fera parlé par la fuite. Cette matière fert à retenir
le plomb lorfqu’il eft en bain fur le fol, & l’empêcher
de couler en dehors du fourneau : alors on
l ’introduit dans fon intérieur, & auffitôt qu’il eft
fondu, on l'agite &■ on le remue continuellement
avec un long râble de fer, dont le manche appuie
fur le crochet d’une chaîne de fer fufpendue devant
l’embouchure. A mefure que le plomb fe
réduit en chaux, l’ouvrier le retire de côté, &
laiffe toujours enfemble celui qui eft en fufion ,,
qu’il ne ceffe de remuer, jufqu'à ce que le total-
foit converti en pouflière.
On ne met jamais plus de quatre ou cinq heures
pour réduire en chaux les quinze quintaux j mais
il _s’y trouve toujours quelques morceaux de
plomb ,.que l'on a foin de retirer lorfqai’on les
apperçoit, & que l’on garde pour une autse opération.
On donne une chaleur vive au fourneau
mains, & , la portant dans ie tonneau, il l’agite de
façon que la plus fine fe mêle- à l’eau & fe précipité
pendant tout le tems de cette converfion , mais
elle n’eft que d’un rouge de cerife très-foncé}
car ces deux ouvertures des chauffes & l’embou- .
chure du fourneau reftent toujours ouvertes, afin
que l’air, frais puilfe frapper continuellement la
matière, & accélérer fa calcination ou fa privation
-d.e phlogiftique. La fumée du plomb & celle du
charbon reffortent pat l’embouchure , & enfilent
la cheminée extérieure.
* 1 11 faut plus que les quatrè ou cinq heures qui
cenvertiffent le plomb en chaux pour qu’il le foit
en poudre jaune : ainfi on le laiffe encore près de
vingt-quatre heures dans le fourneau , mais on ne
le remue pas fouvent, feulement autant qu’il eft
- iiéceffdire pour l’empêcher de fe mettre en gru-j
meaiix , & qu'il ne fonde pas en maffe. Quand on
. juge la chaux de plomb, affez calcinée, on la retire j
& on la fait tomber fur un pavé uni : on fait cou-
. 1er de l’eau fraîche pàr-deffus. Les ouvriers difent
- que c’eft. pour lui donner du poids, mais c'eft
. plutôt pour divifer la chaux qui s’eft mife en gru-
. meaux , ,& la rendre affez friable pour être pallèe-
. au moulin : on y fait arriver autant d'eaq qu’il eft •
. néceffaire pour l’imbiber entièrement.& la refroi-
. dir. Cette matière, étant chaude, reffemble beau-j
coup à de la litharge} mais lorfqu’ eile eft eniié-1
. rement froide , elle prend la couleur de l’ocre
. jaune. • •
Le moulin dont on fait ufage eft femblable à ceux,
. dans lefqu.els m broie la cérufe (voye^ fa defcriptïon
■ a Varticle B l a n c DE p l o m b )} il eft mu par une.;
rone. à eau. On met dans l'ouverture qui eft au:
milieu de la meule fupérieure, la matière jaune
imbibée d'eau :.on y verfe auflï'deil’eau. Lorfquej
le tout a été bien moulu, il coule dans une grande:
cuve placée au deffous pour le recevoir j mais'
covnme cette matière n’eft pas broyée également ,j
on eft obligé d’en faire un lavage. Pour cet effet.;
. on a placé à côté de la cuve du moulin un ton-»
neau plein d’eau : on prend la.matière telle qu’elle?
tombe dans la cuve, dont on remplit à moitié une
baflàne de cuivre;* qu’un ouvrier tient des deux
à mefure dans le fond, tandis que la plus pelante,
qui eft celle qui n’a pas été affez divilée
par le moulin , peut-être parce qu’elle n’étoit pas
iuffifamment calcinée, refte dans le fond de la
bafîine : c’eft cette matière que l’on a dit qu'on
mettoit devant l’embouchure intérieure du fourneau
pour être calcinée de nouveau avec le plomb,
& l’empêcher de couler au dehors. On continue
de procéder de la même manière pour le moulin
& le lavage, jufqu’à cé que toute la matière provenue
de la première calcination ait été entièrement
paffée. Lorfque le lavage eft fait-, on laiffe
précipiter au lond du tonneau celle qui eft futpen-
due dans l’eau par fa grande divifiôn : on décante
cette eau pour la retirer & la foufnettre à l’opération
fuiyante.
