
s y rehauffe j le feu la donne même à celles qui
n*en ont point. Il y a au Vigean , vers le Haut-
Poitou, une mine qui fit bruit il y a plulieurs
années, 8c cela principalement fur l'apparence de
ces paillettes trompeufes. La matière de la mine
elt noire & très-dure : fi on la met au feu elle
devient parfemee de brillans d’or , ? 8c qu'on prit
auffi pour tels parce que le feu donne la couleur
de 1 or aux parties talceufes dont elle eft remplie.
Sans en venir a des effais, on peut pourtant
diftinguer d une manière affez fûre les paillettes
talceufe« des paillettes d’or des rivières : il n’y a
qu à les obferver>à la loupe. Nous avons fait remarquer
que les. paillettes d'or ont leurs bords
arrondis : on n’en voit jamais de pareils aux paillettes
talceufes. Le frottement les peut caffer,
mais il ne peut les polir ni les applanir, de forte
que leurs bords font toujours aigus ou raboteux:
c ’elt une propriété des talcs.
» Il eft fingulier que, quoique l’or foit le p!*s
rare des métaux, les rivières qui en roulent des
grains, (oient plus communes que celles qui en
roulent de tout autre métal, fi on en excepte le
fer qui eft fi abondant dans l’Europe , & furtout
dans le royaume, qu’on en rencontre partout}
mais on voit très-peu de rivières qui entraînent
des paillettes d’argent, comme l’a fort bien remarque
Charleton dans fon Onomaflicon, p. 2r©
Georges Fabricius prétend auffi qu’elles font très-
rares, & qti’ii n’y en a aucune en Allemagne : il
y a même des métallurgiftes qui doutent qu’il y
en ait. On trouve auffi peu de rivières qui donnent
du plomb, de l’étain ou du cuivre purs. Il
eft vrai qu’il eft plus ordinaire à l’ or de fe trouver
pur dans fa minière, qu’à la plupart des autres
métaux} mais il rcfteroit a expliquer pourquoi il
eft plus ordinaire à l’or d’y être pur Nous pourrions
pourtant dire qu’y étant une fois formé, il
peut s’y conferver plus lopg-tems, & dans tous
les endroits où il eft emporté, parce qu’il n’eft pas
fujet à autant d’altérations que les autres métaux}
d’ailleurs , étant plus doux que l’argent & le cuiv
re, il eft plus aifément détaché par les courans.
** Quand nous difons qu’on trouve de l’or pur
dans les minières, nous voulons feulement dire
qu’on y en trouve qui paroi? or, & qui eft malléable
} nous ne prétendons pas qu’il y en ait fans
aucun mélange d’autres parties métalliques ou minérales
: l’art même ne peut pas s’affurer de l’amener
à ce point, ni par le départ, ni par l’antimoine
} il eft prefque toujours allié avec du cuivre
ou avec de l’argent, & le plus fouvent avec l’un
& 1 autre. Nous avons eflaye celui de nos rivières
dont nous avons pu en recouvrer fuffifamment, 8c
nous avons trouvé que l’or de la rivière de Cèze
a dix-huit karats huit grains, c’eft-à-dire , qu’avant
d avoir été affiné , il contient près d’un
quart de fon poids en cuivre ou en argent. Celui
du Rhône ne contient qu un fixieme de ces matières
étrangères} il eft à vingt karats. L’or du Rhin
eft encore plus pur j il eft à vingt-un karats &
un quart. Enfin, celui de l’Àrriègeeft le plus pur
de ceux que nous avons effayés} il eft à vingt-deux
karats & un quart.
** Nous n’avons garde de donner ces effais
comme des règles confiantes des titres des ors de
ces différentes rivières} nous voulons au plus
qu’on en conclue que celui des unes eft plus pur
que celui des autres. Les titres, au relie, varient
dans un même morceau d’or. La pépite de cinquante
fix marcs, que nous avons vue à l’Académie
, étoit à un endroit à vingt-trois karats &
demi , à un autre endroit à vingt-trois, & à un
autre à vingt-deux.' Celle de foixante-rrois marcs
du Père Feuiüée étoic, -à fa partie fupérieure ,
i de vingt-deux karats deux grains, un peu plus bas
à vingt-uli karats & un demi-grain } à deux pouces
de fa partie inférieure , elle n’étoit qu’à dix-
fept karats & demi. Il n’eft pas bien fur que celle
que l’on nomme partie fupérieure le fût lorlque la
pépite étoit en terre. Au refte, je ne vois pas
pourquoi quelques auteurs s’embarraffent à expliquer
ce fait : il n’a rien que ce qui eft commun
a bien des morceaux de mine , d’être plus riche-
en un endroit qu’en l’autre, comme la mine elle-
même l ’efl inégalement, 8c le fingulier feroit s’il
en étoit autrement.
