de fer. Les directeurs du Mufée britannique,
qui poffèdent quelques fragmens de cette mslfe ,
envoyés à la Société royale par Don Rubin de
Celis, m’ont tait l’honneur de me permettre de
les examiner, 2k j’ai eu une grande fatisfaétion de
me trouver d’accord avec un chimifte aulfi jufte-
ment célèbre que l’eft M. Proutt.
» La connexion qui exifte naturellement entre
une maffe de fer natif & une autre, ramène immédiatement
notre attention fur le ter natif de Sibérie
, décrit par Pallas, &' que les Tartares con-
fidèrent, dit-on , comme une relique facrée tombée
du ciel. Le nickel trouvé dans une de ces
maffes , & l’hitloire qui nous a été tranfmife de
l'autre , fans parler de la comparaifon des corps
globuleux de ia pierre de Benarès avec les concavités
fphériquts & la matière terreufedu fer, de
Sibérie, tendent à former une chaîne entre les
pierres tombées & toute efpèce de fer natif. Plusieurs
anus obligeons* m'ont fourni les moyens de
former un jugement fur l'affinité réelle qui peut
exifter entre la plupart de ces fubftance &. Je luis
redevable à MM. Gréviile & Hatchett d'un échantillon
de prefque tous les fers natifs connus j & le
comte de Bournon m’a fait la faveur particulière
de les décrire comme il fuit. »
Defcription de diverps ■ variétés, de fer natif ; par le
comte de Bournon.
« Le grand nombre des particules de fer natif
dans un état métallique parfait, contenues dans
la pierre de Bohême, 2k le voilmage. de ces particules
encr’elles , nous conduifent naturellement
a quelques refLxio.>s touchant Pexiüence du fer
natif, que pluficuis mir.étalogiftes confidèrent encore
comme problématique. Suppofons pour un
moment que ces particules de fer le rapprochent
toujours davantage les unes des autres, tellement
qu’elles viennent en contaêt, tic. forment de cette
manière une efpèce de chaîne repliée fur eilc-
même dans la partie intéiicure de la fubftance,
& qu’elles laiffent un grand nombre de cavités
entre les anneaux de la chaîne ainfi pliée. Supposons
enfuite que la fubllance terreuie , dont ces
cavités (ont remplies , étant poterne , & n’ayant
qu’un tres-petit d gre de confiltance , foit détruite
( comme cela peut arriver pat différentes
caufes) , d eft évident que, quand une pareille
deîtruction au,ra lieu le fer demeurera feul j. 2k a
comme M f ra ainli îaiffé à découvert. , il paroï-
tra fous la forme d'une ma fie plus ou moins considérable
, d’une le xttire cellulaire,. & comme ramifiée
idaus une forme, en. un mot , fcmbiable
à cclie que l’on a trouvée à la plupart des fers na
tifs que nous coanoiffons. Ne peut-on pas attribuer
raifonnablcment une pareille origine au fer
natif trouvé en Bohême , dont un échantillon a
été prèle mé par l’Académie de Freyberg au baron
de-Borna & qui a paffé * avec le reüe de fa col-
1 leélion, entre les mains de M. Gréviile ? Ne pour-
! roit-on pas auffi, malgré l’énormité de fa malle,
attribuer la même origine au fer natif trouvé en
Sibérie près le montKemirs, par le célèbre Pallas?
«Nous avons déjà vu , dans les réfuitats des
analyfes faites par M. Howard, des différentes
pierres décrites ci-deffus, qu'il a trouvé confiant-
ment une certaine portion de nickel mêlé avec
le fer qu’elles contiennent. Cette circonftance
nous rappelle les obfervations qui furent faites
il y a quelque tems , par M. Proufl, touchant le
mélange/ie nickel dans le fer natif de l’Amérique
méridionale, 2k tend à ajouter du poids à l’opinion
avancée dans le paragraphe précédent.
» Les circonftances dont nous venons de parler
donnèrent naturellement à M. Howard , ainfi qu’à
moi, le defir de connoïtre fi le fer natif de Sibérie
& celui de Bohême étoient auffi mélangés de
nickel. En conféquenee , M. Howard n’a point
perdu de rems pour cette importante recherche.
