
que les alchimiftes ont reufll à difloudre quelque
fois l’or dans un mélange de nitre & d'acide muriatique.
Il faut , pour concevoir cetre décompo-
fition , la voir comme l'effet d'une double attraction
éle&ive, celle de l'acide muriatique pour
l'oxigène, & celle de l’acide nitrique pour l'oxide
nitreux ; il faut encore y ajouter l'attraction d'une
partie de l’acide muriatique pour la potalfe ,
abandonnée d'ailleurs par l'acide nitrique faturé
d’oxide nitreux ou d’oxide d’azote',
La plus utile des dêcompofitions du nitrate de potajfe par les acides eft celle qui è f t produite par
le fulf urique ; c’eft en effet a l’aide de l'actra&ion
de cer acide, plus forte pour la potaffe, que celle
de l'acide nitrique, que l'on obtient ce dernier
dans les laboratoires de chimie. En verfant de l’acide
fulfurique concentré fur du nitrate de potajfe ,
on voit fe degagér fur-le-champ des vapeurs blanches
, qui ont l'odeur & les propriétés de l'acide
nitrique. On fait cette opération dans une cornue
de verre tubulée, placée fur un bain de fable ,
dans laquelle on met d'abord le nitre bien fec : on
verfe fur celui-ci, par la tubulure, un peu plus
de la moitié & un peu moins du tiers de fon poids
d’acide fulfurique concentré, après avoir adapté
un récipient muni d'un tube qui plonge fous des
cloches pleines d’eau ; on obtient, en chauffant
lentement, afin d’éviter le bourfoufEment trop
confïdérable du mélange qui pourroit pafiër dans
le récipient, de l'acide nitrique mêlé d’acide nitreux
, qui fe condenfe en liquide dans le ballon ;
ii patte en même rems du gaz oxigène dans les
cloches, & le ballon fe remplit de vapeur rouge.
Ces derniers produits j qui annoncent une décomposition
d’une partie de l'acide nitrique, font dus
à la haute température que le mélange éprouve.
Il refte dans la cornue du fulfate acide de potalfe
en une feule malle folide , très-blanche , bour-
fouflée à fa furface, dont l'intérieur eft denfe, &
préfente une forte de mie ou de grain analogue à
celui d'une porcelaine fine , mais beaucoup moins
dure. On peut le redifloudre dans l’eau chaude ,
& le tirer ainli de la cornue. L’acide nitrique, obtenu
par ce procédé, n'eft pas pur : on le redif-
tille fur un peu de nitre bien fec pour le priver de
la portion d’acide fulfurique qui s’eft élevée avec
lui > on en fépare en même temsla vapeur nitreufe,
qui fe volatilife la première. Le nitre fournit, à
très-peu de chofe près , la moitié de fon poids de
cet acide.
Parmi les bafes falifiables , il n’y en a que trois
qui aient une a&ion importante à déterminer fur
le nitrate de potaJfe> favoir : la lilice, l’alumine & la .
baryte. Les deux premières, chauffées avec ce •
fo l, favorifent le dégagement de fon acide par ;
l’adhérence & la combinaifon qu’elles peuvent
contrarier avec fa bafe ou la potalfe. La vitrification
qu’elles font fufceptibles de prendre avec
cet alcali, permet à l'acide nitrique de fe dégager
avant qu’il puilfe fe décompofer. Ce n’eft donc
I que par une forte d’attraélion double, d'une part,
entre ces terres & la potaffe, de l'autre entre l'a-
| eide nitrique & le calorique , que cette décom-
) poütion a lieu ; a mil prend-on ces intermèdes, &
j furtout l'alumine à l'état d ’argile , pour diftiller ce
1 qu'on nomme /'eau-forte, c’ eft-à-dire, pour obte-
I nir l’acide nitrique , dans les ateliers où l’on prépare
cet acide pour le commerce. L'alumine même
cuite, & en poterie dure, a la même propriété
de féparer l'acide du nitrate de potajfe, à l'aide de la
chaleur. Quand on donne un feu violent au mélange
de filice & de nitre, on trouve pour rélidu ,
après ladiftiUation de l'acide, une fritte vitreufe,
due à l'adïion exercée par le feu entre cette terre
& l'alcali. Le réfidu de la diftillation du même
fel avec l'alumine pure , pouffé au grand feu ,
contient aufli l'alcali combiné avec cette terre,
de manière qu’on ne peut l’en extraire qu’avec
beaucoup de difficulté: ce réfidu peut fervir très-
utilement à la fabrication de l'alun.
