
que ces tranchans devant être réellement différens, \
plus ou moins fins, grotîiers, dentés , échancrés , j
canelés, plus ou moins durs, roides , &c. pour }
remplir les divers ufages auxquels ils font deftinés , 1
on arrive à ce réfultat, que les pierres qui fervent à I
ufer & à aiguifer les différens inftrumens coupans, !
fcians 3 brifans, déchirans, & c ., doivent être I
d'une dureté, d’une roideur, d’un aigu variés,
fuivant chacun de ces tranchans. Ainfi les rafoirs,
les canifs, les lancettes, les biftouris, les couteaux
, les cifeaux, & c ., demandent à être aigui-
fés chacun d’une manière différente, ou, ce qui eft
vrai en dernier refïort, à recevoir dans leurs tranchans
des formes vraiment diverfîfiées. Dauben-
ton a donné fur cet objet, dans les Mémoires de
la Société royale de Médecine, une Difiertation que
l'on trouvera au mot Pierre a lance t t es .
Pierre a baguettes ou Pierre en tige.
C’eft un des fynonymes de la fcapolite , à caufe '
de fa forme. ( Voye£ Sc a po l i ie . )
Pierre a b â t ir . Quoique toutes les pierres,
•qui ont plus ou moins de dureté , foient propres à
être employées dans les conftruCtions 5 quoique,
fuivant les différens pays, on emploie en effet des
pierres très-différentes, d’après celles que la nature
a données à chacun d’eux, & qu’ainfi on bâtiffe
dans un lieu avec des filex, dans un autre avec
des quartz, dans celui-ci avec des granits ou des
porphyres, & dans celui-là avec des fçhites, &c.
à Paris & dans fes environs, ainfi que dans beaucoup
d’autres départemens de la France, on eft fi
habitué à conftruire avec des carbonates de chaux
plus ou moins denfes, à grain plus ou moins ferré,
avec des traces plus ou moins abondantes de coquilles
qu’on nomme ici prefqu’exclufivement ces
carbonates de chaux pierres a bâtir ; on les trouve
en lits ou en maftes carrées & rhomboïdales, ap-
•platies, plus ou moins grandes. ( Voye^ les articles
Pierres calcaires okPierres a ch a u x } voyei
aujji ƒ article CARBONATE DE CHAUX. ) "
Pierres a briquet. Il eft évident qu’on pour-
ioit défigner, par cette expreflion, toutes les pierres
fufceptibles d’étinceller par le choc de l’acier. Cependant
on la reftreint plus habituellement aux fi-
îex ou aux fragmens de filex d’un tiffu affez ferré
pour donner beaucoup d’étincelles fans fe brifer,
parce que ce font ces pierres dont on Te ferr le plus :
communément pour battre'le briquet. On fait que
dans cet aCte le choc de la pierre dure détache de
l’acier de petites parcelles métalliques qui font, ;
au moment du choc, affez fortement chauffées pour
s’embrâfer dans l’air, & pour fe fondre en petits
boulets creux. Tel eft le réfultat qu’on obtient en
battant le briquet fur de grandes feuilles de papier
blanc.
; Pierre a brunir. On nomme ainfi les hématites
dures, d’un tiffu très-fin, fufceptibles de
prendre un beau poli, & qu’on taille en cylindre
aminci vers le bout, droit ou ccurbé, & d’un volume
très-varié pour pouvoir frotter des furfaces
I très-différentes de métaux unies, creufes, cane-
j lées, enfoncées, faillantes, larges ou étroites.
On attache ces cylindres à des manches de bois
ou de fer pour donner de la force aux frottemens
qu’on exerce, & favorifer i’aCtion de brunir.
Pierre a c aut èr e . On donne ce nom à la
potafîe & furtout à la foude bien pures & bien
cauftiques, & qu’on emploie dans cet état pour
ouvrir des cautères, parce qu’elles font fous une
forme folide allez dures', quoique cependant
fort éloignées de la denfité des pierres proprement
dites. ( Voyelles articles CAUSTIQUES,CAUTÈRE,
Potasse & S oude.)