Le fer natif de Sibérie préfente quelques particularités
très-intérelfantes, & a fouvent été cité ,
mais jamais bien décrit j auffi tft-ce avec un grand
plaifir que j’ajoute ia defcription fuivante, ainfi
que celle de quelques autres efpèces de fer natif ,
à la defcription que j’ai déjà donnée de differentes
pierres que l’on dit être tombées fur la terre.
» J’éprouve la plus grande fatisfaélion dans, ce
travail, caria belle colk&ion de M. Gréviile contient
deux échantillons de ce fer,, dans une condition
parfaite î un de ces échantillons pèfe piu-
fieurs livres, & a été envoyé à M. Gréviile par
M. Pallas lui-même \ auffi , à cet égard , je jouis
d’un avantage qui a manqué probablement à h
plupart des auteurs qui ont parlé de ce fer.
»Un de ces morceaux a une texture cellulaire
& ramifiée, analogue à celle de quelques feorits
volcaniques très-poreufes & légères î c'eft la texture
ordinaire des échantillons ,de cette efpèce de
fer, qui font co.nfervés,dans les différentes coil.ec-
tionsminéralogiquesen Europe. Quand on lesexa*
mine avec attention , on peut y appercevoir non?
feulement des cellules vides, mais auffi des im-
p refilons ou cavités d’une plus ou moins grande
profondeur, & quelquefois parfaitement rondes,
qui paroifîènt évidemment être le réfultat de ia
comprelfion d’un corps dur qui étoit lïtué dedans>
2k qui, quand il en eû forti, a Iaiffé la furface de ces
cavités entièrement unie , & avec le luftre d’un
métal poli Çà & là , dans quelques-unes de ces
cavités, il relie une fubllance tranfparente ,.. d’un
vert-jaunâtre , dont je traiterai plus particuliérement
quand je pafferai à la defcription du fécond
des échantillons ci-deffus. Il eft très-clair que ces
cavités, dont je viens de parler , doivent leux
exiftence à cette fubllance tranfparente, & que
leur poli provient uniquement de la comprelfion
de certe fubllance.,. & c’ efl une conféquenee n&*
turelle de ce que fa furface a été en cgrtsÛ fl**'
fait avec celle du fer.
s* Ce Fer eft très-malléable j il peut aifément fe
couper avec le couteau, 2k peut facilement s’aplatir
ou s’étendre fous le marteau. Sa gravité
fpecifique efl <$487, gravité qui etl cependant
beaucoup au deffous de celle eu fer, qui a été
uniquement fondu 2k n’a pas été forgé. La pe-
fanteur fpécifique du fer natif de Bohême, qui
eft à peu près auffi malléable & auffi aifé à couper,
tft encore moindre. J'ai trouvé qu’elle ne
paffoit pas 6146. Ce peu de pefanteur paroît être
dû en partie à l'oxidation de la furface du fer,
& en partie à ce qu’il y a dans 1 intérieur de cette
fubftance un grand nombre de petites cavités que
l’on rend vifibles en les brifant, 2k qui ont auffi
leurs furfaces oxidées. La fra&ure de ce fer préfente
le même brillant & la même couleur blan
chs argentée que la fonte ordinaire de fe r , connue
fous le nom de fonte blanche ; mais fon grain
eft beaucoup plus uni & plus fin ; il eft auffi beaucoup
plus malléable quand il eft froid. Bergman
dit que ce fer eft fragile quand il eft chauffé à la
chaleur rouge. Je l’ai fouvent effayé dans cet état,
& je l’ai toujours trouvé malléable. La même remarque
peut s'appliquer au fer natif de l’Amérique
méridionale , air.fi qu’à celui du Sénégal.
»» f.e fécond des deux échantillons mentionné
ci-deffus, & qui pèfe plufieurs livres, préfente
un afpeét qui diffère , à quelques égards, de celui
de l’échantillon précédent. Sa plus grande partie
forme une maffe folide compare, dans laquelle
on n'apperçoit pas h plus petite apparence de pores
ou de cavités j mais il y a fur fa furface une
efpèce de partie ramifiée ou cellulaire, fembla-
ble, à tous égards, à l’échantillon déjà décrit, &
partout complètement unie avec la fubftance de
la maffe elle-même.
