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continuelle réprodu&ion s’oppofe à ce que ces
antiméphttiques produiient l'effet defiré ; & lorf-
qu on eft alluré de fa préfence & de fa continuité,
H ne relte d'autre moyen de le détruire I que de
combler la cavité ou de la clorre foiidement par
une voûte bien faite.
..JP- E spèce. Méphitifme des puits, &c. Celui-ci
d.ftere du precedent en ce qu'il n'eft qu'acciden-
te l, & lorfqu il en formé, comme cela a lieu le
pms fouvent par de 1 acide carbonique 3 il eft évi-
dent que les moyens propofés pour la première
elpece , lui font applicables avec un fuccés certain.
Si fa nature confifte, ainfi que cela paroît
arriver quelquefois, dans le gaz azote, on peut
en prévenir & en éloigner le danger en excitant
dans e puits un courant rapide, à l'aide d’un brader
allumé, placé à fon ouverture. Après quel-
ques heures, le gaz eft dilfipé, & l’on s’en affûte
parla duree des corps allumés, plongés dans la
couche auparavant méphitifée.
III . E spece. Mepkitifme des mines & carrières
La vie des mineurs ayant fouvent été menacée par
l pr?ff nf e des mofèces dans les galeries, on a
cherché des moyens de les garantir de leurs terribles
effets. Lorfque le gaz délétère eft inflammable,
on 1 allume avec une torche placée au
bout d un bâton, & on le détruit par l’inflammation
& la détonation. Si c’eft de l’acide carbo-
nique ou du gaz azote , on pratique des puits
d aération pour déterminer des courans qui déplacent
& emportent ces gaz. Ces puits & perce-
mens ont en même tems l’avantage de procurer le
renouvellement de l’air, qui, féjournant trop long-
• tems dans les galeries, s’aitère par le conta# des
terres & des fiions mis à découvert, autant que
par la refpiration des hommes & ta combuftion
des lampes. Le percement de ces puits d'aération ,
Ce 1 art de pratiquer la ventilation des mines, font
regardes avec raifon comme une des parties les
plus utiles de la minéralogie.
• E spèce. Méphitifme des caves garnies,
Comme on connoît la fource de ce méphitifme
d apres les matières qu'on conferve dans les caves,
les anttméphitiques utiles à la définfeétiori
que ces matières opèrent, font très-fimples &
tres-faciles a connoître; mais le meilleur moyen
de la détruire, c eft d ouvrir une circulation à
f air, Cf d y en faire palier à l’aide d'ouvertures
oppofees & de brafiers allumés vers une de leurs,
extrémités. Les dangers de ce méphitifme font
d ailleurs fi ftéquens & fi difficiles à éviter, qu'il
feroit beaucoup plus prudent d'abandonner l'u-
fage dedefeendre les combufîibles huileux dans
des fouterrams, & d'adopter celui de les placer
dans des hangars au rez-de-chauffée. Le danger
. des incendies, qui menacent d'ailleurs les maifons
dont les caves font ainfi encombrées d'huiles &
d’efprits iniammables, devroit engager la police
a reléguer ces dépôts dans des maifons ifolées
eu fituees au moins dans les faubourgs des gran-
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des villes, Sc loin des quartiers les plus peuplés,
du centre des villes , & furtout loin des rues
étroites Sç tortueufes, où ces magafins fouter-
rams font le plus fouvent litués.
y * E spece. Méphitifme des foffes d,' ai fane e.
luette [ortie de mepkitifme étant le plus dangereux
& le plus frequent, c’eft auffi celui dont on s’eft
e pus occupe. Je^ crois devoir en conléquence
prelenter ici avec quelques détai's le résultat du
Mémoire communiqué par MM. Dupuytren & 1 henard a l'Ecole de médecine , & dont je n'ai
donne qu'un léger apperçu dans la deuxième partie
de cette differtation.
Première variété ou efpèce de plomb,
, Ees auteurs du Mémoire diftihguënt deux ef-
peces de plomb; la première, dont les effets font
les plus tuméfiés , & qui a pour caufe le gaz hydrogéné
fulfuré & l'hydrofulfure d'ammoniaque.
