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que plufieurs pierres fchtfteufes dures, filiceufes,
jaipeufes , bafaltiques jouiffoient de cette propriété.
Pierre de trippes : nom ridicule donné à une
variété de fulfate de baryte concrécionné, fous la
forme? mamelonée, dont les contours imitent,
quoique grofliérement, les circonvolutions des
inteftins. On trouve furtout cette variété dans les
mines de Saxe & du Derbyshire.
P ierre de v é g é t a u x . On a décrit des concrétions
pierreufes, & comme calculiformes, dans les
végétaux j on les a même nommées pierres, comme
dans les animaux. Haller a fpécialement indiqué
celle des noix de coco, comme dure, polie &
vraiment catculeufe. On allure que cette prétendue
pierre, très-rare , eft fort eitimëe dans les Grandes-
Indes. Le tabasheer, efpèce de concrétion fili-
ceufe allez fréquente dans les’bambous, eft de
cet ordre.
11 ne faut pas confondre, avec Valmont de Bo-
mare, les pierres enfermées, par un accident quelconque,
dans le tronc de quelques arbres, avec ;
les vrais calculs végétaux.
Ce qu'on nomme pierres dans les poires n’eft,
d’après l’analyfe de M. Vauquelin, que des concrétions
ligne ufes.
P ie r re de V o l v ic : efpèce de lave ou de
pierre volcanique produite, à ce qu’il paroît, par
les anciens volcans de l’Auvergne, & qui fert à la
conftiuCiion des édifices. Elle eft dure, fcintillante,
fonore, à grain très-fin, d’un gris-foncé & noirâtre.
Elle eft difficile à tailler, reçoit un allez
beau poli, & très-propre, non-feulement à élever
des monumens durables, mais encore à présenter,
dans ces monumens, ce beau ton de couleur que
-les artiftes préfèrent au blanc des pierres calcaires,
fade par lui-même, & d’ailleurs très-altérable dans
Jes pays froids & humides.
Pierre de V u lpino : c’eft.une fous-efpèce de
fiilfate de chaux anhydre & quartzifere, contenant
0,9*. de fel, & o,c8 de filice, beaucoup plus
pefante que la chaux fulfatée pure, ayant la texture
granulaire des marbres ialins, préfentant,
lorfqu’on la jette fur unè pelle rouge, une phof-
phorefcence orangée, fe fondant facilement au
chalumeau. Ce minéral, obfervé & bien décrit
par M. Fleuriau de Belje.vue, eft d’un blanc-gri-
fâtre, fouvent veine de gris-bleuâtre, tranilucide
fur fes bords. Il (è trouve à Vulpino, à quinze
lieues au nord de Bergame. On l’emploie à Milan,
fous le nom d marbre bardigho de liergame, pour
faire des tables & garnir des cheminées.
Pie r r e d’ ir is . Valmont de Bomare indique fous
ce nom , dans fon Dictionnaire d'kifloire naturelle,
un criftai de roche irifé, ou une opale irifée, ou
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’ calcédoines qui préfentent le même phéno» 1 Cette propriété de réfléchir les couleurs
de l’arc-en-cit'î'iiépend de quelques fêlures ou'de
quelques interftices entre les lames qui brifent oy
qui décompofent les rayons lumineux.
Pierre d’ It a l ie . C*eft le nom de l’ampélite
graphique, efpèce de crayon noir, qui fert aux
ouvriers pour tracer leurs lignes fur les bois & les
pierres, & qui a été décrite ci-deflus fous le nom
de Pie r r e de ch a r p en t ie r .
Pierre du so le il : furnom donné parles marchands,
tantôt à l’avanturine, tantôt au girafôl
à caufe de leurs propriétés de briller beaucoup
lorfque ces pierres font frappées par les rayons du
foleil.