La baryte décompofe autrement le nitrate de
potajfe j elle enlève l'acide à fa bafe, forme du
nitrate de baryte, & laiffe la potaffe libre.
D après tous les moyens d'analyfe qui viennent
d'être indiqués, on a trouvé, pour réfultat de la
compofitioB du nitrate de potajfe, les proportions
dè fes principes, comme il fuit :
Acide nitrique... 1........................ 33
Potaffe........................................ 49
E a u ............................................................. 18
C ’eft d’après Bergman que les proportions
qu’on vient de lire-, ont été prifes. M. Kirv/an
en donne d’un peu différentes : fuivant lu i, cent
parties de ce fel contiennent :
Acide nitrique............................................. 30
Potaffe...................................... 65
E a u .......................... -j
Il n’y a pas de fel qui foit d’un ufage plus multiplié
en chimie, que le nitrate de potajfe. Outre
les démonftrations qui le concernent particuliérement,
il fert, & à fournir fon acide, & à extraire
la potaffe. Il eft indifpenfable pour le traitement
d’un grand nombre de métaux, & pour la
docimafîe; il donne du gaz oxigène ; il eft employé
à brûler beaucoup de fubftances combuf-
tibles , & d obtenir des oxides ou des acides. On
l’applique à l’analyfe des charbons & de beaucoup
d’autres corps } on en fait la poudre fulminante, la
poudre de fufion. Il encre dans une infinité d’opérations
chimiques. Les médecins l’adininiftrent très-
fréquemment comme rafraîchiffant, calmant, diurétique.
lia aiiffi des ufages très-abondans dans les
arts, & il en eft une foule qui ne peuvent pas s’ en
palfer. Il eft la bafe de la poudre à canon ; il fert au
traitement des métaux } il entre dans la teinture;
on l’emploie pour produire du froid artificielle-
j ment. Il contribue effentiellemenc à la combuf-
tion complète du foufre, & à Information de
l ’acide fulfurique ; il fert à faler & à conferver
certaines viandes qu'il colore en rouge. On le fait
détonner avec du charbon , du tartre & des lies
pour fabriquer les flux blancs & noirs, néceffai-
r.es aux operations docimaftiques. Il fait la matière
& le fujet de la dsftillation de Peau-forts. On
trouvera dans beaucoup d'articies une grande
quantité de circonftances où fes applications deviennent
de la plus grande importance.
N i t r a t e d e r h o d i u m . Ce métal , qui tire
fon nom de la couleur rôle de fes diffolutions dans
les acides , fe diffout. dans l'acide nitrique lorf-
qu’il eft à l’état d’oxide, & lui communique la
même couleur. Cette diffolution eft précipitée en
jaune par les alcalis. Ôn n'a point encore étudié
les propriétés du nitrate de rhodium y obtenu juf-
qu’à préfent par les chimiftes en trop petite quantité,
pour qu'ils aient pu le foumettre à des expériences
multipliées»
, N i t r a t e d e s i l i c e . Quoiqu’ il n’ y ait pas un
véritable nitrate de filice, j’ai cru devoir en faire
un article à part en raifon du phénomène fuivant.
Lorfque la filice eft dans un grand état de divifion,
après avoir été fondue, par exemple, avec la po-
ta(fe diffoute dans l’eau, & précipitée de cette
diffolution par l’acide nitrique, fi, au moment de
cette précipitation, on verte dans laliqueur beaucoup
plus d’acide qu'il n’en faut pour précipiter
la filice, celle-ci fe diffout dans l'excès d’acide,
& forme une efpèce de nitrate qui à la vérité
n’eft pas permanent, & dont la bafe fedépofe par
l’aélion de la chaleur. Cela arrive encore avec l’acide
muriatique , le plus employé comme réaétif
dans.çes fortes de cas. ( Voyelles mots M u R IA T E
d e s i l i c e , P o t a s s e s i l i c é e & s i l i c e . )
N l ïR A T E DE SOUDE» Le nitrate de foude, ou
l’union faturée de l’acide nitrique & de la foude,
a été nommé nitre ç-ubique, nitre rhomboidalfoude
nitrée. Ce fel a été peu examiné : on s’eft contenté
de remarquer qu’il ne pouvoit pas fervir, comme
le nitre ordinaire , à la préparation de la poudre.
