
Le lavage s’effectue, ou dans des caiffes, ou
fur les tables. Les caiffes, appelées quelquefois
caijfes a tombeau (fchlaemgrabul) t font des efpèces
de grandes auges de bois un peu inclinées, ouvertes
à l'extrémité inférieure ; elles fervent ordinairement
dans 4es lavages faciles, & dans les
premiers lavages qu'on fait fubir à certains minerais.
A cet effet on met la matière à laver fur
une efpèce de table, au deffus de la partie fupé-
rieure de la caiffe 5 on fait tomber deffus un petit
filet d'eau, & pendant ce tems on la remue avec
un râble j l'eau délaie la matière & l’entraïne dans
la caiffe : la partie la plus pefante & ordinairement
la plus riche fe aépofe dans la partie fupé-
rieure, & les parties terreufes defcendent dans
la partie inférieure. Lorfqu'au bout d'un certain
tems la caiffe eft remplie, on la vide" : ce qui eft
vers la partie fupérieure eft, ou livré aux fonderies,
ou relavé fur une table, & la partie inférieure
eft j’etéë comme ftérile. L'eau , en fortant
de la caiffe, entraîne en outre une grande quantité
de matières terreufes.
Les tables font de deux efpèces : les unes font
fixes dans la laverie ; les autres font fufpendues à
des chaînes ou des cordes, & reçoivent dès chocs
ou fecouffes continuelles par les cames d'un arbre
horizontal, qu'une roue hydraulique fait tourner.
Les premières portent le nom de tables dormantes,
& les autres celui de tables a percujjion. Leur grandeur
varie : les tables à percuflion ont ordinairement
cinq mètres de long & un & demi de large j
les tables dormantes font plus étroites. On incline
plus ou moins ces tables, félon le befoin : quelquefois
on ne donne à celles à percuflion que deux
-a trois centimètres d’inclinaifon fur leur longueur;
d'autres fois elles ont deux & même trois décimètres.
Les tables dormantes font en général plus
inclinées : quelquefois on les recouvre d'une étoffe
pour les rendre plus propres à arrêter les molécules
métalliques qui paffent deffus.
Lorfqu'on opère fur les tables dormantes,, on
jette ordinairement vers le haut de la table quel-^
ques pelletées de la matière à laver j on fait def-
cendre un petit courant d’eau qui tombe en nappe
fur la table, & à l'aide d'un râble ou d'un balai,
on promène la matière, en la ramenant vers le
haut, jufqu’à ce que^l'eau ayant entraîné les matières
terreufes, ce qui refte foit un fchlich fuifi-
famment pur.
Lorfqu'on fe fert de tables à percuflion , on
met le minerai dans une petite caiffe, placée fur
un échafaudage au deffus des tables : un petit
courant d'eau entre dans la caiffe, & entraîne
avec lui fur la table une portion du minerai. Les
parties métalliques reftent fur la table , & une
partie des matières terreufes eft emportée. Les
fecouffes que la table éprouve continuellement
contribuent beaucoup à opérer la fépararion entre
les fubftances de diverfe nature. Après avoir
ainfi concentré, par plufieurs lavages plus ou
moins de fois répétés & différemment conduits,
fuivant la nature du minerai, la partie métallique
dans une moindre quantité de matières étrangères
, on livre ce fchlich aux ufines métallurgiques,
où l'on en extrait enfuite le métal.
11 y a encore une autre forte de lavage qui fe
fait au crible, & auquel on foumet les mêmes débris
des minerais que l’on fait, foit lorfqu’on arrache
la maffe du filon ou de la couche dans les
mines, foit par les travaux des cafferies : ces mêmes
débris font mis dans des cribles de différentes
formes, que l'on agite dans l'eau d’une cuve. Ce
qui refte fur le crible eft trié; ce qui paffe à travers
eft , ou repaffé dans des cribles plus fins, ou
lavé fur les tables & converti ainfi en fchlich.
