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riqne traité comme il vient d’être dit, 8c fournis
à l’aètion réunie du charbon de liège &• de la chaleur
, a donné du phofphore en quantité notable}
mais le réfidu contenoit beaucoup de magnélïe.,
entièrement combinée avec l’acide phofphorique,
combinaifon qu’on a extraite au moyen de l’acidè
nitrique. On a précipité cette terre, ainfi di flou te
dans l’a ci de nitrique par la potaffe cauftique en
excès : on a faturé par l ’acide nitrique l'excès de
potaffe contenue dans la liqueur, & on en a fé~
paré l’acide phofphorique par la chaux.
§, III. D 'ijïiilation de la laite „ & examen de fort
charbon.
i° . On a fournis à la diftillation cent crois grammes
de laite fraîche dans une cornue de verre
iutée : il n’a d’abord paffé que de l’humidité;en-
fuite on a obtenu une huile peu colorée, mais qui
a pris peu à peu une couleur jaunâtre à mefure
que l’opération avançoit : on n’a obtenu qu’une
petite quantité de gaz. Il eft vrai qu'avant la fin
de l’opération, & lorfqu’il fe produifoit encore
de i’huiie, la cornue s’eft fêlée vers la naiffiance
de fon col.
2°. Malgré cet accident, on a continué le feu
jufqu’à ce qu’on n’ait plus apperçu de vapeurs for-
tir de la cornue. L’appareil étant refroidi, on a
retiré les produi ts. 11 y avoit dans le récipient une
allez grande quantité d’eau recouverte par une
huile jaune un peu épaiffe & d’une odeur fetide.
L'alonge contenoit un peu d’huile, plus épaiffe &
plus colorée que celle du ballon : il y avoit açilfi
quelques criftaux de matière faline fublimée, qui
nous a paru être du carbonate-d'ammoniaque.
39. L’eau, recueillie & réparée le plus exactement
pcflïbLe de l'huile, contenoit beaucoup de
pruiffate & de carbonate d’ammoniaqueelle étoit
tellement fat urée de ces deux tels, qu'un papier
mouillé de diffolution defulfate de fer, & plongé
en fui te dans un acide, eft devenu fur-Je-thamp
d'un bleu très-foncé en l’expofent à la vapeur
de ce produit.
4°. La cornue étoit non-feulement caflee dans
plusieurs endroits , mais encore fondue en partie,
& le verre avoit perdu beaucoup de fa tianfpa-
rence. Le charbon qu’elle contenoit, pefpit cinq
grammes quatre dixièmes (cinq pour cent); il
g toit d’une dureté extraordinaire^ furpaffant celle
de tous les charbons animaux connus jufqu’ic i, 8c
qui a paru capable de rayer le verre : on a eu
beaucoup de peine à le réduire en poudré.
Ce chaibon, lavé avec de i’ eau bouillante , a
communiqué à ce liquide une acidité marquée ;
on a continué à. le leffiver, jufqu’à ce que les dernières
portions d’eau ne donnaffent plus de lignes
d'acide , & on l’a fait fécher.
Le charbon dont on vient de parler, & qui
avoit été lavé avec beaucoup 4 'eau bouillante, 4
été calciné doucement daqs.up çrèftfeî de platine.
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Lorfque la température a été enlevée au rougs*.
obfcur, il s’eft produit une flamme d’un jaune-
verdâtre , qui parcouroit rapidement toute la fur-
face de la maffe rouge de feu, & qui étoit fort
femblable à celle du phofphore : cette flamme légère
, & qui n’a pas préfenté d’odeur fenfible,
n’éroit pas continue, mais intermittente , & comme
par fecouffes.
Lorfque ce phénomène eut été obfervé pendant
un quart d'heure, on a retiré le creufet du feu,
& , l'ayant laiffé refroidir, on a iefiivé une fécondé
fois le charbon avec de l’eau diftillée. La leflive
avoit acquis une acidité marquée , 8c la propriété
de précipiter l’eau de chaux, abfolumeat comme
le fait l’acide phofphorique étendu.
Ces phénomènes ne permettent pas de douter
que la flamme jaune-verdâtre & intermittente n’ait
été produite par du phofphore , qui, converti en
acide par fa combuftion, a laiffé celui-ci mélé au
charbon.
