
corps étrangers* la pouffîere meme, tout fe fëpà're
à l'inAant & complètement par ce mouvement ,
8 c le charbon tombe très pur à côté de celui qui
lé jette.
Dans le département d’Indre-&-Loire & ceux
envirormans* le bois de bourdaine eft d'une très-
foible venue j il s'y trouve rarement au-delà de la
groflèur d'environ deux centimètres ( neuf lignes)
de diamètre ; & comme le charbon s'en fai foit à
une diftance adez confidërâble de la poudrerie du
Ripault, il y pat venoit ordinairement en grande
partie brifé & réduit à de très-petits morceaux. Il
était impoffible de le trier dans cet état, même
en y employant beaucoup d'ouvriers, de manière
à pouvoir s'aiîurer qu’il T)'y reltoit pas des corps
étrangers j c'eft ce qui* après différens autres ef-
fais, détermina- à adopter * comme le meilleur 8 c
le plus fatisfàifant fous tous les rapports* le mode
indiqué. Deux ouvriers peuvent facilement, dans
un beau jour* nétoyer ainfi au moins cent fnyria-
grammes ( deux mille livres ) de charbon. Il fuffit
qu'ils aient la tète & le cou garnis d'une toile ou
d'un fac 5 ils pourroient également fe fervir d'un
mafque avec des ydux de verre. Ils n'ont autre
chofe à faire qu'à jeter au vent le charbon* qu'ils
prennent avec des pelles de bois, dans des chappes ;
ou des paniers qui font placés derrière eux* & dé :
s’arrêter de tems en tems pour balayer. Les pierres*
la terre 8c les brûlots font en grande partie !
lancés hors de la plate-forme s'ils ont foin de jeter
allez fo it, & le pouffier eft porté du côté oppofé
au vent.
Voici* fur la préparation du charbon, quelques >
faits uriles, dus à M. Robin* commilfaire des
■ poudres à Eflonne* chargé de faire, fur cette matière
* des recherches dont il s'eft acquitté avec
beaucoup defagacité 8c d’utilité pour l’art.
Les charbons défaille, de peuplier de France?
8 c d'Italie * de cornouiller,, lui ont donné des ré-J;
fultats peu inférieurs à ceux du charbon de bour- (
daine. Celui de faille eft employé* dit-on, en
Angleterre} il l’eft aufli dans quelques cantons
du midi de la France. .
En Efpagne, on emploie excîulîvement le char-
'bon de chanvre } il fert également dans une partie*
de l'Italie. M. Robin a fait avec ce charbon une
p o u d r e fupéfieure à celle qui a été fabriquée COm-
parativement avec le charbon de bourdaine.
Malgré ces avantages * le bourdaine a été juf-
qu’ici préféré comme ayant le plus fou vent donné :
■ les réfultats les plus avantageux * comme n'étant
employé dans aucun art* croiflant fous les bois,
pouvant être exploité en tout tems fans nuire aux .
arbres fo'reftiers. Celui qui croît dans les terrains :
fecs & fabloneux eft le meilleur ; il contient plus
de principes ligneux * & par conféquent donne
plus de charbon.
Les procédés de carboriifation varient fuivant
les poudreries où on les pratique. A Rouen , on
"fabrique le charbon dans des chaudières enterï
é e s e n petite quantité à la Fois5 ailleurs on fe
fert de foffes plus ou moins grandes } à Edonne
on opère dans des fours. Partout, au relie * on le
fait bien quand le bois eli de bonne qualité * &
quand l'ouvrier eft intelligent & attentif.