Des expériences comparées de l’air des foffes
d allante &: dû gaz hydrogène fulfuré, obtenu du
tulruie de fer par les acides, lés ont convaincus
de 1 identité de.leur nature & des terribles effets
quais produifent.
Il refulte de ces expériences, i° . que le gazhv-
drogène fulfuré artificiel, mêlé feulement à la
dofe d un millième on d'un huit centième avec
999 ou 799 parties d'air atmofphérique , caufe
la mort des linottes & des moineaux ; que le me-
lange d un cent cinquantième & d’un centième
fuffit pour faire périr les chiens & les chevaux.
2 ‘ Que me>^eu*-' moyen de décompofer le
gaz hydrogène'fulfuré eft de faire paffer à travers
un mélange d’air atmofphérique 8c de quelques
millièmes de gaz hydrogène fulfuré , deux parties
& demie de gaz .acide muriatique oxigéné. A
1 mitant du conta# des deux gaz 1 fe forme une
vapeur blanche qui difparoît au bout de quelques
minutes. ^
,-^-P1"/es\ cette action l’odeur du gaz hydrogène
îuirure n eft plus fenfible , celle de l’acide muriatique
Ample la remplace, & l'on trouve dépofés
fur les parois de la cloche , de l’eau & du foufre.
Une proportion plus foible d’acide muriatique
oxigene ne décompofe pas complètement le gaz
hydrogéné fulfuré : une plus forte donne naif-
fance à del acide fulfureux., parce que le foufre
fe brûle 3 cet acide incommode les animaux plonges
dans le mélange, tandis qu’ils ne reffentent
aucune incommodité après l’a#ion des deux gaz
iorfqu’il n i s’y forme pas d’acide fulfureux. *
Si on fait paffer le gaz muriatique oxigéné dans
le gaz-hydrofulfure d’ammoniaque, il y a également
décompofition, avec cette différence, qu’au
heu d acide muriatique libre , on obtient du mu-
•nate d ammoniaque , q=ui augmenté l’èpaiffeur du
nuage. Si les gaz font purs, la maffe gazeufe dif-
paroit toute entière j ce qui annonce la décomposition
de 1 hydrofulfure d’ammoniaque.
Le
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Le réfultat de la décompofition du gaz hydro- I
gène fulfuré par le gaz acide muriatique oxigene
eft la précipitation du foufre & la formation d’eau.
Le réfultat de la décompofition de l’hydrofulfure
d’ammoniaque par le même gaz eft la réparation
de l’acide muriatique, & la formation d’acide
fulfureux & de muriate d’ammoniaque.
Les animaux, plongés dans l’atmofphère où le
mélange des deux gaz devoit fe faire, n’ont été
que très-légérement incommodés lorfque le mélange
a été fait promptement : la moitié feulement
de ces animaux a fuccombé lorfque l’on a tardé
long-tems à opérer le mélange.
D’après ces effais fur des gaz artificiels, les auteurs
du Mémoire ont mis en ufage les fumigations
de gaz acide muriatique oxigéné pour détruire
les gaz des foffes d'aifance, d’abord dans
les foffes qui n’étoient pas méphitjfées, puis dans
les foffes méphitiques 5 ils ont obfervé les mêmes
phénomènes que dans les cloches , ta formation
d’un nuage d’autant plus épais, qu’il s’y trouvoit
plus de gaz hydrogène fulfuré & plüs d’ammoniaque
î ce gaz étoit tantôt formé de foufre , d’eau
& d’acide fulfureux , & tantôt de foufre, d'eau
& de muriate d’ammoniaque, félon la nature des
gazexiftans. Le nuage étoit plus confidérable, &
duroit plus long-tems dans les foffes méphitiques.
Dans les unes & dans les autres, lorfque le nuage
étoit tombé, il n’ y avoit plus d’accident à craindre,
& l’on pouvoity travailler fans danger. En
général, les fumigations doivent être continuées
jufqu’à ce que l’odeur ammoniacale & celle du
gaz hydrogène fulfuré aientdifparu complètement,
& que celle du gaz acide muriatique oxigéné devienne
fenfible.
Les auteurs du Mémoire ont éprouvé beaucoup
de difficulté à introduire les fumigations , furtout
dans les foffes où le gaz méphitique fe dégage
d’une manière continue ; car alors il faudroit que
les'fumigations du gaz acide muriatique oxigéné
fuffent continuelles , & ce gaz empêcheroit lui-
même les ouvriers de travailler.