Pierre d u r e . Quoique cette expreflion ne dé*
ligne qu’une propriété relative, on l’emploie plus
particuliérement pour indiquer les pierres qui font
difficiles à tailler, à fcier, à polir, & dont le
travail, comme la matière, eft plus ou moins précieux.
On comprend fous cette dénomination générale,
les quartz, les agates, les jafpes, les gran
i t les porphyres, les ferpentins & toutes les
pierres dont le poli eft durable, & qui font peuj)u
point altérables à l’air.
Pie r r e d iv in e : nom donné, par Boëce de
Boot, à une efpèce de jade aflez fréquent en Amérique,
fur les bords de la rivière des Amazones,
fans doute à caufe des propriétés merveilleufes
que les anciens Indiens lui attribuoienr. Ils la tail-
loient en amulette, 6c la croyoient propre à guérir
beaucoup de maladies par fon feu! eontaCt. ( Foyer
tarticle PlERRE NEPHRETIQUE.)
On a donné le nom de pierre divine à une préparation
pharmaceutique , formée de fulfate de
cuivre, de nitre , d’alun & de camphre. Suivant
Baumé, on fait liquéfier ces trois matières ensemble
, à la dofe de fîx onces chacune, dans une
terrine verniffée : on y ajoute deux gros de camphre,
& lorfque celui-ci eft fondu, on coule la
maue fur un porphyre légèrement huilé : on la
coupe, lorfqu elle eft figée & encore molle, en
petites tablettes carrées, qu’on conferve dans une
bouteille bouchee avec foin. Ce médicament a
été autrefois fort employé dans les maladies des
yeux.
P ierre é l a s t iq u e . Il n’y a aucune pierre qui
foit élaftique : c’eft à tort qu'on a confondu cette
propriété avec celle d’écre flexible. ( Foyer Pierre
flexib le. )
Pie r re é l e c tr iq u e. Il y a des pierres qui font
électriques par le frottement, & d’autres qui
ne le font que par la chaleur. ( Foyer l'article
Pie rre s. ) v y 1
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On a donné plus particuliérement le nom de
pierre éleürique à la tourmaline. ( Foye% ce mot. )
Pierre ÉLÉMENTAiRE.Onavoitautrefois donné
ce nom à une variété d'agate, dans laquelle on
diftinguoit quatre couleurs, le vert qui repréfen-
toit l’eau, le blanc- tranfparent pour l’air, le brun
pour la terre , & le rouge pour le feu.
Pierre étoilée. On nomme ainfi un foflfile
calcaire, Quelquefois filieeux, qui repréfente des
étoiles à cinq rayons , & provenant manifeftement
de la queue du palmier marin. On la nomme aufli
afiroïte.
Pierre f a c t ic e . Ce nom appartient, i° . aux
gemmes artificielles, qui font fabriquées avec du
fable, des alcalis, du borax, des phofphates, de
l’oxide de plomb & divers oxides métalliques ,
pour lui donner les différentes couleurs des gemmes
naturelles j i 9. à des mélanges terreux de
fable, d’argile , de craie, délayés enfemble, qu’on
palïe dans des^moules pour leur donner la dimen-
lion & les formes convenables j qu’on fait enfuite
fécher à Pair, dans des fours ou dans des étuves,
& qu’on emploie enfuite à la conftruCtion. Elles
imitent le pifé. ( Foyeç ce mot. )
Pierre figurée : mauvaife 8c ridicule dénomination
donnée à des pierres qu’on dit imiter telle
ou telle chofe naturelle ou artificielle par leur
forme. Quoiqu’il y ait encore quelques gens qui
attachent un prix-plus ou moins grand à ces prétendus
jeux de la nature, cette efpèce de folie
qui faifoit autrefois rechercher les pierres figurées,
efl prefqu’entiérement bannie de l'hiftoire naturelle.
