
agiter. Quelques chimiftes modernes penfent que
Yoxide rouge de mercure eft uni aux acides fans
leur donner de couleur , puif qu’on ne connoîr pas
eri effet de diffoiutions rouges de ce métal, quoi-
qu on les ait faites avec cet oxide très-rouge avant
fan union avec les acides. Ils en infèrent que les
Tels métalliques peuvent-fort bien ne pas marquer
ou caraétérifer par leur couleur les fels qu’ils forment
avec les acides.
Je ne puis pas partager cette opinion, qui me
paroit contrarier toutes les notions exactes de la
fcience. Quand il feroit vrai que Y oxide rouge de
mercure ne donnât point fa couleur aux acides ,
ce que je n’accorde pas, comme je I- ferai voir
bientôt, il feroit jufte de ne regarder ce phénomène
que comme une exception , puifqu’on ne
connoît pas d'oxides qui ne colorent pas les acides
de leur nuance. Le chrome, le'cobaft, le nickel,
le fer,, le cuivre, l’o r, le platine, l ’iridium & le
rhodium colorent leurs fels en jaune, en bleu
en rofé, en vert, en rouge, fuivant l’état des
oxides qui y font unis. Quelques oxides même,
comme ceux de manganèle, donnent aux acides
des couleurs plus foncées ou plus internes qu’ils
n’en ont eux-mêmes. Tous les métaux, au con
traire , qui ont des oxides conftamment blancs, ne
donnent aucune couleur à leurs diffoiutions qui
reftent blanches. L’acide muriatique oxigéné ne
fait pas varier ce lles-ci, tandis qu’il change la
nuance.de toutes celles dont les oxides font fuf-
ceptibles de fe furcharger d’oxigèné, & de fe co-
lprer diverfemenr par l’augmentation de ce principe.
Ç ’eft par ces exemples, qui ne fe démentent
point, que j’ai été porté à penfer que toutes les
diffoiutions de mercure avec excès d’acide contiennent
un oxide blanc , & que Y oxide rouge de ce
métal qu’on y diffout, paffe à l’état à'oxide blanc,
foit en abforbant plus d’oxigène à 1 acide .où à
l ’a ir, foit en eh perdant une portion, & je dois
faire remarquer en effet ici qu’aucun métal n’ eft
plus fujet à varier ,la proportion d’ oxigène au moment
de fa précipitation ou de fa diffolution, fuivant
qu'il y a plus ou moins de chaleur , d’expofi-
tion à l’air, d’addition d’eau aérée-, &c.
On voit que j’admets d’après cela un oxide de
mercure blanc different des trois précédens, & qui
ne fe forme que par Eàétion Hes acides , foit qu’ils
'agiffent fur \e métal, fo.it qu’ils diffolvent fes oxi-
ides. A la vérité, je ne connais pas la nature comparée
de cet oxide avec celle dès trois autres ; je
fuis porté même à admettre plnfïeurs variétés de
cet oxide blanc, puifque ils fels É|u’il forme, varient
en âcreté,en oxidajion, &c. On voit encore que,
d’après cette opinion fondée fur tous les faits que
j’ai obfervés & réunis fur les fels mercuriels, je
crois^ qu'au moment de leur précipitation par les
alcalis & les terres, les ‘oxides rougeâtres, bri-
quetés ou jaunes qui fe féparenr, prennent cette
nuance & ce nouvel état d’oxidation auquel elle
eft due par un changement qu’ils éprouvent,. foit l
1 par Tair, foit par l’eau aérée , foit par l’a&ion
même des matières précipitan es.
Au relie, je conviens qu’on manque encore
d expériences à cet égard, & que ces vues méritent
ci’être, ou confirmées, ou infirmées par des
recherches délicates & difficiles. ( Voyer l'article \
Me r cu r e . )
O xide de m o l y b d è n e . A peine fait-on fi le
molybdène donne un oxide, puifque celui qu’on
obtient en aiguilles blanches , volatiles & brillantes
lorsqu'on chauffe ce métal dans un creufet
ouvert, pâlie très-promptement à l état d’acide.