Il fe criftallifo en cubes rhomboïdaux ou en
prifmes dont la tranche eft de forme rhomboï-
dale. Sa faveur eft fraîche, & un peu plus amère
que celle du nitrate de potaffe.
On ne l’a point encore trouvé dans la nature.
On le prépare, dans les laboratoires, en uniffant
directement l’acide nicriquè avec la foude, ou en
décompôfant le muriate ou le carbonate de foude
par cet acide. Quarfd il eft en criftaux rhomboïdaux
, il eft bien pur.
Mis fur les charbons allumés, il-decrépite légèrement
; il n’eft pas fi fufible que le précédent ; il
fe décompofe comme lui, en laiffant fa bafe pure
pour réfidu , & en donnant du gaz oxigène mêlé
de gaz azote.
Expofé à l’air, il s'humeCte légèrement, & fe |
ramollit fans cependant fe fondre ou fe diffoudre
tout-à-fait.
11 eft allez diffoluble pour que trois parties d’eau
froide en prennent une de ce fel. L ’eau bouillante
en diffout plus que fon poids, moins cependant
que du nitrate de potaffe ; auftî, quoiqu’il fe criftallife
par le refroidifiement, il ne fournit pas
autant de criftaux ni une maffe auffi confïdérable
par ce procédé, que le dernier fel. Seulement fa
eriftallifation eft moins confufe , & les rhombes
font plus prononcés dans ce cas, que les prifmes du
nitrate de potaffe.
Il obéit aux mêmes lois générales de décompo-
fition que le nitrate de potalfe 5 cependant il détonne
moins que lui avec les corps combuftibles,
& les brûle moins facilement ou moins complètement.
Les acides divers agiffent fur lui comme fur 1 q nitrate de potaffe. Il eft décompofe par la baryte
& la potaffe qui en féparent la foude pure. Il n’agit
que fur un très-petit ncfmbre de fui fa tes.
Les proportions dé fes principes font, fuivant
M. Kirwan :
Acide nitrique.............................................. 29
Soude.......... ............................ 50
Eau...............................................................21
Le nitrate-de foude n’eft d’aucun ufage : fa propriété
de s’humeéter à l'air & fon peu d’aCtion
fur les. corps combuftibles empêchent qu’on ne
puiffe l’employer à la fabrication de la poudre.
Hors des laboratoires de chimie , on ne le prépare
pour aucun atelier, & on n’en fait encore aucune
application utile.
N i t r a t e d e s t r o n t i a n e . Ce fel, connu
depuis peu d’années, n'a point de fynonyme dans
le langage ancien de la chimie. MM. Klaproth &
Hope font les premiers qui en aient fait mention.
Pelletier l'a enfuite fournis à quelques recherches ;
mais M. Vauquelin en a examiné, en 175)7, fos
propriétés avec beaucoup plus de foin qu'on ne
i'avoit fait avant lui.
Le nitrate de ftrontiane criftallife en oCtaèdres
parfaitement femblables à ceux du nitrate de baryte
, avec lequel on l'a confondu pendant quelque
tems. Sa faveur eft fraîche & piquante, un peu
moins-âcre que celle de ce dernier. On ne l'a point
encore trouvé dans la nature.
On le préparé ordinairement, dans les laboratoires
de chimie, en précipitant, par l'acide nitrique
, le fulfure de ftrontiane obtenu du fulfate
de cette bafe chauffé avec le charbon, ou en dif-
folvarit le carbonate de ftrontiane dans le même
acide. Pour l ’avoir bien pur, il faut lui avoir donné
la forme d'oCfcaèdre.
Expofé à une chaleur brufque ou vive 8c fubite,
il décrépite 8c faute en éclats ; il perd par-là 0,04
d'eau. Si on augmente 1’aCtion du feu , il fe ramollit
, fe gonfle & fe bourfoufle , laiffe dégager
• du gaz oxigène & du gaz nitreux, de donne enfuite