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duits du féti n’étoit pas encore pouffé affez loin^
que leurs propriétés n'a voient pas été affez étu-"
diées pour pouvoir leur affigner des caractères bien
tranchés, & en donner une hiftoire exaCte.
§. V . Pretriier âpperfu de la nature acéteufe des acides
empyreumatiques.
Tel étoit l'état incertain de la fdence à l'égard
des trois acides tirés des matières végétales par le
feu, lorfqu'une cïrconftànce, comme accidentelle,
vint nous offrir l'ocea-fron dé découvrir un fait
nouveau fur leur nature. Dans le cours des recherches
auxquelles nous nous livrons depuis long-
tems, M. Vauquetin & moi, fur l’analyfe chimique
des fubftances végétales, & parmi les expériences
que nous avions entreprifes fur les matières
folides ou ligneufes des plantes, nous étions
occupés, il y a quelques mois, de l'examen du
liège. Cette enveloppe épidermoïde d'une efpèce
de chêne m’avoir paru , depuis plufieurs années,
d'une nature afiez diftinCte des autres tiffus végétaux
, pour mériter des recherches particulières.
Déjà quelques effais fur plufieurs épidermes des
arbresm'avoient faitpenferqu'ils ferapprochoient
des caractères du liège, & j'avois cru devoir le
préfenter, comme un des matériaux immédiats
des plantes, fous le nom de fuber. Defirant pouffe r
plus loin ces premiers effais & donner plus d'é
tendue à ces premiers apperçus, nous commençâmes
à nous occuper cet été d’une analyfe plus
exaCte du liège. En ayant fournis une affez grande
uantité ( trois hectogrammes ) à la diftillation à
eu nu , nous en obtînmes, avec un quart de fon
poids d’une huile très-volatile & très-légère,
prefqu’autant d’un liquide rougeâtre, empyreu-
matique, qui préfentoit tous les caractères appa-
rens de l’acide pyroligneux. Mais ce liquide acide
examiné avec piu6 de foin, reCtifié, combiné avec
des alcalis, dégagé de ces bafes par l'acide fulfurique
foible, nous offrit bientôt les propriétés de
véritable acide acéteux, & nous ne pûmes le
méconnoître pour ce dernier acide après l ’avoir
féparé , par une lente diftillation , de la portion
d’nuile colorée qu’il tenoit en diflolution.
Ce premier fait une fois bien conftaté, il ne
nous fut pas difficile de préfumer que l’acide pyroligneux
, de quelque bois qu'il fût retiré , ne
devoir être que de l’acide acéteux 5 il nous fut
même permis de foupçonner que les deux autres
acidesempyreumatiques étoient de la même nature.
Maison apperçti, un foupçon, quelque bien
fondé qu’il paroiffe, n'ayant aucune valeur réelle
en phyfique, nous en appelâmes à l'expérience
pour en reconnoître la vérité, ou pour le rejeter
tomme une erreur.
$. VI. Nouvel examen des acides pyromuqueux,
pyrotartareux & pyroligneux.
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ties de fucre pur, qui nous fournit dix parties &
demie d’eau chargée d’acide pyromuqueux rougeâtre
, un peu plus de quatre parties & demie de
charbon léger, & une demi-partie de gaz, on a
combiné le liquide acide avec de la chaux j on a
évaporé ce liquide à ficcité, & on l’a traité à la
cornue par l’acide fulfurique foible. On a obtenu
un produit liquide affez blanc ou très-peu coloré,
d'une odeur acéteufe très-prononcée, qui, combiné
avec la potaffe , a donné de l’acétite de po-
taflfe très-reconnoi fiable. Ce fel étoit à la vérité
d’une couleur grife-falej mais en filtrant fil dif-
folution chaude fur du charbon en poudre, il a
perdu l’huile *qui le coloroit, & il eft devenu
tout^à-fait blanc.
Le produit acide obtenu du premier fel calcaire
par l’acide fulfurique, étoit déjà beaucoup moins
coloré que l'acide pyromuqueux ; il n'avoit plus
que très-foiblement l'odeur de caramel qui carac-
térife l'acide acéteux.