» Nous avons auffi effayé féparément diverfes
paillettes ou grains des mêmes rivières, autant
.exactement que leur peu de pefanteur le pouvoit
permettre, c’eft-à-dire, à la feule pierre de touche.
Ce n’eft pas un efjai propre à en bien déterminer
le titre, mais il a été fuffifant pour nous
faire voir que différentes paillettes de la même
rivière en avoient un différent. «
Obferyations fur T or natif en paillettes, que ton
trouve dans les fables; par M. Louis BoJftt de Milan
; lues le 18 germinal an 1 1 .
» Les deux illuftres académiciens, de Robillant
& Balbo, ont répandu fans doute des lumières très-
importantes fur l’or natif en paillettes p que l’on
trouve dans les fables de plufieurs rivières & tor-
rens-même de la 27e. divifion militaire, qui femble
avoir été à ce propos chérie de la nature} le premier,
dans fon Ejfai géographique des Etats de terre
ferme du roi de Sardaigne ç le fécond , dans fon
Mémoire fur le fable aurifère de l'Orco. Cependant,
comme moi-même je m’étois auffi occupé de rechèr-
ches a ce fujet, & même dans des vues plus générales
& plus étendues, le nouveau Mémoire de
notre collègue le doêleur Giuolio, fur tor natif en
paillettes qu on trouve dans les collines de tarron-
dijfement de Saint- Georges, inféré dans le dixième
cahier de la Bibliothèque italienne , & dont l’auteur
nous,fait efpérer une. fécondé partie , m’a déterminé
a rédiger mes idées & mes obfervations, &
à les foumettreau jugement de l’Académie, d’autant
plus qu’ elles ne peuvent qu’illuftrer le travail
des
des hommes favans qui m’ont précédé, 8c éclaircir
furtout des points qui ont un rapport immédiat
avec un moyen de prospérité pour les habitans de
la 27e. divifion militaire.
33 D abord je me range de l avis de M. Giulio ,
fur ce que les paillettes d’ or ne font pas originairement
enlevées des mines d’or fituées le plus ordinairement
dans les montagnes primitives , & 11e
font pas entraînées dans les vallons & les plaines
par les eaux des rivières. Aux obfervations particulières,
& à ce que le do&eur Giulio a rapporté
d’après MM. Robillant & Balbo , je dois ajouter
qu’il fe trouve quantité de paillettes d’or ( ce que
M. Balbo avoic auffi remarqué à la tête de fon Catalogue
des rivières aurifères) dans les fables du
Tefin , rivière qui defeend des environs de la
montagne de Saint-Gothard , forme enfuite le lac
majeur , & reparoît à Sefto-Calende , où reprenant
fon cours , elle va fe décharger dans le Pô,
près de Pavie. Or, auroic-on pu foupçonner que
l’on trouveroit des paillettes précieufes dans ces
fables au deffus du lac majeur? Point du tout, per-
fonne n’a réuffi à en trouver du côté de Bellin-
zona, où cependant la rivière charie les dépouilles
toutes fraîches des montagnes , 8c même des granits
8c d’autres pierres quartzeufes. La pêche de
l ’or fe fait bien au diffous de Sefto-Calende,
après que la rivière a dépofé lentement dans le
lac jufqu’au limon qu’elle peut avoir emporté des
montagnes, .
aa C eft dans les environs de Bernate, tout près
de Buffalora, que fe fait, la pêche la plus abondante
de l’or dans les fables du Tefin, 8c il y avoit
tout près de là une abbaye affez riche , dont un
des principaux revenus étoit la ferme de la pêche
de l’or dans les fables. Les territoires de Cefano ,
qu’on doit lire Cerano} 8c de Caflolo, dont parle
le comte Balbo à propos-de la pêche de l’o r,
qui y étoit réfervée à la maifon Lezzaldi, font
encore quelques milles au deffous de Buffalora 8c
de Bernate. On voit donc que ce ne peut être que
l’aétion de l’eau qui, en paffant 8c plus encore en
roulant avec fureur par-deffiis les couches aurifères
dans les dëbordemens 8c les alluvions, met à
découvert les couches elles-mêmes & les paillettes
d’or qui fe trouvent répandues dans ces couches.