Seconde opération pour donner la couleur rouge a la
•chaux de plomb.
Cette fécondé opération fe fait à Wirckfworth
dans le même fourneau, &c à Chelterfield on en a
deux /ernbL'ibles.
On introduit dans fon milieu toute la poudre
fine qui s’eft précipitée au fond du tonneau, dont
on forme un feul tas aplati par-deftus, & fur la
furface duquel on trace des raies : on la remue
rarement, mais feulement pour empêcher qu’elle
ne fe prenne enfemble. On m'a dit dans une de ces
fabriques, qu’il falloir ,que la chaux de plomb fût
ainfi au feu pendant trente-fix ou quarante heures ,
| & dans l’autre quarante-huit heures. Des expé-
riences bien faites peuvent déterminer le tems.
Le.feufé continue dans les deux chauffes, delà
même manière qu’on le fait pour la «première converfion
du plomb en chaux. Comme il n’y a point
de grilles , on nè remue pas le charbon qui par
conféquent perd lentement fon bitumé 5 il--n’y en
a qu’une petite partie-<}ui fe rédun en cendres,
car on en retire beaucoup de converti, en cimiers
ou coaks, & pour lors on renouvelle le feu avec
du nouveau charbon. Quand la matière a acquis
le degré dè calcination qu’on defire, & qu’on la
retire du fourneau étant encore chaude , elle a la
couleur d’un ocre rouge très-foncé } mais en re-
froidiffint elle prend ce beau rouge que nous con-
noi ffon's au minium..
Ce minium -,èn fortant du-fourneau, eft mis
dans une grande fébile de bois, où on le laiffe
refroidir } il.eft enfuité paffé par un tamis de fer
très-fin, pour le «rendre propre à la vente > mais
pour n’en pas perdre, l’opération fe fait dans un
tonneau où il y a deux morceaux de fer qui le tra-
verfent, & qui fervent^ fupporter le tamis, auquel
eft fixée une baguette ou manche; auffi en
fer, qui reffort en dehors du tonneau, avec laquelle
on agite le tamis lorfqu’on affermé ledit
toaneau bien exactement avec un couvercle. On
y procède de fuite, jufqu’à ce que l’on juge que
le tout a paffé au travers, & l’on n’ouvre que lorl-
qu’on foupçonne que la poudre fera dépofée dans
le fond & contra les parois.
Le minium, préparé comme il vient d etre dit,
fe vend 14 à 15 fchelings le quintal de cent douze
livres.
On eftime la cotxfommation du charbon, dans
une femàine, à une tonne ou vingt-un quintaux.
Toute efpèce de charbon, fuivant le dire des ouvriers,
n’eft pas bonne pour ces opérations; fur-
tout pour la dernière. On en emploie de deux
qualités : l’une qui a beaucoup de reffemblance
à celui dont on fait ufage communément à New-
caftle, & une autre moins bitumineufe : on préfère
cette première, & l’on dit même qu on ne
pouvoir faire cette préparation avec celui de la
fécondé efpèce j mais ce qui m a beaucoup furpris
& qui fuiprendra tout le monde, c ’eft qu’on eft
perfuadé dans ces fabriques, qu’on ne peut faire
du minium avec du bois : on prétend même en
avoir fait l’expérience fans avoir pu y réuffir.
Quoi qu’il en- fo it, ce n’eft certainement pas la
feule chofe qui a fait échouer les établiffemens
qu’on a voulu entreprendre en France dans ce
genre, mais bien plutôt une mauvaife méthode de
procéder} car de routes celles dont j ai entendu
parler, je n’ai jamais rien ouï qui fut fembiable à
ce que je viens de décrire. Cependant je ne prétends
! meules pour la réduire en une poudré très-fine,
j On met cette poudre dans un fourneau de réverbère,
pas affurer qu’il n’y a rien de defeètueux dans
cette defeription, puifque je n’ai pas été le maître
de luivre ces opérations dans tous fes détails. Ce
que j’ai vu & obfervé dans ces fabriques eft plus
que futfifant, & s’accorde affez bien pour me.per-
fuader qu’un chimifte entendu dans le travail.en
grand pourra réuftïr à faire du minium en fuivant
ce procédé dans fes expériences.
