
tité d’eau, il eft réduit à Tétât de muriate de po-
taffe ordinaire. Cette facilité de fournir du gaz j
oxigène à une température modérée , la grande 1
quantité qu’ il en donne, prouvent que ce prin- |.
cipe n’adhère que faiblement au fel, qu i l / retient
beaucoup »de calorique*, & cette confédération
eft très-propre à faire bien concevoir toutes ■
fes propriétés. IP ■
Le muriate furoxigénê de potaffe n’eft point fen-
fiblement altérable par l’air j il s humecte cependant
un peu dans les tems humides , & il jaunit
légèrement par une longue expofition dans 1 at*
mofphère.
Il n’eft pas à beaucoup près auffi diffoluble dans
l’eau froide, que le muriate de potaffe, & paroït
exiger vingt parties de ce liquide a dix degrés de
température pour fe diffoudre > mais 1 eau chaude
le diffout dans une proportion croiffante très-remarquable,
car à la chaleur de l’ébullition elle
peut en prendre au moins le tiers de fon poids ,
de forte qu'il fe criftallife prefque tout entier par
le refroidiffement. Si on laiffe refroidir très-lentement
fa diffolution bouillante & non faturée ,
il dépofe des criftaux beaucoup plus réguliers &
pfifmatiques. |
C’ eft furtout dans la manière violente dont ce
fel agit fur les corps combuftibles , que réfident
fes proptiétés les plus fingulières : on pourroit
même les regarder comme furprenantes, en les
comparant à celles que préfentent toutes les au- j
très matières falines connues. Le muriate furoxi- j
géné de potajfe femble renfermer les élémens de la
foudre dans fts molécules : le chimifte peut produire
des effets prefque miraculeux par fon moyen,
& la nature femble avoir concentré toute la'puif-
fance des détonations, des fulminations & des inflammations
dans ce terrible compofé.
Tout corps combuftible, quel qu’il foit, peut
brûler avec le muriate furoxigénê de potajfe , ou détoner,
ou fulminer même, fuivant la manière
dont on te traite. Il faut d’abord mêler ces corps
avec beaucoup de précaution les uns avec les autres.
Souvent un mélange de trois parties de ce
fèl avec une partie .de foufre détone feul & produit
une violente explofion : on ne doit donc jamais
laiffer ce mélange tout fait dans un laborat0
En triturant doucement le mélange précédent
dans un mortier de métal avec un pilon de meme
matière, il y a une fuite de détonations comme
des coups de fouet ; fi Ton appuie plus fortement
ou fi Ton agite plus vite , les détonations, plus
fortes & plus rapides, imitent des coups depif-
tolet : on voit en même tems des flammes purpurines
ou rouges , qui brillent à chaque détona-;
tion. Si Ton frappe le même mélange placé fur
une enclume, avec un marteau, on a un bruit
aufli fort que celui d’un coup de fufil. On obtient
les mêmes effets, mais moins violens, avec le
charbon mêlé du fel dont il eft ici queftion. ;
En mêlant trois parties de muriate furoxigénê de
potaffe avec un ) demi-partie de foufre & une demi-
partie de charbon, les détonations font encore
plus, fortes & plus rapides, la lumière eft auffi
plus éclatante par la trituration, la preffion & la
percuflion.
On conçoit, d’après cela , qu’on doit faire
une très-bonne poudre à canon avec Te muriate
furoxigénê de potaffe cette poudre a même beaucoup
d’avantages fur celle qui eft préparée avec
le nitre j mais les inconvéniens qui accompagnent
fa formation & fon emploi, l'extrême facilité
avec laquelle elle prend fpontanément, la mort
affreufe de deux individus frappés par cette terrible
compofition, au mois d’oélobre 1788 , à
Effonne, lors des premiers effais qu’on en ntj
les brûlures graves que beaucoup d’autres ont
effuyées depuis en la fabriquant, malgré toutes
les précautions qu’on avoir prifes, & lurtout la
néceffité de la travailler toujours humide, de ne
la préparer qu’ en petite quantité & dans des
lieux bien découverts, fans oppofer aucun obf-
tacle, aucune preffion, aucun corps lourd à fon'
contaêf, ont forcé les chimifte,s & M. Bertho’.let
j lui-même , le premier auteur de cette fingulière
découverte, de renoncer à leurs projets à leurs
premières efpérances fur ce genre d’emploi du
muriate furoxigénê de potajfe.