6°. En eonfidérant l’état du phofphore dans
cette matière charboneufe de la laite, il eft évident
qu’il ne peut y exifter en acide ; car celui-ci
auroit été diffous entièrement par l’eau dans le
premier lavage : il ne peut pas y être non plus à
l’état de phofphate foluble, car il auroit été également
emporté par l’eau. Il fembleroit d’abord
ne pouvoir y être qu’à l’état de phofphate terreux
ii.foluble, de chaux & de magnélïe. Ces deux
terres exifttnt en effet dans la laite & dans l'on
charbon; mais leurs combinaisons avec l’acide
phofphorique ne font pas fufceptibles d’être détruites
par le carbone rouge, furtout à la chaleur
médiocre où l’opération a été faite.
On fait que le phofphate de chaux n’éprouve
aucune altération de la part du charbon, à quelque
température qu’on élève le mélange : on a la
même certitude fur le phofphate de magnéfie.
D’ailleurs, en fuppofant même que la magnélïe
permît à l’acide phofphorique qu'elle fature , de
fe.décompofer par le carbone rouge, la température
à laquelle l’infl .mmation du phofphore a eu
lieu dans cette expérience n'aui oit pas été fijffb
fante pour convertir l’acide phofphorique libre
en phofphore.
7° Le réfuîtat obtenu de la calcination du charbon
de laite paroiffo.it trop nouveau & trop différent
de ce qu’on connojlfoit jufqu’ic i, pour que
nous n’aiyons pas cherché à varier nos expériences
, dans l'intention de déterminer la caufe de ce
phénomène. La préfence des phofphate s même
infoJubles dans ce charbon pouvoit laiflor fur
cette production d’acide phofphorique , accompagnée
d’une inflammation remarquable , quelque
dente d’aqtant mieux fondé, que plufieurs habiles
chïmiffes difent avoir yu Mes os 'préfenter ■ une
flamme phofphorique dans leur calcination au milieu
des charbons. Nous avons donc voulu ('avoir
fi le charbon de laite, privé de (es phofphates, terreux
x prétexterait .çnço;re ces. phénomènes.. Eu
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conféquence, après avoir calciné 8c lavé une certaine
quantité de chaibon de laite, on l’a traité
par l’acide muriatique bouillant pendant plus d’une
heure, pour en féparer entièrement les phofj hâtes
qui dévoient s’y trouver.
L’acide muriatique qui avoit fervi à cette opération
, mêlé à l’ammoniaque, n’a donné qu’une
très-petite quantité de phofphate de chaux & de
magnéfie. - ' \
Le charbon , fournis de nouv -au à l’aétion de
la chaleur, a prêtenté abfolumem lis mêmes phénomènes,
c’elt-à-dire , la même-flamme phofphorique
& la même acidité qu’auparavant.
Il fuit de là que , dans le charbon de la Lite, le
phofphore n'tft pas à l’état de phofphates; car ces
derniets auroient été diflous Ce enleves par l’acide
muriatique , & le phénomène d'acidification , s'il
avoit été dû à teur préfence, ne feroit plus renouvelé.
8°. D’après toutes ces confidérations, fondées
fur les lois les plus certaines des phénomènes chimiques,
il eft évident que le phofphore dont il
s’agit, s’ eft combiné avec le charbon , & qu'à
rnefure que ce dernier brûle par fa température
rouge, le phofphore lubie le même e f f e t , en te
dégageant de la combinaifon.
90. L’inflammation phofphorique du charbon
de la laite , déjà opérée deux fois, s’eft renouvelée
une troifième & une quatrième fois , ainfi que
la production d'acide qui en eft la fuite , par. des
calcinations fucceflives, & il n'y a pas de doute
que ces phénomènes ne fe repreiênunt jufqu'à la
deftruCtion complète de ce charbon, qu'on doit
regarder comme phofphuré ou à l'état d'un carbure
de phofphore, & comme conieiyant cet état
jufqu’à la dernière parcelle, jufqu’à fa combuftion
complète.