Pierre a chau x . On nomme pierre a chaux la
fubftance calcaire ou le carbonate de chaux allez
folide pour imiter la dureté des pierres, & qui
donne facilement de la chaux par l’aétion du feu
qui en dégage l’acide carbonique & l ’eau, & qui
la réduit à fa bafe plus ou moins pure. ( Voye£ les
articles CARBONATE DE CHAUX * CHAUX &
C haufournier. )
Pierre a dét acher. La fubftance que l’on
nomme ainfi dans les ufages delà v ie , eft une
terre argileufe ou marneufe grife , affez molle
quand on la 'tire de la terre pour être taillée en
fphéroïde comprimé, qui fe durcit affez, pour
imiter une pierre .quand- elle eft. fèche , & qui
jouit de la propriété de faire une pâte avec l’eau ,
ou de fe délayer affez dans ce liquide pour pouvoir
être appliquée fur les draps, Sc recouvrir les
taches. Lorsqu’on veut l’employer pour détacher
les habits, on la frotte fur la tache d’huile ou de
graiffe, en la trempant dans l’eau ou en mouillant
les étoffes, ou bien on la racle avec un couteau &
j on en applique la pouffière fur le drap mouillé. A
j mefure qu’elle fècne à l’air, la terre très-poreufe
[ abforbe Fhuile, & après quelques heures ou quel-
j ques jours de defféchement, fuivant l’état plus ou
[ moins fec de Tatmofphère, on frotte cette pouf-
1 fière, on la fait fortir avec la broffe, & en fe dif-
[ perfant ainfi la terre enlève l’huile qu’elle a ab-
? fôrbee , & qui s’eft combinée avec elle. Ordinai-
;rement la tache d’huile ou de graiffe , mais fur-
; tout la première , difparoît par ce procédé.
( Pierre a f aulx . ( Voye\ l'article Pierre a
AIGUISER & le Mémoire de Daulenton , à l'article
Pierre A lancettes )
J Pierre a feu : c’e ft, en ajoutant le mot^"
tallique , le nom de la pyrite, fous le rapport de
| la grande quantité d’étineellês qu’elle donne lor|-
j qu’on la frotte avec l’acier. Si cette efpèce de
mine ou de fulfure de fer natif n’étok pas aufii
fragile & fi altérable à l’air, elle pourroit remplacer
les filex pour la fabrication des pierres à fu-
fjl & des pierres à briquet.
Pierre a filtrer, h* pierre â filtrer eft ordinairement
un grès tendre , blanc ou gris, affez
poreux pour laiffer paffer l’eau à travers fes intetf-
tices, & arrêter les corps qui en troublent la tranf-
parence. Par cela feu! les pores de la pierre finif-
fent par fe boucher, & la pierre à filtrer ne peut
durer que pendant quelque tems. Pour rendre fon
ufage plus commode, on la taille en cylindre à
peu près d’un demi-mètre de hauteur, fur un peu
plus de largeur, & onxrèufe le centre en cône ou
en entonnoir d.es deux tiers de la hauteur.
Quelquefois on emploie une pierre calcaire à
cet ufage} mais l’eau , en filtrant, diifout un peu
de carbonate de chaux, &: devient de l’eau dure.
Il faut donc préférer le grès.
Les filtres de charbon font bien préférables,
parce qu’en interceptant les corps étrangers qui
ôtent à l’eau fa tranfparence, le charbon a de plus
l’avantage d’enlever à ce liquide les molécules ga-
zeufes ou autres qui lui donnent une faveur Ôr
une odeur défagréabîes : par ,leur ufage , les eaux
de mares, les eaux croupies peuvent être converties
en eaux potables, très-bonnes & affez
pures.
Pierre a fusil . La piere à fufil eft un filex
lblond , gris ou fauve, taillé avec des inftrumens
de fer faits exprès, & par un art qui s’apprend ,
comme tous les autres arts, par un exercice fou-
tenu, de manière à pouvoir s’adapter au chien de
la batterie du fufil, & à donner , par fa chute
élaftique contre i’acier, des étincelles capables
d’allumer la poudre du baffinet, & de faire partir
l’arme à feu. Plufieurs auteurs ont décrit avec
foin l’art de choifir & de tailler les filex en pierres
à fufil. Dolomieu eft celui qui l’a décrit avec le
plus de foin, dans le Journal des Mines publié à
Paris, tomeVI,pag. 693.
