& le myrica ctriftra latifolia de la Penfilvanie. '
Pour obtenir la cire, on fait bouillir les graines
dans l'eau, & la fabllance grafle vient nager à la
furface.
La graine du myrica cerifera eft une efpèce
de baie de la grofleur d'un grain de poivre.
Sa furface, quand elle eft mûre & fraîche, eft
blanche, parfemée de petites afpérités noires
qui lui donnent un afpeét chagriné. Quand on la
frotte dans les mains , elle les rend gralïes & onc-
tueufès.
Si l ’on prefle fortement une de ces petites baies,
elle fe dépouille d'une matière en apparence ami-
lacée, & mélangée de petits grains bruns & ronds
comme de la poudre de chaffe. Le noyau, qui
refte nu , a une enveloppe ligne.ufe très-épaiffe ,
& renferme une amande dicotylédone. En frottant
fur un tamis de crin une poignée de baies,
j*ai obtenu une pouflière grife, où l'oeil diftingue,
fans le fecours déjà loupe, les petits grains bruns
dont je viens de parler, au milieu d'une poudre
blanche.
J’ai mis cette pouflière dans l'alcool, qui, à
l'aide d’une douce chaleur, a diffous toute la partie
blanche, & a laifîe la poudre noire que j'ai recueillie
à part. De l'eau verfée fur cette diffolu-
tion alcoolique a formé un précipité, qui eft venu
nager à la furface du liquide. Je l’ai fait fondre,
& j'ai obtenu une cire jaunâtre.-
La poudre noire que j'avois féparée, me parut
contenir un principe colorant : j'écrafai fortement
cette poudre, & je la fis bouillir dans une diffolu-
tion de fulfate acide d'alumine ; je fus très étonné
de n’-avoir qu’une liqueur à peine colorée. Je pris
une autre partie de cette poudre noire, écraféé ,
fcc je la mis infufer dans l'alcool ; j'obtins bientôt
une teinture couleur de lie de vin j je la fis chauf-.
fe r , elle devint auflî rouge qu’une forte teinture
de quinquina ou de cachou. Ce réfultat
me fit croire que le principe colorant étoit réfi-
neux ; mais en ajoutant de l'eau, je ne vis fe
former aucun précipité.
Je verfai dans cette teinture de l’eau chargée de
fulfate d'alumine : il y eut un léger précipité : une
diflolution de fulfate de fer y forma fur-le-champ
de l’encre.
Quel eft ce principe colorant aftringent, qui
n'elt foluble que dans l'alcool, qui ne précipite
point par l'eau, qui a fi peu d'attraction pour l’alumine
? 11 faudroit, pour le trouver, faire une
fuite d’expériences que le peu de fubftance que
je pofledois ne m’a point permis d'entreprendre.
La matière aftringente annoncée par M. Alexandre
devoir fe rencontrer dans la décoétion de la graine
entière. Pour vérifier ce fait, je fis bouillir des
graines dans un poêlon d’argent : la décoétion
fur laquelle nageoit un peu de cire, .étoit d'une
couleur verdâtre, fon goût légèrement ftyptiquej
elle précipitoit en noir les diffolutions ferrugir
j*eufes. Je la fis chauffer dans un vafe de fer trèspropre
, & èlle noircit promptement. Pour favoir
fi cette propriété étoit due à d'acide gallique feul
ou à du tannin, je mêlai un peu de décoétion rapprochée
avec une diflolution de gélatine : il ne fe
forma aucun précipité.
C'eft donc à la quantité cqnfidérable d’acide
galliqûe que contiennent les graines de myrica,
qu'il faut attribuer la vertu qu’a fort extrait d’arrêter
les dyflTenteries. A cet égard, je penfe que
les feuilles & l'écorce de l’arbre fourniroient un
extrait encore plus aftringent que les baies.
L'examen de la cire préfente des réfultats plus
intéreflans.
Qu'on retire cette cire , foie par la décoélion
des graines, foit par la difTolution de la pouflière
blanche dans l'alcool précipité par l'eau, cette cire
fondue eft toujours d’un jaune tirant fur le vert.
Sa confiftance eft plus forte que celle de la cire des
abeilles : ellexeft fèche, aflez friable pouf erre mife
en poudre ; en un mot, elle eft manifeftement plus
oxigénée que la cire préparée par les mouches.
