
métallique, il s’unit au mercure en même tems que
l'argent. -
Quelle que fut la quantité d’argent contenue
dans un minerai , il fer.oit certainement poffible de
1 en extraire par l'amalgamation ; mais comme il
faut auparavant difpofer le minerai à cette opération
par des travaux préliminaires , & que ces travaux
doivent être différens fuivant que le contenu
en argent eft plus ou moins grand , ilfaudroit en
quëlque forte autant de manières différentes d'ar
malgamer , relativement aux travaux préparatoires
, que Ton auroit de minerais différens en
richeffe ; ce qui deviendroit compliqué & fort
difpendieux. Àinfi il eft beaucoup plus avantageux
de mélanger les minerais; entr'eux , de manière à
ce^que le mélange préfente toujours à ;peu près le
meme contenu en argent.. $i le minerai étoit trop
pauvre, les frais de l’amalgamation deviendroient
trop confîdérables i car il en çoûterpit autant par
quintal que fi le minerai étoit riche , tant pour la
main-d’oeuvre, que pour le çombuftible & autres
matériaux confommés $ mais le marc d’argent qu’on
retireroit, reviendroit à un prix beaucoup plus
haut. D’un autre côté, fi les minerais étoient trop
riches , il refteroit de l’argent perdu dans lès ré-
fi dus i car lorfqu’une partie de mercure Cs combine
avec l’argent des mi nef aïs y-il en réfulte une com-
binaifon ou amalgame qui n’eft plus foluble. dans '
le mercure, & qui y refte affez difficilement en
fufpenfion ; de forte que les molécules d’amalgame
s’attachent à la partie terreufe des minerais, & y
reftent adhérentes. Pouf peu que les minerais fuf-
fent riches en argent, la perte provenant de cette
caufe tireroit à conféquence, & il faudroit amaU
gamer fucceflivement deux & trois Fois le même
.minerai pour l’éviter.. L’expérience a appris que ,
pour que l'amalgamation fe fit de la manière la
plus avantageufe, il filt'oit mélanger les minerais
pauvres & les minerais riches 3 de■ manière que le contenu
de l’alliage fût de trois onces trois quarts, & au
plus de quatre onces d’argent par quintal.
Il eft néceffaire que les minerais qui doivent
être traités par l’amalgamation contiennent du
foufre., afin que cette fubftance, en s’oxigénant
pendant le grillage, forme de l’acide fuifurique,
& décompofe le muriate de fou de qu'on a mêlé
aux minerais. Nous parlerons plus bas de ces effets.
Comme il y a des minerais d’argent qui ne con-
tiennentpoint ou prefqfie point de foufre, il faut
les mêler avec ceux qui en contiennent, de manière
que la quantité de foufre contenue dans l’alliage
foit fuffifahte pour fournir tout l’acidé ful-
ftirfque néceffaire à la décompofition du muriate
de foude. Cette quantité de foufre s’eftimé ici par
celle de .matte ( fulfure de fer) qu’on obtient dans
un e fiai fait en petit. De nombre a f s cxpéjjençes_onp
fait voir que V amalgamation fe fai foit avec le p{us
grand fuccès iorfque l'alliage a amalgamer fourni(foit
de trente a trente-cinq livres de matteï'
Cependant il arrive fouvent que /de deux minerais
qui contiennent la même quantité d’argent
& donnent Ja même quantité de matte , l’un eft
plus facilement & plus exactement dépouillé de
fon argent, que l’autre par l’amalgamation : il eft
vrai qu’on peur demander ici avec raifon fi la
même quantité de matte donne toujours la même
quantité de foufre. Je crois que ., dans la plupart
ides cas, fi l’on faifoit une recherche exaéie, on
trouveroit une différence confidérablè ; & cette
différence expliqueroic pourquoi on trouve fou-
vent une allez grande quan.fié de muriate de
foude en diffolution dans les eaux que l’on retire
des tonneaux ou l’amalgamation s’eft faite. Lorfque
le foufre eft en trop petire quantité dans les mimerais,
une partie du muriate de fonde devient
i P utile, & il ne fe produit pas affez. d'acide mu-,
riatique pour mettre tout l’argent à l ’état de mu-
riate. Trop de foufre , lorfque par lç;igrillage on
chaffe l’excès d’acide fuifurique qu’il produit,
ne fauroit précifèment nuire à l’amalgamation ,
mais.il la rend plus difpendieufe^puifqu’il force à
prolonger le grillage, & àçonfommer ainfi une plus
grande quantité de çombuftible.. .