Dans l'jnftru&ion on reproche au four l'inconvénient
de ne pas biffer dégager la fumée & de
la dépofer fur le charbon * qui fe recouvre alors
d'une croûte luifante. Cela n'a lieu que dans les
fours mal conftruits * ou lorfque le bois eft très-
humide. Dans un four bien confiruit il fe forme
naturellement par la dilatation de l'air deux cou-
rans} l'un inférieur, produit par l'air froid qui
entre 8 c qui fert à la combuftion } l'autre , fupé-
rieur * produit par l'air * réfidu de la combuftion*
qui entraîne la fumée. Je n'ai prefque jamais de
charbon encroûté, me dit M. Robin dans fes
notes* & j’en ai vu fou vent fortir des fofles dans
cet état} ce qui doit être occasionné par la né-
ceffité de couvrir les fofles avant que la combuf*
tion foit totalement opérée.
M. Prouft a fait des recherches très-intéreflan-
tes fur la combuftibilité comparée des divers
charbons. Voici un tableau qui en préfente les réfultats
utiles :
Charbons
de
D TJ R é B
comparative ' la" de ' combuftion
d’un mélange
de 0,60
de falpêtre
6c
12 de charbon.
Poids
du
réfidu refté
dans
le canon.
Gaz
produit.
Afphodèle .' . . ■ ïo fécondés. 12 » pouces.
Chanvre. . . . !|‘0 • '
Sarment. . . . 12 64
Pin. . . . ., . . J7 3o 66
Bourdaine . . . 20 24 ■ À F u fain. . . 21 66
Coudrier. . . . ' 23 3b 72
Châtaignier . 2 6 36 66
No yer'. . . . . 29 ■ • y s>
Alçohol . . . 36 » 55
Sucre * f . . . . . '
Charbon de cerrc 79 1. 55
'(coak)* . . ‘y ‘60 .
D u fo ù f r e .
, On employoit autrefois * pour la fabrication de
la p o u d r e , le foufre purifié par la fufion & décanté
dans fa partie fupérieure, ou éclaircie par le repos.
Depuis quelques annéés on fe fert du foufre raffiné
par la fublimation & par un procédé dû aux
frères de Marfeiile* qui l'ont communiqué à la
Régie des p o u d r e s . C'eft le plus beau , le plus pur
& le plus tranfparent des foufres raffinés. Depuis
qu’on le poflècle dans le commerce * il eft diffi- |
cile d'en admettre d'autre* excepté pour les ouvrages
communs. Cette méthode eit donc une
amélioration notable dans la fabrication des pou^
dres.
D e la f a b r i c a t io n d e la p o u d r e . t
P r o c é d é a n c ie n . Les proportions de compofitiqn
de la p o u d r e ont beaucoup varié : les derniers ré-
glemeos fixent feulement la quantité de nitre à
foixante-lèize pour cent.
On n'en met que foixante-cinq pour cent dans
la p o u d r e de mines.
La p o u d r e appelée d e tr a i t e ne diffère guère de
celle de mines que parce qu'elle eft en plus petits
grains 8 c liflee.
Le mélange ne peut être exaétque par la pul-
yérifation 8c la trituration.
Le foufre eft pulvérifé d'avance & paffe au ternis.
Toutes les matières étant réunies dans les
proportions indiquées * 8c diftribuées dans des
vailfeaux de bois par parties de vingt livres * on
les porte au moulin.
Une roue à aubes ou à pots , mue par un courant
d'eau, fait tourner deux arbres dont chacun
eft garni de douze cames qui lèvent alternativement
un pareil nombre de pilons.
Les pilons * rangés fur deux files * fopt contenus
entre deux jumelles * ils font de bois* garnis
à l’extrémité d’une boîte de potain. Leur élévation
eft de quatorze pouces } ils pèfent en tout
quatre-vingts livres , 8c battent de cinquante à
cinquante-cinq coups par minute. Au deiious font
autant de mortiers creufés dans une forte pièce
de bois, fçlidemenc établie fur un malfif de maçonnerie*
8c maintenue par des fers.
Chacun de ces mortiers étant chargé de dix
kilogrammes (vingt livres) de mélange, on l’ar-
rofe d'une pinte d’eau ; l'on remue avec une fpa-
tule de bois ou un bâton, 8c on lève la vanne
pour faire jouer les pilons.