Des bougies faites avec la cire du myrica donnent
une flamme blanche, une belle lumière , point de
fumée. Cette cire ne coule pas, & répand, quand
elle eft nouvelle, une odeur balfamique que les
habitans de la Louifiane regardent comme très-
faine pour les malades. Diftillée dans une cornue,
elle paflé en grande partie comme du beurre. Cette
portion eft plus blanche qu'elle ne l'étoit ; mais
elle a perdu fa confiftance, & n'a plus que celle
du fuif. Une autre portion fe décompofe, fournit
un peu d'eau, de l'acide fébacique, de l'huile
empyreumatique : il fe dégage beaucoup de gaz
hydrogène carboné, & de gaz acide carbonique;
il refte dans la cornue un bitume noir & charbo-
neux. La cire ordinaire fe comporte de même à la
diftillation.
J’ai dit plus haut que l’alcool diflfolvoit la cire,
du myrica ; mais l’éther la diflbut bien mieux, &
elle s’en fépare en forme de ftalagmites par l'évaporation
du liquide : ni l'un ni l'autre ne la décolorent.
Si l’on fait bouillir cette cire avec de
l’acide fulfurique affoibîi, elle devient un peu
blanche \ mais il n'y a pas de combinaifon fenfible
de l'acide avec elle.
L'acide muriatique oxigéné blanchit parfaitement
les deux efpèces de cire.
La cire végétale fe diflbut dans l'ammoniaque ;
la diflolution prend une couleur brune > une partie
de la cire fe laponifie : l’alcali volatil a beaucoup
moins d'aétion fur la cire des abeilles.
Ces deux cires, fortement agitées dans une dif-
folution bouillante de potafle cauftique, blanchif-
fent, & forment un véritable favon, comme l’avoit
obfervé le voyageur Kalm.
La blancheur que la cire acquiert dans cette
faponification , n'eft pas un phénomène nouveau.
M. Chaptal, dans fon procédé pour le blanchiffe-
ment par la vapeur des lefljves alcalines, a prouvé
que le principe colorant de$ végétaux çédoit à
l'a&ion
l’aûion des alcalis. Quelques chimiftes attribuent |
cet effet à la combinaifon direéte de la foude ou |
de la potafle avec la partie extraâive colorée,,
combinaifon qui la met dans un état à peu près
favoneux, & la rend foluble.
Je penfe que,. dans cette opération , l’alcali
exerce, fur l'huile ou la cire, une double attraction
, d'abord direâe avec les principes conftituans
de l'huile, enfuite prédifpofante, 8c favorifant
la combinaifon de l’oxigène atmofphérique avec
l'huile ou la cire. Je ne fais fi quelqu’un a eu ,
avant moi, cette idée, mais elle m’a été donnée
par l’ obfervation de ce qui fè paffe lorfqu’on dé-
compofe un favon par un acide : l’huile eft toujours
concrète, 8c plus oxigénée qu’elle ne l’étoit
avant ( i) . Il ferait intéreflant, pour la théorie
chimique, de faire/s’il étoit poflible , du favon
dans un appareil fermé, donc on examirieroit l’air
après l’expérience, nu dans différens gaz. qui ne;
contiendraient pas d’oxigène.
En décompolant le favon du myrica, on obtient
la cire très-blanche, mais dans un état particulier
, qui ne permet plus de l’employer a nos
ufages,
La litharge ou oxide demi-vitreux de plomb fe
diflbut très-bien dans la cire fondue de la Louifiane
; elle forme une maffe emplaftique fort dure,
mais-dont la confiftance peut être diminuée à Volonté
par l’addition d’un peu d huile. Si, comme
il y a lieu de le croire , la cire du myrica retient
une partie du principe aftringent que donne la
décoétion des baies, les médecins reconnoîtront
peut-être des propriétés utiles dans' les topiques .
