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tout en les traitant au chalumeau, fur des charbons
, que ce caractère fe montre, quoiqu'il foit
foible en général : par-là le plus grand nombre
des phofpkates ne perdent que de l'eau dans leur
fufion, & confervent leur nature faline. Plulieurs
phofpkates métalliques, en fe fondant ainfï, pré-
fentent, en fe refroidiffant, une furface polyédrique
8c criftalline.
Aucun*pmffhate n'eft altérable ni par l'oxigène
ni par l'azote, 8c ne change, par le contaél de ces
deux corps, à l'état de ga z, qui d'ailleurs n'en
éprouvent non plus aucuns efpèce d'altération.
Ainlî celle qui leur arrive par le contaéfc de l'air
ne peut provenir que de l'eau atmofphérique. Il
eft dés pkofphates qui n'y fubiffent aucun changement.
Quelques autres s'y effleuriffent & perdent
leur forme criftalline, & d’autres au contraire attirent
légèrement l’humidité. Ce caractère variable
diftingue ces efpèces.
Quoiqu'un des caractères les plus prononcés de
l'acide phofphorique foit, comme on l’a dit dans
fon hiftoire, d'être décompofé par l’hydrogène
& le carbone chauds ou rouges, & de céder à ces
corps fon oxigène de manière à les convertir en
eau & en acide carbonique , tandis qu'il fe réduit
lui-même à l'état de phofphore, quoique la même
propriété des acides fulfurique 8c nitrique les fuive
en quelque forte dans les fels qu’ils forment, 8c
y devienne un des meilleurs moyens de diftinguer
les fulfates & les nitrates, on n’obferve point la
meme chofe dans plulieurspkofphates, 8c ce trait,
ft caraétériftique d’ailleurs de l'acide phofphorique
ifolé, y eft en quelque forte! émouffé , & même
tout-à-fait effacé. Uni à des bafes alcalines & ter-
reufes, cet acide perd, dans cette intime liaifon,
la propriété d’être décompofable par l'hydrogène
& le carbone, à quelque température qu'on expofe
1e s phofpkates 3 & de quelque manière qu'on les
traite par ces corps. Il n’y a que le phofpkate d’ammoniaque
qui femble faire exception à cette règle ;
mais on verra que ce n'eft qu’une iilulïon ou une
anomalie apparente, puifque ce n'eft pas comme
phofpkate ammoniacal , mais bien comme fel décompofé
, ayant perdu fa bafe & réduit à l'état
d’acide phofphorique ifolé, que cela lui arrive.
Le phofphore ne fait pas non plus paffer les phof-
phates à l’éVât de phofphites ; le foufre 8c les métaux
ne les altèrent pas davantage , & 15 les derniers
éprouvent quelques altérations de la part de
ces Tels, c’eft à leur eau de criftallifation ou de
diffolution qu'il faut les attribuer.
Il faut cependant obferver que plulieursyhof-
phates métalliques, 8c en particulier ceux de plomb
Bc de mercure, 8cc. font décompofés par le charbon
aidé de la chaleur rouge, & donnent ainlî du
phofphore.
: TLç's.pkofphates terreux 8c alcalins font, ou très-
diïïVih'ibles , ou prefqu’entiérèment indifl’olubles.
La plupart des premiers le font plus à l’aide de la
Chaleur , & fe criftallifent par fe refroidiffemenr.
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Les féconds font toujours en poudre dans leur
préparation artificielle, quoique la nature, dans
ceux qu’elle préfente criftallifés, ait manif-fte-
ment, pour les diffoudre, des procédés encore
inconnus à l’art.
Les oxides métalliques fe combinent tous avec
les pkofphates à l’aide du calorique, & entrent
avec eux dans des vitrifications colorées dont on
ignore encore les combinaifons ou la nature, mais
qui fervent fouvent de caractères diftinétifs aux
minéralogiftes , 8c qui font quelquefois employées
dans les arts. C'eft à l'aide du chalumeau qu'on
rcconnoît cette propriété dans les minéraux , 8c
c’eft en les chauffant fortement dans des creufets,
qu’on obtient ces verres phofphatés dans quelques
ateliers.
Quelques acides, & furtout ceux dont les com-
pofés faîins ont été examinés avant les pkofphates,
ont une aCtion remarquable fur ce genre de fels.