J’inférerai ici cet intéreffant Mémoire, ainfi
que plufieurs autres notes publiées fur cette efpèce
de pierre dans le même journal.
Mémoire fur l'art de tailler les pierres a fufil ( filex
pyromaque) , par Dolomieu.
« L’art de faire des pierres à fufil, concentré
depuis long-tems dans un petit el'pace fitué fur
deux départemens voifins, celui de Loir-&-Cher
& celui de l’Indre, exercé prefqu’exclufivement
par les habitans de quatre communes, dont fe
terriroire contient en grande abondance la matière
fur laquelle ils emploient leur induftrie , ne
donnant qu’un produit peu lucratif, comme fpé-
culation de commerce, quoique ttès-néceflaire, I
comme moyen de défenfe, pour l’ufage de l’arme J
à laquelle il s’adapte ; cet art, dis-je, eft très-peu
connu , car peu d’oblervateurs ont été à portée
d’en examiner les procédés , & je ne crois pas
qu’aucune defcription en ait encore publié les
■ détails. C ’eft en vain que j’ai recherché , fur cet
objet , quelques notions dans les ouvrages de minéralogie
j c eft en vain que j’ai confuhé ce qui a
été écrit fur les arts & métiers. L’Encyclopédie
elle-même ne dit rien des procédés de cette taille,
& elle fe contente de confacrer un préjugé ridicule
, déjà configné dans les Mémoires de l'Académie
des fciences, année. 1738, en parlant des filex
qui fervent à la fabrication des pierres à fufil. Il y
eft dit «qu’ils ne manquent jamais dans les lieux où
« on les exploite , parce que , dès qu’une carrière
>? eft vide,, on la ferme, & plufieurs années après
« on y trouve des pierres â fufil comme aupara-
» vaut. ” ( V V Encyclopédie , article P i e r r e A
FUSIL yfigné D. J ., & les. Mémoires de C Académie
des fciences, hifioire 3 pag. 38 , année 1738. )
» L’art de façonner les pierres h fufil eft donc
refté dans la dalle des problèmes, pour la plupart
des naturaliftes. Une infinité de queftions m’ont
été faîtes à ce fujet dans les pays étrangers j mais
les notions que j’en avois alors n’étoient pas fuf-
fifantes pour en expliquer tous les procédés, &
j’avois toujours peine à perfuader que la matière
dont on les faifoit ne fût pas molle au moment
oùon la travailloit, puifqu’elle prenoit fi exactement
& à fi peu de frais les formes qu’on vou-
loit lui donner , & on ne pouvoit croire qu’elles
euftent été façonnées fans inftrumens tranchans ;
car- leur bas prix excluoit l’idée qu’elles euftent
été travaillées à la roue ou fur la meule.
« Cet art, d’ailleurs extrêmement fimple dans
fes procédés, s’exerçant avec un très-petit nombre
d’inftrumens , n’exigeant qu’ un très-court ap-
prentiffage & un aftez foible degré d’adreffe,
peut préfenter par-là même qüelqu'intérêt, puif-
qu’il obtient, par la feule caffure, des formes
aufli exaCles, des faces aufii liftes, des lignes aufii
droites, & des angles aufii vifs que fi la pierre eût
été taillée parla roue du lapidaire, puifcjue cinq
ou fix petits coups de marteau & une minute de
tems fuffifent pour obtenir le même degré de perfection
qui exigeroit plus d’une heure de travail
fi les coupures dévoient fe faire par la voie
de l ’ufure contre des fubftances plus dures, ou
-par le frottement de l’émeril j puifqu’enfin un
denier de valeur métallique peut payer une pierre
a fufil lorfqu’elle fort des mains de l’ouvrier, &
que cette même pierre vaudroit néceffairement
cinquante fois plus fi elle étoit façonnée par tout
autre procédé.
« Je vais fucceflivement examiner les matières
fur lefquelles cet art s'exerce avec le plus d’avantage
, les inftrumens qu’il emploie, & les procédés
par lefquelsil obtient les pierres a. fufil façonnées
de la manière qui convient le mieux à
l’ ufage .auquel on les deftine.
X x x 1