»Un fait auffi avéré & plus éclatant encore
eft celui qu’on peut obferver tous les jours dans
le bannat de Hongrie. Cette plaine immenfe qui
s’étend le long du Danube , depuis les frontières
de la Hongrie, jufqu’aux montagnes de laTran-
filvanie, fe trouve couverte d’une couche irrégulière
de terre végétale} au deffous de celle-ci
git une autre couche de deux à trois pieds de
terre argileufe , qui fe rapproche quelquefois de
la terre marneufe, argilla marga de Linnée } cette
couche couvre un lit immenfe de fable blanc ,
quartzeux, affez fin, fans aucun mélange de pietés.
» & tout ce lit eft de fable aurifère. On ne*
cherche pas les paillettes d’or dans les lits du Da-
Csu mie . Tome K.
nube, de la Theiff, du Marofçh} on creufe
des puits à quelqu’endroit que ce foit de la plaire}
on en tire- du fable , & c’eft de ce fable lavé
qu’on tire de l ’or. Ce fait fingulier m’avoit été
annoncé par le fameux chevalier de Born avant
même que je fifie le tour de la Hongrie & du
■ Bannat, & je crois qu’ il en parle dans quelques-
unes de fes lettres des Voyages minéralogiques en
Hongrie, que je n’ai pas à préfent fous les yeux.
J’ai trouvé enfuite la chofe parfaitement conforme
à ce qu’il m’avoit expofé. Les fables.ne s’expioi-
tent que dans les endroits où il y a des villages
entiers de Bohémiens, qu’on appelle Zigag.iers
fur le lieu, & Zingari en Italie , parce que cette
feule race d’hommes, étant en pofïeflion d’un
procédé très-fîmple pour le lavage , dont je parlerai
plus bas, y trouve fon compte, que les autres
habitans ne trouveroient peut-être pas faute
d’induftrie } mais il n’en eft pas moins vrai que le
lit de fable aurifère court dans toute l’étendue de
la plaine, c’eft-à-dire, pendant un efpace à peu
près de trois cents milles carrés.
« Or, diroit-on que les paillettes d’o r, répandues
dans ce lit fi vafte, ont été détachées des
montagnes & entraînées par les rivières, les ruif-
feaux & lés torrens, qui ne font pas bien communs
dans ces parages? Où trouveroic-on l’origine
des mines d’or dans un pays où l’on ne voit aucune
trace de montagnes , & qui en eft même
féparé par un très-grand intervalle ? Et combien
de montagnes n’auroit-on pas dû fondre & broyer
pour former cet immenfe lit aurifère? Il eft clair
ue ce lit n’eft lui-même qu’une mine inépuifabie,
ont la formation tient .à une époque de la nature
très-ancienne, & que la fituation aétuelle de
cette province , 8c même de beaucoup d’autres
qui fè fuivent , ne nous donne point à deviner.
Si, au lieu d’être fouillé par les mains avides des
Bohémiens , ce fol eût été filloné par des rivières
8c des ruiffeaux, comme la Doire , l’Orco ,
le Mallon & autres rivières de cette nature qui
arrofent le Piémont, les eaux de ces rivières au-
roient mis à découvert les paillettes précieufes,
giflantes dans le fable, & on auroit peut-être attribué
aux matières chariées par les rivières , ce
qui n’étoit qu’un produit du fol ou une fubilance
préexiftaiite dans le fol même du pays.
»5 On ne diroit pas non plus que les paillettes
d’or de ce lit immenfe viennent des mines d’or
que l’on trouve en Tranfilvanie , affez riches , entre
lefquelles celle de Nagyag eft très-renommée.
La grande étendue uniforme de ce l i t , giffant fous
une couche argileufe, détruiroitd’elle-méme cette
hypothèfe. Mais il y a encore d’autres remarques
très-importantes à faire. L’or de ces mines n’eft
pas de l’or natif, tel que celui des paillettes de ce
précieux métal que l’on trouve dans le fable } c’efl
au contraire de l’oj: mafqué, aurum larvatum , mi-
néralifé avec d’autres fubftances qui en cachent h
couleur 8c l’éclat, ce qu’il ne recouvre qu’après