Un des caraétères les plus tianchés de cet oxide,
c ’eft de prendre une couleur bleue lorfqu'on le
chauffe avec des corps combuftibles. ( Voyeç les
articles- M o l y b d è n e & A c i d e m o l y b d i q u l . )
O xide de n ic k e l . On ne connoît que Y oxide
de nickel naturel ou natif, & celui qui eft obtenu
par la précipitation de fes diffoiutions acides. Le
premier eft un enduit d’un vert-clair, brillant, qui
recouvre fouvent le fulfure natif de nickel & les
mines qui contiennent ce métal. Le fécond eft,en
pouftière, d’un vert-pomme, très-clair & très-
agreable. Le nickel n’eft que très - difficilement
oxidable par l’aétion du calorique & de l’air. Loif-
qu’on le fait rougir long-tems dans i’armofphère,
il fe couvre d’une pouftière ou d’une légère croûte
fombre, qui devient verte paf une longue expofi-
tion à l’air oy par l’a&ion des acides. { Voyer l'article
Nic k e l . )
O xide de n icke l n a t if . M. Brongniarr, dans
fon 7 rai te élémentaire de Minéralogie, tome II ,
pag. lop , s’e xprime ainfi fur Y oxide de nickel
natif:
■ On n’a encore vu ce minerai, dit-il, que fous
la forme d’une pouftière vert-pomme , qui recou;-
vre d’autres minerais de nickel, & principalement
le nickel arfenical; il pénètre & colore quelquefois
certaines matières terreufes.,
« Cette matière verte reflcmble un peu à de
Y oxide de cuivre ; elle s’en diftiygue en ce qu’elle
colore l’ammoniaque en un bleu-pâle , qui n’eft
point permanent, & qu’elle fe réduit en nickel
| métallique par la feule .action du chalumeau; elle
fe diffout d'ailleurs fort bien dans l’acide nitrique.
« Le nickel oxide ne fe trouve jamais en malfe ;
il accompagne ordinairement le nickel arfenical,.
M. Kl.proth l’ a reconnu dans le chryfoprafe de
Jfofemiitz , & furtout dans la. pierre tendre &
verte, qui fert de gangue à ce filex. -Gette pierre
tendre & verte, ou oxide terreux de nickel, a été
nommée par M. Karften, pimélite. »
^ O xides d’ o r . J’ai prouvé dans l’article de
I’O r , qu’il y avoit deux efpèces d'oxides de ce -
métal. Le premier eft Yoxide violet que la foudre
forme à la furface de l’or qui en eft frappé,. &
qu’elle parcourt avec rapidité. On l’obtient encore
en foumettant à un choc électrique violent
une feuille d’or mince , placée entre deux cartes.
Le fécond eft d’un jaune fauve : on le prépare en
précipitant la diffolution muriatique d’or par les
alcalis fixes. ( Voyt[ Y article Or . )
O xide d’o sm ium . Ce métal, commeTiridium,
dont on a parlé plus haut, exifte dans la poudré
noire qui réfifte à l’adtion de l ’acide nitro-muria-
tique fur le platine brut. C ’eft dans Yoxide de ce
métal que réfide le principal caractère qui le dif-
tingue de toutes les autres fubftances métalliques
connues. La volatilité de cet oxide à la chaleur de
l’eau bouillante, qui l’entraîne avec elle; fa dif-
folütion dans ce liquide, auquel il communique
une odeur très-forte fans lui communiquer de
couleur; la propriété qu’il a de fe colorer d’un
beau bleu par le contaCt de quelques gouttes de
diflolution de noix de galle ; celle enfin de fe fu- ;
blimer fous la forme d’un fluide blanc, comme j
huileux, tranfparent, criftaliifable, très-odorant,
volatil à la température de l’atmofphère, & de
colorer en noir les bouchons de liège qui bouchent
les vafes d’où il s’échappe : toutes ces propriétés
font tellement remarquables & différentes 1
de celles que préfentent en général les oxides métalliques,
qu’elles doivent engager les chimiftês à
faire de nouvelles recherches fur ce métal encore
peu connu , & fait pour piquer leur curiofité.
O xide de p a l l ad ium . C ’eft encore dans le
platine brut quë fe trouve cette fubftance métallique
due aux^recherchés de M. Vollafton. Elle fe
diffout, commele platine, dans l’acide nitromu-
riaiique ; mais elle n’eft pas, comme lu i, précipitée
de fa diffolurion par le muriate d’ammoniaque.