Les bornes qui nous font prefcrites ne nous
permettent pas d'entrer dans des détails fur le lavage
des différentes efpèces de minerais, (Voye-^
à ce fujet les différens Traités d’exploitation , &
quelques Mémoires inférés dans le Journal des Mines
, notamment celui de MM. Gallois & Beau-
nier, au fujet des minerais de Poullaouen, dans le
n°. 92 ; celui de M. Héron de Villefoffe pour les
minerais du Hartz , n®s. 98,99 , & celui que j'ai
rédigé fur les minerais de la Saxe, nos. 67, 68,
7 6 ,78 .) ( D a u b u i s s o n . )
MINÉRAUX. Ce nom comprend toutes les
fubftances faillies qui conftituent les couches du
globe, & qui font étudiées & claffées méthodiquement
par les minéralogiftes. On les divife ordinairement
en terres, pierres, fels, mines, ou
métaux minéralifés 3 corps combuftibles & bitumes.
( Voyei^ tous ces mots. ) Leur étude forme
l’objet"d'une fcience particulière, qu'on nomme
Minéralogie. ( Voyei^ ce mot , ainfi que celui de
M i n e r a i s . )
MINES. (Miner*.) (Voyei Min e r a is . )
M in e s (Fodin* ) , excavations fouterraines que
l'on creufe pour en retirer diverfés fubftances minérales
que les arts approprient enfuite aux befoins
de l’homme.
Creufer ces excavations , en retirer les minéraux
qu'elles renferment, c'eft ce qu’on appelle
exploiter des xfiin.es. La fcience ou plutôt 1 art qui
apprend à le faire de la manière la plus avantageuse,
& avec le moins de frais, eft l‘art de l'exploitation
des mines..
Définir l’art des mines 3 c’eft affez en montrer l'utilité.
Nous ne nous arrêterons pas fur cet objet,
& nous nous contenterons d'obferver que les fubftances
métalliques & les combuftibles foffiles font
u*n objet de première néceflité dans un État; qu'en
négliger l’exploitation, c'eft fe mettre volontaire-
mént dans la dépendance de puiffances étrangères ;
c’eft vouloir étouffer chez foi une branche efièn-
tielle d'induftrie pour la faire profpérer chez fes
voifins, fouvent même chez fes ennemis. Tous les
États qui, comme le Hartz, la Saxe, la Bohême,
la Hongrie, &c. doivent une grande partie de leur
profpérité à l’exploitation des mines , font y1®0
moins redevables de cet avantage à la quantité de
matières minérales qu'ils recèlent dans leur fein ,
qu'aux fages difpofitions des gouvernemens & au
foin fpécial qu’ils donnent à cet objet. L ’art des
mines eft un objet continuel de leur follicitude :
s’il reftoit fenfiblement en arrière de ce qu il eft
dans un pays voifin, dès ce moment, l'exploitation
ne fe faifant plus avec le même avantage ,
c’eft-à-dire, exigeant des frais plus confidérables,
on ne pourroit plus foutenir la concurrence dans
le débit des produits, & l’on feroit quelquefois
obligé d’abandonner entièrement les exploitations.
Aufli voyons-nous que dans tout le nord de 1 Europe
(en Allemagne, en Norwège, en Suède, en
Ruflie ) , les ordonnances des mines font une partie
effentielle de la légiflacion, & qu’il y a dans ces
pays des corps d'officiers de mines charges de veiller
à ce que l'exploitation fe faffè félon les règles
de l'art, & revêtus d’une autorité fuffifante pour
faire exécuter les travaux qui ont été arrêtes
comme les plus utiles, non-feulement pour donner
la plus grande quantité de produits, mais pour
perpétuer i’exiftence des exploitations; ce qui a
été ftatué à ce fujet. / . .
Les fubffances minérales qui font le principal
objet des travaux du mineur, font les métaux &
les houilles ou charbons de terre. On a traité de 1 exploitation
de ces dernières fubftances dans les Arts
& Métiers, à l'article C h a r b o n m i n é r a l . Nous
allons donner ici une notion générale du travail
des mines métalliques, fans cependant entrer dans
aucun détail à ce fujet.