faits avec cette cire. c
M. John Boftock a donné, fur I’analyfe chimique
du myrica cerifera, des details intéreffans i les
voici:
et La fubftance particulière obtenue du myrica
cerifera de Linné, à laquelle on a donné le nom de
cire de myrte , eft un corps concret, d’une dureté
& d’une confiftance médiocres. A un certain point,
il a la fragilité des réfines & la ténacité de la cire
d’abeille, fans en avoir l’-onâuofité. La coule'ur
de la cire de myrte eft un vert-pale, dont les
nuances font cependant un peu variées dans les
différens morceaux de cette fubftance. Dans la
plupart d’entr’eux, le vert fe rapproche d’un gris-
fale ; dans d’autres, il eft plus léger, plus transparent,
& d'une teinte jaunâtre. Sa pefanteur fpé-
cifique eft d’environ i ,oi jo , l’eau étant i,oooo;
& la cire blanche d'abeille 0,9600. Elle fe-fond
à la température de cent neuf degrés. En augmentant
convenablement la chaleur, elle brûle avec
une flamme blanche , produit peu de fumée, &
exhale, pendant fa combuftion , une odeur aro-
( i) M. Cadet ne peut pas ignorer que c'eft la théorie donnée
depuis long-tems, par M. Fourcrov, fur la faponifica-
tion. (^oyep le Syftcme des Connoijfances chimiques, tom. XV,
in-4° . , article de /’Huile f ix e . )
Cjcimie, Tome V.
f matîque agréable. Cette fubftance fe comporte de
j la manière fui van te avec les différens réaétifs :
J « i° . L’eau froide ou bouillante n’a aucune ac-
1 tion fur la cive de myrte.
» i° . Il en eft de même de l’alcool à la température
ordinaire de l’atmofphère ; mais cent parties
en poids de ce fluide bouillant en didoivent
environ cinq de la cire. Il s’en dépofe à peu près
les quatre cinquièmes par le refroidiflement de
l’alcool ; il y refte un cinquième en iufpenfion ,
qui s’en fépare lentement après quelques jours de
repos, ou qu’on peut en précipiter par une addition
d’eau : cette fubftance précipitée de l’alcool
eft. plus légèrement colorée que dans fon premier
état, & fe rapproche davantage d’une teinte grife.
Quoique la cire de myrte femble être homogène
dans fa texture &r fa confiftance, elle n’efl pas
cependant entièrement foluble dans l’alcooL, dont
l’a&ion même, lorfqu’ il eft bouillant, ne peut
s’exercer au-delà des quatre cinquièmes environ
de la quantité qui y eft foumife Cette portion.,
infoluble dans l’alcool quand elle eft féparée du
refte de la maffe, préfenfe une nuance de vert
plus foncée : l’alcool demeure complètement fans
couleur.
. « 30. L’éther fulfurique, à la température ordinaire
de Tatmofphère , ne diflout qu’en petite
quantité la cire de myrte; mais quand il eft bouillant,
fon aétion eft rapide. Quoiqu’il foit difficile
de déterminer la proportion exaéte de cette diAblution
à raifon de la tendance de ce fluide à s’évaporer
, il femble cependant qu’on peut l’évaluer
à un peu plus du quart de fon poids. La plus
grande partie s’en fépare à mefure que l’éther
refroidit ; le furplus peut en être précipité en y
ajoutant de l'eau. La cire de myrte, après avoir
été difloute dans l’éther, eft prefque fans couleur,
tandis que le -fluide prend une belle teinte verte.
Si la quantité de la cire difloute n’eft pas trop
confîàérable, & qu’on laifle évaporer l’éther lentement
, la cire fe dépofe fur les parois du vafe
dans lequel fe fait l’opération , fous forme criftal-
line ou lamelleufe : dans cet état fa texture fe rapproche
un peu de celle du blanc de baleine.
»54°. L’huile re&ifiéede térébenthine, à la température
de l’atmofphère, amollit la cire de myrte,
mais elle ne femble pas capable de la diffoudre. A
l’aide de la chaleur, cent grains peuvent.en diffoudre
fix. La térébenthine acquiert alors une
légère teinte verte. Une portion de la cire fe
fépare, par le refroidiflement, de l’huile, tandis
qu’une autre partie y demeure dans un état permanent
de difTolution.
»3 50. Si Ton fait, bouillir la cire de myrte avec
une diflolution de potafle cauftique, le fluide devient
trouble ; mais , au bout de quelqpe tems , la
plus grande partie de la cire s’élève, à li furface,
fous forme floconeufe , & prefque fans couleur.
I II n’en refte en diflolution dans la potafle qu’une
petite quantité, qui peut en être précipitée par