Ce qui fuit eft pris de l’ancienne Encyclopédie.
: . y ;
cc Pour faire du minium, on n aura qu a prendre
de la cérufe, c'eft-à-dive, du plomb diflous par
le vinaigre : cette matière eft d une couleur blanche.
On mettra cette cérufe dans un fourneau de
réverbère, de manière que la Saturne puilfe rouler
fur elle : on donnera d'abord un feu modéré pen-
dant quelque tems, enfuite on l’augmentera tout
d'un coup lorfque la cérufe fera changée en une
poudre grife : on donnera un degré de feu qui foit
prêt à faire fondre la chaux de plomb. Pondant
cette opération on remuera fans ceffe la chaux de
plomb , & lorfqu’elle fera devenue d’un beau
rouge on la retirera. Dans cette opération, c’eft
la flamme qui donne à la chaux de plomb cette
belle couleur rouge , & la chaux augmente confi-
dérablement de poids. » t j
Une autre manière de faire le minium, c eft de
faire fondre du plomb pour le convertir en une
chaux ou poudre grife , qui fe forme perpétuellement
à fa furface. Lorfqüe le' plomb eft entièrement
réduit« en cette chaux, on l’éçrafe fous-des
Chimie. Tome V.
où on la tiendra pendant trois ou quatre
jours, en obfervant de la remuer fans celle avec
un crochet de fer , jufqu’à ce que la matière ait
pris la couleur que l’on demande : il faudra au lu
bien veiller à ne point donner un feu trop violent
, qui feroit fondre la matière & la mettroit
en grumeaux. .
Pline & les auteurs anciens donnoient le nom
de minium, non à la fubftance que nous venons
de décrire, mais au cinnabre. ^
' ( P a rM . D u h a m e l , infpeÜeur-général des
mines. )
Explication de la planche I X , représentant un four-
neau é réverbéré , dont les Anglais f e fervent pour
faire le minium.
La première figure eft le plan de ce fourneau
à la hauteur de fon fol.
A. Murs du fourneau. . . , .
B. L’intérieur du fourneau pavé avec des briques,
dans lequel on met le plomb en lingots.
C. Les deux murs qui féparent l'aire du fourneau
d’avec lès chauffes. ' ■ •. ^ 1 ,ƒ
D. Les deux chauffes fans grillé ni cendrier,
qui n’ ont point de portes & ne fe ferment jamais.
E. Embouchure du fourneau par où on met le
plomb, ainfi que l ’ouverture des deux chauffes
pour mettre lè charbon.
F. Le fol du terrain au deffous de l’embouchure
du fourneau » lequel eft pavé en pierres plates.
La fécondé figure eft la coupe de ce fourneau.
A. Les murs.
B. L’intérieur du; fourneau.
C. Les murs qui féparent les chauffes.
D. Les deux chauffes où l’on met le charbon.
E. La voûte du fourneau.
La troifièmp figure eft l’élévation vue du côté
de l’embouchure.
F. L’eir.bouchure du fourneau.
G. Le pavé en pierres plates au niveau du
terrain.
H. Les ouvertures des chauffes.
K. La voûte.
L. La cheminée extérieure, par laquelle paffent
la flamme & la fumée , qui reffortent par l'embouchure
du fourneau. ‘
MIRACLE chimique. On défignoit autrefois
par cette dénomination lé phénomène par lequel
deux liquides prennent, au moment de leur mélange,
la forme ou l’état folide. C’étoit 1 union
des diffolutions concentrées du muriate de chaux
& du carbonate de pôtaffe. Le carbonate de chaux
formé au moment de-cètte unionéft fi abondant,
I que fa précipitation fait difparoître la petite por«-
* tion d'eau qui exiftoit dans les diffolutions, ôc
P