
volteadora , c’eft-à-dire, la tournante : Ton diamètre
ordinaire eft de trois pieds quatre pouces, &
Ton épaiffeur de dix jufqu’à quinze pouces. Elle
eft traverfée dans fon centre par un axe affembié
dans le grand arbre, qui, la faifant tourner dans
fa pofition verticale, écrafe la pierre extraite de
la mine, que les gens du pays appellent le métal,
& les Français le minerai. 11 y en a de blanc , de
rougeâtre. & de noirâtre > mais la plupart ne montre
point d'or à l'oeil. Dès que les pierres font un
peu écrafées, on y jette une certaine quantité de
mercure qui s’attache à l’or que la meule a féparé
de fa roche. Pendant ce tems on fait tomber, dans
l ’auge circulaire, un filet d’eau conduite avec rapidité
par un petit canal, pour délayer la terre
qu’elle entraîne dehors par un trou fait exprès}
l’ or incorporé avec lp mercure tombe au fond, &
y demeure retenu par fa pefanteur. ^
On moud par jour un dëmi-caxora, c’eft-à-dire,
vingt-cinq quintaux de minerai, & quand on a
ceflé de moudre on ramaffe cette pâte d’or &c de
mercure, qu’on trouve au fond de l'auge : on la
met dans un nouet de toile pour en exprimer le
mercure autant qu’il eft poffibie.
On appelle l'or qu’on a obtenu de cette façon,
or en pignes. Pour achever de dégager le mercure
de cet or, on diftille ces pignes dans de grandes
retortes, 8c quand le mercure en a été entièrement
féparé, on le fait fondre dans des creufets,
& on le met en lingots ou en lames. Ce n eft
qu’alors qu’on peut connoître fon poids & fon
véritable titre : ce titre varie, 8c tout l’or qui fe-
trouve n’eft point également pur} ce qui vient dp
plus ou du moins d’argent, ou même du cuivre
auquel il eft uni. Les Efpagnols comptent le titre
^>ar quilates ou karats, qu’on borne à vingt-quatre
pour le plus haut, ou pour défigner For parfaitement
pur. Celui que l’on obtient des pignes eft
communément au titre de vingt à vingt-un quilates.
Cinquante quintaux ou chaque caxon de minerai
donne communément quatre , cinq 8c fix onces
d’or. Quand il n’en fournit que deux, le mineur
ne retire que fes frais , mais il eft quelquefois bien
dédommagé quand il rencontre de bonnes veines.
Quant à l ’or qui fe trouve dans les rivières, on
l'obtient en lavant le fable de leur lit : on choifit
pour cela les endroits où la rivière fait des coudes,
©û fes eaux vont frapper avec violence , 8c où il
s'eft' amaffé du gros fable ou gravier. Ceux qui
s'occupent de ce travail fe nomment orpailleurs ;
ils commencent par paffer ce fable à la claie , afin
de féparer les pierres les plus groffières : on met
enfuite le fable qui a paffé dans de grands baquets
remplis d’eau 3 on jette ce fable avec l’eau lur des
morceaux de drap groffiêr ou fur des peaux de
mouton tendues fur. une cjaie inclinée : par-là l’or,
qui eft ordinairement en particules très-fines, s’attache,
avec le fable le plus fin, aux poils du drap
ou de la peau de mouton, qùe l’on lave pour en
féparer 1 or 8c le fable. Pour achever enfuite la
féparation de l’or d’avecje fable auquel il eft joint,
on en fait, le lavage à la fébile, c’eft-à-dire,- dans
une écuelle de bois dont le fond eft garni de rainures
: on l’agite par fecouffes 8c en tournoyant}
le fable, qui eft plus léger, s’en va avec l’eau par-
deffus les bords de la fébile, tandis que l'or rt fte
au fond. L’or que l’on obtient de cette manière
eft quelquefois très-pur} quelquefois il eft mêlé
avec de l’argent ou du cuivre.
L’or a beaucoup de difpofition à s’unir avec le
mercure} c’eft fur cette propriété qu’eft fondé le
travail par lequel on féparé ce métal des terres,
des pierres & du fable avec lefquels il fe trouve
mêlé, comme on l’a fait voir dans le cours de cet
article. C’eft auffi fur ce principe qu’eft fondé l’art
de la dorure, ou d’appliquer l’or fur les autres
métaux} c’eft ce qu’on appelle or moulu.