L’acide fulfurique en décompofé complètement le
plus grand nombre, & feulement une partie de
ceux qui peuvent être à l'état d’acidules. L'acide
phofphorique s'unit à quelques-uns d'entr'eux, 8c
lès convertit en pkofphates acidulés. L'acide nitrique
les décompofé prefque tous complètement,
& cette aCtion eft accompagnée de leur diffolution
complète : de forte que la liqueur, toujours acide,
contient des nitrates 8c de i'acide phofphorique,
ou des nitrates 8c des phofphatés acidulés pour ceux
qu'il fie décompofé qu'en partie. Î1 en eft abfolu-
ment de même de l'acide muriatique. Les acides
fulfureux, nitreux, phofphoreux, fluorique, bo-
racique 8c carbonique n’ont aucune aCtion fur les
pkofphates, dont les bafes font tomes plus fortement
attirées par l'acide phofphorique, que par
ces acides.
C'eft par la décompofition des phofpkates à l'aide
des acides fulfurique, nitrique ou muriatique, que
l'on reconnoît fouvent, 8c le caràCtère générique,
8c quelquefois même l'efpèce de ces fels ; c’eft
aufli par elle, comme on le verra dans les efpèces,
qu'on parvient à les analyTer avec exactitude , &
à déterminer la proportion de leurs principes conf-
tituans. Comme l’acide phofphorique, une fois
mis en liberté, fefait reconnoître par des caractères
faciles à faifir autant qu'ils font certains,
quand il eft dégagé des phofpkates par un des acides,
il ne refte plus de doute fur le genre de fel
que l'on a examiné.
Quoique l’aCtion des bafes falifiables foit plus
relative à la diveificé des efpèces qu'aux propriétés
du genre des phofpkates, il eft notable cependant
que les terres fufceptibles de vitrification
s'unifient facilement à ces fels par la fufion, 8c
forment des efpèces de verres ou d’émaux plus ou
moins opaques, en entrant ainfi dans de véritables
combinaifons triples. Les autres bafes fe comportent
diverfement avec les phofpkates > fuiyant la
nature 8c l'attraClion particulière qu’elles ont avec
l’acide phofphorique* Les
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Les phofpkates font beaucoup plus employés,
depuis quelques années, qu’ils ne l’avoient été
avant les dernières recherches dont les chimifies
modernes fe font occupés. En médecine, il en eft
qui ont déjà acquis une célébrité méritée. La phy-
fique animale a beaucoup profité des découvertes
qui leur font relatives. En minéralogie on fe fert,
avec de grands avantages, de plufieurs efpèces
comme fondant au chalumeau, 8c propres à faire
diftinguer les minéraux. En chimie, on les prépare
8c on les décompofé fouvent par des opérations
plus multipliées aujourd'hui qu’elles ne l’ont jamais
été. C ’eft de quelques efpèces de phofpkates
que l’on tire abondamment le phofphore de l’acide
phofphorique, dont on fait maintenant beaucoup
plus d ufage qu'on ne l’auroit même foupçonné
poflible il y a quelques années.
v Dans 1 état aéluel des connoiftances chimiques,
J admets quatorze efpèces de phofpkates terreux 8c
alcalins, que je difpofe, les unes par rapport aux
autres, de la manière fuivante, d'après le rang
d attraction des bafes pour l’acide phofphorique.
i . Phofpkate de baryte.
2 . Pkofphate de ftrontiane.
3°. Phofpkate de chaux.
4 . Pkofphate acidulé de chaux.
5°. Pkofphate de potaffe. 6°. Phofpkate de loude.
7°. Phofpkate d’ammoniaque.
8 . Phofpkate de foude 8c d'ammoniaque.
9°. Pkofphate de magnéfie.
io°. Pkofphate ammoniaco-magnéfien.
i i ° . Phofpkate de glucine.
12°. Phofpkate d’alumine.
13°. Pkofphate de zircone.
140. Phofpkate de filice.
On ne connoît pas l’aClion réciproque des divers
oxides métalliques fur l’acide phofphorique, 8c les
rapports d’affinité qui exiftent entr’eux.