- xo°. Dans l'intention de rechercher, par une
expérience comparative, fi les charbons des autres
matières animales offrisoient tes mêmes ré-
fultats q,ue celui delà laite de carpe, on a fournis
àti'aCtion du feu, on a calciné abfolmuent de la
même- manière ce dans un creufet de platine, du
charbon de fibrine de fang de boeuf, qui avoit été
bien lavé 3,mais on n’a point vu de flamme phof-
phorique.. Celle qui s'eft manifeftée étoit d'un
rquge-bleuâtte & le. charbon Ieffivé, au bout
d’une demi-heure de calcination au rouge,, n’a
pas communiqué à l’eau des caraêlères d’acidité ,
comme ee.lui ae la laite.; au contraire, il a montré
des lignes non équivoques d’alcalinité, car fa leffive
concentrée retabliffoit la couleur du tournefol
reugie par les acides.
CAtte expérience prouve que. la propriété aci-
djfiable par la chaleur, qui a, ©fié reconnuejjdans le
charbon de laite, n’eft pas commune à cous les
charbons animaux, 8c il y a même lieu de croire
qu’elle eft particulière à la matière fécondante des
poijfons
u®“. En foumettami à. la chaleur , & dans des,
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vaiffeaux bien clos, la laite de carpe, nous avions
] l’intention de fa voir fi W charbon demeuré clans la
| cornue feroit acide, comme quand cette matière
j eft charbonée dans des vaiffeaux ouverts ; mais la
j cornue ayant caffé , nos vues ne furent pas rem-
i plies , & l’opération devoit reffemfiler à une car-
| bonifation dans des vaiffeaux ouverts : auflî le
charbon a-t il donné de l'acide par une nouvelle
calcination dans un creufet.
Cependant le réfuîtat de cette expérience faite
comme nous en avions l'intention, nous étant
très-né ce flaire pour fixer notre opinion fur l'état
ou fe trouve le phofph re dans la laite, nous
avons recommencé la diftiliation , en nous fervant
cette fois d'une cornue de grès bien éprouvée.
Après avoir introduit cent vingt-trois grammes
dé faite fraîche dans ce vaiffeau , nons y avons
adapté une alonge, & à celle-ci*un ballon , d’ où
par toit un tube recourbé qui allck plonger dans
un fl icon plein d’acide muriatique oxigéné, pour
arrêter & brûler la portion de phofphore qui auroit
pu parvenir à l’extrémité de l'appareil.
On a d’abord conduit le feu avec beaucoup de
douceur, jufqu’ à ce que toute l’eau fût paflee, &
queia laite, durcie & féchée, commençât à donner
de I huile : on l’a enfuice augmenté graduellement,
jufqu'à faire rougir à blanc le fond de la
cornue.
Voici l’ordre dans lequel les produits fe font
préfentés :
A. Beaucoup d’eau fans couleur.
B. De l’huile blanche ou légèrement citrine.
C. Une huile rouge de. fan g & altez fluide.
D. Une- huile brune noirâtre & épaiffe.
E. En même temsque cetteden ière huile, des
Tels qui fe font condenfés en criftaux aiguillés fur
les parois de l’alonge.
F. Une croûte d’un blanc nuancé de jaune &
de rouge, qui s’eft attachée à la partie fupérieure
de l’alonge : il ne s’eft dégagé que peu de gaz 3
mêlé d'acide carbonique 8c d'hydrogène carburé.
Nous avons trouvé dans le premier produit ou
dans l’eau, du carbonate d'ammoniaque, du pruf-
fi-aie d’ammoniaque en grande quanti ;é , & quête
ques traces auflî de.muriate d'ammoniaque.
L’alonge contenoit du carbonate & du pnyftme.
dfammoniaque en criftaux aiguillés, & ta croûte
que nous avons dit exifter à ïa partie fupérieuire
de ce vaiffeau, étoit du photebore tout pur,
puifqu’expofée à l’air elle fuinoit, répand.tir l’o-
dettr propre au phofj bore , & kiioir forcement
dans l'obifeurité : ce corps s'euflammoit avec une
grande rapidité quand on élevodt fa cempé-
rature.
La préfence du. phofph 're dans l’alonge nous -
ayant fait foupçonner qa>- 1 huile raitemblée dans
le récipient avec l’eau pouveit auflî contenir en
combinaifon une certaine quantité de ce corps
comhuffible, nous avons mis le tou.c dans une cap-
fu-le.de porcelaine avec de l ’acide rtirtique à sreitce
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