Vocabulaire des principaux termes employés dans l'art
de retirer For de fes minéraux.
Amalgamation, c’eft l’opération par laquelle on
unit l ’or avec le mercure.
Amalgame eft le réfuîtat de l’amalgamation.
Caxon tÇt une quantité de minéraux d’or faifant
cinquante quintaux. -
Granulation de l'or, manière de réduire ce métal
en grenailles.
Pignes : les Efpagnols donnent ce nom aux boules
d’or amalgamé avec le mercure.
Quartation de l ' o r c’eft unir, par la fonte, une
partie de ce métal à trois parties d’argenr.
Quildte eft un terme efpagnol qui fignifîe karat,
en lorte que de l’or à vingt quilates eft la même
chofe que de For à vingt karats.
Or, métal précieux} différentes manières de le
retirer de fes minéraux.
Orpailleur eft l’ouvrier qui, par le lavage, retire
For des fables des rivières*
Trapich.es, efpèces de moulins dont les Efpagnols
fe fervent au Pérou pour broyer les minéraux.
d’or, 8c en même tems faire l’amalgamation
de ce métal avec le mercure.
Volteadora eft une meule tournante qui broie
les minerais d’or au Pérou. (M. D uh am e l .)
Or. (Métallurgie. ) ( i) Nous allons traiter dans
cet article, des differens moyens qu’on emploie'
pour.extraire l’or des minerais. Nous examinerons
d’abord le traitement des minerais d’or proprement
dits, puis celui des minerais d’argent, de
cuivre, de plomb, qui font aurifères.
I. Traitement métallurgique des minerais d'or.
Les procédés que l’on emploie pour extraire
■ (i) J’ai' cru devoir joindre à l’ârticlè'précédent, fourni,
il y a beaucoup d’années par M. Duhamel, un nouvel article-
qui m’a été adrèifé par- le Confeil par M. Dajjbuiffon, contient des ddeést aMilsi nneos,u v6ce aquuxi,, treéndaignét ,
aux progrès que la métallurgie a faits depuis vingt ans,
l ’or
Y or des fubftances qui le contiennent, varient fui-
vant la nature de ces fubftances & félon la grandeur
du contenu.
i° . Lorfque For fe trouve à l’état métallique,
en maffes 8c pépites, comme en Amérique, en
Irlande j au Sénégal, on fe contente de le recueillir
au milieu des matières dans lefquelles il fe trouve,
& de te fondre de fuite dans des creufets. Lorf-
qu’il eft fondu, on y ajoute du borax, du nitrate
de potaffe, 8c quelquefois même du nmriate de
mercure : on remue le mélange, & puis on le
coule. L’or qui fe trouve ainfi en maffes contient
ordinairement du fer 8c un peu de cuivre. Le
nitrate de potafle fert principalement à oxider le
fer 8c le cuivre} le borax, à caufe de la foude
libre qu’il contient, agit comme diffolvant fur
l’oxide de cuivre} le muriate de mercure eft dé-
compofé} fon acide contribue à l’oxidation du fer
& du cuivre , & le mercure eft volatiiifé. Ce travail
dure deux ou trois heures.
2°. Lorfq.ue l’or qu’on trouve dans la nature eft
audeffous de ( dix-nèuri vingt karats) huit cents
millièmes du fin, on le mêle avec du plomb, &
©n le coupelle, ou bien on le fond dans des creufets
avec du fulfure d’antimoine. L’or s’unit avec
l ’antimoine } le fer, le cuivre 8c le plomb qui peuvent
fe trouver avec lui, fe combinent avec le
foufre : on expofe enfuite l'antimoine à l'aftion
du feu dans des capfules plates} ce métal s’évapore
, 8c l'orrefte pur.
3°. Lorfque For fe trouve difleminé en petites
paillettes dans des gangues pierreufes, on commence
par griller ces gangues en plein air, puis
on les bocarde, on les lave fur des tables, & en-
fuite à la fébile. Le grillage a pour objet de rendre
les gangues plus friables, de manière à ce quç
le bocardage les brife plus facilement & mieux.