La plupart des métaux détonent de -même, &
s’enflamment rapidement par le fimple.choc avec
le muriate J'uroxigéné de potajfe. Les lubftances végétales
, le fucre, la gomme, la farine , &c. pror
duifent encore le même effet; les huiles même,
l’alcool & l ’éther., réduits en pâte avec ce fel,
& frappés fur une maffe de fer avec un marteau de
ce même métal, occafionnent d’égales fulgurations.
Le muriate furoxigénê de potajfe eft decompofé
d’une autre manière par beaucoup d’acides. Lorfqu’on
le jette dans l’acide fulfurique-concentré,
il détone en faifant un brait fec > il faute à une
grande diftance, répand même une flamme rouge ,
& exhale une vapeur brune , accompagnée d’une
forte odeur d’acide muriatique oxigéné. Souvent,
en approchant une lumière de cette vapeur, il fe
produit une détonation bien plus violente que la
fulguration qui a lieu par le premier contaél de.
l’acide fulfurique.
Si Ton jette dans le même acide fulfurique con-'
centré les mélanges, indiqués plus haut, de muriate
furoxigénê de potajfe & de foufre, de charbon
ou de métaux , il fe développe, à l’inftant même ,
une flamme d’un éclat fi vif & fi brillant, que l'oeil
a de la peine à la fupporter. Il n’y a point alors de
détonation ni de fulguration : c’eft une fimple inflammation
d’une rapidité énorme. On fent en
même tems l’odeur de l'acide muriatique oxigéné.-
Tel eft le précis Ides découvertes qui me font
communes avec M. Vauquelin , fur les inflamma-^
, tiens & détonations que le muriate furoxigénê -de
potajfe eft fufceptible de faire naître avec tous les
corps combuftibles.
L’acide nitrique concentré, verfé fur ce fe l, le
fait pétiller, mais fans explofion & fans flamme ;
il en dégage également l’acide muriatique furoxi-
.géné..,’ : , • .
On ne connoît pas encore exa&ement Ta&ion
des autres acides fur le muriate furoxigénê de po-
tajfe.
. On ignore également la manière d’agir de ce
fel fur les autres Tels, fi ce n’eft fur les fulfites &
phofphites , qu’il convertit en fulfates & en phof-
phates, en brûlant, même avec flamme, le foufre
excédent des premiers, lorfqu’on le fait paffer
avec ces Tels à travers un tube de terre rouge.
L’analyfe de ce fel prouve que cent parties contiennent
:
Muriate de potaffe........................................ 67
Oxigène.......................................................... 33
On n’a que peu employé le muriate furoxigénê de
potajfe: fon ufage pour les arts ne feroit pas fans
danger , comme corps comburant. Ôn a prétendu
que fa diffolution pouvoit fervir au blanchiment:
ce fait n’eft pas confirmé. En chimie, il peut rendre
les plus grands fervices pour Tanalyfe des matières
compofées. En médecine, on a commencé
à s’en fervir comme tonique, fortifiant, antifi-
philitiquè/On affure que fa diffolution guérit les
vieux ulcères } & c’eft d’après ces premiers faits,
ainfi que d'après Taétion connue des oxides métalliques
fur les maladies de la peau, que j’ai été
porté à regarder t’oxigène comme antivénérien ,
antidartreux, dépuratif en général. L’expérience
a confirmé nies premières idées, quoique la char-
latanerie & la cupidité en aient beaucoup trop
abufé depuis. C ’eft ainfi que les plus utiles applications
de la chimie à la médecine font repouf-
fées par le faux ufage que Ton fe permet d’en
faire, & par les abus qui en font la fuite.
