
aucune couleur, & fon odeur extrêmement piquante,
que les uns ont comparée à celle du raifort
, & d’autres à l'odeur de l'acide muiiatique
oxigéné. C ’eft de cette dernière propriété que
JVI. Tennant a tiré le nom d’ofmium, du mot grec
> odeur. Nous avions déjà trouvé ces caractères,
& nous en avions tiré le nom de ptène , auquel
celui d’ofmium, que nous préférons, a été
iubftitué.
Voici le procédé que l’on emploie pour extraire
Vofmium de la poudre noire du platine brut. On
calcine cette poudre avec un poids égal de potafle
cauftique : les deux métaux s'oxident, Vofmium
ou le métal volatil fe diflbut dans la potafle, l'iridium
ou le métal qui n'eft pas volatil fe diffout
dans l ’acide muriatique-que l’on fait digérer fur
le réfidu après avoir décanté la' folution alcaline
qui s’eft emparée de Vofmium. En traitant alternativement
pluffeurs fois de fuite la poudre noire,
& par la potafle, & par l’ acide muriatique, on
parvient à la diffoudre complètement, & à féparer
entièrement les deux métaux qui la conftituent.
Pour obtenir Vofmium ifolé, on fature la folution
alcaline avec de l'acide fulfurique , & on
diftille le mélange à la chaleur de l’eau bouillante ;
l’oxide d‘ofinium fe volatilife avec l’eau, ou précipite
ce métal fous la forme d’une poudre noire
à i’aide duzinc & d’une fuffifante quantité d'acide
muriatique. On peut encore obtenir l’oxide d’of-
mium en diftillant la poudre noire du platine brut
avec du nitrate de potafle. Dès que le vafe rougit,
l’oxide fe fublime, au col de la cornue, fous l’af-
pe# d'un fluide huileux , qui fe fige en mafîe blanche
, demi-tranfparente , par le refroidiffement.
Cet oxide eft tellement volatil, qu'au conta# de
l’air il s'échappe en gaz prefqu'inftantanément. Au
bout d’un certain tems, & à la température de
quinze à,dix-huit degrés, il fe gazéfie & fe diflîpe
quoi qu’en fermé dans un vafe bouché avec du
liège. Le bouchon noirci par le paffage de l ’oxide
attefte fa converfion en gaz, & fa fortie du vafe à
travers les pores du liège.
Les caractères principaux de la difTolution de
l ’oxide d’ofmium dans l'eau font d’avoir une
odeur extrêmement piquante, de fe colorer en
très-beau bleu par quelques gouttes d'infufion de
noix de galles, de colorer en noir toutes les fubf-
tances organiques d’une manière indélébile, & de
fe précipiter de fes difîolutions, fous forme de
poudre noire, au moyen du zinc & de l’acide
muriatique. Cette poudre noire, expofée à une
chaleur peu confidérable , fe fublirfte bientôt à
l’état d’oxide blanc huileux, à la voûte & au bec
de la cornue. Dans cet état d’oxide blanc, Vofmium
ne paroit pas s’unir aux acides; au moins il
ne perd pas {on odeur par leur conta#. Il ne fe
trouve pas dans la difTolution du platine comme
.l’iridium, & il n’ entre pas avec ces deux métaux
dans fes Tels triples que leur difTolution forme avec
les alcalis.
M. Tennant a remarqué qu'il fe dégage une certaine
quantité d'oxide blanc ,.odorant, d’ofmium
pendant la difTolution du platine brut dans l'acide
nitro-muriatique. Il a ajouté aux propriétés déjà
reconnues par les chimiftes français, que la diflb-
lution de l'oxide d’ofmium dans l’eau devient jaune
avec l’ammoniaque , prend un jaune léger avec le
carbonate de foiide, un jaune brillant avec la
chaux; que lamême difTolution précipite le nitrate
de plomb en brun, celui de mercure en blanc, &
Je muriate d'étain en brun.
. P>Près le même chimifte, l’alcool & l'éther
précipitent, au bout d'un certain tems, plus long
pour 1 alcool, l'oxide d’ofmium .de fa difTolution
aqueufe foqs une couleur foncée.
Tous les métaux, excepte l’or & le platine,
enièventf’oxigène à Vofmium, lui ôtent fon odeur,
& le précipitent en poudre noire- ou grife. Le
phofpnore produit le même effet : le mercure, en
le précipitant, s’amalgame avec lui..