Le lavage fur les tables concentre le métal dans
une moindre quantité de parties terreufes, & le
lavage à la fébile en opère enfuite la féparation :
de forte qu’après cela il ne s’agit plus que de
fondre les paillettes dans des creufets avec du fal-
pêtre & du borax, ou de les mêler avec du plomb
Sc d’affiner.
4°. L’or fe trouve quelquefois mécaniquement
combiné avec d’autres fubftances , où il eft diffé-
miné en fi petites particules qu’on ne fauroit l’en
féparer par le lavage fans éprouver une perte con-
fidérable. Dans ces cas, il faut avoir recours à des
moyens chimiques pour effectuer la féparation. Si
les minerais font riches, on n’emploie que ces
moyens} mais on y joint les moyens mécaniques
loriqu’üs font pauvres. • ■ Sï
Les minerais pauvres, ceux qui ne contiennent
que (un trente-deuxième à demi-once par quintal)
de o,CG02 à o>ooo3 , font d’abord grillés,
-bocardés, lavés : le métal s’y trouve ainfi concenr
tré. Le grillage n’a pas feulement ici pour objet
de rendre le minerai plus friable, mais encore de
déco.mpofer les fubftances qui accompagnent \’ors
Chimie. Tome V.
telles que les pyrites, & d’oxider le fer & le
cuivre.
Les minerais riches, ceux qui contiennent plus
de 0,0003 (demi-once par quintal) , font firnole-
ment triturés, & puis fournis aux traitemens chimiques.
On trouve en quelques endroits de l’or diffé-
miné dans des pyrites. Lorfqu’on veut en retirer
le métal, on commence par les bocarder, les laver
& les fondre : on obtient ainfi une matte aurifère.
Les procédés chimiques au moyen defquels on
extrait For de fes minerais, font la fonte 8c l’amalgamation.
A. Dans la fonte, on a deux opérations à dif-
tinguër.
i °. Celle par laquelle on produit une matte dans
laquelle paffe tout For contenu dans le minerai.
Cette opération n’a lieu que pour les minerais
pyriteux & pauvres en or. On les mélange avec
des fcories fufibles, 8c on les fond dans les fourneaux
ordinaires de fonderies» Le fuifure de fer
diffout l’or, & forme une matte aurifère : les
autres fubftances qui étoient dans les minerais fe
rëduifent en fcories. On grille enfuite plusieurs
foi« la matte pour en chaffer le foufre , 8c enfuite
on la traite par la fonte au plomb, ainfi que nous
l'allons dire.
2°. Cette fonte, dont le produit eft du plomb
d’oeuvre, s’emploie pour extraire l’or, fort des
mattes dont nous venons de parler, foit des minerais
riches en or. Cette opération eft fondée fur
l’affinité du plomb avec l ’or, & fe fait dans des
fourneaux ordinaires ; mais les détails du procédé
éprouvent des variations d’un lieu à un autre.
( Voyeç les détails relatifs a cette fonte aux mots
A r g e n t & P l o m b . )
Dans quelques endroits on fond les minerais aurifères
, foit crus, foit après les avoir grillés y avec des
minerais de plomb grillés ou avec des fondans plombi-
fères, tels que la litharge, le teft des fourneaux
de coupellation , des plomb - d’oeuvres pauvres.
Dans cette fonte l’oxide de plomb fe réduic ; il
s’empare de l'or, 8c forme un plomb-d’oeuvre
aurifère. L’acide fivlfurique qui étoit dans les minerais
grillés eft défoxigéné , & , fe combinant
avec du plomb, il donne naiffance à une matte de
plomb aurifère. |
Dans d’autres endroits on allie les minerais d'or
& mattes (fulfures de fer) aurifères avec des minerais
de plomb non grillés , oit bien on les décompofe
par le fer ou par la chaux qu'on y ajoute. Dans l’un 8c l’autre cas , la plus grande partie du foufre contenu
dans les minerais de plomb s’empare du fer
pu de la chaux, le plomb chargé de l’or fe précipite
à l’état métallique, & forme une oeuvre aurifère}
une autjre partie du foufre, fe combinant avec du
plomb, donne lieu à une matte de plomb également
aurifère.
Au défaut de minerais de plomb, on feiprocure
Q<J