Auflî le retrouve-t-on dans l’;eau-mère dont
on aféparé le muriate ammcniaco de platine, où
il eft mêlé avec le rhodium, autre métal également
découvert par le chimifte Vollafton. On fait
que lê palladium fe diffout dans l’acide nitrique,
auquel il communique une couleur rouge; que
cette diffolution eft précipitée par le pruftiate de
potaflè en veit-faie, & décolorée par le fulfate de
fer qui précipice bientôt le palladium à l’état métallique
: on peut conclure de ce fait, que Yoxide
de ce métal elt peu permanent, & que les corps
combuftibles peuvent lui enlever l’oxigène avec
une grande facilité. Sans doute des recherches
ultérieures apprendront quelque chofe de plus
pofitif fur l’état de combinaifon de ce métal avec
loxigène.
Oxide de ph o sph o r e . On fait aujourd’hui
que le phofphore brûle en s’oxidaiK , foit à une ]
température \ lus baffe que celle qui eft néce flaire j
pour 1 acidifier, foit au moment où il s’acidifie. {
au ptem er de ces phénomènes qu’il faut attribuer
, & la croûte blanche donc ce corps com- !
btiflibie fe recouvre lorfqu’on le garde fous l’eau ,
■ & l’efpèce d'enduit rouge-blanc qu^il forme, pré-
fente à fa furface lorfqu'on l’expofe , toujours
fous l’eau , aux rayons du foie il. Quant au fécond ,
il a lieu toutes les fois qu’on allume & qu’on fait
brûler fortement du phofphore. Outre la partie
qui fe convertit en acide 3 on en voit‘une petite
portion qui refte en plaques rôtiges humides
fur les parois du vafe où l’on opère cette combuf-
tion. On parlera de ces deux phénomènes dans
l’hiftoirè du phofphore. ( Voye^- l'article P h o s p
h o r e . )
Oxide de platine. On ne connoît point
d'oxide de platine Eit par l’aétion du feu & de l'air,
A peine trouve-t-on , par les plus grands moyens
d’oxidation , quelques légères traces d'oxide à la
furface des grains de platine long-tems après les
avoir fait rougir dans l’air. La forte commotion
; électrique brûle & enflamme les fils de platine, fuivant
la découverte de Van-Marum. L’aCtion de
l’acide muriatique oxigéné oxide avec une couleur
jaune-rougeâtre Te platine avant de le dif-
foudre. ( Voyeç l ’article P l a t i n e , pour mieux
connoître les phénomènes & la nature de cette
oxidation. )
Oxide de plomb. Lé plomb eft peut-être cîe
tous les métaux celui qui préfente le plus ds phénomènes
remarquables ; il paffe à plufieurs colorations
fucceflfives & brillantes à mefure qu’il ab-
forbe des quantités diverfes d’oxigène. Fondu
avec le contaét de l'air, il fe change d abord en
une pouffière grife ; celle-ci chauffée de nouveau,
prend une nuance jaune plus ou moins terne, &r
alors on le nomme dans les arts, majftcot; le mafr.-
cot , chauffé rapidement dans des fours qui contiennent
de l’air raréfié, mais peu circulant, acquiert
une nuancé orangée ou rouge qui le rend
précieux dans les arts- où on le nomme minium.
Le mafficot ou le minium, expofé dans des vaif-
feaux fermés à une chaleur bnifque’& violente,
fe vitrifie en perdant une petite portion de font
o xi gène', & donne un verre tranfparent , très-
fufible , qui traverfe les creufets & les vafes les
plus folides : c’eft ce qu’on nomme le verre de
plomb, dont la fufibilicé eft telle", qu’il Tert de
fondant aux diverfes vitrifications , même en
le prenant à l'état de minium ou de litharge , laquelle
n’eft qu’une forte de mafficot dont la fu-
fion virreufe eft commencée.
Les oxides de plomb font foîubles dans prefque
tous les acides, & ils deviennent alors conftamment
blancs , en telle forte qu’on n'y admet cette
couleur qu’avec la préfence des acides. Cependant
il y a des acides qui colorent les oxides de
plomb, Ôr qui les furchargent d’oxigène : tels font
l’acide nitrique & l’acide muriatique oxigéné. En
les faifant agir fur Yoxide rouge, û en les ajourant
même à quelques diffoiutions de fels blancs de