
1 amidon, avec l'huile fixe, avec les réfines ou
des gommes réfines. Lorfqu’il eft feul & ifolé , il
forme fouvent une véritable pléthore dans les
divers organes des végétaux, & particuliérement
entre les lames externes des couches corticales au
deflfous de l'épiderme , furtout vers les aiffelles
des rameaux, des pétioles, des péduncules des
neurs ou des fruits : c'eft le plus fouvent par ces
points où fe trouvent un grand nombre d’interruptions
& de fiffures dans la continuité de l’épiderme,
que'le muqueux fort & s’écoule au dehors
des arbres, qui en contiennent fouvent une grande
quantité.
4. Quand la furabondance du fuc muqueux dif-
tend fortement les vaiffeaux des arbres ( car on ne
remarque pas le même phénomène dans les plantes
herbacées ) , alors ces vaiffeaux fe rompent, & le
mucilage plus ou moins épais, vifqueux, collant,
fort en gouttes promptement defféchables à l’air.
Alors la furface de ces arbres, & furtout les points
d’infertion des branches, des rameaux, des pétioles
, des feuilles , des péduncules des fruits,
des fiffures qui fe forment quelquefois fur ceux-ci,
fe couvrent de ces gouttes de muqueux 3 qui, s’accumulant
peu à peu & fe féchant à l’air, donnent
naiffance à des larmes , à des corps tranfparens,
arrondis, irréguliers, quelquefois à des prolonge-
mens ftajaétiformes, à des efpèces de lames ou de
rubans liffes ou ftriés ; blancs, jaunâtres, rougeâtres
ou bruns, quelquefois opaques, qu’on conçoit
& qu'on recueille fous le nom de gomme.
C ’eft ainh que le voyageur qui parcourt l’intérieur
de l’Afrique, trouve prefque partout fur fes
pas les larmes de la gomme arabique, qui pendent
aux rameaux de 1 acacia ou mimofa nilotica3 dont
ce pays eft abondamment peuplé. C’eft aïnfi que,
dans nos vergers & dans nos jardins fruitiers, les
abricotiers, les pêchers, les pruniers, les ceri-
fiers, les amandiers, fe couvrent, au commencement
de l’été , de larmes gommeufes, qu’on fé-
pare & qu’on trouve , dans le commerce , défi-
gnees par le nom de gomme de pays,
ƒ. Lorfque les arbres gommifères, furtout les
vieux, font furchargés de ce corps muqueux qui
en gonfle les vaiffeaux, on fait quelquefois avec
fuccès, pour leur foutien &deur fanté, des ou- ,
vertures longitudinales ou dans le fens de l’axe j
des arbres fur leur écorce. Dans ce cas, le fuc
gommeux fort plus ou moins abondant par ces
incifions, & on peut en ramaffer de plus grandes
quantités. Comme la nature en offre . allez co-
pieuferhent pour tous les nfages auxquels cette •
matière eft deftinée , on ne fait pas cette operation
pour s’en procurer, mais feulement pour foulager
tes arbres. 6. Quand le muqueux , fous la forme d’un liquide
épais & viiqueux, eft intimement ou' profondément
renfermé dans les organes des végétaux,
comme dans les racines, &c. ; quand il eft appliqué "
en couches fèches & vernilfées à la furface dés ‘j
femences brillantes ou luifantes , comme dans la
graine de lin } quand il exifte en couches minces,
fans être fèches, au-deffous de cette tunique des
femencès, comme dans toutes celles des cucurbi-
tacées , les pépins de fruits , du coing, & c . , on
ne peut l’extraire ni par la trituration ni par la
preflion. Dans ce cas on le délaie, on le diffout
même à l’aide de l’eau chaude ou bouillante , &
c’eft dans cet état qu’on le nomme fpécialement
mucilage, C ’eft ainfi que les fucs de quelques jeunes
feuilles muqueufes & collantes, quand ellesTont
écrafees & réduites en pulpes, telles fpécialement
que celles de bourrache, de buglofe, de vipérine,
de fcabieufe, &c. ne peuvent pas couler facilement
fans addition d’eau avant de les exprimer,
en raifon de la grande quantité de mucilage qui
accompagne leur fève , & qu’on eft obligé d’extraire
avec elle.
