
ont un brillant métallique que je n’obtiens pas
fans intermède, 8c je n'avois jamais pu avoir le
platine parfaitement malléable fans cet agent.
«» Si les préliminaires que j’indique ont été bien
fuivis, l’opération ne dure que huit jours : alors
je décape mes culots dans de l’acide nitreux j je
les fais bouillir dans de l’eau diftillée, jufqu’à ce
qu’ils ne contiennent plus d'acide 5 j'en mets alors
plufieurs l ’un fur l’autre > je leur applique le degré
de chaleur le plus fort poffibîe, & je les frappe
au mouton, ayant foin, à la première chaude, de
les rougir dans un creufet pour qu'il ne s'introduire
aucun corps étranger-dans mes culots, qui
ne font que des maffes fpongieufes avant cette
première comprefîion : après je les chauffe à nu,
& j’en forme un carré que je frappe fur toutes les
faces, plus ou moins long-tems, fuivant qu’ils ont
du volume. «
Il y a tout lieu de croire que le Gouvernement
efpagnol, qui poffède feul, dans l’Amérique, les
mines de platine connues, & qui fait que la chimie
fournit des moyens certains de reconnoitre tous
les alliages & toutes les proportions du platine
avec l’argent & l’or, de manière qu'il n’y ait plus
rien à en craindre pour la fureté du commerce,
en rendant à la circulation ce métal précieux, dans
un tems qui ne peut plus être fort éloigné de celui
où nous vivons aujourd’hui, offrira bientôt aux
métallurgiftes l’occafion de perfectionner le travail
, la purification, la fufion & funout le for-
geage du platine. Il y a également lieu de croire
que ce travail, fuivi fur le plan des premiers effais
qui ont déjà fi bien réaffi aux artiftes & aux favans
que j’ai cites, réduira bientôt à un prix moindre
que celui mis jufqu’ici au produit de cette nouvelle
induftrie, les lames, les plaques, les lingots
& les fils de platine pur , dont l’utilité fera expofée
à la fin de cet article.
Après avoir expofé les moyens de traiter en
grand la mine de platine, d’amener ce métal à un
état de duétilité convenable pour le travailler &
le rendre apte à prendre toutes fortes de formes,
il femblë naturel d’indiquer les procédés dont on
fait ufage aujourd'hui pour le purifier, & en fé-
parèr les quatre métaux nouveaux qui l’accompagnent
dans fo mine. De ces quatre métaux , deux
relient indîflbus dans l'acide nitro-muriatique, 8c
deux fe trouvent en diffolution dans cet acide.
.T'indiquerai fucceflivement les procédés néceflài-
res pour obtenir les uns & les autres.
Procédés pour extraire les deux métaux contenus dans
la poudre noire qui réfijle k l'action de /'aciae nitromuriatique.
Quelle que foit la quantité d’âcidi nitro-muria-
•tique que Ton emploie pour traiter la mine de
platine brut, débarraffée mécaniquement des corps
étrangers qui n’y font que mêlés, on ne peut parvenir
à diffbudre une poudre noire qui réfifte à
j fon a&ion, quoiqu’aidée d'une haute température,
Cette poudre noire renferme, outre une petite
quantité de platine, deux des métaux qui exigent
| dans la mine brute de cette fubftancè métallique. 1 Pour les extraire,. on calcine la poudre noire avec
t un poids égal de potaffe cauftique : les deux mé-
\ taux s’oxident, Tofmium ou le métal volatil fe
| diffout dans la potaffe, l’iridium ou le métal qui
f n’eft pas volatil fe diffout dans l’acide muriatique
; que Ton fait chauffer avec le réfidu, après avoir
| décanté la folution alcaline qui tient Tofmium en
I diffolution. En traitant alternativement piufieuis
i fois de fuite la poudre noire, 8c par la poraffe, &
î par l’acide muriatique, on parvient à la diffbudre
| complètement.
1 II faut remarquer cependant que l’alcali, en
| diffolvant Tofmium , diffout une certaine quantité
! d’iridium, & que l'acide muriatique , en diffolvant
l’iridium, diffout une certaine quantité d'ofmium.