Après qu’on a découvert un gîte de minerai (voye%
ce mot) , & qu'on en a réfolu l’exploitation, le
mineur, chargé de ce travail, doit, i°. s’ouvrir,
à l’aide de fes outils, & à travers le roc, un chemin
vers l'endroit ou eft le minerai, ce qu'il fait
pat des galeries & des puits ; i Q. arracher le minerai
de fon gîte, ce qui donne lieu à des ouvrages
a gradins ou a ftrojfes ; 30. le tranfporter hors de la
mine à l’aide de petits chariots ,.de treuils , de machines
a molettes 3 de barillets ; 40. de préparer ,
c ’eft-à-dire, difpofer par des triages 3 des bocar-
dages & des lavages.
Outre ces travaux, le mineur eft encore oblige
.de lutter fans ceffe contre des obftaçles qu’il doit
.continuellement combattre ou écarter, s’il ne veut
.pas*etre arrêté dans la pourfuite de fes deffeins.
Il faut en outre qu’au milieu des abîmes dans lef-
quels il a ofé s’enfoncer, il veille fans ceffe aux
aangersqui de toutes parts menacent fon exiftence.
C'eft ainfi, i°. qu’il faut fouvent foutenir & étayer
les parois des excavations par de la charpente ou de
la maçonnerie ,• 2°. favorijer la circulation de l'air ,•
. 30. épuifer les eaux qui fe raffemblent continuellement
au deffus de la tête ou au fond du fouter-
■ rain.
Enfin, celui qui s'occupe de l'exploitation des
mines doit donner à fes galeries, à fes percemens
la direction convenable pour arriver, à travers la
roche, directement d’un point à un autre ; mais
ces opérations fe réduifant à la folution de problèmes
de géométrie, nous n’en parlerons pas dans
cet article. . c ,
Ce feul expofé des travaux qui fe font dans
l’intérieur des mines fuffit pour montrer combien
de connoiffances diverfes doit poffeder celui qui
en a la direction, & combien il faut de pratique
& d’expérience pour conduire utilement une exploitation.
Donnons une idée de chacun des travaux que
nous venons d’indiquer.
Indices des gîtes de minerai.
Nous avons dit au mot M i n e r a i , ce qu on
entend par cette dénomination : nous nous contenterons
de rapporter ici que le mineur donne le
nom de minerai à la combinai fon chimique dans
laquelle les métaux fe trouvent, au fulture du
plomb , à l’oxide de fer , &c, & à la matière
pierreufe qui enveloppe le minerai le nom de gangue.
L'affemblage du minerai & de fa gangue forme
ce que l’on nomme le gîte de minerai ,• ces gîtes
font, ou des filons, ou des couches , ou des amas :
la pierre qui les entoure eft la roche (fitokwerke).
( Voye^ ces mots dans le Dictionnaire de Minéralogie
, & FILONS dany celui-ci.)
La nature de la roche, c'eft-à-dire, de la pierre
qui conftitue.le fol du pays, eft un des indices de
la préfence des gîtes de minerai, & furtout dans
une même contrée. L’obfervation ayant appris que
quelques minerais fe trouvoient plus fréquemment
dans certains terrains que dans d autres, on fent
qu’un pareil indice ne peut donner qu’une probabilité;
mais une réunion de probabilité peut quelquefois
tenir lieu de certitude, & 1 on en a des
exemples. Ainfi il fera inutile de chercher déjà
houille dans un terrain de vrai granit, & de l’étain
dans des montagnes de calcaire coquillier :
: on eft prefque fur que ces métaux ne s'y trouveront
point.
Les roches primitives, celles dans lefquelles
on n'a jamais trouvé aucun veftige de plantes &
d'animaux, & qui par conféquent font d’ une formation
antérieure à l’exiftence des êtres organifés ;
ces roches, dis-je, font celles qui contiennent le
plus fréquemment les fubftances métalliques; il
en eft même quelques-unes, telles que l'étain, le
bifmuth, Vantimoine, l'arfenic, le molybdène, qui
n’ont pas été trouvées ailleurs. Le granit & le
porphyre en contiennent peu ; le gneifs eft peut-
être la roche la plus riche en filons, & le chiffe
micacé en couches métalliques. On voit encore
des exploitations confidérables dans les fehiftes argileux
du Hartz, de la Heffe , des départemens
de la rive gauche du Rhin, Sec. Les terrains fe