forme du muriate
de plomb : cette fécondé proportion d’oxigène,
fépar-ée d’une partie de l’oxide , fe porte fur
l’autre partie du même oxide, & c’eft ainfi qu’on
obtient 0,68 d’oxide brun par ce procédé, tandis
qbe par l’acide nitrique on n’er\ obtient que G,iy. ^ Ü S Ü / I foxrne de plomb brun obtenu par l’un ou l’autre
procédé cité a, fuivant le même chimifte, des
propriétés très - différenrcs de celles des autres
oxides du même métal 5 il eft d’un brun-foncé,
brillant, velouté , femblable à la nuance .que l’on
nomme puce. Au chalumeau , il jaunir 8c fe fond :
fur les charbons$ il fe réduit en bouillonnants
chauffé dans une cornue , il donne du .gaz oxigène j
très-pur, & fe réduit en verre de plomb ; il donne
le même gaz quand on le dillillé avec l’acide fulfurique
j & le comporte à cet égard comme
l’oxide de manganèfe : infoliible dans l’acide nitrique
, il fe diflout dans le nitreux : le fuçrè 8c
le miel le rendent difloluble dans le premier. L’acide
muriatique bouillonne furde-champ avec lui,
& pafle à l’etat d’acide oxigéné : il décompofé
rapidement l’ammoniaque , & forme de l’acide
nitrique dans l’un des produits de cette décom-
pofition } il enflamme le foufre par le feul broiement
, & lui fait jeter une lumière très-vive, mais
fans détonation ; il n’enflamme point le charbon.
Enfin , l’oxide puce de plomb s’unit facilement à
l'huile d’olives, qu’il convertit en une emplâtre
brune-cl aire très-folide.
ôn ne commît que peu l'union de l’ acide fluo-
riqùe & de l'acide boracique avec le plomb. On
fait feulement qu’on forme du fluate.& du borate
de plomb .peu îolubles par l'effet des attrapions
élePives,, en verfant des fluatès & des borates
diffous dans la diffolution nicdque de plomb ; que
çes fels fe précipitent alors en poudre blanche
peu fapide, & qu’on les décompofé par les acides
fulfurique, nitrique 8c muriatique, qui ont plus
d’attraPion pour l'oxide de plomb que n’en ont les
acides ffuorique & boracique.
L’acide carbonique s’unît facilement à l’oxide
de plomb : c’eft ainfi qu’à mefure que ce métal fe
brûle par le contaft de l’eau & de l’air, l’acide
carbonique de Tatmofphère eft peu à peu abforbé,
& le fait paffer à l’état de carbonate de plomb
ui paroît même être diffoluble dans l’eau à l’aide
e l’acide carbonique. On opère cette même dif-
folution en chargeant de l'eau d’acide carbonique,
& en la laiffant enfuite féjourner fur^de
l’oxide de plomb : cette eau fe trouble bientôt,
& fe noircit par le concaét de l’hydrofulfore. Les
fels de plomb folubles ou diffous, dëcompofés par
les carbonates alcalins, donnent un précipité de
carbonate de plomb : ce procédé eft le meilleur de
ceux qu’on peut employer pôur obtenir ce fé'l.
C'eft par la réunion de pareilles circonftances que
fe forme vraifemblablement le carbonate de plomb,
lî abondant au fein de la terre, 8c qu’on trouve fi
fouvent, foit parmi les minés de ce métal , foit
parmi celles de cuivre. L’eau l’a tenu en diffolution,
puifqu’ il fe préfente fi fréquemment fous la
forme de criftaux, de dépôts, de ftalaètites, d’in-
cruftations, & puifque , quand on l’analyfe, on y
trouve une petite quantité de ce liquide, comme
le -prouvent '& fa décrépitation fur lès charbons
allumés , & fa diftillation dans un appareil bien
clos. Au feu , dans.des vaifîeaux fermés, il donne
de l’ acide carbonique 8c un oxide de plomb y il fe
réduit facilement & promptement par le charbon
: les acides le diflolvent avec une effervef-
cence dont le produit eft du gaz acide carbonique
5 le fulfure ammoniacal 8c fa vapeur le noirciflent
tout à coup , 8c le font promptement re-
connoître.
Tous les acides métalliques s’uniflent à l’oxide
de plomb une fois formé, 8c n’ont aucune action ,
ou au moins n’en ont qu’une très-loibie fur ce
métal. x
a. Suivant Schéèle , le plomb noircit quand on
le fait digérer dans la diffolution d’acide arfeni-
que, 8c fe couvre d’une pouflière blanche, fans
que l’acide furnage-ant retienne de l’oxide du premier
métal. Traité en limaille avec le double de
fon poids d’acide arfenique foliie à la diftillation,
le mélange coule en mafle tranfparente : il s’élève
un peu d’acide arfenieux, 8c il refte un verre laiteux
, qui, leflivé, laiffe précipiter beaucoup de
poudre blanche , tandis qu’une portion d’acide
arfenique fe diflout. On voit donc ici le plomb
enlever à une partie de l’acide arfenique une portion
de'fon oxigène, 8c s’unir à une autre partie
de cet acide. Cet arfeniate de plomb n’eft pas dif-
folùble j il paroît être fufible en verrè blanc : on
le forme en précipitant le nitrate & le muriate de
plomb par l ’acide arfenique, qui leur enlève l’oxide
de plomb.
b. Le même chimifte a découvert que l’acide
tungftique. précipite & fépare i’oxide de plomb de
la diffolution nitrique de ce métal, en un tungftate
de plomb blanc indifloluble, & que l’acide mo-
lybdique décompofé le nitrate & le muriate de
plomb en formant un dépôt blanc, abondant, avec
leurs diflblutions. il a donc prouvé,par-là que les
acides tungftiqué 8c molybdique ont plus d’attraction
pour .i'oxide de plomb, que n’en a l’acide nitrique
5 que le molybdique en a même .plus que le
muriatique , &que le tungftate , ainfi que le rao-
îybdate de plomb b eft indifloluble dans l’eau. On
a vu plus haut que ce dernier fel exiftoit dans la
nature fous la:fo,rmè de criftaux ou de lames hexaèdres
d’un jaune-clair, dans ce qu’on nomme le
plomb jaune de Bleyberg, 8c que ce fel natif avoir
été décompofé, à l’aide de i’acide muriatique-,
par M. Klaproth ; ce qui fembleroit contredire le
fait annoncé par Schéèle , de la décompolition du
muriate de plomb par l’acide molybdique , fi l’on
n’avoit égard à la quantité refpeéllve des corps
que l’on mêle, & qui agiffent alors,par leur mafle
& leur concentration.
c. L’acide chromique, comme on l’a vu plus
haut, a été découvert combiné avec l’oxide de
plomb, par M. Vàuquelin, dans la min? de plomb
rouge de Sibérie. Quand, après avoir décompofé
ce fel par les.difloluiions de carbonate de pocalfe,
de foude -ou d’ammoniaque,, car ces trois fels ont
la même propriété à cet égard, on unit la diffolution
de chromate alcalin avec une diffolution nitrique
de plomb f on reforme tout à coup, à Laide
des attrapions électives doubles, un nouveau
chromate de plomb, préfentant la couleur 8c toutes
les autres propriétés de celui de la nature,
excepté la criflallifation.
N n n n z