Dégagé une fécondé fois du fel alcalin par l'acide
fulfurique, il étoit encore plus pur, n'avoit
rien de fa première origine, & n’exhaloit plus que
l'odeur acéteufe pure. Ainfi nous devions conclure
de ces expériences, que l’acide pyromuqueux n’étoit
que de l’acide acéteux uni à une huile errvpy-
reumatique , provenant de la décompofition du
fucre par le feu.
Le même réfultat a eu lieu avec les liqueurs
acides extraites des gommes, du miel, de la
manne, de l'amidon, du papier, & de plufieurs
autres fubftances végétales bien connues pour donner
de l'acide pyromuqueux par la diftillation.
b. Du tartre blanc purifié a donné près de moitié
moins de liquide acide par la cornue, que le
fucre n'a fourni d'acide pyromuqueux. Ce produit
acide tartareux, obtenu par un feu bien ménagé,
étoit prefque blanc , & n'avoit point la couleur
brune-rouge des acides empyreumatiques retirés
à grand feu. Il avoit cependant une odeur âcre
d’empyreume ; il furnageoit une huile pefante &
très-colorée, & malgré fa nature piquante il eût
été difficile de le reconnoître pour de l’acide acéteux
par cette feule expérience j mais il ne nous
en a pas impofé long-tems. L’ayant faturé de po-
talfe immédiatement à caufede fon peu de couleur
& d’impureté, on l’a diftillé, après fon évapora?
tion à ficcité , avec de l’acide fulfurique affaibli à
& il a fourni de l'acide acéteux très-reconnoiffable
, fans mélange d’empyreume.
Nous ayons reconnu qu’en diftillant l’acide pyrotartareux,
même non-reCtifié & à l’état rouge,
fur du charbon en poudre bien leffivé auparavant
& bien féché, il perdoit, par cette fimple opération,
fa nature empyreumatique. Nous fommes
même: perfuadés que la fimple filtration répétée
de cet acide c^aua fur du charbon fuffit pour en
-féparer l'huilel, & pour l’amener à l’état d’acide
acéteux prefqtïe pur.
U n'eu 4. Ayant diftillé, avec précaution, feize par- donc plus douteux que l’acide pyrotatr
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tareux n’eft que de l'acide acéteux fali par une
portion d'huile empyreumatique, produit de la
décompofition de l'acide tartareux par le calorique.
c. L’acide pyroligneux obtenu des coupeaux de
hêtre, diftillés avec précaution, a formé, avecsla
chaux, un fel brun non-criftallifable. Traité par
l’acide fulfurique très-foible, ce fel a donné de
l'acide acéteux, qu’on a reconnu , foit par fon
odeur, foit par l'acétite déliquefeent qu'il a formé
avec la potaffe, foit par l'acétite criftallifable qu’on
en a obtenu avec la foude.
Une autre portion du même acide pyroligneux
primitif, uni immédiatement à la potaffe, & filtré
dans fa diflolution fur du charbon en poudre,
a donné un acétite de potaffe prefque blanc, dont
l'acide fulfurique foible a dégagé, par la diftillation,
de l'acide acéteux aflèzpur, prefque fans
odeur d'empyreume ni de fumée.
Il faut obferver que l'acide pyroligneux, celui
des trois acides obtenus par le feu , qui a l'odeur
& le caraCtère empyreumatiques les plus fortement
prononcés , eft aufti celui des trois qu’il eft
le plus difficile de purifier & de porter à l'état de
vinaigre très-pur. Audi ne prend-il pas cette dernière
nature, comme le fait l'acide tartareux, par
la feule filtration, & même par deux diftillations
confécutives fur du charbon en poudre. En employant
même le fecours de l’ébullition & d’une i
forte agitation avec le charbon, on ne parvient
Pas à le dépouiller de fon huile, tandis que l’un ou
autre de ces procédés réuflit fûrement & facilement
pour purifier l'acide pyromuqueux qui
cède,à la vérité, le plus promptement fon huile,
& même l'acide pyrotartareux à oui il eft un peu
plus difficile de l'enlever, qu'à l'acide pyromuqueux.