M. Tennant penfe que ce métal n’eft pas volatil
par. lui-même, & qu'il ne le devient que par le
conta# de l'air. Il n’a pu le fondre ni lui faire
fubir aucun changement en le chauffant au blanc
dans le creux d'un charbon ; à cette chaleur, il
s’eft fondu avec l’or & avec l’argent , & a formé
avec l’un & l’autre des alliages malléables.
Le métal pur, lorfqu'il a été préalablement
chauffé, ne paroît pas fufceptible d’être attaqué
par les acides. L'alcali cauftiquè l’attaque par la
chaleur, & forme avec lui une combinaifon q.ui,
diflbute dans l’eau, eft jaune : les acides en réparent
l'oxide d’ofmium, qui jouit alors de toutes les
propriétés dont on a parlé.
On peut juger par lés faits qui viennent d’être
expofés, & fur lefquels s'accordent les chimiftes
qui fe font occupés, de Vofmium, que ce métal a
des propriétés très-finguliéres & tellement tranchées,
qu’on ne peut le confondre avec aucune
des fubftances métalliques déjà connues. On ne
fait point encore s’il pourra être rangé quelque
jour dans la claffe des métaux utiles : fa rareténe
permet pas de Tefpérer; mais on ne peut douter
que des recherches ultérieures n’ajoutent par la
fuite à l'intérêt que fon hiftoire, à peine ébauchée
, a déjà fu infpirer aux chimiftes & aux amis
des fciences phyfiques.
OSSIFICATION. Quoique les phénomènes chimiques
ne foient pas fuffifans pour expliquer la
phyfique animale , ils ont fur cette fcience une
influence qui ne doit pas être négligée. Leur application
à la nutrition ou à l'ojfification des os peut
avoir quelqu’utilité, comme on va le voir par les
détails qui luivent.
Le tiffu offeux, compofé d’un mucilage gélatineux
épaifli qui en fait le parenchyme organique,
& de phofphate de chaux dépofé dans les aréoles
du premier, foit fous la forme de grains, foit fous
celle de filets fibreux, foit à l’état de lames imbriquées,
quées, n’eft bien connu que par les travaux chimiques
des Modernes. L’a#ion de l’eau & des leflives
■ alcalines ou falines fur le corps gélatineux qu'elles
diffolvent, celle des acides qui, en enlevant le
phofphate de chaux avant la gélatine , ramolliffent
les os, & les rendent tranfparens en même tems
que cartilagineux ; la calcination qui, en décom-
pofant & en détruifant la fubftance gélatineufe,
ifole le phofphate de chaux fi elle a été continuée
alfez long-tems ; la leflive de ces os calcinés au
blanc, qui, en féparant quelques portions de mu-
riate & de carbonate de foude, contribue à purifie^
encore le phofphate de chaux dont leur bafe
eft compofée :_ces aiverfes opérations analytiques ;
ne laifleut rien à defîrer fur la connoiflance dé ces i
organes folides.
La compofition des os une fois bien déterminée1,
il eft devenu plus facile de concevoir le
mécanifme de leur formation, qU'on nomme oftéo-
gériie. Les os du foetus forti de l’oeuf ou de la
matrice font des efpèces de rriembranes molles &
tranfparentes, dans la duplicatuie defquelles le
phofphate de chaux fe dépofe, & dont il remplit
les aréoles. Ce fel terreux ne fe précipite pas feûl
& pur, comme le prouvent les concrétions calcu-
leufes de la yefïie & des autres régions, dans lef-
quelles on trouve le phofphate infoluble uni à une
matière gélatineufe. La formation rapide des os
dans les premiers tems de la vie s'explique par la
furabondancë du phofphate de chaux, due , foit à
la nourriture, foit à la non-évacuation de ce fel
dont l’urine de l’homme eft privée à cet âge.