• Alliage, avec le muriate. de foude. Les minerais
étant convenablement mélangés entr’eux , il faut
les mêiej- avec dix pour *en* de muriate de foude. Pour
cela , o;n les étend d’abord dans des fai les dèftinées
à cet effet, en plaçant à l’alternative & l’une fur
l ’autre, une couche de minerai & une couche de
muriate , & enfuite on remue & mêle bien le tout.
Ces falles font au premier étage, & au nombre'
de trois. Une d’ elles occupe tout le petit corps
de l’édifice, & chacune des deux autres occupe
une grande partie.^ feize .mètres ) 'dejChacun des
deux grands corps., Leur pourtour préfente un
plancher élevé de deux décimètres & ,demi au
deffus de leur fo l, .& de quatre mètres de large.
Au deffous de chacune, & au rez de chauffée ,
il y a quatre fourneaux de grillage y &.au deffus
d’elles, au fécond étage , font les magafins de
fel (1). Dans chacun de ceux-ci, on voit des
caiffes d’environ un mètre de côté en carré d’ouverture,
& faites en forme d’entonnoir. Les queues
de ces entonnoirs percent le plancher & aboutif-
fent dans la falle qui eft deffous.-Le minerai fe
tient dans un grand magafin placé à côté de l’ufine,
& qui communique, à l’aide d’un pont , avec les
faites dont nous venons de parler.
On apporte ce minerai dans des brouettes, &
ou l’étend fur le plancher des falles, de manière
à ce qu’il y forme une couche d’environ dix mètres
de long , un -& demi de large , & un décimètre
de hauteur. Cela fait, o n'étend deffus une
couche de fel : ce fel eft paffé, au magafin , dans
un grand crible de fil de fe r , & puis il eft jeté
(0,É E (m u r i a t e de.foude j- vient des. falipej éleâoralcs
d.e DurreBerg , A r t e n & K q % ; ( e n Saxe j j il coûte G,28 fr.
vingt-huit livres ;(5q,78*kiloe. ) d’achat,
Sc 6,83 de tranfporç, ... '
dans
dans l'entonnoir dont nous avons parlé » d ou il
tombe fur la couche de minerai. On met ainfi
trois ou quatre couches de minerai 1 une lur 1 autre
, alternant avec autant de couches de tel : la
dernière couche de fel eft recouverte de minerai.
Le tas a de cinq à fix décimètres d’épailleur, &
peut contenir environ 400 quintaux de compo-
lïtion. .
L’ expérience a appris qu’ il fuffifoit de mettre environ
dix pour cent de fel :■ ainfi, fur 100 quintaux
de minerai on en compte 10 de fel. En 1802 on a
amalgamé 57689 quintaux de minerai, & on a
confumé ^458 quintaux (Q de fel. , A
Le travail dont nous venons de parler doit etre
fait avec grand foin , de manière que le fel ne toit
pas en excès dans un endroit & en trop petite
quantité dans un autre, & que les minerais pyriteux
fetrouvent en égale quantité partout. Les minerais,
ainfi que nous l’avons déjà remarqueront
de deux efpèces. Les uns, outre la gangue , ne
contiennent que de l’argent > les autres contiennent
de plus des pyrites : les premiers ont ete
fimplement bocardés à fec , & les féconds bo-
cardés & levés. C’eft ordinairement une couche
des premiers qu’on met immédiatement lur le
plancher, parce que l’autre étant imprégnée d’humidité,
pourroit s’y coller : on met enfuite a 1 alternative
une couche de chacune des deux fortes.
Cela fait, on prend des pelles de fer j on coupe
le tas ou groffe couche en petites portions 5 on
remue bien chacune d’elles, afin que toutes les di-
verfes parties en foient aufli bien mêlées que poffible.
Sj . I 8j v . !