Mais quoique plus réfiftant à fa purification &
à l'efpèce d'analyfe dont nous parlons, il n’en eft
pas moins prouvé que l'acide pyroligneux, comme ■
les deux précédens, n’eft que de l'acide acéteux
imprégné de l'huile empyreumatique, produit du
bois altéré par le feu.
§. VII. Converfion artificielle de l'acide acéteux pur
en acides pyromuqueux, pyrotartareux & pyroli-
gneux.
Les expérience« précédentes pouvoient fuffire
pour nous faire cownokre la nature identique &
véritablement acéteufe des trois acides empyreumatiques
, qu'un avoit regardés jafqu'ici comme
formant trois efpèces diftinCtes d’acides, & appartenant
à un genre bien caraCtérifé* Mais H man-
quoit encore un complément à ces expériences j
il falloir chercher s'il rt*étoit pas poffible d'imiter
cers mêmes acides avec celui du vinaigre , en y
unifiant ce qui paroiffoit y être ajouté dans chacun
de ces acides produit par le feu.
Il étoit déjà bien prouvé que chacun de ces pro-
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duits de la diftillation différoit des dîux autres par
üne huile empyreumatique qui s'y étoit unie par
l'effet de la diftillation même. U étoit donc très-
fimple d’effayer de diftifer du vinaigre fur les
huiles diftillées d’un mucilage, du tartre & d’un
bois. Cet effai a eu tout le fuccès qu’il étoit permis
de prévoir. De l’acide du vinaigre, chauffé
dans une cornue avec chacune de ces huiles, a
fourni un produit coloré & odorant, exactement
de la même nature que les acides pyromuqueux,
pyrotartareux & pyroligneux primitifs : on y re-
connoiffoit, & l'odeur, & la couleur de ceux-ci y
feulement ces acides empyreumatiques factices
étoient un peu plus forts & plus aigres que ceux
qui provenoient de la diftillation > mais il ne falloir
que leur ajouter un peu d’eau pour les porter
au même état de foibleffe.
Nos effais nous donnèrent fucceffivement une
manière de former, avec l'acide du vinaigre , les
trois acides empyreumatiques beaucoup plus
promptement & fimplement encore que par la diftillation.
Nous trouvâmes qu'il fumfoit de jeter
quelques gouttes d’huile empyreumatique des mu?
cilages, du tartre ou du bois, dans de l’acide acéteux,
de les laiffer féjourner quelque terns enfem-
ble, ou de les agiter fortement pour imiter ces
acides du feu. Prefque fur-lé-champ des huiles
s'unifient à l’acide, s'y diffolvent, lui donnent
une couleur rouge ou brune, & lui communiquent
en même tems l’odeur âcre & la faveur
amère piquante qu'on connoît dans les acides py*
romuqueux , pyrotartareux & pyroligneux.
L'acide acéteux eft donc un véritable dift’olvane
des huiles empyreumatiques, & il prend dans ce cas
les caractères des liqueurs acides ou des efprits
odorans , comme on les nommoit autrefois, qui
fortenr des matières végétales traitées par le feu.
Pour féparer ces huiles diffoutes dans l’acide acéteux,
& rappeler celui-ci à fa pureté, à fa fimpli-
cité primitives, il faut employer les mêmes moyens
que pour mettre à nu l’acide acéteux des acides
emptyreumatiques obtenus par la diftillation 3 fa-
voir : la filtration, l'agitation, l'ébullition avec lè
! charbon, l’union avec la chaux & les alcalis , le
dégagement de ces combinaifons par l’acide fulfurique
foible.
C ’eft à cette diffolubilké des huiles dans l’acide
acéteux, que parok être -due l’odeur que contracte'
& que confervé fi facilement cet acide ;
c'eft 4 elfe qu’il aurok fallu attribuer la diftinc-
-tion d’un plus grand «nombre d’acides empyreu-
•matiques que plufieur-s chimjftes avoient déjà été
•tentés de faire, & à laquelle ils auroient infailliblement
été conduits par la fuite fi , continuant
à regarder dans les produits acides des matière?
végétales diftiliçes, l'edeur, la couleur, la faveur,
comme des caractères propres , finon à re-
connoîtrepofitivement y au moins à foire propofer
des acides dkferens les uns-des autres, ils avoient
fpécialement comparé dans ces caractères les eaux