I! n'y a pas de doute que le phofphate calcaire
-ne foit porté dans les os par le liquide fanguin,
qui y pénètre1 par des vaifleaux a fiez nombreux
pour rendre leur couleur rofée dans les animaux
nouveaux nés, & dans l’analyfe duquel on trouve
ce fel terreux. Le chyle verfe fans cefle les matériaux
offeux dansjé fang , puifque le phofphate
de chaux exifte dans tous les ali mens, & furtout
dans Mes végétaux farineux ou dans les matières
animales. L'examen de la-farine de froment nous
a prouvé, à M.' Vauqùelin & à moi, que l'homme
prend tous les jours entre trois & quatre grammes
de pholphate calcaire dans la quantité de pain qui
fait fa nourriture la plus abondante, ’& que ce fel
eft en général une des matières indiffolubles &.-
fixes les plus confiantes & les plus communes dans
les réfidus infipides & comme terreux des fubf- :
tances alimentaires végétales & animales.
Lorfque là parenchyme membraneux primitif
des os du foetus humain eft affez chargé par le
dépôt du phofphate calcaire gélatineux qui s’y
raffemble ; lorfque le premier travail de Vojjification
eft affez avancé pour que les os foient bien
formés, folides &tfufceptibles de réfifter aux efforts
des mufcles , pour ne point fe courber par leurs
mouvemens divers,;l’excès de phofphate infoluble
fe porte dans quelques régions particulières, lès
dents fe durciffent, s’alongent & fortent de leurs !
Chimie, Tome V .
alvéoles; l’urine évacue la furabondancë de ce fel
qu’elle ne contenoit pas avant cette époque. Dans
les mammifères, où ce liquide ne contient point
ou ne contient que très-peu de phofphate, il fe
dépofe dans le poil qui recouvre leurs corps, dans
la corne qui garnit leurs extrémités, dans les appendices
cornées qui chargent leur tête , ou bien
il fort par la peau avec leur humeur cranfpiratoire,
& il. eft partout accompagné de la fubftance gélatineufe
avec laquelle on le trouve conftamment
mêlé dans le corps animal.
Si, par une çaufe quelconque, le couloir naturel
du trop plein de phofphate calcaire ne s’évacue
point dans la proportion convenable, le corps fe
difpofe à la concrétion, fe porte dans une foule
de 1 ieux où il fe dépofe : c’eft ce qui arrive dans
l'âge avancé , où les os , furchargés de phofphate
terreux, deviennent caftans; où ce fel fe déprfe
dans les tendons , dans les parois vafculaires, d’abord
vers les~extrémités, dont le mouvement eft
lent difficile, enfuite, & peu à peu, de ces
extrémités vers le centre & jufque dans les gros
vaifleaux de la bafe du coeur. C'eft ainfi que fe
forment d’abord les os fefarnoïdes vers les extrémités
des tendons des doigts, enfuite les ojfifica-
lions des tendons , des ligamens, des membranes
capfulàires, vers les articulations, puis enfin les
concrétions offeufes qui prennent la place des parois
membraneufes & molles des veines & des
artères. Ainfi, dans l ’exiftence prolongée de l'homme
& des animaux, naît peu à peu la caufe de la
• mort fénile & naturelle, dont la lenteur dans les
inouvemens eft la fource néceffaire , & dont un
fymptôme précurfeur eft la furabondancë & la
déviation du phofphate calcaire.
OSTEOCOLLE. On nomme ainfi , en hiftoire
naturelle, médicale ou pharmaceutique, une in-
cruftation calcaire faite par les eaux fur des branches
d'arbre qui fe font détruites, & qui ont laiffe
à leur place 0. dans l'intérieur un vide quelquefois
rempli par du carbonate de chaux en poudre.
Comme cette incruftation imite, un peu le tiffu
diploïque de quelques os, & comme , à une cer-
tàiné époque, on attribuoit aux produ#ions naturelles
des vertus d’après leur forme & leurs
analogies avec les parties du corps humain , on
avoit imaginé que la fubftance dont il eft queftion
dev o i ü. fa y grife r le col & l’agglutination des os
brifés, & cVft d’après cette propriété imaginaire
qu’on Tavoit nommée ofiéocolle. On ne croit plus
depuis long-tems à cette vertu, & on n’emploie
plus Vofiéocolle pour coller les os.
OSTEOGENIE : partie de l’anatomie & de la
phyfiologie qui s’occupe à rechercher & à exp’i-
uer les caufes & les phénomènes qui ont Heu
ans la formation & dans la nourriture des os.
Tout ce que la chimie, qui a fait connoître la
vraie nature de ces organes, peut fournir de lu-
V v