Pierre fine : nom donné, par les lapidaires 8c
par les joailliers , aux pierres dures qui reçoivent là
taille & prennent un beau brillant, comme le diamant,
les gemmes ; mais ils comprennent dans cet
ordre, fuivant le caprice & la fantaifie des hommes
a qui ils ont affaire, toutes les pierres dures fuf-
ceptibles d’un beau poli, comme les quartz, les
criftaux de roche, les agates, les porphyres, les
g-anits, les ferpentins durs, &c. > de forte que
cette dénomination doit être entièrement bannie
de l’hiftoire naturelle comme arbitraire 8c erronée.
Pierre f is s il e . On nomme ainfi toute pierre
flui fe fend ou fe délite en lames ou feuillets,
commes les fchiftes ou ardoifes.
Pierre flexible. On a parlé, en minéralogie,
de marbre faccharoïde, qui a la propriété de fe
ramollir aflez, par une chaleur long-tems continuée,
pour fe fléchir comme les tablettes & les
manteaux de cheminée. Il y a de plus une efpèce
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] de grès fpontanénfent fufceptible de fléchir dans
fon milieu lorfque, taillé en tablette mince &
longue, on le fait repofer, par les deux bouts ,
fur un iupport élevé.
Pierre fr um en t a ir e : nom donné aune pierre
filiceufe, formée par l'agrégation de coquilles ou
productions marines lenticulaires fîliciflées, qui,
caifées par leur milieu, laiffent voir fur la tranche
des corps ayant la forme de grains de froment.
Pierre fus ibl e. On fe fert quelquefois de
cette expreflion pour défîgner dans une pierre la
propriété de fe fondre, comparée furtout à l’in—
fufibilité d’autres pierres. Ainfi le feldfpath, comparé
au quartz , eft remarquable par ce ca aCtère
de fufibilité, tandis que le quartz eft abfo'ument
infufîble. Mais il faut convenir que, pris dans cette
généralité de phénomène, ce caraCtère eft aujourd’hui
très-peu pro*pre à faire diftinguer une pierre
d’avec une ou plufieurs autres, attendu que le
nombre de celles qui en jouiffcnt, eft très-confidé-
rable Aufli eft-on obligé d’y ajouter plufieurs autres
phénomènes plus ou moins diftinétifs, tels que
fufibilité facile ou difficile, avec ou fans écume,
bourfouflement, effervefcence, donnant un verre
ou une forte d’émail, une fritte, &c. &c. ( Foye%
Varticle PIERRE en général. )
Pie r r e gélisse : expreflion dont on fe fert
pour défîgner les pierres fujètes à fe fen ire , à
éclater par la gelée. Elle s’applique fpécialement
à celles des pierres à bâtir des environs de Paris,
dont la porofiié & le peu de confiftance du carbonate
de chaux qui les forment, les rendent ftifcep-
tibles d’abforber ou de retenir de l’eau, laquelle,
prife en gelée par un froid fubit de quelques degrés
au defious de o , augmente de volume & produit
des gerçures, fouvent même des fentes & des
éclats dans la pierre.
Pierre gemme. On a nommé autrefois ainfi eri
minéralogie, & en fe rapprochant des iapidaires
& des joailliers, les pierres dures très-tranfpa-
rentes, très-peu altérables, d’une homogénéité
plus ou moins parfaite, & teintes de couleurs
pures & vives. C ’étoit la traduCtion du mot gemma
des Latins, qui appartient à une pierre précfeufe.
Les anciens minéralogiftes, d’après les idées
reçues dans le commerce & dans les arts, idées
dont ils cherchoient à fe rapprocher par des motifs
d'ailleurs très - louables, & , à la vérité, à une*
époque où la nature 8c les caractères de ces pierres
n étoient p3S bien connus, avoient fait de ces
pierres gemmes une forte d’ordre ou de clarification
à part, & ils en avoient établi les efpèces d’après
les couleurs. Les lapidaires, en confidérant le prix
relatif fixé par le commerce à chacune de ces productions
naturelles, les rangent dans l’ordre fuivant
: le diamant, le rubis, le faphir, l’émeraude,