Si on examine avec attention la partie compacte
de ce morceau , on appercevra qu'il r.’eft
pas entièrement compofé de fer à l'état métallique
, mais qu’il eft mélangé avec à peu près une
égale quantité d'une fubftance tranfparente d’un
vert-jaunâtre ( quelquefois auffi d’un jaune-ver-
dâtrê), dont nous avons déjà parlé dans la def-
cription de l’autre échantillon. Cette fubftance eft
mêlée avec le fe r , de manière que fi on pouvoit
enlever toute cette première , la partie reliante
feroit uniquement du fer dans l’état métallique ,
& préfenteroit la même apparence cellulaire que
l’échantillon précédent, 2k que la partie ramifiée
ou cellulaire du morceau que nous décrivons
maintenant.
»La partie pierreufe, feparée du fer, paroît
fous la forme de petits noeuds d’une forme généralement
irrégulière, mais quelquefois prefque
globuleufe j, elle a une fur-fwe parfaitement
unie 2k brillante „ de manière à présenter très-fou-
vent l’apparence d’une petite bmile «e verre , cit-
conftance qui a fait fuppofer à plufieunsperTonnes
qu’elles étoient le réfultat d’une
léclle. Quelques-uns de ces nodules ont plufiçuis
facettes irrégulières, produites parla compreffion
du fer dans lequel elles ont été enfermée s 5 mais
je n’y ai jamais vu aucune apparence qui pût me
faire foupçonner qu’elles eufient la moindre tendance
à prendre une forme criftalline déterminée.
*> Cette fubftance eft toujours plus ou moins
tranfparente -, elle eft fuffifamment dure pour couper
le verre , mais elle n’a aucun effet fur le
quarta ; elle tft très-fragile : fa cafiure eft ordinairement
conchoide } mais je n’ai pas pu apper-
cevoir qu’elle fe brifât dans une dire&ion particulière
, de manière à pouvoir confiderei une fracture
comme lui étant naturelle j elle devient électrique
parle frotte ment. Sa pefanteur fpécifique eft
de 3263a ?3COj elle eft très-réfrüêtaire. Je l’ai maintenue
pendant quelque tems, à un degré de chaleur
fuffifamment fort pour oxider à une profondeur
confidérable le creu.'et de fer dans lequel elle étoit
placée, fans lui avoir fait éprouver aucune altération,
excepté qu’elle a acquis un plus grand
degré d’ intenfité dans fa couleur. Sa tranfparence
n’étoit pas du tout diminuée. Je penfe auffi qu’il
n’y a pas le moindre lieu de la confidérer comme
une efpèce de verre.
De toutes les fubftances jufqu’à prêtent connues
, celle qui paroît avoir le plus d’analogie avec
elle,eft lepéridor (la chryfolitede Werner ) , auquel
quelques minéralogiftes l’ont rapportée. Le
réfultat de l'analyfe qu’en a faite M. Howard, eft
à peu près le même que celui de l ’analyfe du pé-
ridot, faite par M. Klaproth.
» La dureté & l’infufibilité de cette fubftance
font à peu près les mêmes que celle du péridot, mais
elle fembie avoir un moindre degré de pefanteur
fpécifique j car d'après deux criftaux parfaits de
péridot, j’ai trouvé fa pefanteur fpécifique de
3540 à j 37y. Les formes criftallines de cette
fubllance que je viens de décrire, fi jamais on
j>ouvoit Its déterminer, éclairciroienc tous nos
doutes fur l'analogie qui exifte entre ces deux
fubftances. Si nous confadérons la partie compacte
de l’échantillon dont nous parlons, particuliérement
la forte connexion qui paroît exifter entre le
fer 2k la fubftance tranfparente, & la grande ré-
fiftance que l'or» éprouve quand on veut les réparer,
nous ne pourrons pas nous empêcher d’être
furpris que prefque tous les échantillons de cette
mafïè de fer métallique, qui ont été apportes en
Europe, foient dans l’état cellulaire que nous
avons décrit, dû apparemment à la totale ou prefque
totale deflruétionde la fubftance tranfparente.
Mais outre la fragilité de cette fubftance , l'é-
char.ti lon en queftion nous aide beaucoup à expliquer
la circonftanre précédente » vu que plufieurs
des ndtik s de la fubftance tranfparente ,
qui lui appartiennent, font dans un état de do-
compofition réelle. Dans cet état ils font changés
e f une fubftance opaque blanche, qui, après avoir
été légèrement prj-ffée ou ferree entre les doigts.