Dans l’intention de prévenir le dégagement du
gaz méphitique, & de le détruire dans fa fource ,
ils ont effayé le muriate de chaux furoxigéné liquide
3 mais ce moyen , quoique propre à décompofer
le gaz , eft difpendieux & infuffifant.
Ils ont cherché à faire ufage du cabinet qu’emploie
ta compagnie du ventilateur 3 mais outre
qu’il ne peut être fouvent adapté à l’ouverture
des foffes , à caufe de l’étroitefle & de 1a difpo-
firion des lieux , il a l’inconvénient d’élever les
vapeurs méphitiques au deffus des toits des maifons
voifines, & de rendre les environs infe#s 3
les ouvriers furtout, enfermés dans le cabinet,
s’y trouvent expofés aux accidens les plus graves,
malgré le. jeu des foufflets deftinés à y renouveler
l’air.
L’emploi du fourneau à feu , confeillé par
MM. Cadet, Parmentier & Laborie , & appliqué i
Chimie. Tome y .
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r à l’une des lunettes des foffes, quoique réuffiffant
complètement en ce qu'il entretient un courant,
d’a ir , eft très-long & exige plufieurs he ures ; le
réchaud plein de charbons allumés, & placé i
l’intérieur des foffes, diiate les vapeurs, & détermine
l’afeenfion des gaz méphitiques qui s’é chappent
par les ouvertures de ta foffe. Il réuffit
affez bien, mais il eft infuffifant dans quelques cas.
Ils propofentde réunir les deux derniers moyens}
favoir : ta dilatation de l’air intérieur, & l’ établif-
fement d’un courant d’air 3 & pour cela les auteurs
confeillentl’ufage d’une machine à deux branches,
l'une très-courte, dans laquelle eft placé un fourneau
5 l'autre très longue, articulée avec ta bafe
de la première : il s’établit, par ce moyen , un
courant très-rapide de ta courte vers ta longue
branche.
Ils penfent que, pour détruire l’effet produit fur
les.afphyxiés par les gaz méphitiques, l’acide muriatique
oxigéné gazeux peut être adminiftré par
les poumons, & introduit fous forme liquide dans
le canal inteftinal : cette méthode leur a réuffi fur
des animaux. Il feroit peut-être auflï convenable
de placer les afphyxiés couchés dans une chambre
où l’on dégageroit le gaz acide muriatique oxigéné
à une dofe feulement fuffifante pour incommoder
les perfonnes qui les environneroient. La
limonade d’acide muriatique oxigéné pourroit être
donnée avec avantage : à fon adminiftration doit
fuccéder celle des évacuans.
Deuxième efpèce de plomb.
L’examen de l’air contenu dans les tinettes qui
fervent à tranfporter les matières fécales , apprit
aux auteurs du Mémoire qu’il n’ étoit pas de ta
même nature que celui des foffes ordinaires. Ce
gaz éteint les bougies : les animaux qu’on y plonge,
n’éprouvent point de convulfîons, mais feulement
une difficulté de refpîrer qui fe diffipe bientôt. Il
n’a qu’une odeur fade.
Cette obfervation les conduifit à examiner l’air
de trois foffes , qui éteignoit les bougies , mais
qui ne caufoit aux ouvriers d’autre accident que 1a fuffocation. Ils penfent qu’on pourroit définir
cette affe#ion eau fée par ta fécondé efpèce de
plomb , une maladie produite par le défaut d’air
refpirable.
Cette afphyxie paroît être ta même que celle
produite par le gaz azote fur les animaux.
Voici les réfultats de l’ examen qu’ils ont fait du
gaz contenu dans les tinettes*, ainfi que de celui •
renfermé dans les foffes azotées. Le plus impur
ne contient pas au - delà de 2 , 3 , 4 ou 8 centièmes
d’air atmofphérique , & le moins altéré
au-delà de 12 à 16 centièmes. L'eau de chaux
eft troublée par ce gaz , & en abforbe depuis 4
jufquà 8 centièmes : 1a portion de cet air , abfor-
bée par l’eau de chaux, eft de l’acide carbonique
ou du carbonate d’ammoniaque.
B