7. Souvent le mucilage, combiné avec un acide
végétal & diffous ou rendu plus fluide par cet
acide, s’écoule avec lui, & donne au fuc aigre
une vifcofité plus ou moins grande. Tels font les
fucs de limon , d’orange, de grofeille, de frailè,
de framboife, de cerife, de prune, de pêche, de
pommé, d’épine i vinette , de forbier, de rai-
fin, &c. &c. : on unit enfemble encore plus profondément
leurs deux matériaux conftituans , on
en empêche la féparation, on en arrête l’altération
en y diffolvant une quantité fuffifante de
fucre, comme on le fait dans la préparation connue
fous le nom de confitures. Mais fi, au lieu de fui vre
cette pratique, on abandonne ces fucs à eux-mêmes
après les avoir exprimés.des. fruits, au bout de
quelques heures , & furtout avec le contaCfc de
l’air, ils dépofent le mucilage qu’ils contiennent
fous une forme gélatineufe : on peut les fépafer
en plaçant ces liquides, épais dans leur partie inférieure,
fur un tamis ferré & fin, qui laiffe peu à
peu écouler la partie acide bien liquide, & qui
arrête le fuc muqueux. On le lave avec un peu d’eau
pure pour enlever la portion d’acide qu’il retient
encore. Souvent il contient un peu de matière
colorante, qui lui donne une nuance jaunâtre ,
fauve, ou rofée. En , le faifant déffécher, il prend
plus de couleur, il diminue de volume, conferva
de la tranfparence, & devient fec & caffant comme
une véritable gomme.
8. Il y a des cas où le muqueux accompagne les
huiles j celles qu’on nomme fixes en font fpécialement
imprégnées' : il forme alors ce que Schéèîe
avoit nommé principe doux des huiles. On ne l’efi
fepare que très-difficilement j quelquefois il s’en
précipite fpontanément par le repos, 8c fe préfente
au fond de ces liquides comme un dépôt
floconeux. Il nuit toujours à leur combuftibilité,
& contribue à former le champignon des mèches
dans les lampes ; il s’en dé’pofe une,portion plus
ou moins abondante quand on fait: chauffer ces
huiles, & il y forme une forte de précipité qui
en trouble la tranfparence, & qui leur donne de la
vifcofité. Il fe fépare auffi de ces corps inflamma- |
blés par l'aCtion de plufieurs réaCtifs, fpécialement
par celle des oxides métalliques , comme 1 a
vu Scheèle, & comme je le dirai enfaifant 1 hif-
toire des huiles fixes.
9. Le muqueux exifte dans trois états principaux,
foit dans l’ intérieur, foit hors «des végétaux. Il eft
foiide ou concret & friable, & en fragmens ou
morceaux plus ou moins gros, prefque toujours
fphf roïdaux , au dehors des arbres ; il eft, c ‘.. en
pouffière difféminée, ou en couches minces étendues
fur la furface d’un grand nombre de graines j
enfin il eft en liquide vifqueux, gluant, épais &
collant dans les racines , les tiges, l’intérieur des
femences. Son état liquide varie beaucoup de den-
fité, fuivant une foule de circonftances qui tendent
à l’épaiffir ou à le diffoudre, fpécialement
fuivant la faifon fèche ou humide , fuivant la proportion
d’eau quelles plantes peuvent abforber.
iOi La nature vifqueufe du corps muqueux mou,
l’efpèce de confiftance glutineufe ou conglutinante
fans être élaftique, la tendance à adhérer qui exifte
entre fes propres molécules, & qui fe communique
aux diverfes furfaces entre lefquelles on le
lace, jointes à la propriété caftante & pulvérifa-
le dont il jouit quand il eft bien fec & gommeux1
prouvent qu’il doit le premier de ces caractères à
la liaifon que fes particules contractent avec l’eau,
& à leur attraction pour ce liquide.
11. Le muqueux bien pur n’a point de couleur ;
il eft blanc & tranfparent comme l’eau j il n’eft
coloré que parce qu’il a éprouvé un premier point
d’altération dans fa compofition intime, ou parce
.qu’il eft mêlé de quelque fubftance étrangère &
de nature colorante. Il n’a point de faveur proprement
dite ; il n’eft que douceâtre & fade. Toute
faveur étrangère à celle-là > foit acide , foit aftrin-
gente, foit fucrée, foit amère , eft due à quelque
matière étrangère qui lui eft affociée. Il eft auffi
entièrement inodore. Lorfque, réduit en pouffière
ou en vapeur à l’aide de l’eau bouillante 3 il eft
porté dans les narines, il n’y excite qu’une impref-
fion fort légère, qui avertiroit à peine de fa pré-
fence fans le feconrs des autres fens de la vue ou
du toucher. Sa pefanteur fpécifique , depuis la
gomme la plus pure jufqu’à la plus mélangée, eft à
celle de l’eau :: 13,161 ou 14,817:10,000.