La durée du battage étoit précédemment de
vingt-une heures : on l'a déjà réduite de quelques
heures } elle peut être bornée à douze en rapprochant
& multipliant les rechanges.
On appelle r e c h a n g e l'opération qui fe fait régulièrement
à différens intervalles, & dont l'objet
eft de difpofer la matière contenue dans les
mortiers , pour que l’a&ion du pilon y produife
plus d'effet pour le broiement 8c le mélange * &
pour prévenir en même tems le danger de 1 iuflam-
mation par une pereuffion répétée fur une matière
tafîee par les premiers coups* durcie à un certain
point dans le fond des mortiers,& qui commence
à s’échauffer paf le mouvement.
Le rechange eft donc une opération indifpen-
fable, & qui mérite la plus grande attention. Pour
l ’exécuter, on commence par arrêter la roue &
relever les pilons que l’on arrête en y paffant une
cheville au deflus de lamoife*
On vide en fui te le premier mortier de chaque
file * 8c on met la matière dans une caiffe de bois
appelée c o u lo i r . On pafle la matière du fécond
mortier dans le premier* celle du troifieme dans
le fécond* & ainli fucceflivement ju[qu'au dernier,
dans lequel on verfe ce qui a été mis dans le couloir.
Les mortiers doivent être complètement vidés
* les culots des fonds brifés, les parois bien
nétoyées de la p o u d r e qui s'y eft attachée. Chaque
Ouvrier a pour cela une m a in , qui eft unp lame
de cuivre un peu courbée.
“ On fait ordinairement fept ou huit rechanges;
le premier une heure après le chargement > les autres
de; trois heures en trois heures : on arrofe à
chaque fois d'un peu plus ou un peu moins de huit
onces d'eau , fuivant la rajfon 8 c l'état de féche-
refle ou d'humidité de la matière.
Le battage fini * la çompofition eft retirée des
mortiers * 8 c portée en un lieu fe c, où on la laide
féjourner quelques jours pour s'efforer, c'eft-à-
dire * pour perdre fon humidité furabondante 8 ç
acquérir un peu de confiftance.
De là elle paffe au grainoir. On en met une cer-r
taine quantité fur urpcrible formé d'une peau tendue
8c percée de trous fort rapprochés, de deux
lignes de diamètre. On place fur la p o u d r e un
tourteau de bois dur de cinq pouces de diamètre
& d'un pouce d'épaifleur. On agite circulairement
le crible* & le tourteau* preflant la poudre* 1*
force de paffer par les trous du crible * en grains
un peu anguleux.
On. répète l'opération fur un crible dont les
trous font plus petits, 8c l'on obtient la p o u d r e dq
guerre.
Cette p o u d r e fe trouvant mêlée de p o u d r e fine
8c de pouffier, on fépare la première au moye**
d'un troifième grainoir, le fécond par des tamis.
Pour donner la dernière façon à la p o u d r e fiuç
qui fe fabrique à part, on la porte dans des tonneaux
q u i, tournant fur leur axe par le moye^
d’un courant d'eau * produifent entre les grains
p o u d r e un frottement qui les polit. Chaque tonneau
contient deux cents livres : la p o u d r e y refte
douze heures} c'eft ce qu’on nomme le H J fage.
La p o u d r e fine * grainee & liftée, eft étendue
fur des tables de bois garnies de toiles* pour fé-
cher à l'air ou au foleil.
La p o u d r e de guerre paffe immédiatement du
grainoir au féchoir.
Ces p o u d r e s étant fèches font encore repoufle-
tées ou repaffées fur le tamis pour en féparér te
pouffier.
Ces p o u d r e s fe mettent dans des barils de cent o»
deux cents livres. La p o u d r e & d’abord enfermée
dans un fac d’une toile ferrée } les barils de deux
cents font recouverts d'une chappe.
Le pouffier féparé par le tamis efl reporté aa
moulin, où* après l’aErofage & un battage de deux
ou trois heures * il redevient fufceptib-le de donner
du grain*