Enfuite on diflribue le tout en petits tas d environ
trois quintaux & demi chacun, & qu’on nomme pojles
de grillage. Ces tas ne font pas faits au poids ,
mais au volume, & chacun d'eux renferme deux
brouettées de la compofition. On les porte fur la
partie non plancheyée de la falle , & ils y font
dreffés fous forme de petils cônes placés les uns
à côté des autres. La chaleur des fourneaux de
grillage qui font au deffous , chauffe le fol fur
lequel ils repofent ? & opère déjà un commencement
de deflîccation : aulfijfaut-il avoir foin d’en
tenir toujours une quantité fuffifante fur le fol.
Les principales parties conftituantes de la compofition
, celles qui peuvent exercer quelqu’a&ion
chimique dans le grillage qui va fuivre, font l’argent
à l’état métallique , l'argent, minéralifé par
ie foufre, l’arfenic & l’acide fuifurique , l’antimoine,
le fer fiilfuré un peu de cuivre, du
plomb, du muriate de foude & diverfes fubf-
tances terreufes' qui n’exercent vraifemblablement
aucune influence fenfible dans le procédé de l’amalgamation.
Pour ce premier travail préparatoire de l’amal-
(i) Il faut fe rappeler que le quintal ile fel eft de 128
livres , Ôc. celui de minerai de 11.0. :
Ch im ie . Tome V%
gamation, c’eft-à-dire, pour apporter les minerais
dans les falles, les y étendre , les ftratmer avec le
fe l, les mélanger, & les divifer en poftes de grillage
, on a fix ouvriers qui font payés à raifon de
85 centimes par jour.
2°. Grillage des minerais.
Ce grillage fe fait dans des fourneaux hongrois
à réverbère, femblables à ceux décrits & repre-
fentés dans le Traité d’Amalgamation de M. de
Born ( planches 6 & 7 ) , à quelques perfettionne-
mens près. Chacun de ces fourneaux eft compote
de trois parties : la chauffe, la partie dans laquelle
s’effeétUe le grillage , & un féchoir qui confifte en
une aire placée à côté de celle fur laquelle Ce tait
le grillage. La flamme , après avoir paffé au deflus
de cette première aire , & y avoir grille les minerais
, paffe au deffus de la fécondé ou elle
les fèche » au fortir du féchoir elle entre dans
unè efpèce de labyrinthe ou affemblage de chambres
conftruit au deffus de la voûte des fourneaux,
& puis elle gagne la cheminée. Sur le milieu de
la voûte du féchoir il y a une ouverture a laquelle
aboutit une efpèce de tuyau en maçonnerie, lequel
traverfe le labyrinthe & le plancher inferieur de
la falle qui eft au deffous, & dû fe trouve , ainfi
que nous l’avons d it, l’alliage des minerais a amalgamer.
L’ouverture fupérieure de ce tuyau , qui
eft au niveau du plancher de la falle , eft fermes
par un couvercle fur lequel on place le pofte de
' grillage, qui doit être mis dans le féchoir du
fourneau après celui qui s’y trouve. Ce couvercle
doit toujours être recouvert de minerai, afin que
les vapeurs ne paffent pas à travers les jointures,
& n’ incommodent pas les ouvriers qui font dans
. les falles. Ces fourneaux font au nombre de douze :
il y en a quatre dans un autre maftif de maçonnerie
ou falle de grill a ge. Ainfi, on a trois falles
de grillage qui font au deffous des trois falles ou
font étendus les minerais à amalgamer , & qui occupent
ainfi la plus grande partie du rez de chauffée
de l’édifice. . ^
Le çombuftible que l’on emploie pour le grillage
eft de bois de fapin ou de pin, en bûches fendues,
ayant quatre-vingt-cinq centimètres de long.
Le grillage des minerais préfente trois périodes
différentes j i°. celle où le minerai s’allume \ i° .
cêlle où le foufre s’ acidifie i $°. celle où l’acide
I fuifurique attaque & décompofe le muriate de
foude.
Première période. Suppofons que le fourneau foie
froid, & que l’on veuille commencer un grillage.
On commencera par mettre du bois dans la chauffe,
j & on l'allumera 5 puis on fera tomber , par le
j tuyau dont nous avons parlé , un yofte de grillage
( trois quintaux & demi ) dans le féchoir , & de
j fuite on le fera paffer fur l’aire grillage , où on
; l’étendra avec une pelle de fer dont l’extrémité-
j eft recourbée. On entretiendra un feu modéré
G