Je crois devoir ajouter ici l’extrait d’un rapport
fait par MM. Bouîay & Cadet, à la Société des
pharmaciens de Paris, fur un Mémoire de M. Ro-
>ert, apothicaire à Rouen. Il contient quelques
détails utiles fur l'inflammabilité de plufieurs.corps
par le fel qui nous occupe.
’ ce M. Robert rappelle, difent MM. les rapporteurs,
les différentes expériences faites par
MM. Fourcroy & Vauquelin, fur les effets du
muriate furoxigénê de potajfe uni à certains corpi
combuftibles, & fournis à Taétion du choc & dû
frottement. Ces belles détonations font connues
maintenant de tous les chimiftes : ils connoiffent
également les inflammations produites par ces mêmes
corps lorfqu’on les plonge dans l’acide fulfurique
concentré. Ce font ces dernières expériences
que M. -Robert a -modifiées d’une manière-in-
téreffante. Au lieu de jeter les mélanges inflammables
dans l’acide, il ne fait que les-toucheravec
* un tube trempé dans cet acide. C ’eft ainfi qu’il a
enflammé :
« i°. T rois parties de muriate furoxigénê, & une
partie de foufre >
» i°. T rois parties du même fel, une demi-partie
de charbon , & autant de foufre j
» 30. Parties égales d’antimoine & de muriate
furoxigénê ;
»9 4P. Parties égales de fulfure d’antimoine &
de fel ;
9» 50. Parties égales de kermès & de foufre *
doré} -
»9 6°. Parties égales d’arfenic & de fe l}
99 70. Trois parties de muriate, & une de fucre ;
>» 8°. Trois parties de muriate, & une de charbon}
»9 9°. Une partie & demie de,muriate, & trois
parties de poudre à canon ;
99 io°. Enfin , des pâtes faites avec Talcooi,
l’huile d’olive & le muriate furoxigénê de potajfe.
99 Nous avons répété toutes ces expériences ;
elles ont parfaitement réufli, ainfi que la fuivante*
qui paroït avec raifon , à M. Robert, mériter
quelqu’attention.
93 II a chargé un piftolet avec de la poudre à
tirer ordinaire} il a mis dans le baffmet le mélange
de poudre & de muriate cité ci-deffus y il Ta enflammé
avec la mèche fulfurique , & le coup eft
parti.
99 M. Robert obferve que l’état & la couleur
de la flamme, l’odeur qu’exhalent les divers combuftibles
, diffèrent effentiellement 5 mais il n'a
point cherché à connoître quels étoient lès <raz
qui fe formoient, & les compofés qui reftoient
après l’inflammation. Nous nous propofioiis de
recueillir les produits gazeux dans un appareil
hydropneumatique pour les examiner; mais le
délai marqué par la Société pour faire notre rapport
n’étant que de quelques jours, nous avons
-ajourné ces recherches.
« Quoique la curiofité feule paroiffe inféreffée
à fuivre de pareilles expériences, nous avons crû
devoir eflayér, de la même manière, plufieurs
fubftances iïmples & compofées, dont on n avoit
pas encore tenté l’inflammation.
Expériences nouvelles faites par les commijfaires,
■ » Comme la manière d’opérer eft à peu près la
même , pour ne pas répéter fans ceffe la meme
formule, nous ne citerons que la fubftanc.è unie
au muriate furoxigénê de potajfe. Le phofphore offre
une belle déflagration ; le gaz hydrogéné s’allume.
Pour faire cette expérience , nous avons rempli
une veffie d’air inflammable ; nous avons viffé à
fon robinet un ajutage fimple , ou tube de cui vre
donnant un feul jet ; nous avons trempé ce tube
dans l’acide fulfurique , & nous avons touché du
muriate furoxigénê de potajfe en .preffant .eo même
; tems la veffie, pour que le courant du gaz fût verfé
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