P h o s p h a t e d ’ a l u m i n e . Le pkofphate d'alumine
eft un des fels de ce genre les moins connus :
*ucun chîmifte n'en a fait encore l’objet de fes
recherches. Voici le peu de faits que l’expérience
m'a préfentés fur ce fel. En faturant l’acide phofphorique
de la portion d’alumine qu’il peut ab-
forber, on a une raafle blanche, pulvérulente,
peu fapide, excepté dans un excès de fon propre
acide , & alors il paroît former une efpèce d’acidulé
comme les autres fels alumineux. Il fe fond
àu chalumeau en un globule tranfparent fans
éprouver d’altération. Les alcalis 8c les terres al- I
calmes le décompofent, ainfi que les acides dont
on a déjà parlé dans le genre 8c les autres efpèces
. phofphatés. Il n’eft encore d’aucun ufage. Il
mente d’être étudié , parce qu'il- y a lieu de
croire qu on le trouvera parmi les productions
naturelles.
P h o s p h a t e d ’a m m o n i a ç v b . Le pkofphate
Cm m i s . Tome K.
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d ammoniaque, un des premiers connus avec le
phofpkate de foude, parce qu’ils fe trouvent en-
fembie dans l’urine humaine, 8c lông-tems confondu
avec lui fous le nom commun de fe l fufible ,
fel natif de l'urine , I microcofmique , n’a commencé
à en être diftingué que par les travaux fuc-
ceftifs de Schloffer, du duc de Chaulnes, de
Rouelle le cadet, en 1770, 1774 8c 1776, 8c fur-
tout par les recherches de ceux des chimiftes modernes
qui ont ajouté aux faits trouvés par les
premiers fur ce fel, des expériences plus exaétes
fur le même compofé fabriqué artificiellement.
Lavoifier 8c M. Vauquelin font les deux chimiftes
qui ont le plus fpécialement examiné le phofpkate
d'ammoniaque. ■
Le phofphate ammoniacal, préparé artificielle^
ment, criftallife en prifines à quatre pans réguliers,
terminés par des pyramides à quatre faces également
régulières. Souvent il donne de petites aiguilles
ferrées les unes contre les autres, dont il
eft difficile de déterminer la figure. II a une faveur
fraîche, falée, piquante 8c urineufe. Il verdit prefque
toujours le firop de violettes.
On le trouve dans l’urine humaine, où il devient
même plus abondant par la putréfaélion,
parce que celle-ci forme de l’ammoniaque qui fa-
ture l’acide phofphorique ordinairement en excès
dans l’urine fraîche des hommes fains. Il exifte
auffi dans beaucoup d’autres liqueurs animales, 8c
furtout dans le fang, le férum des cavités intérieures,
la falive, les larmes, 8cc.
Autrefois on s’ obftinoit en quelque forte à le
retirer du fel d’urine : on avoir cherché beaucoup
de moyens pour l’obtenir pur, fépnré du-muriate
8c du pkofphate de foude qui l’accompagnent conf-
tamment ; mais comme on a reconnu que ces procédés
étoient ou très-difficiles ou même erronés,
on préféré aujourd’hui de le préparer artificiellement,
en combinant dire&ement l'acide phofphorique
pur avec l’ammoniaque. On fait évaporer
doucement fa diffolution , 8c lorfqu’elle a un certain
degré de confiftance, on en obtient, par le
refroidiffement 8c le repos, le fel régulièrement
criftallife.
Le phofphate d'ammoniaque, expofe au feu , fe
fond d’abord dans fon eau de criftallifation 3. il fe
dèffèche enfuite, fe bourfoufle, 8c finir bimtôt
par fe fondre en un verre tranfparent qui eft acide :
voilà pourquoi on l’a nommé autrefois fel füfiblè.
Quand on fait cette expérience dans un vaiffeau
fermé, on recueille de l'eau chargée d'ammoniaque,
8c il refte de l'acide phofphorique libre dans
la cornue. Auffi fent-.on une forre odeur ammoniacale
quand on chauffe ce fel dans des vailleaux
découverts ou bien au chalumeau. Le phofpkate
d'ammoniaque eft le plus décompofable de tous les
fels de ce genre; ce qui dépend de la moindre
adhérence de fes principes, de la grande volatilité
de 1 un, 8c de l'extrême fixité de l’autre. Quand
ôü le chauffe au chalumeau, il dônrie prompte-'