I Pour obtenir Tofmium ifolé, on fature la foin-,
î tion alcaline avec l’acide fulfurique, & on diltille le.
mélange. A la chaleur de l'eau bouillante, l’oxide
d'ofmium fe voiatilife avec l'eau : on. précipite ce
métal, fous une poudre npire;, à l’aide du zinc &
d'une fuflifiuite quantité diacide muriatique. .Pendant
la diftillation de la folution alcaline, la portion
d’iridium que la potaffe a dilfoute, fe dépofe
fpontanément fous forme de lames de couleur
obfcure. .On peut encore obtenir l'oxide d’of-
mium en diftillant la poudre noire avec le nitrate
de potaffe } dès que le vafe rougit, l'oxide fe fu-
bfime, au cou de la cornue, fous Tafpeét d'un
fluide huileux, qui fe prend en maflé blanche,
demi-tranfparente par le refroidiffement : cette
matière, dont l’odeur eft ttes-forte , fe diffout
dans Teau, 8c lui communique fon odeur.
En faifant évaporer la diffolution d’iridium dans
l’acide muriatique, on a des criftaux de ce fel de
forme oétaédrique, & l’on obtient l’iridium pur
en faifant calciner les criftaux de ce muriate.
Procédés pour extraire les métaux exifians dans U
diffolution nitro-muriatique du platine.
i° .On précipite, par le muriate d’ammoniaque,
une diffolution de platine brut dépouillée de fon
excès d’acide par l’évaporation.
2V. On fait évaporer à ficcité la liqueur précipitée
j on rediffout le réfidu falin dans un peu
d’eau, & on précipite, au moyen d’une lame de
fer, les métaux contenus dans la diffolution.
30. On lave le précipité, & on le traite avec de
l’acide nitrique roible, qui diffout le cuivre, le
plomb & le fer qui peuvent y refter.
40. La portion du précipité fur laquelle l’acide
nitrique n’a point eu d’aélion , eft de nouveau
traitée par l’acide nitro-muriatique qui la diflouti
on rapproche la diffolution, puis on la précipite
par le muriate d’ammoniaque afin de feparer les
reftés du plaiine%
j*. On ajoute à la liqueur reftante une diffbîu- î
tion de muriate de foude j on évapore à ficcité : le
réfidu eft enfuite traité avec de l’alcool, qui diffout
le fel triple formé par le muriate de foude 8c le
muriate de palladium, fan's agir fenfiblement fur
Je fel triple du rhodium.
6°. On évapore à ficcité la diffolution alcoolique
du fel triple de palladium j on le rediffout
dans Teau, & on précipite la diffolution par le
prufliate de potaffe. Le prulfiate de palladium, calciné
enfuite, laiffe un réfidu que Ton traite par
l’acide muriatique pour féparer de ce métal le fer
provenant du prullîate de potaffe.
70. On diffout dans Teau le fel triple du rhodium
qui ne s’étoit pas diffous dans l’alcool > on
précipite par la potaffe l’oxide de ce métal, que
Ton réduit enfuite par la chaleur 8c à l’aide d'un
peu d’huile. '
Les quatre métaux du platine, féparés par les
moyens ci-deffus indiqués, ont chacun des propriétés
phyfiques 8c chimiques, qui non-feulement
les diftinguent du platine 8c des autres métaux
connus, mais qui ne permettent point qu’on les
confonde l'un avec l’autre. Nous renvoyons, pour
les détails de ces propriétés,,aux articles qui traiteront
de ces méraux en particulier.
Non-feulement 1 e platine ne s’altère, ni dans
fon brillant, ni dans fa couleur par une longue
expofition à l'air, ni même lorfqu’on augmente ,
beaucoup fa température ; il femble même Tém-
porter à cet égard fur l'argent & fur l’or ; car un
lingot ou une. plaque à futface bien polie & brunie
de ces trois métaux, rougie en même tems & au
même feu traverfé par l’air, éprouve, de la part
de l'argent 8c de l'o r , une légère altération dans
fa couleur, qui devient terne & matte , tandis que
le platine fort du feu 8c fe refroidit dans l'air en
confervant fon brillant 8c fon poli > ce qui dépend
de fa denfité beaucoup plus forte que celle de ces
deux métaux, & de; l’extrême rapprochement de
fes molécules.