12. Le muqueux 3 expofé fec ou dans l ’état de
gomme au feu ouvert ou avec le contaCt de l’air,
fe fond, fe bourfoùfle, jaunit, rougit & brunit,
fe charbone en augmentant beaucoup de volume,
& exhale fucceffivement pendant cette altération,
une vapeur aqueufe, une fumée plus denfe & d’une
odeur aigre, piquante,qui n’eft pas défagréable;
elle ne produit que quelques flammes légères. Sur
la fin de cette aCtion 3 elle laiffe un charbon léger
très-volumineux. Quand on la diftille dans un ap-.
pareil convenablement difpofé & muni de tubes
phciirr.ato-chimiques, elle fournit de i’eau, une
liqueur rougtâtre acide, quelques gouttes ffhuiie
brune, du gaz acide carbonique, un peu de gaz
hydrogène carboné, & un charbon beaucoup plus
volumineux & d’une autre forme que la gomme ,
d’une feule piece quand ceile-ci a été introduite
en poudre ou en petits morceaux dans la cornue.
L’eau dégagée a été compofée de toutes pièces
par la combinaifon de l’hydrogène & de l’oxigène
de la gomme , te elle n’étoit pas contenue dans ce
corps. L’huile bien peu aboniante eft le produit
d’une portion de carbone & d’hydrogène unis 8?
fublimés enfemble : le gaz acide carbonique provient
d’une portion du carbone brûlé en particulier
par l ’oxigène à une haute température
peut-être même d’une partie de l’eau déjà formée
, décompofée par le carbone mis à nu & porté
à la chaleur rouge i ce que femble prouver le gaz
hydrogène carboné qui l’accompagne , 8c q u i,
comme le premier ga z , ne fe développe qu’en
dernier & au plus grand feu. Le charbon, qui fait
environ le cinquième de la gomme , & qui relier
dans la cornue, eft léger, poreux, facile à brûler :
il ne donne que très-peu de cendre, dans laquelle
on trouve quelques traces de carbonate de potaffe,
; un peu de carbonate & de phofphate de chaux.
13. Quant à l’acide, l’ un des produits nouveaux
| & les plus Remarquables dé la décompofition du,
muqueux par la chaleur * c’eft un compofé formé
aux dépens d’une portion du carbone, de l’hydrogène
& de l’oxigène de la gomme , compofé qui
n’étoit point contenu dans ce produit naturel »
infipide, & ne rougiffant point les couleurs bleues.
Cet acide eft une création du feu. Comme il fe
repréfentera plufieurs fois dans l’examen des matériaux
immédiats des végétaux, comme d’ailleurs
on ne le trouve pas parmi les produits naturels des
plantes, il eft néceffaire d’expofer ici ce qu’on
connoît de fes propriétés & de fes caractères. Les
premiers chimiües qui l’ont annoncé, ne l’ont
connu que fous le nom d’efprit ou de phlegme
acide de la gomme , & M. Guyton l’avoit nommé
enfuite acide firupeux , parce qu’il eft auffi le produit
de la diftjllation du firop, & parce qu’il l’a-
voit obtenu affez abondamment du fucre diftille.
Enfin, pour généraliier fa nature, fa formation &
fon origine, on l’a nommé acide pyromuqueux. Il
n’a point encore été étudié dans toutes fes combinai
fons î ce qu’on a recueilli cependant fur fes
propriétés fuffit pour le bien diftinguer & pour'
le caraétérifer. Les chimiftes ont cru à tort qu’il
j étoit tout formé dans les gommes; iis l’ont admis
en combinaifon favoneufe avec l’fiuile', & cependant
il n’y a pas plus d’huile que d'acide tout formé-
dans ces compofés végétaux.
14. L’acide pyromuqueux eft toujours liquide ;
il n’eft ni plus ni moins volatil que l’eau > il ne
l’abandonne pas quand on le diftille on ne peut