La même inaltérabilité ou une indeftruélibilité
auffi parfaite ne par.oît pas exifter tout-à-fait au
même degré dans les grains de platine natif. Mac-
quer a obfervé que ces grains, fortement rougis
dans un creufet au feu de verrerie, prenoient, en
refrôidiffant dans l'air, une couleur terne 8c grife-
foncée, & qu'ils augmentoient de poids. La même
obfervation faite auparavant par Margraff, & d'accord
avec plufieurs autres faits analogues fur le
foncement de couleur de ce métal dans les cas ou
Ton parvint à l'oxider, femble annoncer qu'il.
eft fufceptible, après avoir été fortement rougi,
& lorfqü’on le tient plongé dans l’air pendant fon
tefroidiffement ^ d’abforber une foible proportion
d’oxigène, qui ne va à la vérité qu’à quelques millièmes.
Il eft vrai femblable que ces effets, & fur-
tout l’augmentation de poids, font dus à des métaux
étrangers.. ; . ’
Ch im ie . Tome V ,
j Ce phénomène , vu par tous les chimiftes qui
ont décrit Taétion d'un grand feu, combinée à celle
du contaél de l'air fur le platine en grains, n’em-
peche pas qu’on ne doive le regarder comme un
des métaux les plus inaltérables 8c les plus indef-
truélibles par Tatmofphère, comme un de ceux
qui y relieront les plus purs 8c le plus long-tems,
fans le plus léger changement 8c la plus légère
perte lorfqu’on l'y laiflera expofé en morceaux,
en barres , en lames, en feuilles ou en fils ; car, je
ne faurois trop le faire remarquer, il préfente une
plus grande denfité, & par conféquent une bien
plus forte immutabilité dans fon état de pureté,
& après avoir été comprimé, que lorfqu’ il eft
fous la forme de grains Sc de paillettes que lui a
donnée la nature. D’ailleurs ,. il faut remarquer
encore que beaucoup des auteurs que je fuis obligé
de citer pour offrir l'hiftoire complète des propriétés
de ce métal, ont fouvent opéré fur le
platine en grains natifs , & ont dû par conféquent
rapporter au fer , dont il contient au moins o ,o j,
les attractions dont ils l'ont ciu fufceptible 5 en
forte qu il y a toujours quelques corrections à
faire dans tous les énoncés d'obfervations faites
avant qu’on eût rendu plus communs les morceaux,
les plaques & les fils de platine purs, comme on le
fait aujourd’hui.
Malgré cette fingulière inaltérabilité du platine,
portée plus loin que celle de l’argent 8c d'e l’or,
elle n’eft cependant encore que relative aux foibles
moyens de divifîon & de température qui font à
notie difpofition. Les dernières expériences faites
par i oxidation au moyen de la violente commotion
eleCtrique, dues a M. Van-Marum , ont prouvé
qu'un fil de. ce métal fe bffoit & s’enflammoit
dans 1 air , s y difperfoit en pouffière femblable à
une fumée qui étoic un véritable oxide de platine.
En recevant cette pouffière fur un papier, ou en
, faifanc brûler ce métal affujetti fur un papier blarc,
on a , au lieu d une efpèce de fumée, uiie tache
grife-fale qui s'attache à ce corps, & qui Je pénètre
profondément pour ne pouvoir plus en être
détaché. On obferve une flamme blanche peu brillante
pendant cette efpèce de déflagration. Ainfi
dans la forte température, & par la divifîon extrême
que la commotion eleCtrique lui communique
, il s’allume , s’ènflamme, & brûle commè
tous les autres corps combuftibles j mais avec cette
violente combuftion, on ne peut pas regarder cet
effet comme la dernière oxidation du platine. II
paroît qu'il ne contient pas tour Toxigène qu'il
peut abforber 5 que ce n’eft qu'un premier oxide
qui peut aller plus loin dans fon oxidation, comme
on le verra par Taélion des acides fufceptibles de
l'attaquer. Au refte, on n’a pas encore recueilli
d'aflèz grandes proportions de cet oxide pour eh
reconnoitre; les propriétés, pour en déterminer
-l'augmentation de poids, & ce n’eft que par une analogie
, à la vérité bien forte , que Ton penfe qu’il
■ eft facilement décompofable5 & que l’aétion du
Kk k k